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               Les amis de la santé d'Ille et Vilaine :

                  s'associer pour vaincre la maladie alcoolique

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  Ah, si j'avais la force d'arrêter…

  Mon désir de ne plus être esclave de cette substance est immense, mais mon sentiment d'impuissance l'est encore plus.

  Même diminuer un peu, je vois l'addiction qui se moque, elle me semble tellement plus forte que moi.   Même si je vois bien que certaines personnes ont réussi à arrêter, moi, je m'en sens incapable. Comme s'il fallait se priver d'eau ou de nourriture.

  En arriver là, c'est être malade, non ?

  Donc, il faut une prise en charge médicale, face à la « maladie addictive ».

  Mais souvent, l'approche sanitaire n'est pas suffisante.

  Il faut aussi « changer de vie ».

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  Comment ?

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  Cela peut-être en changeant de travail, de logement, de conjoint, d'amis, de loisirs ?

  S'adapter, individuellement, dans sa propre existence, trouver des solutions personnelles.

  Mais cela peut-être aussi, en s'associant, en rejoignant une association d'entraide, pour des personnes souffrantes de grave addiction.

  Les amis de la santé est l'une d'ente elles. A Rennes et en Ille-et-Vilaine, elle vient en aide à toute personne, dont l'addiction devient une réelle maladie, principalement par rapport aux problèmes d'alcool.

  Ainsi, nous allons expliquer, q'en s'aggrippant à une dynamique humaine, on peut se créer une nouvelle vie. Elle n'est pas la négation de son passé, mais elle est aussi, la redécouverte de soi et de toutes ses forces.

 Et de petits progès en petits progrès, de petites victoires en petites victoires, on peut arriver à l'abstinance heureuse, c'est-à-dire s'affranchir complètement de l'addiction, en trouvant un réel équilibre psychique.

 

  Mais pourquoi s'associer ?

 

  A quoi sert une telle association ?

  Comment, d'un problème si intime, on peut en faire une lutte collective ?

  L'association est faite pour les personnes concernées et par les personnes concernées.

  En effet, depuis le 19ième siécle, en France, (la croix bleu en 1883, la croix d'or en 1910, les alcooliques anonymes en 1935, Vie Libre en 1954 et enfin les amis de la santé en 1964) des soignants et surtout des soignés, se sont dit qu'il fallait se regrouper, pour briser l'omerta, oser parler de l' « alcoolisme », entre-soi et librement. Se soigner par la pair-aidance et l'entraide.

  Ce fut la grande épopée des groupes de paroles.

  Mais les Amis de la Santé, c'est plus que ça.

  En effet, l'association a une approche systémique.

  Elle ne va pas se limiter à des discussions entre pairs.

  Non, elle raisonne dans toutes les dimensions de la maladie.

  Elle est une véritable « offre de vie », qui va au-delà de l'offre médicale (addictologie et psychiatrie).

  En effet, il faut changer « l'être social » pour mieux changer le rapport à la substance.

  L'associatif, quand il est une structure autonome, géré et organisé par les personnes concernées, peut trouver des chemins que l'institutionnel ne trouvera pas. Une sorte de boîte à outils qu'il faut perpétuellement inventer et réinventer. Dans cet article, nous ne nous attarderons pas sur les mécanismes psychiques et physiques de la maladie. Nous nous intéresserons plutôt à tous les retentissements sociaux de l'addiction alcoolique.

  Voyons donc, toutes les innovations et trouvailles des Amis de la Santé.

 

 

  Face à une maladie, à une addiction, il ne faut pas rester seul.

 

  Bien sûr, on peut faire appel à sa famille, à ses amis. Mais les proches, même s'ils peuvent avoir une réelle empathie, ils ne sont pas des pairs. Ils n'ont pas vécu, ils ne vivent pas toute cette souffrance, propre aux addictions.

  Dès lors, un pair comprendra plus finement, telle ou telle caractéristique de la maladie.

  Et puis, être dans la même galère, cela peut créer des liens.

  En revanche, l'association donne une réelle place aux proches des addictés. En effet, ils subissent aussi gravement la maladie alcoolique. On peut même parler de co-dépendance. Dès lors, l'association propose aussi un groupe de parole spécifique, seulement pour les proches.

  En effet, pour que tous les membres de l'asso crée du commun, le groupe de parole est une arme très efficace.

  Ainsi, tous les mercredis, à 20h, toute personne concernée par des problèmes d'alcool (et autres addictions) peut venir participer à un « parler être » collectif.

  Lors de ces réunions, on ne coupe pas la parole et on lève la main, si on veut parler. Et surtout, on s'engage à respecter une stricte confidentialité des propos tenus.

  Généralement, on commence la soirée, en demandant si une personne veut partager une forte émotion, vécue récemment. Puis, on discute sur un thème.

  A chaque fois, un animateur est là, pour veiller à faire respecter la parole de chacun, tout en modérant les personnes les plus bavardes.

  Puis les discussions s'engagent. Souvent, les personnes les plus rétablies, expliquent comment elles s'en sont sorties, et surtout, elles démontrent, par leur cas personnel, que c'est possible de vaincre cette maladie.

  Même s'il peut y avoir des rechutes, des gros découragements, on peut se soigner, on peut changer de vie.

  Les débats et les échanges sont très ouverts, dans l'association, il n'existe pas de ligne directrice, de dogmes.

  Mais c'est plutôt une émulation collective, qui permet d'entrevoir différents chemins.

  Et bien sûr, si une personne ne va vraiment pas bien, tous les autres la soutiennent, en lui montrant ce qu'elle ne peut plus voir, le manque de lucidité, provoqué par la douleur psychique qui l'accable.

 

  Solidarité concrète

 

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Mais au-delà des paroles, l'association pratique la solidarité concrète. En effet, il ne suffit pas de déclamer la solidarité, il faut aussi la mettre en oeuvre.

  Ainsi, certains membres, rétablis et expérimentés, proposent à toute personne qui se sent vraiment très mal, de pouvoir les appeler.

  Et même si les accompagnants, n'ont pas de baguettes magiques, leur attention sincère, peut permettre une réelle pair-aidance. A un appel de détresse, un pair peut en tout cas, partager une expérience similaire. Et cela peut concourir, à briser la spirale mortifère de l'impasse, de la non-solution.

  En outre, tous les samedis après-midi, l'association organise une permanence.

  L'idée, c'est que dans nos sociétés toujours plus anomiques (sans régulations) et où la temporalité devient si hétérogène, on peut, tout à coup, se retrouver très seul, alors qu'on a juste besoin de papoter entre amis.

  Dès lors, grâce à la permanence, quoi qu'il arrive, vous pouvez toujours compter sur des personnes, pour briser l'isolement, que tout un chacun peut connaître.

  En outre, cela permet « d'affronter » la peur du week-end, l'angoisse de se retrouver esseulé.

 

  Recréer une sociabilité, non-alcoolique

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Mais on peut même aller plus loin, sur l'utilité d'une telle association.

  En effet, l'addiction, l'alcoolisme s'emboîte dans les activités sociales et affectives des personnes.   Parfois, on plonge dans l'addiction, avec une « bande de potes de défoncee ».

  Appartenir à un groupe, cela remplit une fonction sociale, un besoin agraire, celui de s'oublier dans le collectif.

  Dès lors, si une personne veut arrêter l'alcool, il faut qu'elle rompe avec « ses mauvaises fréquentations ».

  Donc, si la personne ne veut pas se retrouver esseulée, les amis de la santé-qui est plus qu'un groupe d'amis- peut apporter une autre sociabilité, non basée sur la consommation d'alcool.

 

  Des activités et des sorties

 

  Ne pas boire : oui, mais comment ?

  Et bien, une grande force de l'association, c'est d'expérimenter des pratiques alternatives, sans l'alcool.

  En effet, de temps en temps, le collectif propose à ses membres, d'aller faire la fête, dans un bar dansant, entre pairs. Se confronter à la tentation, en voyant tous ces gens qui « boivent », permet de se rendre compte que l'effet de groupe, des abstinents, est une force pour s'amuser sans alcool.

  En outre, l'association propose diverses activités et événements :

une soirée de jeux de cartes et de société, une sortie pour ramasser des champignons ou des châtaignes, une partie de bowling, etc...

 

  Autant, on parle beaucoup des problèmes d'alcool pendant les groupes de paroles, autant pendant les diverses rencontres des membres, le sujet de l'alcool n'est pas omniprésent. En effet, même si c'est la maladie alcoolique, qui est le lien entre tous les membres de l'association, on n'en fait pas une obsession.  On ne parle pas que de ça.

 

  De surcroît, comme un des buts de l'association, c'est l'intégration sociale, beaucoup d'activités sont ouvertes aux familles et aux amis des membres. Cela permet aussi de dédramatiser l'addiction alcoolique, de mélanger les publics et de créer des liens sociaux variés.

 

  Aider les autres pour s'aider soi-même

 

  Les amis de la santé est aussi une organisation militante.

  Un autre facteur de résilience, c'est d'aider les autres. Mais je n'aide pas mes pairs, uniquement par altruisme, mais aussi parce que cela me fait du bien, je me sens utile. Et si je fais un don (comme par exemple, prendre le temps d'écouter quelqu'un), je recevrai un contre-don (le remerciement, la reconnaissance sociale de mes qualités à aider les autres).

  De surcroît, l'association opère des actes militants.

  Son appétence à vouloir aider le maximum de personnes, l'a conduit a organiser des « visites hospitalières ». Dans les faits, quelques militants, très rétablis, se déplacent dans les différents dispositifs en addictologie (UMA du CHGR, service addicto de Saint-Laurent, service Vincent de Paul du CHU, la clinique Philae, etc….), pour faire connaître l'association. Surtout, cela permet de réelles rencontres, en présentiel. Cela crée une confrontation entre personnes rétablies et personnes encore dans la « mouise » de l'alcoolo-dépendance.

  Et cette action, fonctionne excellemment bien.

  En effet, la plupart des gens ne voient pas l'intérêt d'une association. Ils ne se sentent pas concernés et ne connaissent pas des personnes qui militent dans l'associatif. Mais quand ils voient des gens, des pairs, débarquer sur leurs lieux de soins, qui parlent de ce qu'ils vivent concrètement (avec les mêmes codes, les mêmes expressions), ils se disent que cette association est tout à fait adaptée à leur souffrance.

  Et c'est souvent grâce à ces visites hospitalières, que des personnes décident de rejoindre l'association.

 

  Service public ou solidarité associative ?

 

  Et toutes ces solidarités sont vitales, pour que nos santés mentales ne soient pas aspirées par la décomposition sociale d'un monde livré aux pulsions les plus guerrières.

  Historiquement, les grandes solidarités nationales et socialisées, organisées par les caisses et gérées par les syndicats (retraite, accidents, chômage, etc...), s'épuisent. Sous les coups de boutoir du libéralisme économique, l'individualisme modifie le psychisme des gens. Si l'on peut se griser de libertés formelles et s'enivrer dans le consumérisme, on peut vite plonger dans l'extrême précarité. Les filets de sécurité disparaissent de plus en plus. Est-ce que le mouvement associatif doit pallier les manquements de l'état ?

  Nous avons vu que la spécificité de l'organisation associative, souple, plus proche, permettant des initiatives beaucoup plus fortes, favorise aussi l'inventivité des militants. Donc, le modèle associatif semble plus optimal que les systèmes bureaucratiques de l'état. Mais attention, cela ne veut pas dire qu'il faille supprimer l'état et ne garder que les associations. Non, les deux systèmes doivent être préservés et financés.

  En effet, l'associatif doit être développé, car elle engendre un dynamisme qui s'affranchit des carcans organisationnels. Mais le service public, national, doit être aussi conforté, car il est le seul moyen de garantir l'égalité d'accès aux droits, de manière universelle et trans-partisane. Bien sûr, cette conception des choses est pragmatique. On peut aussi imaginer des dispositifs de soin qui seraient plus communautaires et auto-gérés. Comme par exemple, les expérimentations du mouvement de la psychothérapie institutionnelle (la clinique La borde, etc...)

En psychiatrie et en addictologie, les moyens financiers doivent être à la hauteur de la dignité qu'on doit à tout être humain.

  Par exemple, quand la personne doit faire une cure, un temps où elle ne pourra pas boire, il faut qu'on lui trouve une place rapidement, c'est assez urgent. Et si le système n'est pas capable de fournir un lit, alors c'est véritablement, de la non-assistance à personne en danger. Pareil pour la post-cure.

  En revanche, pour durer dans l'abstinence, « changer sa vie », peut-être que l'associatif est meilleur.

  Donc, vraiment, les « malades » ont besoin d'une pluralité de dispositifs.

  A cet égard, le rôle des soignants est primordial. Ainsi, il faut certes les former sur les mécanismes des addictions, mais il faut aussi les former sur la connaissance fine, de toute l'offre associative. Dès lors, ils seront mieux à même, d'orienter les patients.

 

 

  On l'a donc vu, les amis de la santé est une association riche, innovante qui peut déployer des moyens humains conséquents.

  D'autres associations d'entraide existent à Rennes. Elle, les amis de la santé a réussi à se développer, avec sa singularité et son propre dynamisme. Elle a aussi réussi à fidéliser des « membres très actifs » qui animent l'asso et assurent la gestion (administration, appels, le site, le journal, etc...) La coordination est assurée par quatre co-présidents. On peut dire que l'association ne succombe pas au mal des associations : le turn-over, le papillonage, l'attitude purement consommatrice.

  C'est un groupe vivant. Avec ses particularités, ses affinités et son ambiance. Il essaie de s'ouvrir à toutes les catégories sociales de la population, aux personnes issues de toutes les origines. Elle est accueillante et bienveillante, parce que vivante et libre.

  Donc si vous souffrez de problèmes d'alcool, il ne faut pas hésiter à pousser la porte. Pour voir, « si là-bas, j'y suis ».

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     Rennes, le 21/02/2024

 

 

 

Siège départemental des amis de la santé :

Maison Associative de la santé

7, rue de Normandie 35000 Rennes

 

Tél : 02 99 53 48 82

Site internet : http://www.as35.fr

Email : amisdelasante35@gmail.com

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                                         Portes ouvertes de la MDPH 35

                                                                du jeudi 23 Novembre 2023 :

                                         le handicap psychique clairement concerné

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  Même si les personnes handicapées sont souvent invisibilisées et reclues, elles ont quand même leur maison.

  En effet, dans toute la France, en 2005, en remplacement de la COTOREP, naquît la maison départementale des personnes handicapées(MDPH).

  Celle d'Ille-et-Vilaine a organisé, le jeudi 23 novembre, de 13h30 à 19h30, des portes ouvertes.

Au-delà d'une volonté, de leur part, d'être ouverte et transparente, quels sont les rapports de la MDPH avec les citoyens handicapés ? Comment attribue-t-elle des aides ? Pourquoi certaines demandes sont refusées ?

  Et qu'en est-il pour le handicap psychique ?

  Voyons ensemble, l'évolution de cette institution et très concrètement, voyons comment obtenir des droits.

 

  Pour cette journée de portes ouvertes, la MDPH a mis le paquet.

  Par groupe de dix personnes, nous avons eu le droit à une visite guidée. Surtout, à chaque pièce, un agent, qui se consacre à une mission, nous a chaleureusement accueillis. Il nous a présenté son travail, en faisant l'effort d'être le plus explicite et le moins technocratique possible.

  De surcroît, nous avons pu poser toutes les questions que nous voulions. Même si le « timing » était un peu serré, avec une limite de temps, à chaque étape, la volonté de rencontrer les usagers, est indubitable.

  En fait, ces rencontres ont permis de mieux cerner le circuit d'une demande, en six étapes : -enregistrement

-instruction

-évaluation

-préconisations des orientations

-instances de décision

-recours possibles

 

  Longtemps, la pathologie psychique n'a pas été considérée comme un réel handicap.

  La schizophrénie, la bipolarité, les TOC étaient plutôt considérés comme des déviances, voire comme des maladies, mais pas comme une incapacité à être autonome dans la vie quotidienne.

  Il aura fallu la loi de 2005, pour qu'enfin, on reconnaisse aux troubles psychiques sévères, un caractère handicapant.

 

  Mais comment mesurer le handicap ?

 

  Au cours des portes ouvertes, les agents de la MDPH ont été très clairs.

  On évalue pas le degré d'handicap selon un diagnostic médical, mais selon les retentissements de ce handicap.

  Ainsi, une personne affectée par des troubles bipolaires peut être considérée comme malade, mais pas comme handicapée.

  Mais alors comment évaluer cette différence ?

  En effet, tous troubles psychiques engendrent des souffrances qui vont forcément avoir un impact sur son autonomie.

  Et bien, la MDPH met en place des critères précis et objectivables. En gros, le handicap est évalué selon la difficulté ou l'impossibilité de réaliser des tâches quotidiennes, indispensable à sa propre subsistance et à un minimum d'hygiène. Par exemple, je n'arrive pas à faire ma vaisselle, je n'ai pas assez d'énergie pour faire mon ménage, j'ai besoin d'une assistance humaine pour me laver, etc...

  Alors que le handicap physique est plutôt univoque. Par exemple, je suis aveugle donc je suis incapable de faire ceci ou cela. Ou, j'ai un handicap moteur donc j'ai besoin d'assistance. Le handicap psychique revêt plus d'interprétations.

  Par exemple, de nombreuses personnes, affectées par des troubles psychiques sévères et diagnostiquées d'une pathologie, ne sont pas capables de travailler. Et donc, elles touchent l'allocation aux adultes handicapés (AAH). C'est leur seul revenu (souvent avec l'APL) pour subvenir à leurs besoins primaires (manger, avoir un toit sur la tête, se vêtir, etc...).

  Mais comment se fait-il qu'une personne qui a droit à un revenu, l'autre, pourtant diagnostiqué de la même maladie, n'a pas ce droit ?

  Nous avons bien compris que c'est un problème de retentissements.

  Mais son évaluation, n'est elle pas fondamentalement subjective ?

  Certes, on peut considérer des faits. En jugeant une incapacité opérationnelle : je le fais ou je ne le fais pas. Mais quand il s'agit d'une difficulté, quand j'ai du mal à le faire, qui décide (et comment), que s'est grave et que cela constitue une réelle perte d'autonomie, susceptible « d'empêcher la vie » ?

  C'est pourquoi, il ne faut pas hésiter à dialoguer avec la MDPH, pour ensemble, avec le minimum d'opacité, se mettre d'accord sur les conséquences-bien réelles-sur le degré de perturbation de la vie quotidienne, tant matérielle que morale.

  D'ailleurs, c'est le rôle du Centre Local d'Information et de coordination (CLIC), qui peut vous accompagner dans toutes vos démarches, en prenant le temps.

 

  Pour les personnes qui souffrent de troubles psychiques, pathologiques, avoir le droit à l'AAH, c'est plus que de recevoir de l'argent.

  En effet, très souvent, une personne dont la vie a été dévastée, psychiquement et socialement, entretient des tensions avec ses parents.

  Surtout, si ce sont les parents qui payent pour tous les besoins de leur enfant, les conflits par rapport à l'argent, sont très nombreux. Du genre : « Tu te laisses vraiment aller, tu crois qu'on va continuer à te payer tes clopes, alors que tu ne fais aucun effort pour arrêter ».

  Dès lors, si la personne a son propre argent, qu'elle peut décider, elle-même, de dépenser ce qu'elle veut, qu'elle n'est plus obligée de « quémander » à ses parents, alors très souvent, les relations familiales s'améliorent. Et c'est toujours ça de gagné !

 

  La MDPH a un rôle central dans l'aide apportée aux personnes handicapées.

Pour le handicap psychique, elle reconnaît que la personne n'est pas paresseuse ou manque de volonté, mais qu'elle est bien dans l'incapacité, irrémédiable, de vivre « normalement », c'est-à-dire de trouver la force et l'énergie pour effectuer les tâches de la vie (apragmatisme).

  En effet, le psychisme peut paralyser l'agir, l'élan vital, au point que « l'adaptation » n'est plus possible.

  Mais ce handicap n'est pas forcément permanent. Certains toucheront l'AAH pendant 2 ans, le temps de se reconstruire, puis voleront de leurs propres ailes. D'autres, malheureusement, auront besoin de l'allocation, toute leur vie.

  Et n'est ce pas un réel humanisme et une réelle solidarité, que de considérer que n'importe quel humain, même ceux dont la raison a vacillé, a le droit d'avoir son propre revenu et les aides qui lui sont dues.

  Et n'est-ce pas plus efficace, socialement, économiquement et même pour la tranquillité publique, d'ouvrir des droits inaliénables, que de marginaliser les plus démunis, qui sinon, échoueront dans la rue ou en prison.

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  infos :

   0 800 35 35 05

  contact@mdph35.fr

                           Psynéma : le film Séraphine

                                          13/09/2023

                                   

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  Est-ce le rôle d'un hôpital psychiatrique d'organiser un ciné-débat ?

  Quelles sont les finalités d'une telle manifestation ?

  La psychiatrie n'est pas une science exacte. Elle n'est pas traversée, uniquement, par la biologie et les neurosciences. Elle renvoie aussi à des questionnements propres aux sciences humaines et sociales, à l'histoire.

  Et les responsables du CHGR (l'hôpital psychiatrique de Rennes) l'ont bien compris.

  Les problématiques de santé mentale s'inscrivent aussi dans un mouvement culturel, ou l'institution hospitalière, peut ou pas, se poser la question de la dimension existentielle des troubles psychiques.

  Pour inaugurer ce cinéma-débat, appelé « Psynéma », le CHGR nous a fait réfléchir sur le lien entre folie et créativité.

  Pour plonger dans ce thème, nous avons visionné, au cinéma l'Arvor, le film « Séraphine » de Martin Provost (2008).

  Ce film, c'est l'histoire d'une femme de ménage, aux revenus très modestes, qui sublime toute sa précarité, en peignant des toiles, de façon obsédante.

  Elle est complètement auto-didacte, puisqu'elle n'a jamais eu la chance d'être formée, de prendre des cours de dessin ou de peinture.

 

  Mais alors, quelle mouche l'a piqué ?

Pourquoi se lance-t-elle dans une telle épreuve, alors que toute sa socialisation-sa classe sociale, ses dispositions socio-culturelles-rend cette vocation artistique tellement improbable ?

  Et bien, Séraphine est touché par la grâce, par un phénomène mystique. Un ange lui aurait ordonné de se mettre à la peinture.

 

  Ce film, c'est aussi l'histoire d'une rencontre, de deux êtres que tout sépare.

  D'un côté, Séraphine, que sa condition sociale a habitué à toujours se rabaisser. De l'autre côté, Wilhelm Uhde, un marchand d'art, distingué, bourgeois, mais qui pense que l'art ne doit pas être réservé à quelques initiés, qui connaissent les codes sociaux et culturels du champ de la peinture.

  Séraphine reçoit donc une reconnaissance sociale, d'un spécialiste, alors que tout le monde lui rit au nez.

  Mais la grande question de ce film, est sans doute : Mais d'où vient cette créativité artistique ? Faut-il être fou pour être un artiste ?

  L'acte de création n'est pas une activité intellectuelle. C'est plutôt « une pulsion », un emballement, qui a un moment ou un autre, correspond à une certaine harmonie, une structure esthétique, peut-être.

 

  Durant cette soirée, nous avons prolongé le film par un débat, alimenté par quatre intervenants :Dr Alain Gouiffes (psychiatre honoraire et cofondateur du festival Art et   Déchirure, au centre hospitalier de Rouvray), Laetitia Jodeau-Belle (maîtresse de conférence en psychologie à l'université de Rennes 2), Peggy Viallat (artiste plasticienne et enseignante), Pr Philippe Courtet (psychiatre au CHU de Montpellier).

 

  Le débat, notamment, a porté sur la place de l'art, dans la santé mentale.

  Si l'art a une vertu thérapeutique, comment doit-elle intervenir dans le champ de la santé mentale ?

  Doit-elle être une discipline, une sorte de science, qui s'appellerait " l'art-thérapie" ?

  Ou doit-elle être une rencontre entre les personnes en troubles psychiques et 'l'art », sans aucune fixation, sans aucune spécificité ?

  L'art n'est pas une entité qui vogue au-dessus des gens. Elle s'inscrit dans un champ, ou s'affrontent « entrants » et dominants, sur la définition de l'art, pour savoir qui est légitime à se prétendre artiste.

  Beaucoup de personnes, souffrantes de troubles psychiques, trouvent dans l'art, un moyen d'expression, de réalisation de soi-même, de re-narcissation. Mais souvent, ils et elles n'ont pas les codes et surtout « le sens du jeu », pour obtenir les diverses reconnaissances du milieu.

  Il faut donc leur tendre la main. Comme pour Séraphine, qui profite de l'aubaine d'une rencontre avec un spécialiste, très actif dans le champ artistique de la peinture, pour qu'on reconnaisse, pour qu'on donne une valeur à son art.

  Mais les psychiatrisés ne demandent pas la charité, l'aumône. Ils aspirent juste à trouver leur place. Ils veulent que leurs troubles ne soient pas perçus que négativement, mais qu'ils soient aussi considérés comme une richesse. En effet, leurs créativités, apportent aussi une force, une originalité et une audace, fort utile au dépassement de la condition humaine.

 

  Le psynéma du CHGR, s'inscrit donc dans les débats, les problématiques sur le sens des troubles psychiques. Puisse-t-il nourrir tous les acteurs du monde psy à Rennes et contribuer à l'amélioration des conditions d'existence des usagers et à stopper l'hémorragie des moyens médicaux.

  Nous souhaitons donc bon vent au Psynéma !

           La fête de la maison des usagers du CHGR

                                                 jeudi 22 juin 2023

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  Depuis plusieurs années, la MDU (la maison des usagers) tente de s'imposer comme une structure, un espace d'accueil et d'orientation, au bénéfice des usagers de la psychiatrie de Rennes.

  Petit à petit, la vision du psychisme change. Et donc aussi la prise en charge des personnes. Il ne s'agit plus de stabiliser un individu récalcitrant, en se contentant de trouver un traitement médicamenteux adéquat. Non et cela fait de plus en plus consensus, dorénavant, il faut aider la personne à se rétablir. Elle doit trouver, (re)trouver un ancrage social, une place dans la société.

  Mais pour émerger du marasme pathologique, encore faut-il, qu'il existe des lieux, où la personne en souffrance psychique, puisse trouver la bonne information sur l'offre associative existante. Trop de gens-dont les soignants-ignorent simplement l'existence d'associations d'usagers, de structures gouvernées par et pour les personnes concernées.

  Que ce soit une association sur une pathologie (comme Bipol 35, lueur d'espoir, etc...)ou une association d'activités (type GEM l'antre 2, GEM clin d'oeil, etc...), toutes ces structures se retrouvent sur un point, celui de la pair-aidance.

  En effet, au fil du temps, on reconnaît de plus en plus, la pertinence de l'entraide entre pairs et l'empathie propres à des expériences communes.

Même si la pair-aidance a toujours existé, de plus en plus d'acteurs de la psychiatrie, pensent, qu'elle doit être soutenue et développée.

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  Comment ?

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  Et bien déjà, en faisant mieux connaître les associations de pair-aidance.

Par exemple, la MDU, centralise dans un même bâtiment, à l'entrée du CHGR, toutes les structures pouvant apporter des ressources aux usagers.

  Car pour trouver une association « à son pied », c'est quand même beaucoup mieux, de rencontrer ses responsables, en présentiel, en « chair et en os ».

  Ainsi, les différentes structures adhérentes à la MDU, proposent des permanences, environ une fois par semaine, où elles accueillent toutes les personnes intéressées, par leurs activités.

 

  Et pour accentuer la dynamique humaine, la MDU a organisé une fête, le jeudi 22 Juin 2023. Stands d'information, animations, jeux géants en bois, musiques, ont permis de créer une ambiance festive et agréable. Eh oui, on peut faire la fêtemême au sein d'un hôpital psychiatrique.

  La fête n'est pas forcément un événement privatisé et dans l'entre-soi. En effet, cela peut aussi être un moment ouvert et accessible à toutes et tous, un « commun » qui fait se rassembler toutes les parties prenantes.

  C'est donc dans un climat détendu et ensoleillé que nous nous sommes retrouvés, usagers, soignants, travailleurs sociaux, psychiatres, psychologues, bénévoles, entourage du patient, responsables du CHGR, pour que les associations « vivent ». Et c'est bien elles aussi qui étaient à la fête.

  On ne valorise jamais assez toutes ces associations, qui avec peu de moyens, organisent des groupes de paroles, formations, activités en tout genres, accueils personnalisés, etc...

  Et elles ne se substituent pas au sanitaire. En effet, leur but n'est pas le soin, mais l'identification à un groupe et le dépassement de l'individu dans l'oeuvre collective.

Il ne faut pas oublier que les différentes pathologies psychiques, sont des souffrances lancinantes. Et les affronter seul, c'est encore pire.

  S'associer, pour combattre les « maladies », agir collectivement, se nourrir des expériences des autres, ce n'est pas quelque chose de facultatif.

  C'est en fait le cœur d'une humanité retrouvée et la meilleure façon, authentiquement, de développer ses habilités psycho-sociales.

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La maison des usagers du CHGR

Tél : 02 22 51 41 25

Courriel : maison.usagers@ch-guillaumeregnier.fr

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La fraterie du quartier

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  Quoi de neuf, à Rennes, chez ceux qui ne se résignent pas à l'exclusion sociale des personnes en troubles psychiques ?

 

  Et bien depuis 2 ans, une nouvelle association essaie-à contre courant-, d'allier cuisine de qualité et intégration socio-professionnelle.

  Cette nouvelle venue, s'appelle : La fraterie du quartier et elle organise « une cantine-atelier engagée et solidaire ».

  Elle relève un défi énorme, qui pourrait paraître inatteignable : rendre accessible, concrètement, aux personnes précaires et/ou en troubles psychiques, une nourriture de qualité.

  En effet, beaucoup de personnes, accablées par la désorganisation liée à leur maladie psychique, mangent souvent vraiment très mal : des pâtes, des burgers, des frites, des kebabs, de pizzas, etc...

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  Mais est-ce une fatalité ?

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  Peut-on toujours reléguer ce problème, à des vœux pieux et faire avec une « mal-bouffe » envahissante.

  Souvent on entend : « Déjà les gens qui n'ont pas de troubles psychique, ils n'arrivent pas à bien manger, alors pour les « malades », c'est peine perdue ».

  Mais à la fraterie du quartier, tous les mercredis, on prouve le contraire ! On réussit à cuisiner de façon sobre mais qualitative, pour obtenir une nourriture équilibrée et saine, vraiment accessible à tout le monde.

  En effet, les fondateurs de l'association, ont jeté pour base, dès le début, que tous les repas seraient à prix libres ! Le prix du repas est évalué à 9 euros, mais chacun donne ce qu'il peut et ce qu'il veut.

  Mais il n'y a pas que le prix des repas qui est accessible.

  Le lieu est vraiment inclusif et génère une ambiance chaleureuse et accueillante.   Personne ne doit se sentir étranger ou mit à l'index.

  Alors que dans certains lieux classiques de sociabilité, comme certains bars ou les boîtes de nuit, on peut se sentir jugé ou avoir le sentiment qu'on doit prouver sa présence sociale, à la Fraterie, c'est comme dans la pub à la télé : on peut venir comme on est !

  Souvent la bonne ambiance fait qu'on se croirait presque comme en famille.

  En outre, en France, pays de la gastronomie, le repas fait partie de la sociabilité.

  D'ailleurs qu'est ce que manger veut dire ? Manger : est-ce que c'est juste se remplir le ventre pour assouvir sa faim ?

  Le grand isolement de beaucoup de personnes en troubles psys, exige des réponses adéquates, en termes de dispositifs de ré-inclusion.

  Et quoi de plus socialisant que de partager un repas !

  En effet, quand vous êtes à table, vous allez naturellement entamer la conversation avec vos voisins.

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  Donc, la fraterie propose des repas à prix libres ou tout le monde est le bienvenu.

  Mais qui les cuisines ?

  Ce sont des volontaires, porteurs de troubles psy. Ils sont accompagnés par des bénévoles encadrants, qui se chargent d'assurer la pérenité de l'organisation.

  Le travail se fait de façon sérieuse et pro, tout en s'adaptant aux rythmes et aux capacités des individus. A la productivité effrénée de la cuisine des restaurants ordinaires, ce substitut un modèle ou le comment est plus important que le résultat.   Mais toutes ces considérations n'empêchent pas la faisabilité de la production. A chaque fois, les repas sont assurés.

  Pour nombre de cuisiniers, la Fraterie est un bon moyen de se réinsérer, en douceur. C'est la possibilité de retrouver confiance en soi grâce à la bienveillance et la compétence des bénévoles encadrants.

  En effet, souffrir de troubles psychiques, ce n'est pas juste être bizarre ou déprimé ou délirant.

  Au-delà du traitement médicamenteux (qui est essentiel), la personne ne peut se rétablir, que si elle parvient à créer un autre rapport au monde, qui fait de son existence, une cohérence qui fait tout son sens. Ce cheminement personnel, presque ésotérique, ne se réalise pas tout seul, dans son coin. C'est la confrontation aux autres et la place qu'on nous laisse, qui peut faire mûrir une raison personnalisée, singulière, mais qui s'emboîte avec le monde.

  Dès lors, si le désir est créé, alors on est disposé à se trouver soi-même.

C'est une mission de la fraterie : cuisiner et servir des repas, pour reprendre goût à l'activité et à la réalisation des tâches. Tout faire pour que la personne retrouve un rythme de travail et une fierté à réussir la cuisine et le service. D'ailleurs, les compliments des clients, généralement satisfaits de la prestation, gonflent les voiles de leur re-narcissation.

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  Immanquablement, le rétablissement passe par l'autre.

 

  Un autre mal pour les personnes en troubles psychiques, c'est leur guéthoisation.

  Si l'entre-soi est propre à toutes les sociétés, les personnes psychiatrisées se retrouvent trop souvent entre elles même. Le problème, c'est que cela engendre une acculturation parfois négative. L'égocentrisme des uns peut alimenter l'égocentrisme des autres. Il peut se créer une « culture » pathologique, une agrégation de « non-sociabilité ».

  Et oui, les personnes en troubles psychiques ont aussi besoin d'être avec des gens qui vont bien. Il ne faut pas que partager les richesses, il faut aussi partager les relations humaines !

  La fraterie œuvre pour cette mixité sociale, si importante à notre vivre-ensemble. Au restaurant, vient tout type de personnes : des voisins, des artistes, des soignants, des curieux, des travailleurs sociaux, le libraire du coin, des familles, etc...

 

  L'association fait aussi tout pour s'ancrer dans le quartier et donc pour participer activement à la vie du quartier.

  Bien sûr, bon nombre de ses clients sont des voisins, qui aiment se retrouver pour le déjeuner, en mangeant bien pour pas chère.

  L'association met aussi un point d'honneur à organiser des évènements : conférences, débats, rencontres, etc...

  Le monde urbain a une tendance intrinsèque a anonymiser sa population et a créer toujours plus d'isolement et de solitude.

  Heureusement, que des association comme la Fraterie, oeuvrent pour créer des « communs », au plus près des besoins et des préoccupations des habitants.

 

  Une autre source de mal-être pour les personnes psychiatrisées, c'est qu'elles sont très souvent stigmatisées. La plupart des médias, dans leurs courses éffrénées à l'audimat, préfèrent surfer sur les fantasmes et les peurs, en créant un artefact du malade mental, qui serait par nature dangereux. Cela alimente tous les préjugés et condamne beaucoup de personnes, à cacher leurs troubles, comme si c'était une maladie honteuse.

  Que peut-on faire contre ces discriminations tenaces ?

  Et bien, on peut créer des lieux ouverts où des personnes sans troubles, vont rencontrer, in situ, des personnes avec des troubles.

  Donc, répétons-le, à la Fraterie, tout le monde peut venir y manger et on fait sentir aux clients, que la norme, c'est que justement aucune norme de sociabilité ne s'impose à vous.

 

  Une autre force de l'association, c'est la valorisation du travail accomplis.

  En effet, tous les cuisiniers reçoivent « une petite gratification », dont le montant dépend de la recette du jour et du nombre de clients.

  Même si travailler à la Fraterie, cela ne permet pas d'en vivre, cette rémunération contribue a engendrer une reconnaissance sociale et un petit gain pécunier fort appréciable.

  La encore, la réinsertion sociale passe par une offre sociale, qui s'adapte aux besoins de la personne et qui doit toujours inventer et réinventer de nouveaux dispositifs.

 

  Comme beaucoup d'associations de solidarité innovantes, la Fraterie est porté par des personnalités charismatiques, qui sont vraiment passionnées par leur travail, et dont la vocation semble inébranlable. Bien sûr, Isabelle Fiand, la fondatrice et présidente, mais aussi tous les bénévoles encadrants : Sylviane, Rosemarie, Lime.

  Mais maintenant, ce restaurant si alternatif, ce n'est pas que l'objet des bénévoles enca drants, c'est aussi l'oeuvre des cuisiniers, qui s'associent pour défendre et développer leur association.

  Comme pour les autres associations, un processus d'identification s'est mis en place. Il permet à des gens différents, socialement, culturellement, de collaborer ensemble, mais de façon authentique. Pas comme certaines entreprises commerciales, où les relations sociales sont plombées par une hypocrisie, une façade que les personnes en troubles psychiques ressentent plus que les autres.

 

  Pour les personnes souffrants d'une pathologie psy, un lieu ressource est aussi important que des médicaments. Il permet de faire des progrès, à son rythme, en se réinstallant dans une activité non-stressante, mais réellement professionnelle, non-récréative.

  Et quand « la mayonnaise réussit à monter », c'est tout un psychisme qui se libère, des conflits du développement.

  C'est bien la structure qui soigne.

  Au fur et mesure du développement de l'association, se tisse des solidarités, mais justement parce que le lieu et ses activités, permettent les rencontres.

  Finalement, le restaurant génère une certaine ambiance, débarrassée des jugements sociaux et des sélections, pour que manger soit un moment de plaisir et de répit.

 

  Pour faire face à l'effroyable désengagement de l'état dans la psychiatrie, il faudrait que fleurisse et réussisse, des dizaines et des dizaines d'expérience comme celle de la Fraterie.

  Mais le rôle du secteur associatif est-il de remplacer le sanitaire ?

Il semble que le modèle associatif ne remplacera pas la prise en charge psychiatrique hospitalière. Mais il peut montrer d'autres voies possibles, dont la réussite peut amener à une amélioration de l'approche clinique, et plus globalement, à une bien meilleur prise en charge du patient.

  A Rennes comme ailleurs, l'inventivité et le volontarisme des associations seront vain, si on ne réinvestit pas, massivement, dans le service public psychiatrique.

  Le sanitaire et le social ne doivent pas être opposés. Au contraire, cela ne doit pas être l'un sans l'autre, les usagers ont besoin des deux.

  Autrement dit, un secteur associatif fort, ne veut pas dire un secteur public faible. Et inversement.

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e-mail de l'association : lafraterieduquartier@gmail.com

tel : 07 83 42 08 20 (réservation des repas jusqu'au lundi soir 20h)

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Rennes, le21/06/2023

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                   L'hôpital de jour de la Thébaudais

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  En quoi consistent les soins en psychiatrie ?

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-Prendre des médicaments

-avoir des entretiens avec un psy ou une infirmière

-veiller à son hygiène de vie

-mieux comprendre sa maladie

-faire de la remédiation cognitive (pour la mémoire, la concentration, etc...)

-trouver la cause psychique de tous ses troubles

-etc...

  Bien sûr, on peut déjà dire que le traitement dépend de la conception du psychisme.

  Pour nous, souffrir de troubles psychiques, ce n'est pas seulement avoir un cerveau malade, un cerveau déficient.

  C'est aussi une maladie de l'existence, où le psychisme (qu'on ne peut pas réduire au cerveau) confronté à des conflits et des impasses, va engendrer de très lourdes souffrances.

  Je n'arrive plus à me lever le matin, j'angoisse, je sens que je pars dans des délires, je ne veux plus voir personne, je ne dors plus et je me sens excité, j'ai des pulsions suicidaires, etc...

 

  On peut considérer, sans nier les aspects biologiques, que ces troubles sont d'abord la difficulté du rapport à l'autre, la difficulté à se prendre au jeu, à ce jeu si spécial, celui du jeu social.

  Par exemple, je déprime parce que personne ne m'aime, je suis très anxieux parce que je dois obtenir des résultats dans ma relation professionnelle, etc...

 

 

 

  Les troubles psychiques sont des « maladies » aux causes multifactorielles. Même si nous ne connaissons pas (scientifiquement) l'origine de ces phénomènes si complexes, on peut envisager des facteurs endogènes et exogènes. Effectivement, pour certains troubles, même si je vais mieux et que je fais des progrès (je me suis fait des amis, j'ai trouvé un boulot intéressant, j'ai enfin trouvé l'amour, etc...), très souvent, quand la maladie s'est installée, je ne peux pas me passer d'un traitement médicamenteux. C'est un peu comme pour le diabète, la maladie devient inhérente à la personne.

  Mais cela ne veut pas dire qu'il fasse juste attendre que les médicaments agissent pour aller mieux. Non, le rétablissement de la personne, exige un redressement social et culturel, existentiel.

  Dans une société avec des statuts non-héréditaires, il faut trouver sa place.

  Et surtout, dans un monde de plus en plus complexe, il faut trouver un sens à sa vie, un objet particulier, son propre objet.

 

 

  Mais toutes ces idées, n'ont aucune valeur, si elles ne sont pas traduites dans des « choses » thérapeutiques. En effet, il faut s'aider de ces analyses, pour inventer, réinventer, non pas des remèdes, mais des lieux, des « asiles » au bon sens du terme, qui permettent de rompre l'isolement et de vivre des relations humaines « vertueuses », qui desservent la maladie psychique.

 

  Nous présentons ici, toutes les réalisations de l'hôpital de jour de la Thébaudais.

 

  La structure, de par son histoire et le volontarisme de ses équipes soignantes, propose une façon de faire, pour des personnes ayant des troubles psychotiques sévères et chroniques.

  Voyons un peu qu'est ce qu'ils ont trouvé pour « soigner » les malades.

 

  Les troubles psychiques affectent toute la vie humaine.

Ils ne sont pas seulement des souffrances ou des incapacités, mais de véritables « trappes » à la vie sociale.

  En outre, si la personne n'est pas capable de s'inscrire dans une activité professionnelle ou même associative, qu'est ce qui lui reste ?

 

  Comme toute personne humaine, le malade a besoin de rythme social, d'horaires et d'activités collectives. Pour le sociologue Emile Durkheim, si la personne est dans une situation sociale « anomique », c'est-à-dire sans bornes et sans régulations, elle va déprimer.

  La première mission de l'hôpital de jour de la Thébaudais est donc d'être un lieu qui restructure une temporalité et donne un rythme aux journées des patients.

  Comme pour tout le monde, on ne peut pas avoir une bonne santé mentale, en restant tout seul chez-soi.

 

  En outre, le trouble schizophrénique et son symptôme négatif de replis sur soi, exigent une mobilisation thérapeutique, très sensible aux moindres appétences de vie sociale du patient.

  Et on ne peut pas décréter le désir !

  Il faut le chercher et le bâtir pour soi.

  En effet, certains patients, de par leurs difficultés à « correspondre à l'autre », peuvent se retrouver dans des situations de solitude extrême. Personne à qui parler pendant des jours et des jours.

  Le centre de la Thébaudais a donc une mission très pratique et oh combien utile : avoir toujours au moins quelqu'un à qui parler.

  Grâce bien sûr à l'écoute bienveillante des soignants, mais aussi grâce à toutes les relations qui se créent entre les patients (d'ailleurs, de façon informelle, une partie de scrabble ou de cartes est souvent mis en place).

  Finalement, ce centre est un lieu « refuge », épargné par tous les jugements sociaux, les compétitions, les sélections, où on peut venir comme on est, sans avoir à prouver et à justifier sa présence.

  Et même s'il ne produit pas de miracle dans le rétablissement social, il est, de fait, un moyen de s'intégrer à une collectivité humaine. C'est aussi, en ce sens, qu'il est thérapeutique.

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Les activités

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  Mais surtout, le centre de la Thébaudais met en place des activités, qui sont bien loin d'être seulement occupationnelles.

  Avec les moyens qu'elle dispose, elle réussit à faire, que les patients s'ouvrent et s'accomplissent dans des activités forts variées.

 

  L'expression artistique

  De plus en plus et comme les collègues d'autres structures en santé mentale, les soignants de l'hôpital de jour ont compris toute l'importance et la force, de ce qu'on pourrait regrouper sous le label « Art-thérapie ».

  L'art n'est pas réservé à une élite, car tout le monde a besoin de s'exprimer. En effet, l'absence d'intégration professionnelle peut engendrer une mésestime de soi, une dévalorisation.

  Mais créer des choses, par le prisme artistique, tout en recevant une réelle reconnaissance de la part des soignants, cela permet de reprendre confiance en soi et de retrouver du désir.

  Ainsi, régulièrement, la structure propose, des activités d'art plastique. Les patients s'essaient à la mosaïque, la sculpture, le dessin, etc...

  Leurs œuvres, même modestes, sont aussi valorisées par leur exposition dans le centre. Et certains patients, ont une fierté toute particulière, à vous expliquer tout leur processus artistique.

  Le chant, grâce aux moyens numérique du karaoké, est aussi un exécutoire pour le sujet.   Selon ses envies et ses capacités, sans aucune pression de résultats, régulièrement, un groupe de patients se « lâchent » dans l'interprétation de chansons. Bien sûr, les goûts sont différents, mais certaines chansons font l'humanité et elles permettent une « communion festive ».

  La encore, je ne suis pas qu'une maladie psychique, je suis capable de développer toute une richesse artistique et j'ai le droit, j'ai accès à la culture et aux arts.

  Et ce n'est pas un gros investissement que d'aider les patients ainsi. Il suffit que les soignants aient une réelle attention envers les patients et qu'on leur laisse une certaine initiative dans les activités proposées.

 

  Réinvestir les tâches quotidiennes

  Les personnes affectées par la schizophrénie, peuvent souffrir « d'apragmatisme ». Ils ne sont pas paresseux, mais ils manquent d'élan, ils ont beaucoup de mal à initier les activités.   Pour certains, même la réalisation des tâches quotidiennes (ménage, vaisselles, cuisine, etc...) devient problématique.

  Mais ce manque de désir n'est pas une fatalité. On peut très bien lutter contre des spirales négatives, de type, je me replis sur moi, je déprime, je m'isole donc je me retrouve dans une situation sans motifs d'action et sans dynamique.

  Mais grâce à des soins (médicamenteux, prises en charge pycho-sociale, etc...), je peux rentrer dans un cercle vertueux : j'ai plus de facilité à agir, donc je réussis à réaliser des choses, donc je trouve plus de plaisir à faire les choses, donc je vais mieux, donc je suis capable de réaliser de plus en plus de choses.

  Les soignants de la Thébaudais ont bien compris ces mécanismes. C'est pourquoi, ils proposent bon nombre d'activités pour réinvestir les tâches quotidiennes.

  La culinothérapie, l'art d'utiliser la cuisine comme moyen thérapeutique, est au menu du centre. En effet, cuisiner ce n'est pas juste subvenir aux besoins vitaux. En France, cela fait partie de la vie sociale, des traditions et malgré la « mal-bouffe », c'est une activité encore très valorisée. Bien sûr, bien manger-et cela plus personne ne le conteste-, c'est être en bonne santé.

  Mais comment s'y mettre et comment y trouver du plaisir ? Quand les habitudes et les savoirs-faires manquent à la personne ?

  Pour la cuisine comme pour les autres activités, le plus dure, c'est d'initier l'action. On ne peut pas forcer quelqu'un à cuisiner. Mais on peut-et c'est tout l'art des soignants-inviter la personne, en lui expliquant bien tous les ressorts de l'activité, à lui faire comprendre que le plaisir escompté sera plus élevé que l'effort consenti. Surtout, l'effet de groupe et la bienveillance des soignants, peuvent arracher la décision de s'investir.

  Et peu à peu, les « je ne suis pas capable », les « je n'ai pas envie » cèdent la place a « je ne pensais pas que c'était aussi facile », ou a « je ne pensais pas que c'était aussi sympa », etc...

  Le fait de créer, de ne pas juste consommer (comme avec les plats tout préparés) développe des compétences, qui seront acquises et pourront même déboucher sur de nouvelles envies.

  Bien sûr, cuisiner engendre une fierté, celle d'avoir réussi un plat et de créer ainsi une valeur.

  Puis au moment de savourer ce que l'on a soi-même créer, de partager son repas avec les autres, de se distinguer dans le patrimoine culinaire, on se sent exister, on se sent vivre sa vie.

 

  Une autre activité importante dans la vie sociale, c'est faire ses courses, faire du shopping.

  Plaisir pour certains, corvées pour les autres.

  En tous cas, pour les personnes affectées de troubles psychotiques, cela peut devenir une épreuve.

  En effet, se rendre dans un magasin, c'est pour un sujet fragilisé par l'interprétation, s'affronter aux autres. Affronter les regards, affronter les attitudes.

  Et vu le manque d'avenant de certains personnels de supermarché, la paranoïa peut envahir un individu. Pas forcément une paranoïa aiguë, mais une sorte de méfiance et de suspicion.

  Or, il est quand même important de pouvoir acheter ce que je souhaite et donc de pouvoir faire soi-même ses courses.

  Conscient de ces difficultés possibles, le centre de la Thébaudais propose des sorties shopping pour ses patients.

  En groupe, on est beaucoup moins enclins à interpréter les regards des autres.

  Et surtout, comme cela a déjà été dit, cela permet d'initier l'action.

  Finalement, on se rend compte que le shopping se passe bien. Personne n'a eu de comportements stigmatisant et le personnel est même sympa.

  Sortir de sa maladie psychique, c'est aussi se réapproprier les tâches de la vie quotidienne et expérimenter de nouveaux chemins.

  Mais on peut aussi sortir sans forcément consommer, profiter du plaisir simple d'une ballade contemplative.

  Or, souvent, le patient s'y refuse, s'il doit sortir seul. La possibilité, grâce au centre, de le faire en groupe, c'est la possibilité d'accéder à des moments de convivialité, qui éloigne le poids de la solitude.

 

  Le sport

  Une autre activité importante pour « rester en forme », c'est le sport.

  La encore, la participation se construit, elle ne s'impose pas comme ça.

  Souvent, les patients disent qu'ils n'avaient pas envie d'y aller, mais une foi l'activité réalisée, ils sont très satisfaits d'avoir fait l'effort.

  Le centre profite des cours de sport, gratuits, proposé par la ville de Rennes. Dans ce cadre, un éducateur sportif, professionnel, propose de découvrir différentes activités physiques, comme le step, le basket, etc...

  L'encadrement est vraiment bienveillant, et même si l'animatrice stimule bien les personnes, jamais on ne sent la pression de la réussite.

  En effet, les différentes maladies psychiques, peuvent engendrer des difficultés cognitives. Certaines personnes peuvent avoir des difficultés à suivre des consignes ou à rester concentré longtemps.

  Et alors ?

  Ce n'est pas parce que je me perds un peu dans les exercices, que ça veut dire que je suis dilettante ou pas sérieux.

  Adaptez les activités physiques aux problématiques des usagers de la santé mentale, ce n'est pas faire une activité au rabais.

  Non, le sport ce n'est pas forcément la compétition et le culte de la performance.

  Et développer ses sensations corporelles, être un corps, cela participe à une meilleure santé mentale.

  Surtout, que beaucoup de patients prennent des neuroleptiques. Ces derniers, de façon mécanique, en supprimant la sensation de satiété, fond prendre beaucoup de poids.   S'entretenir par l'exercice physique, peut aussi permettre de limiter le sur-poids.

 

  Le journal

  Dans un tout autre registre, le centre réalise un journal interne.

  Le but est de valoriser l'expression des patients et de leur donner une reconnaissance sociale.

  Les personnes y parlent librement de leurs activités, de leurs hobbies de leurs passions dans tel ou tel domaine. Chacun témoigne, exprime ses expériences ou argumente sûr tel ou tel sujet.

  Echanger sur l'épreuve de la maladie, voir que d'autres ont aussi des souffrances similaires, cela permet une sorte de pair-aidance, du collectif qui s'éloigne de l'égocentrisme.

  Et puis écrire dans un journal, c'est trouver dans l'écriture, une sorte d'harmonie, une satisfaction étrange et délicieuse, de trouver les bons mots.

 

  Les sorties

  Mais l'activité préféré des patients, ce sont les sorties/séjours.

  Changer d'environnement, changer le train/train habituel, changer d'ambiance, en partant, en voyageant, cela permet tout simplement de se sentir mieux. D'ailleurs, souvent, les patients disent que quand ils voyagent, ils ne se sentent plus « malades ». En effet, que ce soit une balade sur la plage, la visite d'un musée, la joie de profiter d'un petit resto, l'excursion dans une cité médiévale ou encore la découverte d'un parc d'attraction, à chaque fois la personne sort de ses lieux habituels et donc des chaînes signifiantes qui lui sont associés.

  Ces « mini-vacances » sont aussi pour les soignants, l'occasion de mieux connaître les soignés, de découvrir d'autres aspects de leurs personnalités et de leurs ressources.

  Et cela fait des souvenirs en commun, un récit, une appartenance à une histoire collective.

 

  Selon les besoins

 

  La maladie psychique, notamment la schizophrénie, peut devenir un handicap.

  Si elle n'est pas « traitée », elle peut évoluer vers une forme d'autisme.

  Le but des soins est donc que le sujet (re)trouve une certaine autonomie, qu'il puisse opérer des choix de vie, de « l'empowerment (capacité d'agir sur sa vie) ».

  Toutes les activités que nous avons décrites, ne sont pas juste récréatives et occupationnelles. Non, elles essaient par étapes et selon les rythmes de la personne, de transformer les potentialités de chacun, en actes, en faire.

  Pour autant, il ne faut pas que l'individu ressente une injonction à l'autonomie. D'ailleurs, l'hétéronomie n'est pas un mal, nous avons tous besoins les uns des autres.

  Du coup, il faut que les soins aient pour objectif l'autonomie, sans considérer la dépendance comme un échec.

 

  Le cadre d'un établissement en santé mentale

 

  L'hôpital de jour de la Thébaudais, ne fait pas partie du C.H.G.R (l'hôpital psychiatrique de Rennes).

  Il est financé par l'assurance maladie et gérer par le groupe UGECAM.

  Avec une trentaine de patients, 4 infirmières, 1 psychiatre et un directeur, la structure est à taille humaine. Pour le patient, la petite taille de la structure, permet de trouver plus facilement ses repères. L'entité humaine du centre, ce microcosme, n'est pas vaste et impersonnel comme un hôpital psychiatrique classique. La personne accueillie délimite tout de suite l'espace des soins. Et la taille limitée de l'établissement, engendre une ambiance familiale, ou le sujet n'est pas perdu par une multitude de visages et de situations.

  En outre, et ce n'est pas un détail, les locaux sont flambeaux neufs, spacieux et avec des couleurs agréables.

  Ils ont été conçus en pensant aux contraintes et aux exigences de la psychiatrie. Ainsi, il existe une petite salle de repos, avec des sièges confortables, ou le patient peut, s'il a un « coup de mou », se permet de se reposer.

  Les salles d'activités sont nombreuses et adaptées à leurs usages. Par exemple, pour la culinothérapie, il existe une salle équipée d'une cuisine.

  Toute cette architecture n'est pas neutre.

  Elle participe à entretenir une ambiance, qui n'est pas engendrée qu'à partir du comportement des soignants et des soignés.

  Un lieu a toujours une âme et oui il peut concourir à l'apaisement.

 

  Une histoire de personnes

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  Au-delà de l'organisation de la structure, de la gouvernance, des règles, des activités, il est un aspect irréductible à l'institutionnelle : l'engagement des soignants.

  Notamment, l'équipe infirmière, avec la personnalité de chacune et en toute complémentarité, se pose des questions sur leur travail et le sens de tous les soins.

  Face à des patients, parfois un peu apathiques, leur dynamisme et leur lucidité, permettent le mouvement de la structure et l'adaptation aux singularités humaines. Et surtout, elles font preuve d'une réelle attention aux difficultés des patients.

 

 

 

  La psychiatrie ne doit pas se replier sur elle-même et retourner à des approches purement médicamenteuses et organiques.

  Même face à une pénurie de moyens, de lits, de soignants, elle ne doit pas céder à la facilité des sophistes de la psychiatrie, qui voudraient réduire la personne à une pathologie.

  Non, il faut expliquer et encore expliquer que le « malade » doit être soigné et accompagné de façon systémique. Le logement, l'accès à la culture et aux arts, la participation effective dans les associations, la citoyenneté, tout ceci est lié et tout ceci doit être pris dans sa globalité.

  Le centre de la Thébaudais, en plus des soins médicaux, œuvre pour soutenir, toujours plus, la vie sociale des individus et donc à la rupture de leur isolement.

  Comme d'autres structures, elle cherche, elle invente de nouveaux dispositifs thérapeutiques.

  Et même si elle pourrait avoir plus de moyens, elle n'en fait pas un prétexte pour ne pas agir, pour cesser toutes ses initiatives.

  Aider une personne à lutter contre ses troubles psychiques envahissants, handicapants, cela ne s'improvise pas, c'est un vrai métier.

  Il faut continuer à penser les dispositifs, à réfléchir sur leur efficacité.

  Ainsi, on pourra vraiment dispenser des soins et surtout prendre soin de personnes, pour les soulager de toutes ces souffrances psychiques.

 

 

Rennes, le 27/03/2023

 

 

L'hôpital de jour de la Thébaudais

https://www.groupe-ugecam.fr/bienvenue-au-centre-de-readaptation-escale-thebaudais/thebaudais-hopital-de-jour-psychiatrique

L'accès à la santé mentale des personnes en situation de   précarité

organisé par le Conseil départemental d'Accès au Droit (CDAD)

                                                                 vendredi 9 décembre 2022

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  « Rien n'est précaire comme vivre » disait le poète Louis Aragon.

  Qu'est-ce que la précarité à avoir avec la santé mentale ?

 

  Historiquement, en France et dans le monde occidental, on peut distinguer l'explosion de la précarité, avec la fin des trentes glorieuses et le retour du libéralisme économique. Il fallait libérer les forces du marché et flexibiliser le travail. Les travailleurs devaient plus compter sur eux-mêmes et beaucoup moins sur « l'état social » et les solidarités.

  Mais avant ce revirement, le mouvement de protection des travailleurs, ne fut pas une étatisation, comme on l'entend trop souvent, mais une socialisation des richesses, organisés par les représentants des salariés (via les syndicats) et le patronat, par la constitution de « caisses » de solidarités (CAF, assurance maladie, etc...). Une fraternité nationale (impulsé par le conseil national de la résistance) a créé un pays où les actifs occupés sont solidaires des chômeurs, où les plus jeunes sont solidaires des plus vieux, où les biens portants sont solidaires des malades, etc...

  La précarité n'est donc pas qu'une affaire individuelle, un problème d'échec personnel, elle est aussi le lit d'une dégradation des droits sociaux et fondamentaux.

 

  Et tout ce « précariat » est une nouvelle donne, dans la façon dont nous faisons société, dans nos échanges, dans nos statuts. Cela va jusque dans notre monde intime et dans notre santé mentale.

  Face à tous ces bouleversements, que peuvent faire les travailleurs sociaux et les soignants ?

  Quels sont les nouveaux enjeux de nos sociétés si atomisées et fragmentées ?

  Comment le monde du travail social et le monde psy peuvent-ils travailler ensemble, en synergie et en bonne entente ?

  Comment la clinique et l'intervention sociale évoluent au gré de tous ces changements sociaux, économiques, sociétaux, administratifs et bien sûr politiques ?

  Cette table ronde, organisée par le CDAD, fut vraiment salutaire, car il faut que ces deux cultures (le social et le sanitaire) puisse se rencontrer, échanger, partager, pour essayer d'arriver à une prise en charge globale de la santé mentale des plus précaires.

 

 

 

  La conférence débuta par le point de vue médical. En la personne du professeur Drapier (responsable au sein du pôle hospitalo-universitaire de Rennes), nous partîmes directement sur le fond du problème : « la bidirectionnalité »

  Ainsi, la précarité peut engendrer de la pathologie, et inversement, la pathologie peut entraîner de la précarité. Pour illustrer ces mécanismes, les chiffres sont assez probants. Par exemple en Ille de France, 1/3 des SDF ont des troubles psychiques. Et vous avez dix fois plus de risques d'être affectés par des troubles psychotiques, si vous êtes à la rue ou en situation de grande précarité.

  Mais quel rapport entre ces catégories de population et le soin psychique ?

  En fait, n'assistons pas nous à une psychiatrisation de la question sociale ?

  Ces personnes n'ont ils pas plutôt besoin d'emploi, de droits et de lien social, que de la psychiatrie ?

  En effet, mais si l'on considère que voir un psy : c'est se soigner, alors il faut aussi que les personnes les plus précarisées, aient aussi un droit d'accéder au travail psychothérapeutique.

  Et la psychiatrie ce n'est pas seulement le traitement des grosses crises, comme la schizophrénie, la bipolarité, les T.O.C, etc... Non, c'est aussi le « moyen moderne » d'avoir une écoute, une prise en charge, pour un mal-être et une souffrance.

  Alors pourquoi les plus précaires, n'auraient ils pas accès aux soins ?

  Les personnes à la rue, les personnes précaires ont aussi une vie psychique, qui comme les autres, peut être analysée et travaillée.

  Pour répondre à tous ces questionnements, rien ne vaut l'analyse des personnes qui sont sur le terrain.

  Ce vendredi, nous avons donc eu la chance d'avoir eu l'expertise de deux grosses structures :    L'équipe mobile psychiatrie précarité (EMPP) et le réseau Louis Guilloux.

Raphaël Leroux, psychologue au EMPP et Christine Lemoine, Assistante social et coordinatrice, nous ont présenté les missions de leur structure :

-Comment faire appel à eux ?

-Leurs modes d'intervention

  Tout d'abord, ils définissent la précarité selon différentes dimensions.

  Au niveau psychologique, elle est l'avenir incertain, non-assuré et instable. Au niveau économique, c'est le contrat de travail précaire (CDD, Intérim, etc...) et des revenus non assurés. Au niveau sociologique, on parle de désaffiliation du lien social.

  En effet, la personne se trouve de plus en plus isolée, n'arrive plus a structurer son temps, perd la majorité de ses repères sociaux et vie en décalage par rapport aux rythmes de vie commun.

  Ce n'est donc pas qu'une difficulté d'ordre existentiel, c'est toute une situation sociale qui prive la personne des ressources élémentaires pour exister.

  Bien sûr, c'est la grande pauvreté et l'absence de logement, mais pas que.

  La précarité, c'est aussi le manque de reconnaissance sociale, dû à une absence de participation réelle à la société. Je n'arrive plus à construire mon identité sociale et culturelle et du coup je papillonne, je ne peux plus forger ma personnalité sociale et trouver ma place dans la société.

  D'ailleurs, tous les emplois précaires, les petits boulots et le travail dégradé, ont fortement diminué la fierté de pouvoir travailler.

  En outre, le déclin des grandes instances de socialisation, que fut en France, l'Eglise catholique ou le Parti Communiste Français, ont aussi fortement affecté l'affiliation sociale.

 

  Mais il ne faudrait pas analyser le capitalisme et la précarité qu'il génère, de façon monolithique et figé.

  Ce système économique est mouvant et s'adapte perpétuellement à tous ceux qui le contestent.

  Dans le très brillant livre de Luc Boltanski et Eve Chiapello, « Le nouvel esprit du capitalisme », on comprend mieux les dernières évolutions des rapports sociaux de production.

  A la critique virulente et libertaire de Mai 68 et de ses suites, le capitalisme s'adapte en récupérant les critiques. Dans les entreprises, il transforme le modèle autoritaire, dirigeants/dirigés par un autre modèle, un idéal-type, beaucoup plus souple, où le cadre devient un manager, qui ne donne plus seulement des ordres, mais qui doit aussi susciter l'appétence de ses collaborateurs.

  De cet éthos, se développe un monde en réseau, ou il faut connaître la bonne personne au bon moment.

  Mais quel rapport avec la santé mentale, me direz vous ?

  Et bien le monde économique influe fortement sur tous nos rapports humains.

  Le rapport à l'autre change !

  L'exigence sociale, la socialité est de plus en plus individualisée et requière toujours plus de codes sociaux. Le savoir-être, l'adaptation, la simulation sont des compétences sociales de plus en plus importantes.

  Savoir « jouer » dans le monde social, permet d'accéder à des positions dominantes, qui repoussent les incertitudes et les aléas.

  Du coup, les plus précaires sont aussi les personnes qui n'arrivent pas a se glisser dans la scène sociale et a jouer plusieurs rôles sociaux.

  Et la psychose, ce détachement social, devient l'anti-thèse de l'hyper adaptabilité libérale.

  La précarité n'est donc pas qu'un problème de partage des richesses, c'est aussi un échec de mobilisation sociale, dans la réalisation d'une entreprise personnelle.

  Le train de la nouvelle sociabilité passe et ceux qui n'ont pas réussi à monter dedans, vont souffrir de dénuement social et d'une perte d'objet.

 

  Mais que peut-on faire pour aider les personnes les plus précaires ?

 

  Les professionnels se rejoignent sur un point fondamental : il faut créer une relation avec la personne.

  Raphaël Leroux insiste sur la dimension temporelle de la prise en charge psy. Face à la précarité du sujet, soumis à une existence déstructurée, affectée par l'immédiateté, ou au contraire par l'apathie, il faut prendre le temps de construire une histoire inter-active. Et si la personne n'est pas prête, tant pis, il faut trouver le moment opportun qui peut créer l'échange.

  Durant la table ronde, on a aussi beaucoup entendu les professionnels parler d'un frein énorme à la prise en charge : l'image de la psychiatrie.

  Même si l'institution récolte aussi la perception qu'elle a engendrée, en réalité, il ne faudrait pas mettre tous les soignants dans le même sac.

  Du coup, il faut déconstruire certains préjugés : non, parler à un psychiatre ne va pas automatiquement vous faire enfermer ou que vous allez être obligé d'être bourré de médicaments.     La psychiatrie ce n'est pas le traitement de la folie qui enfermerait des gens dangereux et violents.   La personne doit comprendre que la psychiatrie n'est pas un bloc uniforme et qu'elle doit trouver dans toute l'offre médicale, des professionnels qui lui corresponde, des personnalités, des profils avec qui « le courant passe » et qui permettent de se saisir de son psychisme.

  Et si l'alliance thérapeutique se produit, les barrières au travail psychothérapeutique s'amenuisent :

plus de RDV zappés, plus de retards, plus de défiances infondés. Petit à petit, deux personnes s'apprivoisent et l'être humain pris dans le chaos du monde, va rencontrer un humanisme, une écoute qui peut l'aider à remettre du sens et de la cohérence, à travailler ses projets de vie, à faire face à des situations si violentes et à revaloriser sa personne.

 

  Partenariats

 

  L'EMPP et le réseau Louis Guilloux, n'ont pas vocation à intervenir directement, en première ligne.   Par exemple, ils n'effectuent pas de « maraudes ». Mais ils répondent aux sollicitations de toutes les structures, confrontées à des situations de précarité, en lien avec des problèmes de santé mentale.

  Ils insistent pour expliquer qu'ils sont à l'interface des différentes interventions.

  En effet, les structures du social et du médico-social, les associations de solidarités peuvent parfois se sentir démunis face à des problématiques de santé mentale.

  Que ce soit des décompensations ou du mal-être durable, les travailleurs sociaux ou les militants, les animateurs socio-culturels sont confrontés à des situations, où il ne suffit pas de dire : « Vous n'avez qu'à aller voir un psy ! »

  Non, souvent, il faut tout un travail pour passer du monde social au monde médical. Mais le gros avantage du social, c'est que généralement, ils connaissent très bien les personnes en souffrance et ils ont déjà réussi à établir un lien de confiance. Dès lors, il faut s'en servir, pour qu'en l'absence d'une demande claire, et même en présence d'un déni des troubles (anosognosie), le sujet chemine lentement vers une acceptation du caractère pathologique, des grosses difficultés, qu'il vit.

  Mais les deux structures ne sont pas dans le suivi au long cours. Elles sont là pour déchiffrer des problèmes, les évaluer, pour les nourrir d'un avis psy. Selon les troubles, elles peuvent orienter la personne vers la psychiatrie.

 

  L'EMPP et le réseau Louis Guilloux sont aussi confrontés à une autre problématique, celle des migrants.

  Tout d'abord, pour les personnes qui ne maîtrisent pas très bien le français, elles peuvent recourir à des services d'interprétariat.

  En outre, les personnes migrantes, souffrent souvent de troubles propres à leur parcours d'exilés.   Les traumatismes de la migration (maltraitance, arnaques, échouages, dénuement extrême), peuvent réveiller chez certains sujets, des blessures psychiques.

  Bien sûr, la précarité administrative (pas de papiers) et économique (pas le droit de travailler) peut engendrer de forts troubles anxieux et/ou dépressifs.

  Et même si la réponse devrait être d'abord administrative et politique, il n'en reste pas moins, que les migrants, comme tout le monde, doivent avoir le droit de profiter de soins psy.

 

  La précarité n'est pas une maladie psychique.

  Mais même si cette situation n'est pas due à des causes d'ordre psychiques, elle sera toujours une fragilisation de l'être social.

  Il semble, que de plus en plus, les précaires n'ont pas accès aux soins.

  Alors que les personnes assez aisées peuvent se payer un psy et que les sujets affectés d'une pathologie lourde et bien identifiée ont une prise en charge effective et bien fléchée, les troubles psycho-sociaux semblent être la zone grise de tous les soins en santé mentale.

  Proposer des soins est-ce vraiment psychiatriser la misère ?

  On pourrait dire que quelles que soient les raisons d'une souffrance, tout être humain a le droit à une prise en charge. Nous avons tous une santé mentale. Dans le monde moderne, nous sommes tous des sujets sensibles et individualisés, en quête de reconnaissance sociale.

  Il n'existe pas de société sans matrice culturelle et symbolique, sans constitution d'un sens commun.

  Et il se peut, que l'adversité rencontrée dans les situations précaires, exige aussi un travail psychologique, qui redonne du sens quand tous les repères s'effondrent.

                           Semaine d'information sur la santé mentale #33

                        pour ma santé mentale, agissons pour notre                                                       environnement

                                                     du 10 au 20 octobre 2022, à Rennes

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  Mais d'où vient notre santé Mentale ? De soi ? De notre environnement ?

  Tout d'abord, on peut dire que la notion de santé mentale renvoie plus à une question personnelle, d'une certaine « capitalisation » de bonnes pratiques, d'entretien et d'hygiène mentale.

  En revanche, la notion d'environnement renvoie plus à des questions collectives, extérieures à l'individu et qui serait une structure agissant sur le sujet.

  Mais ne faut-il pas dépasser cette dichotomie, cette binarité ?

  L'individu n'est il pas toujours collectif et socialisé ?

  Même si certaines personnes semblent disposées à agir, à voir, à sentir certaines choses, peut-on renvoyer la santé mentale d'une personne à son individualité ?

  Ou au contraire, peut on juste accuser la société, les autres, d'être responsables de ses propres troubles ?

  Faut-il séparer la sphère privée, l'intime, le subjectif et l'environnement ?

  En outre, peut-on réellement agir sur son environnement ?

  Tout au long de cette SISM, différentes structures et différentes personnes, ont voulu exprimer leurs points de vue, leurs impressions, leurs ressentis, leurs arguments, sur la relation entre santé mentale et environnement.

  L'environnement, ce lieu où on vit, ce lieu où on noue des relations sociales et où l'on se construit, n'est pas une donnée, une contrainte immuable auxquelles il faudrait juste s'adapter.   Non, l'environnement est en nous, de par nos décisions collectives et donc politiques.

   Voyons ce que les professionnels, les usagers, les proches et les militants nous disent de cette problématique, à Rennes, en 2022.

 

 

  La SISM a commencé par des vernissages.

  Le lundi 10 octobre, l'action intitulée « Pour ma santé mentale, je nettoie mon quartier » a eu lieu an Centre social Ty-Blosne.

  Dans le quartier du Blosne, différentes personnes et différentes structures (ESAT les ateliers de l'espoir, UTOPI St Jacques et UTOPI l'Hermitage, CATTP La Sauvaie, l'hôpital de jour de la Thébaudais, Aiguillon Construction, ATYPIcK, CDAS du Blosne) ont décidé d'agir directement sur leur environnement, en ramassant des déchets. Pour eux, cela aura été une bonne occasion, de mieux se rendre compte, de la déliquescence de nos espaces publics, vu le nombre de sacs d'ordures ramassés (plus de 70 kilos en une heure).

  Pour immortaliser l'événement, différentes photos ont été prises par l'association ATYPIcK.

  Avec des bouteilles en plastique, recouvertes de papiers journaux, une sorte d'arbre fut érigée.   A ses branches, fut pendus sur de petites feuilles, l'expression écrite des participants.  Par exemple : « Ramasser les déchets dans le quartier me fait me sentir utile, ça fait du bien », « J'habite dans une déchet'ville », « impressionnant de trouver autant de déchets en si peu de temps », « C'est plus une ville, c'est une déchetterie », etc...

  Au centre de l'expo, sur une palette, quatre maquettes furent exposées. Chaque maquette représente une saison de l'année.

  C'est une production artistique sans rien acheter, juste en recyclant des objets, récupérés dans les ateliers de l'ESAT.

  Pour tous les participants, usagers et professionnels, cette aventure artistique et citoyenne, relève de l'inclusion sociale, de l'intégration sociale.

  En effet, une personne témoigne : « Les gens ne me voient plus différemment, ils voient juste quelqu'un qui ramasse des déchets. »

  Et surtout, elle permet à toutes et à tous, de s'exprimer.

  La création artistique n'est pas réservée qu'à une élite.

  Au contraire, tout le monde a besoin de s'exprimer, tout en étant entendu.

  Plus généralement, avoir une reconnaissance sociale, pour ses œuvres, pour ses actions et pour ses activités, c'est dans le monde moderne, pouvoir avoir une existence sociale.

  Pour bien comprendre les fondements de notre société, il faut se référer à l'histoire de nos structures sociales. Avant l'avènement du capitalisme, dans le système féodal, les statuts sociaux étaient figés et héréditaires. Dorénavant, nous existons beaucoup plus dans le regard de l'autre et nous devons, perpétuellement, justifier notre être social.

  Evoluer dans un environnement « sécure », qui reconnaît mes droits et mes compétences, permet de me « réaliser », de trouver une certaine place, où mon expression compte vraiment.

  Dès lors, il ne faut pas seulement partager les richesses et le travail, il faut aussi partager le symbolique, ce qui fait « le prestige social ».

  Et c'est aussi le travail des professionnels (soignants, travailleurs sociaux, etc...) de redonner une légitimité sociale, un crédit, à des personnes qui sont sorties « des clous de la sociabilité dominante ».

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  Le lendemain, nous sommes allés à un autre vernissage, à la Polyclinique de Saint-Laurent, intitulé : « Nos regards sur notre environnement ».

  Des adhérents d'Atypick, des personnes accompagnées par le Service d'Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS) d'Altaïr et des patients de la Polyclinique Saint-Laurent, ont réalisé tout un travail photographique sur le thème du lien entre environnement et santé mentale.

  Chaque photo exposée dans les couloirs de la clinique, est accompagnée d'un texte, du photographe, qui met en contexte et explique, le cheminement artistique.

  Au cours de cet après-midi, nous avons eu la chance de rencontrer les artistes et de pouvoir débattre avec eux. Au cours des échanges, on a senti l'importance de l'environnement sur nos existences. L'urgence écologique n'est pas vécue forcément de la même manière, mais toutes les personnes ressentent que l'environnement est en danger et finalement si fragile.

  Là encore, ce vernissage est très important pour les participants. Ils ont été volontaires pour ce projet artistique et ne sont vraiment pas déçus d'y avoir participé. On a senti une fierté, un sentiment d'honneur, de pouvoir comme des pros, exposer leurs œuvres au public.

  Même si les motifs de satisfaction sont très divers-sentiment d'utilité, activité apaisante, exécutoires- tous et toutes on fait s'éloigner la pathologie et/ou le mal-être, par une réalisation qui trouva un résultat palpable (l'expo).

  Mais ce n'est pas être dans la flagornerie, de dire, que tout ce bouillonnement artistique n'a été possible que grâce à l'engagement et la sollicitude des professionnels des différentes structures. L'animation des ateliers photos et les sorties, ont été organisées dans un esprit d'ouverture et de sagacité, par des spécialistes de la santé mentale, qui ont su trouver dans leurs compétences-c'est un véritable métier-les moyens de faire émerger toutes les appétences. Dans les échanges, on a aussi senti que les personnes étaient considérées comme de véritables artistes et pas comme des malades. Surtout, les participants ont éprouvé une égalité de traitement, qu'on soit usagers de la psychiatrie ou professionnels en santé mentale.

 

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  Le soir, nous sommes allés au cinéma, voir le film « Douce France » à L'arvor. Ce film de Geoffrey Couanon, est un questionnement sur l'engagement et la politisation des jeunes générations, notamment sur les problématiques environnementales.

  Via leurs professeurs, des lycéens sont amenés à réaliser une enquête sur un projet de centre commercial et de loisir : Europacity.

  Au début, les jeunes n'ont pas vraiment d'avis. Mais au fur et à mesure des rencontres, avec les habitants, les promoteurs immobiliers, les agriculteurs et les élus, ils se rendent compte que ce projet les concerne, qu'un tel bouleversement de leur environnement, aura un impact réel sur leur vie.

  En outre, à leurs âges, ils se posent beaucoup de questions sur leur propre devenir professionnel. Le sens de leur vie et le sens du monde s'entrechoquent.

  Le film est aussi la maturation et la prise de conscience des choix politiques sur l'écologie, notamment sur l'artificialisation des sols.

  Le réalisateur, Geoffrey Couanon, montre que « l'aller vers autrui », rencontrer des gens aux histoires et aux intérêts différents, permet de sortir de sa coquille et donc d'enrichir sa vision du monde.

  Le modèle des grands centres de loisir et de commerce est donc remis en cause. Pas par une posture idéologique, mais par un cheminement politique, une ouverture qui crée des liens entre les choses.

  Finalement, les jeunes se rendent compte que leur environnement, c'est leur affaire.

  Après le film, nous avons eu la chance de profiter d'une mini-conférence, du chercheur Jordy Stefan, du centre de recherche Askoria, sur le rapport nécessaire entre l'environnement naturel et la santé. Ce fut une démonstration de force scientifique ! Le psychologue social prouve, par un raisonnement expérimental et des corrélations indubitables, qu'être en présence de la nature, cela engendre une meilleure santé mentale. De solides arguments pour tous les écologistes du monde !

 

 

  Le jeudi 13 octobre, nous avons été conviés au centre social ty-Blosne, a assisté à la projection d'un documentaire, réalisé par Richard Ramangalahy.

  Le réalisateur, intéressé par les questions de l'impact de l'environnement sur notre santé mentale, a donné la parole à diverses personnes, de façon éclectique, tout en voulant montrer la complexité des troubles psychiques.

  Notamment, le docteur Elizabeth Sheppard, du CHGR, nous a synthétisé les différents facteurs environnementaux :

-l'importance de la famille

-le travail

-le milieu social et affectif

-la vie dans le quartier

-le sociétal

-le statut des pathologies psychiques

-Etc...

 

  Immanquablement, le sujet de l'urbanisme fut abordé. Aujourd'hui, cela fait consensus (aussi grâce à de nombreuses études) que la ville ne peut pas rester une entité bétonnée et uniquement minérale. Des espaces verts, des arbres, des fleurs, des buissons doivent faire partie de nos vies, même dans les grosses villes. Bien sûr pour notre santé physique (la verdure diminue la pollution), mais aussi mentale (voir les études de Jordy Stefan).

  Et l'urbanisme, c'est aussi penser la vie sociale.

  Il faut éviter la construction de grandes tours et privilégier les petits collectifs. Préserver de grandes places pour accueillir les événements collectifs. Dans tous les quartiers, il faut des locaux municipaux, pour faire vivre le mouvement associatif, le sport et les loisirs. Et même si cela reste un peu symbolique, il faut faciliter l'installation de jardins partagés.

  L'aménagement territorial (urbain et rural) doit combiner des rites sociaux inclusifs.

  En effet, aujourd'hui, de nombreux jeunes ne peuvent pas faire la fête, car ils sont exclus des lieux de fêtes (par exemple, les boites de nuit). Dès lors, les municipalités doivent offrir des moments festifs, socialement ritualisés, pour que tous les types de population puissent se retrouver.

 

 

  Et le soir, nous sommes allés au théâtre !

  A la salle de spectacle ADEC, les participants de l'atelier théâtre du SAVS Altair, nous attendaient pour nous proposer leur création collective.

Grâce à la mise en scène de Sébastien Gallet (éducateur spécialisé au SAVS) et Agnès Genêt (art-thérapeute), nous sommes rentrés dans un drôle de monde, celui de la représentation théâtrale.

  Notre santé mentale est assaillie par de très étranges phénomènes : les émotions.

  Elles sont la force de l'humanité, mais elles peuvent aussi devenir un cauchemar.

  En effet, si elles ne sont pas contrôlés, elles peuvent submerger le sujet, engendrant des souffrances et même parfois, des dissociations.

  Ah, que pourrait t'on faire pour les maîtriser ?

  Et bien, dans cette fiction théâtrale, les artistes apportent une réponse poétique. Il faut créer une entreprise qui les transforme et les recycle : « La fabrique Emoi »

  Tout au long de la pièce, dans un burlesque délicieux, des travailleurs et des clients, font commerce des émotions, en les bricolant et les réparant, comme si c'étaient des marchandises.

  Comique de situation, comique de l'absurde, décalages, la vie de cette entreprise nous embarque dans une poésie, où les comédiens, très généreux, foncent dans l'expression théâtrale.

  Après la pièce, nous avons pu débattre pour savoir, qu'est ce qui rendrait le théâtre plus inclusif.

  Faire du théâtre, cela doit rester un plaisir.

  Même s'il est tout à fait naturel d'avoir le tract avant une représentation en public, il ne faut pas que l'activité artistique génère un stress trop important.

  L'essentiel est que la personne, affectée ou non par des troubles psychiques, puisse sentir (notamment de la part du metteur en scène) qu'elle est capable de jouer un rôle et qu'elle a quelques talents à pouvoir le faire.

 

 

  Le samedi 15 octobre, nous nous sommes rendu à une conférence débat, sur le trouble Borderline. L'association Borderline Espoir, organisatrice de l'événement, nous a proposé une action pour présenter le trouble et faire la part belle aux témoignages et aux échanges.

 

  Mais qu'est ce que le trouble borderline ?

  Existe-il-vraiment ?

 

  Pour les membres de l'association, ils en sont convaincus, ce trouble est une véritable pathologie, au même titre que la bipolarité ou la schizophrénie.

  Pour le démontrer et comme dans tout classement nosographique, ils mettent en avant plusieurs symptômes récurrents qui constituerait la maladie. Ils parlent d'impacts sur « l'humeur, la gestion des émotions, les relations et l'image de soi. Les personnes affectées de troubles Borderline souffriraient

donc de troubles névrotiques, comme l'hyper-réactivité émotionnelle, des difficultés relationnelles, une humeur labile, une perturbation de l'image et de l'estime de soi, etc...

  Mais elles souffriraient aussi de troubles, dit psychotiques, comme des idées de persécutions et/ou des symptômes dissociatifs. Elles seraient donc aussi affectées par la « folie », que  Foucault définissait comme la recherche des signes pour son égocentrisme.

  Pour mieux comprendre ce trouble, peut-être faudrait-il rappeler qu'il fait partie des troubles de la personnalité.

  Ce serait une sorte de disposition durable, acquise par des conflits dans le développement de la personne. Mais cette personnalité deviendrait pathologique en contact avec un environnement stressant. Des défenses se mettraient en place et elles engendreraient une perte de l'objet, une difficulté à s'orienter et à orienter ses sentiments. Comme dans une intersection, le sujet ne saurait plus où s'investir et où trouver de l'apaisement.

  Le trouble Borderline, qu'il soit reconnu par certains ou non, interroge énormément.

  Quelle est l'unité de tous ces symptômes ?

  N'est-il qu'une construction sociale, propre à notre époque, à un type de culture, de pays ?

  D'ailleurs, qui décide que tel trouble est une maladie ?

  Les médecins, le DSM, les laboratoires, les institutions de régulations ?

  Si l'on considère que l'élaboration scientifique, dans la psychiatrie, n'est pas qu'une affaire de raison et d'évidences académiques, mais est aussi le résultat de luttes entre acteurs, dans un champ spécifique, on peut essayer de regarder les choses différemment. Dès lors, les troubles et leurs définitions peuvent être considérés aussi comme des artefacts sociaux et des rapports de force, socialement situés.

  Le trouble Borderline nous parle de personnes en souffrance, mais il indique aussi l'état de nos relations sociales et de l'environnement qui les sous-tend.

  Oui, on peut se permettre de dire, même si cela reste schématique, qu'une société anomique et atomisée, favorise le trouble Borderline.

  Sans nier la singularité de chacun et chacune, ni des différentes intensités des différents troubles, nous pouvons affirmer que nous sommes tous de plus en plus étrangers à nous-même, perdus dans un monde de plus en plus complexe. Et de ça, certains et certaines le transforment en une véritable maladie, voir même, un handicap.

  Il faut donc reconnaître le normal et le pathologique, mais pour ouvrir des droits pas pour en faire une identité qui se replie sur elle-même et qui figerait l'individu dans une position discriminée.

  Dès lors, il faut reconnaître les souffrances Borderline et aider les personnes, via notamment leurs associations, à donner des mots aux maux.

 

 

  Le lundi 17 octobre, fut organisée par l'association d'usagers coop'1 service, une soirée intitulée : « Santé Mentale et Environnement ».

  Des membres de l'UNAFAM et de l'association thérapie et vie sociale sont venus témoigner, faire partager leurs expériences et aussi donner des éléments d'explication sur l'impact environnemental sur notre santé mentale.

  Notamment, Anne-Marie Kerjean, délégué UNAFAM 35, nous a fait remarquer fort judicieusement, qu'il fallait prendre en compte l'aspect diachronique des maladies psychiques.

  En effet, même si une personne sort de la spirale infernale de la pathologie, elle peut encore souffrir des conséquences de la maladie. Si les troubles ont été sévères et qu'ils ont malmenés l'être social, en isolant fortement la personne, « l'ancien malade » se retrouve dans une situation sociale très appauvrie.

  En effet, pendant cette période de maladie, il n'aura pas pu se faire des amis-où même les conserver-, il n'aura pas pu développer son réseau social et professionnel, il n'aura pas pu s'investir dans le sport et les loisirs, etc... Une perte sèche de capital social !

  A cet égard, il ne faut pas considérer l'environnement comme seulement une donnée du présent, mais aussi comme une production du passé.

  C'est pourquoi, il faut envisager le rétablissement comme un processus assez long, qui nécessite du temps pour que les « dividendes sociaux » de la résilience, puissent se transformer en acquis durables, en un environnement social et affectif, favorisant une bonne santé mentale.

 

 

  Le mercredi 19 octobre, nous nous sommes rendus au GEM-L'Antre 2, pour partager un moment d'échanges et de débats, autour de la projection du court-métrage « L'envers du décor ».

  Ce petit film, réalisé par les adhérents et sympathisants de l'association, nous fait voyager dans les différents environnements, que la vie humaine nous fait accéder.

  Pourquoi est ce qu'on se sent mieux dans certains lieux et mal dans d'autres ?

  Souvent, cela reste indicible, on ne sait pas pourquoi. L'ambiance, l'athmosphère nous rend heureux ou alors c'est le cadre naturel. Certains se sentent tout de suite bien à la montagne, d'autres à la mer ou en forêt.

  En outre, un environnement est souvent lié à une activité.

  Même si notre relation à notre environnement reste très subjectif, il est indubitable que certains environnements ne peuvent être que négatifs. Par exemple, l'ouvrier qui travaille à la chaîne, dans le froid et le sang, pour l'industrie agro-alimentaire. Ou le passionné de plongée sous-marine, qui au fil des décennies, plonge dans une mer de plus en plus acide et sans vie, où la faune et la flore disparaissent.

  Ainsi, protéger notre cadre de vie, défendre la possibilité d'une connection avec la nature, c'est lutter pour une bonne santé mentale.

 

  Pour finir cette SISM, le jeudi 20 octobre, nous nous sommes rendus à l'auditorium des champs libres, pour se poser cette question : « L'éco-anxiété, un nouveau trouble psychique ? »

  Cette soirée co-organisée par l'UNAFAM 35 est d'une brûlante actualité. Le déréglement climatique ne fait plus de doutes : sécheresses, innondations, tempètes, disparition de la bio-diversité, etc...Et nous venons d'avoir un mois d'octobre anormalement chaud.

  Comment ce désastre écologique modifie notre santé mentale ?

  Peut-on parler d'une nouvelle pathologie : l'éco-anxiété ?

  Le docteur Brigitte Guillerm-Marc, psychiatre et pédo-psychiatre, nous a permis d'entamer une réflexion sur le sujet.

  Le bouleversement climatique, qui devient de plus en plus concret pour les gens, peut donc entraîner des troubles anxieux. Une peur, une frayeur face à l'avenir.

  Bien sûr, face à cette réalité apocalyptique, les personnes, selon leur psychisme, vont réagir différemment.

  Comme dans la fameuse chanson D'Antoine : « J'y pense, puis j'oublie », certains ne vont pas nier la menace, mais vont s'attacher à une certaine distance et fatalité, pour ne pas en souffrir, psychiquement.

  D'autres, en toute lucidité, vont en faire un objet politique et donc politiser leurs inquiétudes. Ils vont donner sens à cette catastrophe suicidaire, en activant un militantisme, quel qu'il soit, mais qui est une réponse rationnelle à un danger.

  Enfin, d'autres, vont être dépassés par l'anxiété et vont déprimer.

  Au lieu de faire face, ils vont se sentir tellement impuissants, qu'ils vont réagir à cette agression, par des mécanismes de défenses, qui engendrent souffrance et délitement personnel.

 

  Faut-il classer cette manifestation dans la nosographie psychiatrique ?

  En tous cas, la nouveauté de ce trouble psychique, appelle des réponses thérapeutiques nouvelles.

  Même si ce trouble semble faire partie des troubles anxieux, il n'est pas un TAG(troubles anxieux généralisés), pas un TOC (trouble obsessionnel compulsif), ou même un trouble phobique, etc...

  Alors qu'est-ce que c'est ?

  La situation anxiogène, le monde va s'effondrer et peut disparaître, engendre un trouble d'incapacité, comme si le danger ne pouvait être évité.

  L'éco-anxiété semble donc exiger une prise en charge spécifique.

  On ne sait pas très bien comment. Peut-être qu'une psychothérapie, centrée sur le travail d'une quête de sens personnel, pourrait correspondre à toutes ces angoisses de « finitude ». En fait, il nous faut répondre à cette question des temps modernes : qu'est-ce que je veux dans ce monde ?

  Ainsi, cela permettrait peut-être de sublimer ce monde qui s'auto-détruit.

  Trouver une « cause », des significations, qui chassent la culpabilité et la « solastalgie ».

 

 

  Durant toute cette SISM, le thème de l'environnement nous ait apparu assez plurivoque.

  Tantôt, il apparaît comme un cadre physique, bien solide, tantôt il est ressenti comme un cadre politique et social.

  Et bien-sûr, de plus en plus, il est cet environnement naturel, qui fait face à un système économique, financier, mondialisé qui nous paraît si inéluctable et hors d'atteinte.

  Des processus irréversibles, de destructions de la bio-diversité, de réchauffement climatique sont maintenant bien évalués. Ainsi, nous réalisons que le temps nous est compté. Si nous ne faisons rien maintenant et très prochainement, ce sera trop tard. Avouez qu'il y a de quoi s'inquiéter...

  Comment dans un monde ou chaque pays à des intérêts économiques divergents, pourrait on trouver un intérêt mondial (et donc une politique économique mondiale), seul capable de transformer nos modes de production, vers une économie réellement écologique ?

  Mais le côté positif à cette menace si dantesque, c'est qu'elle crée une réelle intégration.

  En effet, alors qu'avant l'écologie, on pouvait considérer la société comme fondamentalement divisée en classes sociales antagonistes, la politique ne semblait servir qu'un camp ou un autre. Désormais, comme nous n'avons pas de planète de rechange, nous allons être obligés de trouver d'autres rapports sociaux de production, pour des solutions globales et internationales.

  Et toutes ces évolutions, ces transformations radicales, façonnerons une autre santé mentale.

  Un être humain de retour dans la nature, dans un monde revenu à l'essentiel et où les relations sociales et économiques seront l'oeuvre de petites communautés. Enfin, on peut toujours rêver ! Il paraît que cela fait du bien à la santé mentale...

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                                                            Café rencontre de l'UNAFAM 35 :

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                     La médiation pour aidants et aidés

                             de l'UDAF d'Ille-et-Vilaine

                                                                               le 15/06/2022

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  La maladie psychique n'affecte pas que la personne qui la vit. Souvent, elle bouleverse sa famille. Elle peut même la déchirer.

 

  Tout d'abord, au début de la maladie, c'est un choc :

  Comment mon enfant peut-il être concerné par la folie ?

  Qu'est-ce qu'on a fait de mal pour en arriver là ?

  Sommes-nous de mauvais parents ?

  Avons-nous mal éduqué notre enfant ?

  Etc...

  Si l'on parle beaucoup de dénie et d'acceptation de la maladie de la part du malade, la famille doit aussi accepter un trouble si tabou et si stigmatisé.

  Et face à un désarroi implacable, les relations familiales peuvent se détériorer, et même se transformer en tensions et en conflits.

  Malheureusement, certains parents nient la maladie et n'arrivent pas à comprendre qu'il ne s'agit pas de mauvaise volonté ou de comportements déviants, mais d'une véritable maladie.

 

  Ensuite, même pour la famille qui réussit à cheminer vers une prise de conscience du caractère pathologique de ce qui arrive à leur proche, les difficultés sont immenses.

  Sachant que la psychiatrie est très loin d'être une science exacte et que le plus souvent, on « tâtonne », des désaccords sur la prise en charge de la personne peuvent apparaître :

  Faut-il pousser notre enfant à intégrer un centre psychothérapeutique ?

  Faut-il qu'il ait son propre logement indépendant ?

  Faut-il le pousser à travailler ?

  Faut-il insister sur la prise des médicaments ?

  Etc...

  Et puis surtout, aider une personne en troubles psychiques, demande du temps et de l'énergie. On peut vite reprocher à l'autre, de ne pas s'engager assez pour la personne.

 

  Heureusement en France, la famille n'est pas livrée à elle-même. De nombreux professionnels interviennent, de manières très différentes, pour soigner, accompagner, et surtout aider au rétablissement. Vu la complexité des troubles et la singularité de tout être humain, il n'existe pas de chemin tout tracé, qui conduirait à des solutions miraculeuses.

 

  Il n'empêche que la famille a aussi besoin d'aides.

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  Avec ce café-rencontre, l'UNAFAM 35 a voulu mieux faire connaître le dispositif « médiation pour aidants et aidés »de l'Union départementale des Associations familiales d'Ille et Vilaine, l'UDAF.

  Les professionnels de l'association ne sont pas dans une démarche psychothérapeutique, de formation ou encore d'accompagnement social, mais dans un travail sur les relations interfamiliales. Ces dernières sont immanquablement pétries d'affectifs, ce qui peut engendrer une perte d'objectivité. Il peut alors être très précieux d'avoir recours à une tierce personne, qualifié et neutre, pour servir de médiation.

 

  La méthode de la médiation

 

  Déjà, les professionnels de l'UDAF, agissent en toute humilité. Ils et elles ne sont pas là pour asséner des vérités, ou dire aux familles ce qu'elles doivent faire.

  Non, ils sont là pour que les membres de la famille puissent communiquer, (re)nouer le dialogue, en s'appuyant sur leurs compétences d'aidants familiaux.

 

  Mais au fait, c'est quoi une famille ?

 

  Une famille est un organisme vivant. Chaque membre y occupe une position et opère des compromis, des ajustements pour assurer la continuité, la pérennité des relations familiales. Mais si les tensions supplantent les harmonies, le fonctionnement familial et sa régulation, peut se déliter et déboucher sur des souffrances et des conflits.

  Bien sûr, il n'existe pas de familles universelles et atemporelles. Chaque famille se constitue selon les époques, les cultures et les catégories sociales d'appartenances. Mais en Occident, aux 21 siècles, même si la famille a beaucoup changé, elle reste, pour beaucoup, un soutien prépondérant. Au niveau financier, elle peut permettre un filet de sécurité (même si heureusement, en France, la personne souffrant de troubles psychiques peut toucher l'allocation pour adultes handicapés)

  Et surtout, face à la possible perte d'autonomie du proche, à son isolement et à tous les affres liés aux troubles, la famille peut apporter un soutien moral et des aides pratiques.

  D'ailleurs, pour illustrer l'importance de la famille, on peut faire remarquer que quand la personne vit une crise très forte, qui souvent requière une hospitalisation, c'est la famille, en dernier recours, qui se charge d'aider et d'accompagner. Rarement, le cercle amical.

 

  L'action des médiateurs de L'UDAF

 

  Les médiateurs\rices veillent à clarifier les places et les rôles de chacun face à la maladie psychique du proche.

  En étant réellement à l'écoute et en identifiant les besoins, les professionnels peuvent faire émerger des problématiques, propres à la singularité des familles, permettant une reconfiguration des attentes et des ressentis. Il s'agit là, de trouver des solutions, construites ensemble.

  L'action de l'UDAF se fait par étapes.

  Tout d'abord, elle propose à la famille une réunion d'information gratuite, pour expliquer la démarche de la médiation familiale et voir si elle peut être utile.

  Puis, elle met en place des séances, (individuelles ou conjointes ou familiales), où grâce à des outils professionnels, les intervenants vont tenter de démêler les « noeuds » des interrelations familiales, c'est-à-dire toutes les raisons qui ont pu fragiliser la vie familiale.

  Et pour ce qui concerne la maladie psychique, plus les aidants familiaux auront travaillé sur eux-mêmes, plus ils pourront aider leur proche.

  Les services proposés par l'UDAF sont adaptés aux difficultés rencontrées par les familles confrontées à la maladie psychique d'un de leurs proches car, souvent, elles répondent à un besoin de « réorganisation » face à la déflagration du trouble psychique. En effet, si les membres de la famille veulent aider leur proche, il est nécessaire que les liens familiaux évoluent, de façons adaptées, pour que l'intégration familiale perdure. Concrètement, il faut réellement prendre en compte la maladie, en aidant, mais sans infantiliser. Il faut trouver comment le rôle de père, de mère, de frère, de sœur peut avoir un sens, une utilité, pour que cette altérité, le trouble psychique, n'annihile pas la place du malade dans la famille.

 

  La famille moderne, individualiste, contractuelle, aux statuts mouvants, appelle des solutions beaucoup plus circonstanciées et négociées qu'avant, où le dialogue est indispensable.

  Aider les familles permet de sauver un socle de solidarités, pour une personne en souffrance, trop souvent livrée à elle-même, dans des organisations sociales toujours plus excluantes.

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      UDAF 35

       Tél : 02 30 03 95 80

       Mail : mediationfamiliale@udaf35.unaf.fr

       Site internet : www.udaf35.fr

                               www.mediation-aidants-aides.fr

     Inauguration d'une œuvre de la Maison Des Usagers (MDU)

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  En France et à Rennes, il existe une multitude d'associations qui oeuvrent pour aider les personnes affectées de troubles psychiques. Souvent bénévoles, ces militants en santé mentale, se sont forgé la conviction qu'il fallait (re)-trouver un pouvoir d'action et d'expression.

  Ils participent activement, aux côtés des divers partenaires, à rompre le cercle de l'isolement et de la « débrouille » individuelle.

 

  Mais qui aide ces associations ?

 

  A Rennes, au Centre Hospitalier Guillaume Régnier (GHGR), il a été décidé de créer une maison pour tous ceux (pas que les usagers), qui cherchent des informations sur l'offre associative Rennaise ou/et qui ont besoins d'une écoute et de conseils. Bien sûr par le biais des associations, mais aussi grâce aux structures institutionnelles, comme par exemple, l'Ordre des avocats/Barreau de Rennes.

  Ainsi, en centralisant toutes les ressources dans un même endroit, on permet un meilleur accès à la vie associative et aux structures d'accompagnement.

Cela favorise aussi la rencontre des différents acteurs en santé mentale, de divers horizons, comme le sujet de la dépression, de la bipolarité ou encore des addictions, etc...

  Et à l'heure du tout numérique, heureusement qu'il existe encore des lieux « réels ». En effet, on ne pourra jamais réduire la vie sociale et ses si curieuses interactions, à des échanges purement virtuels. On aura toujours besoin de la présence humaine, qui seule, peut engendrer des liens sociaux, bien plus forts que la fatuité des réseaux sociaux.

 

  Et donc, le jeudi 25 Novembre 2021, eu lieu l'inauguration d'une œuvre artistique, sur un panneau d'information de la MDU.

 

  Pour cette création, l'idée a été de valoriser la créativité des usagers du CHGR.

  Donc, ils ont pu participer à la réalisation de ce panneau, pour une maison, qui leur est dédié.

  Sous l'impulsion et l'accompagnement de deux artistes professionnels, Eric Mahé et Anna Boulanger, membres de l'association l'Atelier du Bourg, ils ont su travailler ensemble, coopérer et « s'apprivoiser » pour finaliser cette œuvre. Grâce à six ateliers, ils ont appris les techniques de sérigraphie et développer leurs compétences et savoirs-faires artistiques.

  On apprend toujours mieux en réalisant un projet concret, que par des formations trop scolaires.

 

  Lors de cette matinée, les artistes professionnels et les participants nous ont expliqué le sens qu'ils donnaient à cette expérience.

  Les artistes sont ravis de partager leur art et de démocratiser son accès. Ils ont bien souligné que leur rôle n'était pas de produire des injonctions artistiques, des cadres, mais de faire venir le goût de l'esthétique, une certaine harmonie universelle, en « outillant » les désirs et l'expression.

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  Et les participants ont apprécié !

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  Une d'entre elles a pris la parole pour témoigner de sa gratitude devant la sollicitude des organisateurs et des intervenants.

  Cette collaboration montre que le travail en partenariat, ça marche !

L'hôpital psychiatrique a tout à gagner à s'ouvrir à la société civile : artistes, dispositifs culturels, associations en tout genre, etc...L'institution psychiatrique ne doit pas être mise sous cloche et renouer avec son passé autarcique.

  Plus il y aura de gens extérieurs qui interviendront, plus cela favorisera la déstigmatisation des troubles psy.

  Et pour l'usager, c'est une aubaine. Celle de se sentir, non pas une personne psychiatrisée, à part, malade, mais un citoyen, un individu qui a certes besoin de soins, mais qui a surtout besoin d'une « enveloppe sociale », qui a besoin de ne pas se sentir seul.

 

 

  Au CHGR et ailleurs, il faut multiplier ce type d'initiatives, où les décideurs font appel à la participation des usagers, en leur donnant une réelle place.

 

  Cela ne coûte pas un centime de tendre la main aux usagers, en organisant une approche, une culture où chacun (usagers, professionnels, entourage du patient) peut trouver les moyens, les outils pour lutter contre les souffrances psychiques.

 

  En revanche, il faut de l'argent (mais cela ne mettra pas en péril le budget de l'état) pour que le service public de la psychiatrie ne soit pas cantonné à gérer la pénurie, mais qu'il puisse investir dans tous les talents humains !

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La Maison des Usagers/ CHGR-Rennes

Tél : 02.22.51.41.25

Courriel : maison.usagers@ch-guillaumeregier.fr

32 Semaine d'information sur la santé mentale (SISM) à Rennes

                                                         du 2 au 15 octobre 2021

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                   pour ma santé mentale, respectons mes droits !

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  La santé mentale et à fortiori la psychiatrie, restent des sujets tabous. Pour des personnes affectées par des troubles psychiques, il faut un sacré courage, pour oser en parler ouvertement.

  Mais ce n'est pas une fatalité. Si l'on dépasse une expression individuelle, que l'on se regroupe, qu'on s'organise, on peut, ensemble, trouver dans la force du collectif, dans la dynamique humaine, les moyens de s'exprimer avec moins de peur. C'est le principe de la SISM.

 

  Et s'exprimer, en étant entendu, c'est recevoir une reconnaissance sociale.

  En effet, les personnes psychiatrisées subissent une double peine. En plus de souffrir terriblement de leur pathologie, elles sont reléguées, pour les plus affectées, à une quasi inexistence sociale.

  Bien sûr, me direz vous, la « maladie » psychique éloigne des autres. La psychose impose cette inextricable difficulté du rapport à l'autre.

  Et pourtant. Le rétablissement du sujet ne peut que passer par une (ré) -intégration sociale.

  Et même si les psychothérapies et les médicaments, sont de puissants leviers pour se dé-coller des troubles, ils ne suffisent pas. Le « malade » a comme tous les êtres humains (ces êtres si sociaux), besoin d'un « autrui » approbateur et encourageant.

  La question psychique, même si elle est d'abord une question individuelle, en rapport avec sa propre existence, revêt indéniablement, une dimension collective et politique.

  Dans un monde de plus en plus complexe, où les relations humaines sont de plus en plus distendues, beaucoup se perdent dans la jungle des sociétés humaines : décalages entre les discours et les actes, injonctions paradoxales, hypocrisies, manipulations, exploitations, etc...

  Qui est fou ? L'individu ou la société ?

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   Comment trouver un sens à sa vie quand le monde ne semble en avoir aucun ?

  Mais face à cette guerre de chacun contre tous, les résistances collectives ont imposées une autre logique : celle des droits humains.

  Depuis le début du mouvement ouvrier jusqu'à aujourd'hui, une lutte acharnée, variable selon les périodes, a revendiqué le droit à la dignité et au respect.

  Et les droits n'apportent pas que la justice sociale et le partage des richesses, il contribuent aussi à une meilleure santé mentale.

  En effet, le psychisme n'est pas qu'un cerveau à réguler. Il a besoin irrémédiable de reconnaissance sociale et de sécurité.

  Contre le stress, bien sûr, il faut pouvoir satisfaire ses besoins élémentaires (pouvoir se nourrir, avoir un logement, etc...).

  Mais pas que.

  Le droit à une existence sociale, à la possibilité « d'être au monde » est nécessaire, si nous ne voulons pas avoir des vies aseptisées, pauvres, insipides, factices, qui nous font crever d'ennuis et de solitude.

 

  Et donc cette année, la SISM de Rennes avait pour thème : « Pour ma santé mentale, respectons mes droits ».

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  Comme tous les ans, il devait se tenir le Forum de la SISM, place de la mairie. C'est un moment convivial, où beaucoup de personnes du « milieu » Rennais en santé mentale aiment se retrouver. Et c'est surtout une occasion « d'aller vers le public », pour expliquer la démarche de la SISM et les actions qui vont avoir lieu.

  Mais cette année, à cause d'une pluie battante et de très fortes bourrasques de vent, le forum a du être annulé. Heureusement, abrité par les murs de l'Arvor, le ciné-débat, lui a été maintenu.

  Nous avons visionné le film « Hors les murs » d'Eric Tolédamo et Olivier Nakache.

Cette fiction, inspirée de l'histoire réelle de deux associations, nous parle de la prise en charge des personnes affectées d'autisme sévère, dont plus personne ne veut.

  Mais la grande originalité de cette aventure rocambolesque, c'est la rencontre de jeunes « issus de quartier difficile » avec d'autres jeunes en grande difficulté de communication, en troubles autistiques.

  Ainsi, on propose à certains (jeunes un peu « désocialisés ») de s'insérer en insérant les autres (des jeunes qui semblent ne plus avoir de socialisation).

  Le film pose aussi la question de l'engagement des travailleurs sociaux et professionnels du soin.

  Jusqu'où on peut aller dans la réalisation de ses missions ? Peut-on, petit à petit, sacrifier sa vie privée, pour trouver des solutions à tous ?

  En outre, le film évoque la rencontre des altérités, la perception des étrangetés.

  En fait, nous sommes tous des étrangers. De quelque chose. De quelqu'un.

  Au cours du débat qui a suivi, certaines personnes se sont alarmées du manque de structures adaptées et des formations insuffisantes.

 

  Le lundi 4 octobre, s'est tenu une table-ronde, organisée par l'UNAFAM 35, association de l'entourage de personnes malades et/ou handicapées dans leur psychisme.

  Cette soirée fut très intéressante à plus d'un titre. D'abord, elle a permis un véritable regard croisé des différentes professions. Ensuite, elle a permis d'apprendre des choses très pratiques, pour tous ceux qui rencontrent des difficultés dans l'exercice de leurs droits (dont les professionnels qui accompagnent les usagers).

  En effet, les personnes souffrantes de troubles psychiques ont souvent besoin d'un accompagnement social.

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  Et ce dernier passe par des droits fondamentaux.

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  Le plus important est sans doute le droit à un revenu : l'allocation adulte handicapée.

  Il faut rappeler que ce revenu alloué à une personne en situation de handicap, n'est pas juste de l'argent.

  En effet, elle est une véritable solution thérapeutique.

  Bien sûr, elle permet de supprimer les angoisses, liées à la survie économique (se nourrir, se loger, se vêtir, etc...).

  En outre, elle procure une autonomie vis-à-vis de sa famille. En effet, la dépendance financière n'aide pas au rétablissement. Au contraire, elle exacerbe les conflits, produit de l'infantilisation et peut aggraver toutes les régressions affectives. Par exemple, si un patient fume beaucoup de tabac (et vu le prix exorbitant de ce produit psycho-actif), ses parents qui l'entretiennent, peuvent s'insurger contre cette dépense et cela peut provoquer de vives tensions. Mais si la personne a son propre revenu, elle fait ce qu'elle veut de son argent. Du coup, le conflit avec ses parents, sur ce sujet, va s'estomper. Et un conflit de moins, c'est toujours ça de gagné !

 

  Mais la question sociale posée par les troubles psy dépasse le seul droit à un revenu.

  Souvent, la personne qui développe une pathologie psy, a besoin d'une prise en charge, pour l'aider à faire face à une certaine précarité, au sens d'une désaffiliation sociale. On doit donc l'aider à (re) trouver un logement, une vie sociale et une activité professionnelle, quand c'est possible.

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  Comment ?

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  Tout d'abord, la réponse sociale doit être adaptée aux besoins et à la situation de la personne, dans toute sa singularité. Il n'existe pas de « recette magique », qui pourrait être appliquée à toutes les histoires humaines.

  Dès lors, pendant cette soirée, ce fut très intéressant de croiser les regards des différentes structures.

-La MDPH 35

-Le CDAS (antenne de Rennes Centre)

-ADEL

-SEA35

-SAVA itinéraire bis

-CIO

-EMPP du CHGR

-WE CARE(mission locale)

  Que peut-on en retenir ?

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  D'abord une problématique :

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  Que doit-on faire d'abord ? D'abord soigner ? D'abord trouver une solution sociale (un logement par exemple) ?

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  C'est là qu'il faut bien comprendre la nature, la spécificité des troubles psy, notamment celle des troubles psychotiques.

  On peut illustrer cette subtilité, par un exemple assez probant. C'est l'histoire d'une personne à la rue, qui souffre de « schizophrénie paranoïde ». Grâce à des travailleurs sociaux, elle réussit, vaille que vaille, à trouver un petit logement indépendant. Elle est vraiment ravie. Mais ses graves difficultés psychiques n'ont pas été réglées. Peu à peu, elle se sent très seule (comparé à la vie dans la rue, où il y a toujours des gens à qui parler). Elle va mal et ses symptômes psychotiques réapparaissent. Au bout d'un moment, elle est persuadée que derrière les ampoules de son appartement, il se trouve des micros et des caméras qui l'espionnent. Elle se sent opprimée et décide de quitter son logement, elle qui avait tant fait pour l'obtenir.

  Cette histoire de vie montre que pour une personne affectée de troubles psy sévères, l'action sociale est insuffisante. Il faut aussi soigner la personne. Avant ? Pendant ?

  Encore une fois, il ne faut pas généraliser, mais il semblerait que le plus bénéfique serait de faire les deux en même temps : le social et le soin. En tout cas, trouver une bonne adéquation, une bonne alchimie entre les deux dimensions.

 

  Le mercredi 6 octobre, a eu lieu, dans les locaux du GEM L'Antre 2, la restitution et l'analyse de témoignages, sur le thème : « C'est du soin, si c'est contraint ? »

  Des membres et des amis de l'association ont voulu, de façon autonome, parler de l'hospitalisation psychiatrique.

  Leur démarche, d'une sincérité et d'un grand sérieux, a été de mener un travail d'enquête, en associant le maximum d'usagers.

  Comme on pouvait s'y attendre, le constat est plutôt amer.

  Beaucoup de personnes ont vécu l'hospitalisation comme une épreuve, avec parfois des situations traumatisantes (contentions, chambres d'isolement, pyjama bleu, non-accès aux effets personnels, etc...).

  Surtout, ils n'ont pas eu l'impression d'être soignés, mais plutôt d'être gérés. Beaucoup regrettent un manque d'écoute et surtout un manque de disponibilité du personnel.

  Mais cette soirée ne fut pas une charge contre l'hôpital. Plutôt une invitation à débattre et à trouver des solutions, ensemble. D'ailleurs à la fin de l'exposé, il fut proposé une liste de propositions, pour améliorer le « système ».

 

  Donc, voici quelques propositions des adhérents et des amis du GEM L'ANTRE-2 :

-Arrêt immédiat des contentions et des camisoles chimiques.

-Repenser les politiques de santé publique en faveur du soin et du rétablissement.

-Augmenter les moyens alloués à la discipline, surtout et avant tout les moyens humains.

-Réinstallation d'une formation spécifique pour les infirmiers.

-Soutenir les professionnels qui s'investissent, innovent et proposent des alternatives de soin basées d'abord sur la relation humaine.

-etc... (pour la suite des propositions, voir le livret)

 

  A la fin de la soirée, on distribua à tous les convives, un petit livret, présentant tous les contenus du travail effectué.

  Dès lors, la volonté de ceux qui ont réalisé cette production, c'est bel et bien de prolonger le débat. Si vous êtes intéressés par le sujet, vous pouvez contacter le GEM L'Antre 2 : gemlantre2@yahoo.fr

 

  Pour qu'en France, un pays riche, qui se définit par les droits de l'homme, on aboutisse à des soins de qualité et que même entre quatre murs, on respecte mes droits !

 

  Et d'ailleurs, les usagers regorgent de ressources et de créativité.

  Cela a été aussi illustré le vendredi 8 octobre, à l'hôpital de jour de la Thébaudais. Les patients de la structure, dans une œuvre vidéo, ont exprimé librement, toute leur soif d'avoir des droits.

  La configuration retenue fut : une personne, une musique, un droit.

  En effet, pour chaque bénéficiaire, le droit à une figure différente.

  Pour certaines et certains, c'est le droit à la reconnaissance : « droit au respect », « de parler et d'être écouté », « d'être tel que je suis », « d'être aimé tel que je suis ». Pour d'autres, c'est le droit à certaines activités : « droit d'avoir des vacances », « droit de danser », etc... Ou encore, c'est le droit à une certaine identité : « droit d'être moi », « droit d'être une femme », « droit d'être breton », « droit d'être malade », etc...

  Après cela, nous avons partagé un verre et quelques petits gâteaux.

  Pour beaucoup, ce fut aussi l'occasion de découvrir les nouveaux bâtiments de la thébaudais, flambants neufs.

  Et bien sûr, nous échangeâmes sur l'oeuvre des patients, et plus généralement, sur le sens des droits pour les usagers. En effet, obtenir des droits, cela peut aussi donner un sens à son existence. Et pour certaines et certains, cela passe par une dénonciation des conditions de vie.

 

  Ainsi, le 9 octobre, à la maison des associations, l'association Borderline Espoir, forte de ses convictions très marquées, a voulu parler des maltraitances en milieu psychiatrique.

  A l'aide de courts extraits de film, les différentes personnes présentes, ont pu réagir à des situations que l'on peut rencontrer en psychiatrie. Et encore une fois, ce qui rejaillit dans les débats, c'est le manque de reconnaissance. Et même des fois, une réelle indifférence, voir pire.

  Sur ces sujets très sensibles, certaines personnes, se sont senties mal à l'aise. Il est vrai que certains extraits de film étaient assez rugueux et ne présentaient pas assez la genèse et la complexité des prises en charge. Parfois, l'expression fut un peu trop binaire.

  Mais cela a quand même permis des débats riches et une expression autonome et dissonante.

 

  Après cette rencontre, le soir, à l'association Bourg l'Evêque, l'état de la psychiatrie fut aussi évoqué.

  Mais cette foi-ci, ce qui a été mis en exergue, c'est le traitement médiatiques des troubles psy.

  Ce travail, issu du sous-groupe médias du GT participation citoyenne du CRSM, a pour but la déstigmatisation des troubles psy.

  Elle s'attaque à un des principaux vecteurs des représentations sur la psychiatrie : les médias. Les préjugés, les fantasmes et les méconnaissances, sont très souvent alimentés par les journaux, les chaînes de télé, les réseaux sociaux, etc...

  Pourquoi toutes ces facilités et ces raccourcis ?

  Pourquoi parler de certaines catégories de personnes (les patients, les psychiatrisés, etc...), sans quasiment jamais partir de leur vécu et de leurs points de vue ?

  Pourquoi caricaturer tout un secteur, la psychiatrie, en reproduisant toujours les même schémas de pensée (le fou, l'idiot, etc...) ?

  Pourquoi un tel décalage, entre ces représentations médiatiques et ce que vivent les gens (les usagers bien sûr, mais aussi les professionnels, l'entourage) ?

  On peut penser que pour eux, la psychiatrie ne serait qu'un moyen de jouer sur les peurs et de nourrir le sensationnalisme (source d'audimat).

Face à ce mur médiatique, Sarah Jolly (usagère et autrice) et Thierry Beucher (metteur en scène) nous lancent un défi. Et si la création théâtrale-le théâtre documentaire-pouvait fissurer l'emprise médiatique dominante ?

  L'idée est que la dé-stigmatisation par les seuls arguments rationnels a ses limites. Peut-être que l'association de documentaire et de l'art, peut permettre de toucher d'autres sensibilités.

  En effet, beaucoup d'usagers de la psychiatrie se sentent incompris. Comment expliquer l'apragmatisme, l'ambivalence, les hallucinations, etc... ?

  Peut-être que le partage d'émotions (pas que des idées), via le théâtre, pourra apporter un « saisissement », un ressenti, un chemin vers l'empathie.

  En tout cas, le travail de Thierry et celui de Sarah, pugnace et très fourni, nous font espérer un autre possible, dans l'approche et les représentations des troubles psy.

  D'ailleurs, à cette soirée, leur travail nous a déjà paru très abouti. Cela laisse augurer, que la représentation définitive, sera d'une excellente facture.

  Ensemble et grâce à la créativité de chacun et chacune, nous pouvons créer des contre-pouvoirs symboliques et artistiques, qui participent au droit le plus essentiel : celui de la dignité.

 

  D'ailleurs, à Rennes, le questionnement culturel sur la santé mentale, anime beaucoup de structures et de personnes.

  Le mardi 12 octobre, ce fut l'occasion d'en débattre et de confronter diverses expériences.   Cette rencontre, organisée par la fédération Santé Mentale France, fut animée par Dominique Launat.

  Comment l'accès à la culture permet-elle une meilleure santé mentale ?

  Et d'abord, en quoi la culture est source de réalisation personnelle ?

  En effet, si l'on parle beaucoup de partage des richesses et de pouvoir d'achat, on omet souvent le partage de la culture et le pouvoir de faire culture. C'est comme si la culture était accessible à tous, naturellement. Il suffirait de le vouloir.

  Or les sociologues, notamment Pierre Bourdieu, ont bien montré que la culture était aussi un « capital » et que son appropriation et sa légitimation, est une lutte de pouvoir et de domination.

​

  Quel rapport avec la santé mentale ?

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  Par rapport aux pathologies et si l'on accepte que le but des prises en charge n'est pas que la rémission de symptômes, mais le rétablissement de la personne, alors on doit s'intéresser à la situation culturelle du sujet.

  En effet, les troubles psychiques sont aussi la difficulté, la discordance du lien social.

  Or, l'intégration sociale et le retour à l'estime de soi, passe par une signification culturelle, une place, dans les interactions sociales.

  En effet, ne pas maitriser les codes culturels, ne pas comprendre les enjeux culturels, concourt souvent à une exclusion sociale. Pas au sens de ne pas avoir d'amis ou d'être très seul. Non, au sens d'une délégitimation sociale et donc d'une mauvaise estime de soi. Et cela vaut pour tout le monde.

  Dès lors, toutes les réalisations qui permettent de ré-ancrer une personne dans quelque chose de « culturelle », participe à une réelle insertion sociale, une existence sociale.

  En outre, la culture n'est pas un bloc homogène, elle dépend aussi des catégories sociales, des groupes.

  Et si on ne valorise que la culture dominante, celle des classes dominantes, la construction identitaire des plus éloignés à ces normes, peut souffrir d'une « démonétisation » sociale.  Cela peut engendrer du rejet et donc de la souffrance mentale.

  Donc, partager la culture, c'est aussi accepter que les « distinctions » culturelles ne sont pas naturelles, mais socialement construites.

  Dès lors, ne pas reconnaître la valeur des systèmes culturels des catégories marginalisées et/ou psychiatrisées, c'est aussi enfermer ces personnes, dans une certaine mesure, dans la maladie.

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  De façon beaucoup plus évidente, on sait que la culture dépend aussi des pays, des nationalités.

  D'ailleurs, lors de cette rencontre SISM, on a donné la parole à des migrants, accueillis par le centre de formation pour adultes CLPS. On leur posa cette question : « Qu'est-ce qui pour vous, en France, est vraiment différent ? »

  Une réponse marqua les esprits : « Ici, c'est la paix ».

  Edifiant, si on considère qu'en France, à quel point on nous rabâche les oreilles, sur le fait que notre société serait ultra-violente, en quasi-guerre sociale et que des mesures très sécuritaires s'impose à nous.

  S'ouvrir à d'autres cultures, c'est aussi le moyen de relativiser toutes ces « doxas », de mieux saisir les manipulations symboliques, pour avoir un avis politique plus éclairé.

  Lors de cette action, la projection du film « Ce foutu cube » de François Possémé » nous a permis de nous interroger sur la dimension artistique du rétablissement.

  Tout le monde veut et a besoin de s'exprimer. Même les personnes les plus timides, marquent leurs empreintes-en étant juste là, sans parler-sur les évènements sociaux.

  Mais comment permettre l'expression et en faire une réalisation qui a du sens et qui produit une « re-narcissation » ?

  Tout d'abord, comme l'explique une infirmière dans le film : « Je ne soigne pas les gens, je les accompagne » [...] »Enfin, cela participe aux soins ».

  En effet, un soignant, un professionnel n'est pas là pour dire ce que doit faire, ou ne pas faire un individu en souffrance. Non, la véritable action thérapeutique, c'est plutôt de révéler les ressources de la personne.

  Beaucoup de « malades » ont une fibre artistique. C'est-à-dire qu'ils ont la capacité, de décaler les choses, pour en faire quelque chose d'esthétique. Mais souvent, ils manquent de confiance en eux et se dévalorisent beaucoup. C'est là qu'un professionnel peut intervenir.   Non pas en rajoutant des exigences sociales, mais en faisant preuve du plus grand humanisme qu'il soit : l'attention.

  Sans juger, sans analyser, mais en laissant jaillir la créativité qui vient.

  Et si en plus, on peut partager, en toute égalité, sa création avec celle des autres, on arrive à une sorte de communion, une véritable rencontre humaine, apaisante.

  Hé oui, en psychiatrie, le travail le plus important, c'est le travail sur les relations humaines !

 

  Pour ce faire, les associations peuvent jouer un rôle important.

  Ainsi, l'association Atypick, permet à des personnes ayant des difficultés psy, de réaliser des créations, dans le domaine du numérique et du graphisme. Comme des pro, ils s'investissent dans des projets, qui leur procurent de la gratitude. Comme par exemple, la création de l'illustration graphique de la SISM, pour le programme et l'affiche.

  De façon collaborative, les membres de l'association s'entraident et se donnent des outils, des savoir-faire, pour que chacun et chacune révèlent ses talents créatifs.

 

  L'expression artistique peut aussi passer par le corps.

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  Ainsi la compagnie Dana propose la pratique de la danse pour toutes et tous, sans aucun prérequis.

  Les troubles psy peuvent malmener les corps : prise de poids, anorexie, carences dans l'entretien, etc...

  En outre, le culte du corps, avec ses standards imposés (minceur pour les femmes, musculature pour les hommes, etc...) peut être très dur à approcher quand vous prenez certains médicaments psychotropes (comme les neuroleptiques). Inéluctablement, ces derniers peuvent vous faire prendre beaucoup de poids (notamment à cause de la diminution de la satiété).

  Mais quel que soit son corps, sa motricité, son tonus ou son rythme, on a le droit à une expression artistique corporelle. La encore, il s'agit de partager l'art. La danse n'est pas réservée à une élite, avec un physique parfait.

  En effet, tout le monde peut ressentir des sensations, une certaine transcendance, en « bougeant » son corps.

  La compagnie Dana l'a bien compris et elle adapte ses méthodes, son enseignement à des personnes aux corps et aux esprits « différents ».

  Danser : un droit pour toutes et tous.

 

  Les habitants fréquentant le centre social Ty-Blosne, qui nous ont chaleureusement accueillis, ont témoignés de l'importance d'une vie de quartier.

  Face à un modèle urbain, qui atomise et anonymise la vie sociale, on peut retrouver « une vie de village », grâce à des structures comme le centre social.

  Si l'on part des problèmes des gens, de leurs vies, on peut trouver des activités sociales qui correspondent à leurs besoins. Et tisser du lien, s'ouvrir aux autres, c'est le début d'une micro-culture qui intégrera finement les habitants, tout en leur donnant un sens collectif.   Donc une meilleure santé mentale.

 

  Le jeudi 14 octobre, eu lieu une table ronde/débat, organisée par l'association Coop'1service, affilié à la FNAPSY.

  Ce fut l'occasion d'avoir de nombreux échanges, tout en prenant le temps de débattre et de s'informer.

  Des usagers et des usagères de la psychiatrie ont pu témoigner librement, sur la difficulté de faire respecter leurs droits. Notamment, le droit de disposer de son argent.

  En effet, pour protéger certaines personnes, qui ont pu mettre en péril leur budget, la loi peut leur « adjoindre » une curatelle ou une tutelle. Mais ce sujet est délicat et complexe.   Comment juger, sur quels critères, le manque de discernement d'une personne ayant des troubles psy ?

  Heureusement, en France, il existe un fort encadrement de ces procédures. Mais il n'en reste pas moins, que pour les personnes concernées, la mesure peut être ressentis comme une infantilisation et une déconsidération sociale.

  C'est la même question (traitée plus haut), quand une personne est hospitalisée et qu'on la prive de certaines libertés et de certains droits.

  La dangerosité est elle réel ou la privation correspond à un besoin de la société d'écarter, de neutraliser des personnes dérangeantes ?

  Une responsable de l'UNAFAM 35, Nicole Sarret, est venu à la réunion, pour mieux nous expliquer certains arcanes des droits sociaux pour les personnes en situation de handicap psy.

  Notamment, elle nous a rappelé, que pour l'obtention de l'allocation adulte handicapée, la MDPH (organisme délivreur) évalue le degré de handicap, non pas sur telle ou telle maladie diagnostiquée (la schizophrénie, la bipolarité, etc...) mais sur les difficultés concrètes rencontrées dans la vie quotidienne (faire ses courses, se laver, entretenir son logement, etc...).

  La militante nous a aussi informé, fort judicieusement, que dans les dossiers à remplir pour la MDPH, on trouve désormais (c'est assez récent), une partie qui peut être remplie par les aidants familiaux. Ainsi, si un patient souffre d'anosognosie (non conscience du trouble) et qu'il n'arrive pas à décrire ses troubles, un proche peut expliquer les difficultés rencontrées et ainsi justifier la prise en charge.

  La encore, cette information complémentaire ne doit pas se substituer au désir de la personne.

 

  Pour finir, le vendredi 15 octobre, les Champs Libres et le CREFAP nous ont offert, comme chaque année, une bibliothèque vivante. On peut dire que le concept ne vieillit pas avec le temps.

  Pour tous ceux et celles qui veulent, non pas juste poser des questions, mais rencontrer vraiment quelqu'un, ces rencontres sont précieuses. 20 Min d'entretiens en tête-à-tête avec la personne de son choix.

  Entre autres, il a été possible de parler d'un trouble émergent : les Hikikomoris.

  Ce n'est pas vraiment une dépression, mais plutôt un dégoût du monde. Une sorte de raisonnement logique implacable : si le monde court à sa perte (écologie, etc...), pourquoi je m'y investirai ?

  Sinon, au niveau du débat sur le rétablissement, Guillaume et Pascale nous ont montré l'importance de la valorisation du patient, dans son désir créatif.

Guillaume est passionné de musique et très à l'aise avec l'informatique. Un jour, Pascal, soignant, lui propose de créer un atelier MAO (Musique Assistée par Ordinateur). Devant l'appétence du patient, l'infirmier lui propose de devenir animateur de l'atelier.

  En effet, il ne faut pas laisser le patient sous-cloche. Et si on croit à leurs ressources, il ne faut pas hésiter à leur donner des responsabilités.

  L'empowerment, le pouvoir d'agir sur les conditions réelles de son existence, passe par le pouvoir. Mais au sens du partage du pouvoir, pas au sens de la domination excluante.

  Et bien sûr, à cette bibliothèque vivante, impossible de ne pas parler du COVID et de l'après COVID.

  Si la saturation des services de réanimation a été très médiatisée (et pour cause), on a beaucoup moins parlé de l'engorgement de la psychiatrie.

 Toutes les mesures de confinements et de restrictions ont considérablement alourdi le travail des soignants, qui était déjà très lourd.

  Nous n'allons pas ici faire un article sur le COVID, cela prendrait des dizaines et des dizaines de pages. Mais on peut quand même se permettre de dire, que cette pandémie a aussi remis en question les droits des usagers en psychiatrie : liberté de circulation, droits au soin, droit à la vie sociale...

 

 

  Cette année, le thème de la SISM a été très politique. Les droits humains, la déclaration des droits de l'homme, sont le fondement de notre démocratie et de notre république.

  Mais il ne suffit pas de les proclamer, encore faut-il les faire appliquer.

  C'est là, qu'à l'inverse d'un système totalitaire, les contre-pouvoirs (associations, syndicats, organismes indépendants, etc...) sont indispensables.

  Finalement, à l'hôpital psychiatrique, les contre-pouvoirs usagers sont faibles.    Heureusement, que certains soignants et professionnels tendent la main aux patients, pour qu'ils puissent, de façon autonome, défendre leurs droits.

  A Rennes, une multitude d'acteurs en santé mentale, se battent, innovent, inventent des petits pas, des petites solutions, pour que les usagers trouvent une place dans la société.

  Malheureusement, tous ces efforts pourraient bien être annihilés, si on ne règle pas les problèmes en amont.

  Très concrètement, le service public, gratuit, n'a plus les moyens d'offrir le minimum des soins.

  En CMP (centre médico-psychologique), en moyenne, il faut attendre un an pour voir un psychologue et trois mois pour voir un psychiatre.

  Pour obtenir l'AAH, il faut patienter, en moyenne, un an.

  Bien sûr, il n'y a pas que la psychiatrie qui craque.

  Mais ces graves carences de la prise en charge, ne sont pas que des chiffres. Ils ont des effets bien réels sur la vie de tout le monde.

  A Rennes comme ailleurs, on croise de plus en plus de gens qui décompensent, qui errent dans la rue, abandonnés.

 

  Il faut donc se battre, se coaliser pour que tout le monde puisse accéder au soin.

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  Pour ma santé mentale, Voir un psychologue : c'est un droit !

                                             Voir un psychiatre : c'est un dû !

        Les services psychiatrie et addictologie

       de la Polyclinique Saint-Laurent

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  Qu'est-ce qu'on peut faire pour aider une personne en grande souffrance psychique ?

  Elle peut être prise en charge par un psy : psychiatre, psychologue, psychothérapeute, etc...

  Elle peut prendre des médicaments psychotropes.

  Elle peut profiter de tous les services du médico-social, des associations, etc...

  Mais si la douleur est trop forte et que des idées noires apparaissent, il se peut qu'elle ait besoin d'une hospitalisation.

  Elle va donc recevoir des soins, dans un lieu médicalisé où elle va résider.

 

Mais quels soins ?

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  Si tous les établissements en santé mentale, proposent des thérapies médicamenteuses et des consultations psychiatriques, certaines institutions vont beaucoup plus loin.

  En effet, ces structures n'attendent pas seulement que les médicaments fassent effet.

  Non, elles organisent, elles pensent une véritable prise en charge psychothérapeutique.

  Les services de psychiatrie et d'addictologie de la polyclinique Saint-Laurent, à Rennes, s'inscrivent pleinement dans cette démarche.

 

  Nous allons donc voir, en quoi leurs dispositifs sont thérapeutiques pour les patients.

 

Des moyens considérables

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  Peut-être qu'en psychiatrie, les gens ont fini par se résigner au manque cruel de moyens, à la pénurie, à être le parent pauvre de la médecine.

  La polyclinique de Saint-Laurent infirme cette fatalité.

 

                                                                     Ici, on a les moyens de ses ambitions. Par exemple,                                                                     la salle de sport, avec ses appareils modernes et di-                                                                       diversifiés (rameurs, vélos d'appartement, etc...)                                                                          permet d'effectuer une prise en charge complète et                                                                       adaptée, aussi "pro" que dans une salle de sport                                                                            classique.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         Les locaux de la polyclinique sont spacieux et modernes (très récents, puisqu'ils ont été construits il y a deux ans).

 

  Les chambres des patients, les salles d'activités et d'entretiens, les bureaux sont agréables et fonctionnels. Pour chaque service, il a été décidé de créer des cafétérias. Ce sont des espaces de détente, en même temps que des lieux de convivialité et de sociabilité. On y trouve des machines à boissons et à friandise, ainsi qu'une grande télé et l'accès à des jeux de société, perles, mandalas, dessins, peinture...

 

  Ici, le patient trouve toujours, rapidement, un soignant à qui parler, du fait de la disponibilité des équipes paramédicales et médicales.

 

  En outre, ce ne sont pas moins de sept psychiatres et de trois addictologues qui se relaient pour les consultations sur leurs spécialités. Le patient a donc l'assurance de voir un psychiatre tous les jours. D'ailleurs, ils se déplacent dans les chambres.

  L’équipe pluri professionnelle se compose d’un coordonnateur du pôle psychiatrie et addictologie, d’un cadre de santé d’addictologie, d’un cadre de santé de psychiatrie, d’un psychologue, d’une assistante sociale, d’une coordonnatrice du service d’ateliers thérapeutiques (SAT), d’un professeur d’activités physiques adaptées, d’infirmières, d’aides-soignants, et d’agents de service hospitalier.

 

 

Une certaine approche thérapeutique

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  Mais pour faire une « bonne psychiatrie », il ne suffit pas d'avoir seulement des moyens.

Encore faut-il avoir une approche thérapeutique qui met le patient au cœur des préoccupations.

  Pour combattre « la maladie psy », il a été décidé d'agir sur toutes les dimensions des troubles.

 

  Tout d'abord, bien sûr, sur la chimie du cerveau. Malgré des critiques toujours persistantes, la médication a été une révolution pour les patients. Elle a permis de soulager des douleurs incommensurables et de sortir certains, de la prison des troubles psychotiques. Cependant, les effets indésirables, revers de la médaille, peuvent assujettir la personne à d'autres souffrances.

  Sur ce sujet, à la polyclinique, les psychiatres avec l'aide de tous les professionnels de santé essaient, pendant l'hospitalisation, d'ajuster le traitement, avec la balance coûts/bénéfices.

  Mais l'être humain ne peut se réduire à des circuits neuronaux.

  Il est aussi un être social, dont l'existence est marquée par des quêtes de sens et de rapports à l'autre.

  On peut donc travailler sur le rapport à soi-même et sur le rapport aux autres et au monde.

 

                                                               Pour ce faire, les soignants adoptent une méthode non-

                                                       directive. Ils ne sont pas des "sachants", qui ont compris  

                                                      la vie et qui dirait faite ceci, faite cela. Non, c'est au                                                           patient, dans l'interaction soignante, de trouver ses propres   réponses et surtout de touver en elle-même, des ressources

                                                       pour dépasser ses difficultés.

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  Le corps médical et l’équipe pluri professionnelle sont là pour questionner le psychisme, tout en donnant des « armes » thérapeutiques.

  L'autre grande aide qu'on peut apporter au « malade », c'est la dynamique institutionnelle, le fait que la personne soit portée dans une autre situation sociale, celle de résider à la Polyclinique. En étant hospitalisé, le sujet va couper avec son quotidien et connaître d'autres rapports sociaux. Changer son environnement et son être social peut aussi changer sa conscience donc son psychisme.

  A cet égard, la polyclinique est un véritable asile. Pas au sens péjoratif, de prison des aliénés, mais au sens positif, comme un lieu où on s'extrait d'un monde social violent et excluant. Un lieu où on peut se reconstruire, ou en tous cas, un lieu pour se ressourcer.

 

  Voyons maintenant comment on applique ces principes thérapeutiques.

 

Le service d'Ateliers Thérapeutiques (S.A.T)

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  Il peut arriver que des établissements de santé mentale affichent une ambition

psychothérapeutique et qu'en réalité, elle n'existe pas.

  A la polyclinique, ce n'est vraiment pas le cas.

  Le service d'ateliers thérapeutiques est la cheville ouvrière de tout l'arsenal thérapeutique.

 

  Ce ne sont pas des activités occupationnelles, mais de véritables leviers thérapeutiques, qui permettent un travail sur la souffrance psychique des patients.

  D'ailleurs, après chaque séance en atelier thérapeutique, le patient est évalué lors des transmissions effectuées par les professionnels de santé.

  Le but n'est pas de juger la personne, mais de voir son évolution, ses problèmes et ses besoins.

 

  Ainsi, « les comptes rendus » rédigés par les soignants, paramédicaux et psychiatres qui sont consultables, via le réseau informatique, par tous les professionnels de santé de ces services.

  L'évaluation n'est pas spontanée, elle est le fruit d'un débat entre les professionnels de santé.

  Elle permet, par une meilleure connaissance du patient, d'apporter des soins personnalisés et individualisés. Donc une prise en charge de qualité.

 

 

Les ateliers thérapeutiques qui redonnent du désir

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  A la polyclinique, beaucoup de patients souffrent de dépression (avec pour certains des addictions).

  Même si les médicaments sont efficaces, souvent, ils ne suffisent pas.

  Il faut que la personne sorte de ses obsessions négatives où tout est noirci. Qu'elle retrouve le goût des choses.

  En effet, elle reste bloquée dans une pensée autodestructive et ne se sent plus capable de faire quoi que ce soit.

  Surtout, cette maladie se manifeste par une perte du désir, de l'envie.

Dès lors, les ateliers thérapeutiques peuvent réamorcer progressivement la « pompe du désir ».

  Ainsi, un patient pourra se voir proposer un atelier d'activités physiques adaptées. Malgré sa dépression, s'il arrive à faire l'effort d'y aller, il pourra retrouver du plaisir (par les endorphines libérées dans le cerveau), en effectuant ces activités, en fonction de ses capacités.

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  Il y a d'autres ateliers très efficaces qui vont permettent de travailler d’autres axes :

  Par exemple, il est avéré depuis longtemps que les activités artistiques et créatives sont d'excellents vecteurs du réveil de l'inspiration. Retrouver le goût de l'esthétique (au sens de se connecter à une harmonie universelle) peut générer un sentiment d'existence et contribuer au retour de l'élan vital.

  Mais cela peut-être aussi des ateliers plus pratiques. Comme par exemple retrouver le plaisir de cuisiner (culinothérapie) ou plus simplement, proposer à une patiente de vernir ses ongles (arriver à prendre soin de soi, c'est aussi thérapeutique).

 

Les sorties

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  Cependant, même si la personne a retrouvé un peu de désir, encore faut-il qu'elle puisse le réaliser. Se « bouger » tout seul, c'est toujours plus difficile que de le faire à plusieurs, en groupe.

  C'est pour ça que la polyclinique propose bons nombres de sorties (marche accélérées, pique-nique en extérieur, visite à l'écomusée de la Bintinais, aux Champs-Libres, etc...).

  Pour des personnes qui ont perdu une partie ou la totalité de leur vie sociale, ces sorties permettent de retrouver l'envie de passer de bons moments, conviviaux et de plaisirs partagés ainsi que le droit à la culture.

 

 

 

Les ateliers thérapeutiques qui permettent une meilleure analyse de soi

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  D'autres ateliers s'adressent plus spécifiquement aux personnes qui ont du mal à verbaliser leurs émotions et leurs conflits internes.

  Si certains peuvent le faire avec le psychologue des services, d'autres vont « briser leur coquille » grâce à des médias différents.

  En effet, un des buts de l'hospitalisation est aussi que le patient est accès à une meilleure analyse de soi, en tous cas qu'il puisse avoir de quoi se construire une estime de soi dans ses interactions sociales.

  Ainsi, les ateliers groupe de parole, photo-langage, écriture, écoute musicale, café débat, comète (atelier psycho-éducatif), produisent des effets de libération de la parole et stimulent l'analyse de soi-même (en interaction avec les soignants).

  Dès lors, il peut arriver que des conflits sous-jacents, inconscients, émergent lors de ces séances.

  En outre, ces ateliers permettent une observation du patient, qui concourt à identifier ses carences et ses ressources.

 

Les ateliers de relaxation

 

  On peut dire que ce qui est commun à toutes les pathologies psychiques, c'est l'anxiété et l'angoisse. Pour lutter contre, la polyclinique propose des ateliers de relaxation. C'est une bonne alternative à une surconsommation de benzodiazépines. Et cela permet un relâchement psychique et corporel.

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  Il faut bien faire remarquer que ce SAT n’est pas en libre-service.

  Non, ces activités sont des soins à part entière et ils doivent être prescrits si cela correspond aux besoins des patients. Donc, le patient s'inscrit dans un projet thérapeutique personnalisé.

 

 

L'état d'esprit des soignants

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  Pour que tous ces ateliers thérapeutiques soient effectifs, il faut que les soignants adoptent un certain état d'esprit.

  A la Polyclinique, dans toutes les dynamiques entre les soignants, les paramédicaux et les médecins, il émerge une micro-culture, qui crée une certaine posture. Ce « pattern culturel » est fait de disponibilité, d'écoute, d'attention et de bienveillance.

  Elle s'inscrit sans doute dans le passé religieux de l'établissement. L'humanisme chrétien a imprégné les soins.

  Et il est fort utile, puisqu'en psychiatrie, à part les traitements médicamenteux, tout passe par la relation humaine.

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L'atmosphère et le cadre

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  Une autre chose qui est très importante dans un établissement de santé mentale, c'est l'atmosphère, l'ambiance.

  Ce n'est pas quelque chose qui se décrète.

  Non, cela provient des interrelations de l'ensemble du personnel, du plaisir qu'ont les personnes à travailler ici, de leur engagement sincère à vouloir remplir leurs missions.

  Et cela, les patients le ressentent. Cela les apaise.

  Plus généralement, les patients trouvent dans ce lieu et dans ces personnes, un cadre apaisant, rassurant et résiliant, propice à relâcher les défenses et les méfiances.

  Peu à peu, l'écosystème des services, va amener le patient à sortir des pressions et des exigences sociales, pour prendre du temps pour soi, du temps pour se soigner.

  En effet, beaucoup de patients sont « cabossés » par la vie. Souvent, ils ont été victimes d'agressions, de persécutions ou d'humiliations, etc...

  Ils ne font plus du tout confiance aux autres.

  Et c'est le long travail des professionnels de santé, patients et bienveillants, qui peut faire que la personne, en proie à la dépression et aux troubles anxieux, puisse se réinvestir dans les relations humaines.

 

  En outre, les services sont complètement ouverts (pas de portes fermées à franchir), ce qui ne crée pas un sentiment d'enfermement pour les patients.

 

Le fonctionnement et le management

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  La gouvernance (Coordonnateur du pôle, cadres de santé de psychiatrie, d’addictologie et la coordonnatrice du SAT) permet une fluidité et une réactivité de toutes les activités et ateliers.

  En effet, les cadres et la coordonnatrice du SAT, sont à l'écoute du personnel et peuvent prendre des décisions rapidement. Du coup, les problèmes sont aussi réglés rapidement. La gouvernance favorise les initiatives des soignants.

  Ainsi les ateliers thérapeutiques, qui sont déjà très nombreux et très variés, sont régulièrement réinterrogés. Les responsables sont toujours ouverts à de nouveaux projets.

  D'ailleurs, la polyclinique est en train de travailler à un partenariat avec la Maison Associative de la Santé (MAS), pour informer ses patients, sur l'offre associative à Rennes.

 

L'après-hospitalisation

 

  En effet, les équipes pluri-professionnelles sont vraiment conscientes de l'importance d'avoir une activité et une vie sociale, après l'hospitalisation.

  Et si les personnes n'ont pas la possibilité de s'inscrire dans une activité professionnelle, elles peuvent s'engager dans la vie associative.

  Ainsi, à la polyclinique, le travail sur les projets de vie après l'hospitalisation, fait partie intégrante du travail thérapeutique.

 

 

  Les troubles psychiques, dont les addictions, sont des phénomènes complexes qui ne peuvent se réduire à une seule dimension. Les réponses thérapeutiques doivent donc être multifactorielles.

  Les approches biologiques, cérébrales, comportementales et cognitives ne suffisent pas.   L'approche analytique non plus.

  En effet, certains voudraient faire du traitement psychiatrique, une affaire purement individuelle, où « le client » consommerait différents produits thérapeutiques, en restant chez lui.

  Non, il faut rappeler l'importance et la force de l'approche institutionnelle.

  Etre hospitalisé à la Polyclinique Saint-Laurent, c'est vivre une expérience, c'est vivre une existence sociale, ou on a pensé des moyens pour que la personne se rétablisse.

  Mais pas juste en suivant des protocoles, mais en s'adaptant à sa singularité.

  Et l'existence de cette clinique, ses résultats (la quasi-totalité des patients interrogés sont satisfaits de leur hospitalisation) prouve que l'on peut faire une psychiatrie de qualité, humaniste, innovante et au service du patient.

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    Rennes, le 25/08/2021

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           Site internet de la Polyclinique Saint-Laurent : https://stlaurent.hstv.fr

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    Le groupe de travail " participation citoyenne"

            du conseil Rennais en Santé Mentale

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  La santé mentale et la prise en charge des personnes en troubles psy ne sont pas qu'une affaire sanitaire et sociale.

  Elle pose aussi la question de la place de l'usager dans la cité.

 

 Tout le monde est d'accord pour dire que la personne, très fragilisée psychiquement, doit pouvoir (re)trouver du lien social, (ré)intégrer la vie sociale.

  Mais quelle vie sociale ?

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  La vie professionnelle

  Trouver un emploi et réussir à tenir ses engagements professionnels, c'est faire reculer la maladie psychique.

  En effet, s'inscrire dans une activité économique, permet de structurer son temps, de garder un rythme productif et donc se reconnecter aux temporalités communes.

  C'est aussi une fierté, celle de « mériter son pain ».

  En outre, on se sent utile et on accède à la reconnaissance sociale.

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  La vie associative

  Si l'on ne trouve pas un emploi qui convient, on peut toujours « se rabattre » sur l'activité bénévole.

  Certes, l'engagement bénévole est souvent, malheureusement, perçu comme du non-travail.

  Mais il permet quand même une réalisation de soi.

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  La vie citoyenne

  La participation à la vie de la cité, le politis, n'est pas réservé aux politiques. Elle doit être l'affaire de tous les citoyens, même ceux qui ont perdu le contact avec les autres.

  Pour les personnes en troubles psy, la participation citoyenne peut être un moyen de lutter contre le sentiment de stigmatisation et l'exclusion.

 

  Conscients de ces enjeux, différents membres du Conseil local en Santé Mentale de Rennes, ont demandé aux responsables de créer un groupe de travail sur le thème de la « participation citoyenne ».

  Ils et elles faisaient le même constat : il est difficile de faire participer les usagers dans les instances liées à la santé mentale. Et on ne peut pas améliorer les dispositifs sans les premiers concernés : les usagers !

  Quand le groupe a été créé, au début, il ne comptait que deux usagers et une dizaine de professionnels.

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  Comment faire venir de nouveaux usagers ?

  Comment rencontrer de nouveaux usagers, pour leur proposer de rejoindre le groupe ?

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  On peut envoyer des mails aux différentes structures, mais cela ne marche pas.

  C'est alors que germa une idée audacieuse : et si on réalisait une grande enquête pour connaître les usagers et leurs structures ?

  En effet, avant de réaliser des projets, il nous faut partir du réel de notre objet, c'est-à-dire des problèmes et des préoccupations des personnes.

  Sur le terrain.

  La ville de Rennes nous octroya l'embauche d'un stagiaire, pour nous aider à la réalisation de l'enquête.

  En binôme, nous partîmes donc à la rencontre des usagers.

  Toutes les structures, où des usagers évoluent, suscitèrent notre intérêt.

  Une foi l'enquête bouclée, nous invitâmes l'ensemble des personnes ayant participées à l'enquête, à une grande réunion, pour parler des résultats et des perspectives que ce travail pouvait susciter.

  Dans une grande salle de l'hôtel de Rennes métropole, de nombreux usagers et professionnels se rencontrèrent et échangèrent sur le devenir de cette mobilisation.

​

  Quels sont les enjeux de la participation citoyenne ?

  Qu'est-ce qui serait intéressant de développer pour que l'on s'associe dans un groupe de travail ?

  Que faire ?

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  Une grande majorité de participants souhaitèrent travailler sur les représentations …...

  Fort de l'éclaircissement de nos envies et de nos attentes, nous proposèrent à tous les participants de se revoir dans le cadre du GT participation citoyenne.

  Bien sûr, malheureusement, certains usagers ne s'engagèrent pas plus loin.

  Mais une large majorité, satisfait de la façon dont on les avait accueillis et de la façon dont leur avait parlé et ressentant, sans doute, une réelle attention à leur égard, décidèrent de rester.

  Une dynamique humaine était née.

 

  La structure est composée de trois catégories de personnes :

-Les usagers

-Les professionnels

-L'entourage des usagers

​

  Ce fonctionnement à trois « têtes » fonctionne très bien, c'est un enrichissement mutualisé.

  En effet, quand on aborde des sujets, des problèmes, le point de vue des usagers est crucial

puisqu'il exprime l'expérience de celui, de celle qui vit toutes les différentes structures en santé mentale. Mais le point de vue des professionnels est aussi très important, puisqu'il permet de contextualiser, d'expliquer aussi les contraintes organisationnelles et toutes les problématiques de ceux qu'on pourrait appeler, les « travailleurs de la relation ».

  L'entourage des usagers(représenté dans le GT par l'UNAFAM) enrichit aussi le débat, en soulignant des préoccupations et des problèmes, propre au vécu, de ceux qui sont aussi des aidants à part entière.

  Même si les points de vue sont différents, ils ne s'affrontent pas.

  Ils s'érigent en s'associant, sans s'exclurent.

  Chacun apporte sa pierre à l'édifice.

 

  L'ensemble est « co-piloté » par un représentant des professionnels, un représentant des usagers et par le chargé de projet en santé mentale de la ville de Rennes. Ils se chargent, notamment d'élaborer l'ordre du jour et de faire circuler toutes les infos.

  Il faut rappeler que le GT Participation Citoyenne fait partie du Conseil Local en Santé Mentale de Rennes.

  Cette instance est présidée par la Maire de la ville de Rennes, Nathalie Appéré, représentée par l'élu à la santé et au vieillissement, Yannick Nadesan.

  En plus du GT participation citoyenne, il existe bien d'autres GT, comme par exemple celui du logement, celui de la culture, etc...

  La gouvernance de la structure est assurée par un secrétariat et un comité de pilotage.

  Tous les ans, a lieu une plénière, pour faire le point et alimenter les différents projets.

  Le but du CRSM est que, malgré les différences d'approches et de positions, on puisse à Rennes, fédérer les énergies, pour s'associer dans toutes les œuvres bénéfiques à une meilleure santé mentale.

 

  Aujourd'hui, le GT s'intéresse à trois thèmes principaux, organisés en 3 sous-groupes :

-le bénévolat

-les médias

-l'insertion en milieu ordinaire

 

 

    Le bénévolat

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  Comme nous l'avons vu au début de l'article, l'engagement bénévole peut être un très bon « palliatif » pour retrouver une vie sociale.

  Il permet d'avoir moins de pression que d'assurer un poste de salarié.

  En outre, en étant bénévole, on peut plus facilement trouver des postes de responsabilité et des activités intéressantes et valorisantes.

  Mais le revers de la médaille est qu'en France, le bénévolat est très dévalorisé.

  Il ne serait pas vraiment du travail et il est assimilé à une activité récréative.

  Pourtant, le bénévolat demande un véritable investissement.

 

  Pour faciliter la réussite de l'engagement bénévole, le sous-groupe bénévolat du GT a réalisé un livret.

  Son but est que la personne désireuse de s'inscrire dans le bénévolat se pose les bonnes questions :

-Pourquoi je veux faire du bénévolat ?

-Comment ?

-Combien de temps puis je y consacrer ?

-Etc...

 

  Cela dit, sur cette question du bénévolat, il ne faut pas omettre les enjeux de politique économique.

  En effet, les secteurs du sanitaire, du social et du médico-social sont ravagés par le manque de moyens et d'investissement.

  Certains libéraux instrumentalisent le bénévolat pour en faire un moyen de réduction des coûts.

  Sous couvert « d'altruisme efficace », ils verraient d'un bon œil, le remplacement de certains professionnels salariés par des bénévoles. A court terme, cela couterait moins cher. Mais à long terme, le manque de pro (bien formés, correctement payés, compétents), couterait plus cher. En effet, une partie de ces services pâtira de la déqualification et de la dévalorisation de tous ces métiers qui demandent pourtant un vrai professionnalisme.

  Néanmoins, l'engagement bénévole, permet, en partie, a beaucoup de personnes en troubles psy, de se rétablir.

 

    Les médias

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  Les médias ont une grosse part de responsabilité dans la stigmatisation des personnes en troubles psy. Le pire, sur certaines chaînes de la TNT, c'est que pour assouvir un sensationnalisme malsain, certains « pseudo-journalistes » font passer des malades psychiques, pour des « fous dangereux », des personnes foncièrement violentes.

  Alors que toutes les études statistiques montrent que, au contraire, en proportion, les personnes affectées de troubles psychiques commettent moins d'agressions violentes que les personnes sans troubles.

  Même s'il ne faut pas nier l'existence de passages à l'acte violent d'un très petit nombre de malades, le plus souvent, cette violence s'explique par des carences dans la prise en charge.

  Généralement, les personnes très fragilisées psychiquement, ne sont pas auteurs d'agressions dangereuses, mais plutôt victimes des agressions (vol, escroqueries, passage à tabac,etc...).

  Et il ne faut pas confondre les états d'agitation et de souffrance, avec les agressions violentes intentionnels.

  D'autres médias, plus sérieux et respectueux, donnent une meilleure image des troubles psy.

  Malheureusement, le plus souvent, ils renvoient la maladie aux seuls symptômes dit « positifs », c'est-à-dire les délires et les hallucinations.

  La difficulté du rapport à l'autre, de la relation est rarement évoquée.

  En outre, la stigmatisation peut parfois être insidieuse et inconsciente. Elle peut prendre l'aspect de micro-agressions verbales.

  L'utilisation, par de nombreuses personnes intervenants dans les médias, du terme « schizophrénie » pour signifier un paradoxe, une contradiction, n'est pas anodine.

  Les mots ont leur importance.

  Cet abus lexical, mettre sur le même plan une contradiction et une maladie, la schizophrénie, aboutit à la négation d'un handicap.

​

  Mais alors que faire ?

​

  Les personnes du sous-groupe média ont réfléchi à cette stigmatisation.

Ils pensent qu'une partie du problème est liée à la méconnaissance et aux préjugés.

  En outre, comme dans toute lutte, même symbolique, il faut essayer de peser sur les décisions, ne serait ce qu'avec du lobbying.

  Après tout, plus nous serons nombreux à revendiquer un meilleur traitement médiatique des troubles psy, plus nous serons entendus.

  Mais comment commencer une démarche de sensibilisation des médias ?

  L'idée est de sortir d'actions trop classiques, qui ne feraient appel qu'aux raisonnements et à l'argumentation.

  Pourquoi ne pas faire appel à des évènements artistiques, comme par exemple le théâtre ou les arts vivants ?

  Le sous-groupe média s'élance donc dans une construction de supports médias, ou la parole et l'expérience de « l'épreuve psychiatrique » pourrait rencontrer l'attention et l'intérêt des décideurs de l'information.

  Quand on crée l'engouement et la ferveur, on peut, un peu, faire basculer les paradigmes et les catégories de pensée.

 

    Insertion professionnelle en milieu ordinaire

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  Cette thématique n'a pas été choisie d'en haut, par des personnes autorisées.

  Non, elle vient, par le choix de poser la question, directement aux usagers :

qu'est-ce qui, dans ce que vous vivez, vous préoccupe et qu'est ce que vous aimeriez changer ?

  Beaucoup d'usagers ont répondu qu'ils se sentaient frustrés de ne pas pouvoir accéder à l'emploi en milieu ordinaire.

  Et cette préoccupation n'est pas hors sujet, puisque la participation à la vie économique fait partie de la participation citoyenne.

  En effet, la citoyenneté ce n'est pas seulement la participation aux institutions politiques, c'est aussi avoir un impact sur l'activité économique.

  Or, si vous êtes exclu de la vie professionnel, comment agir et avoir du pouvoir sur les décisions de notre économie, donc sur la société.

  Le constat est d'abord que les personnes qui réussissent à s'insérer durablement dans le milieu ordinaire, ne sont pas légion.

  L'emploi des personnes en situation de handicap psychique, passe encore principalement par les ESAT ou les ateliers protégés. Et ceci est très bien pour ceux qui, dans ces dispositifs, y trouvent leur compte.

  Mais d'autres personnes aspirent à des emplois uniquement dans le système classique. Soit parce que les emplois visés n'existent pas dans le système protégé, soit parce qu'ils se sentent « ghettoïsés » dans les ESAT et les ateliers protégés.

  Mais il ne faut pas juger, cela dépend de la personne et de ses aspirations.

 

  Alors que faire ?

 

  Très vite, dans les discussions, émergea un enjeu.

  Il semble incontournable de sensibiliser et d'informer les employeurs sur « l'employabilité » des personnes en situation de handicap psychique.

  Les freins à l'insertion professionnelle peuvent être desserrés si on met en place quelques dispositions.

  Il faut rappeler, que généralement, l'échec de l'intégration ne vient pas d'un manque de motivation ou de productivité, mais en raison de problèmes relationnels.

  En effet, une personne qui a des troubles psychotiques, peut « interpréter », de façon paranoïde, les propos, les comportements et les attitudes de ses collègues et de ses responsables.

  Par exemple, si un jour, le directeur du service-qui a l'habitude de saluer tous les matins, l'ensemble de ses collaborateurs-omet, par inadvertance, de saluer la personne fragilisée, cette dernière peut « psychoter ». Elle n'arrivera pas à relativiser et y verra un signe-de façon égocentrique-que le directeur lui en veut.

 

  En outre, le monde du travail n'est pas le « monde des bisounours » !

Il peut arriver que la personne doive affronter des collègues et des responsables qui ne sont pas vraiment dans la bienveillance.

  Les personnes, « robustes », psychiquement, réussissent à dépasser les quolibets et se faire respecter.

  Donc, il faut expliquer aux décideurs économiques, que le handicap psychique n' est pas une incapacité fonctionnelle, un déficit intellectuel, un manque de compétence ou de motivation, mais un handicap du rapport à l'autre, une hyper sensibilité à la pression sociale.

  Bien sûr, il ne s'agit pas, ici, d'exiger la révolution du monde des entreprises, pour en faire un havre de paix (ça, c'est un autre sujet), mais de montrer, que quelques attentions, quelques dispositifs permettent l'inclusion des personnes fragilisées.

  Et si les gens se parlent mieux, se respectent un minimum, font attention aux interprétations possibles, ce n'est pas que la personne qui est gagnante, mais toute l'entreprise.

  En effet, si on améliore la communication et la symbiose dans un collectif de travail, c'est toute l'entreprise qui gagne en productivité.

  Mais revenons au GT emploi.

  Après de nombreux échanges sur la définition des problèmes et les solutions qui pourraient être apportées, il fut décidé que l'essentiel du travail, devait être la mise en lien avec les entrepreneurs et autres responsables du monde des entreprises.

  Grâce aux réseaux importants des professionnels du groupe, une piste émergea.   Un membre du sous-groupe connaît une association d'employeur : Activ'est.

  Cette dernière regroupe diverses entreprises de l'Ecopôle Sud-est à Rennes, Chantepie et Cesson-Sévigné.

  Nous savons que la structure est sensible à des causes sociétales, comme le développement durable, etc...

  Nous réussissons à les rencontrer.

  Ils semblent très réceptifs à notre demande de travailler ensemble sur la question de l'emploi des personnes en troubles psy.

  Mais patatras, la crise du covid 19 arrête net la dynamique.

  En attendant de renouer des liens, dans un futur plus propice aux échanges, nous décidons quand même de ne pas en rester là.

  Nous avons vraiment envie de continuer.

  Du coup, nous nous mobilisons sur un questionnaire à l'adresse des employeurs.

  Nous voulons savoir, de leurs points de vue, qu'est ce qui pourrait freiner ou faciliter l'insertion professionnelle des personnes en troubles psychique.

  Est ce un problème de méconnaissance et de préjugés ?

  Est ce un problème d'accompagnement ?

  Etc...

 

  Et puis bien sûr, dans un monde où le réseau est de plus en plus important, ce questionnaire est aussi un moyen d'aller vers, pour faire du lien.

 

 

  Une autre grande réalisation du GT fût l'élaboration d'une liste de « Quelques pratiques favorables à la participation citoyenne ».

​

  En effet, au fil du temps et au gré de nos expériences, nous avons compris que la mobilisation des usagers peut être facilitée par différentes conditions.

  Nous avons donc établi une douzaine de recommandations.

  Par exemple, nous pensons qu'il est très important, pendant les réunions, de faire des pauses toutes les heures. Cela permet une meilleure concentration et de recharger sa dose de nicotine (malheureusement, beaucoup d'usagers sont dépendants au tabac).

  Et dans l'optique d'une adaptation aux problématiques des personnes en troubles psychiques, dont les troubles psychotiques, dans cette liste, nous pointons le doigt sur le problème des interprétations.

  En effet, la psychose (schizophrénie, etc...) engendre une certaine peur de l'autre, une suspicion toujours prête à surgir, comme si au moindre problème, l'autre allé vous laisser tomber et vous trahir.

  Dès lors, c'est le rôle des animateurs et d'ailleurs de tous les membres à veiller à une bonne ambiance, à éliminer les malentendus, les non-dits et toutes les zones d'incertitudes.

  Il ne faut pas hésiter à être redondant, bien clarifier les décisions, pour « réassurer ».

 

 

  On peut dire que le GT « participation citoyenne » est une réussite à plusieurs égards.

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  D'abord, il a réussi à mobiliser durablement des usagers.

  En moyenne, une dizaine d'usagers par réunions.

  Avec bien sûr un peu de turn-over, mais les quelques personnes qui ne sont pas restées, on été remplacées par de nouveaux arrivants.

  Si l'on compare cette mobilisation aux associations classiques et alors que nous vivons une époque où de plus en plus de gens veulent juste consommer des services, mais pas s'engager, on peut dire que le GT a réussi à trouver les chemins de la participation.

  En outre, toutes ces réalisations (sur l'emploi, les médias, le bénévolat, etc...) prouvent que malgré les différences de statuts, de positions, d'approches et d'intérêts (et surtout cette dichotomie pro/usagers), on peut s'associer, pour que ça aboutisse à des choses concrètes. On n'est pas là pour juste donner son avis, mais pour créer, avec les autres, d'autres « petits » possibles.

 

  Bien sûr, face à un libéralisme économique qui assèche la psychiatrie et marchandise notre santé mentale, nos forces peuvent paraître petites.

  Mais à l'image de la légende du colibri, nous amenons un peu d'eau pour éteindre l'incendie. Et plus nous serons à le faire, plus nous aurons une chance, pour que nos contre-feux l'emportent.

Semaine d'Information sur la santé mentale

                                       « santé mentale et discriminations »

                                             du 5 au 10 octobre 2020 à Rennes

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  Cette année, la semaine d'information sur la santé mentale (la SISM) avait une saveur particulière, puisqu'elle se déroulait en pleine crise sanitaire du covid 19.

Malgré toutes les incertitudes liées à la pandémie, les organisateurs ont quand même décicidé de la maintenir. Et ils ont eu raison, car nonobstant les normes de santé souvent compliquées, les évènements de la SISM ont connu une affluence remarquable, peut-être même supérieur aux années précédentes.

  Preuve en est, que malgré la sinistrose liée au coronavirus, les gens ont quand même eu envie de sortir, de voir du monde et d'exercer leur citoyenneté de personnes curieuses.

 

  Le thème de la SISM de cette année, « santé mentale et discriminations » est un peu le thème de toutes les SISM.

  En effet, le but de la SISM est d'informer sur les réalités de la santé mentale, en essayant de lutter contre les méconnaissances et les préjugés.

 

  La SISM débuta par une conférence-débat organisée par des psychologues, les centres départementaux d'action sociale de Maurepas et Rennes centre.

  Ils ont invité à la SISM le chercheur en ethnographie, Hamid Salmi.

  Il nous a tout d'abord longuement raconté sa vie, son parcours et ses origines.

  Il a expliqué le retentissement existentiel de sa culture Kabyle et de sa migration en France.

  L'intellectuel s'inscrit entièrement dans le courant de pensée « culturaliste » en sciences sociales.

 

  Qu'est-ce que le courant culturaliste ?

 

  Les sciences sociales ne sont pas une et indivisible.

  De nombreux paradigmes-parfois concurrents, voir même antagonistes-façonnent son histoire.

  L'approche culturaliste postule l'importance de la culture-au sens d'un système de pensée-dans la « fabrication » de nos personnalités. Nos affects, nos comportements, nos aptitudes, nos motivations seraient conditionnés par une culture particulière.

  La « personnalité » occidentale ne serait qu'un type de « pattern » et non pas une évolution rationnelle tendant à l'universalité.

  Cette approche fut taxée de « relativisme culturelle » n'aboutissant qu'à un : « Tout se vaut »

  D'autres critiques, soulignent qu'avec la mondialisation culturelle, la prégnance des cultures non-occidentales se restreignent fortement et n'est plus pertinent dans l'explication des phénomènes sociaux.

 

  Une approche atypique

 

  Mais revenons à Hamid Salmi et ses méthodes thérapeutiques.

  L'homme se présente comme un pragmatique, un « plombier » de la clinique, réticent aux grands ensembles conceptuels.

  Pour lui, on ne peut soigner une personne, et à fortiori quand elle a des origines culturelles non-occidentales, sans prendre en compte son substrat culturel.

  Les méthodes cliniques occidentales-analytiques, T .C.C,etc...-ne seraient pensées que pour l'esprit occidental. Toutes les médecines autres, traditionnels, non-occidentales ne sont pas des archaïsmes insignifiants mais des réalités non génériques.

  En tous cas, du point de vue de l'efficacité thérapeutique, le clinicien pense qu'il est indispensable de partir de la singularité « ethnique » du patient.

  Dans l'absolu, il ne s'agit pas de savoir si la sorcellerie, le chamanisme est vrai ou faux, mais de leur reconnaître une existence culturelle.

  Dès lors, Hamid Salmi va jusqu'à prescrire des séances avec des thérapeutes «parallèles» : sorciers, guérisseurs, etc...

 

  La question est donc de savoir : dans quelle mesure la spécificité culturelle d'un patient, est elle à considérer dans le travail clinique ?

 

  Certains professionnels adorent l'originalité des approches de Hamid Salmi, y voyant une lumière, juste et appropriée, dans la complexité et la singularité de certains de leurs patients.

  D'autres y voient un réductionnisme, qui s'oppose à l'universalisme humaniste.

  A vous de juger !

 

 

  Le mercredi 7 octobre nous nous sommes retrouvé au TNB(cinéma d'art et essai de Rennes) pour visionner le film « le Joker » de Todd Phillips.

  Du point de vue cinématographique, on peut dire que c'est un grand film.

 Le protagoniste, Arthur Fleck, joue admirablement bien le « fou », le « psychopathe ».

  On voit bien comment tout dérape, comment la solitude et le manque de reconnaissance sociale peut dégrader le rapport à l'autre et peut provoquer des explosions hyper violentes et meurtrières.

  En outre, le cadre du film, la ville, la grande métropole (Gotham City dans le film) est un catalyseur du vide existentiel. En effet, le monde urbain est souvent syno-

nyme d'anonymat et de faiblesse du lien social.

  On sent dans le film, une précarité étouffante et envahissante.

  Face à l'apathie ambiante, il semblerait qu'il fasse fuir en se fabriquant un personnage « remarquable ». Pour Arthur Fleck se sera le « Joker ».

  Même si le film montre des éléments d'explication de la folie et de cette fureur, certains usagers ont trouvé le film, parfois stigmatisant.

  En effet, de leur point de vue, pour une personne qui a vécu les délires et les décompensations, elle ne peut s'empêcher de s'identifier à ce personnage qu'on estampille « psychotique ».

  Pourquoi montrer un tel déferlement de violence et de terreur inexplicable ?

  Même si cela existe de façon très rare, pourquoi ne pas expliquer tous les autres aspects de la psychose ? Pourquoi ne pas expliquer, de façon beaucoup plus intelligible, que tout explosion de violence a une genèse et est souvent le fruit, dans le développement de la personne, d'une accumulation de conflits, de failles, de frustrations et de souffrance ? Pourquoi ne pas expliquer que la psychose est avant tout la difficulté du rapport à l'autre, la perte d'une relation permettant estime de soi et concordance sociales?

  Mais la soirée n'aura pas été stigmatisante grâce au débat qui eu lieu après le film.

  Pour l'animer, nous avons pu compter sur trois intervenants : la docteure Elisabeth Sheppard, psychiatre au Centre Hospitalier Guillaume Régnier ; Dominique Launat, membre de Santé Mentale France Bretagne ; Jacques Fayolle membre de l'UNAFAM 35.

  Ils et elle ont réussi à remettre en perspectives les troubles psychotiques et a expliquer les enjeux des prises en charge psychiatriques.

 

 

  Le jeudi 8 octobre, à 11h30, a eu lieu une représentation théâtrale à l'ADEC, la maison du théâtre amateur.

  Elle fut organisé par le Centre Thérapeutique à Temps partiel La Sauvie, secteur G10 du CHGR, l'association l'Autre Regard et le service d'accompagnement à la vie sociale ALTAIR de l'association Pour l'Action Social et éducative en Ille-et-Vilaine.

  Cette aventure fut soutenue par Thierry Beucher, comédien professionnel et l'association ADEC.

  Cette petite pièce de théâtre a ravi le public par sa fraîcheur, sa bonhommie et sa qualité « pro ».

  Nous n'avons pas vu des usagers faire du théâtre, mais des comédiens à part entière.

  Ils ont donné toute leurs forces, toutes leurs personnalité et cela nous a plus.

  Ils ont illustré et exprimé leur ressenti sur les discriminations en faisant une œuvre véritablement artistique et en s'appropriant efficacement les outils du théâtre.

  Le théâtre n'est donc pas réservé à une élite, mais un moyen d'expression que toutes les catégories de la population peuvent utiliser.

  Pour des personnes discriminées dans leurs comportements, leurs attitudes et leurs propos, le théâtre inverse les choses.

  Mon expression n'est pas rejetée, mais au contraire, elle est valorisée et sublimée par l'art. Et pour certaines personnes, l'expérience théâtrale peut leur permettre de retrouver du désir et un ancrage social.

  Alors, tous sur scène !

 

 

  Le jeudi 8 octobre, a eu lieu à la Maison des associations, une conférence-débat organisée par l'association Borderline Espoir.

  Le but de l'association est d'aider et de soutenir les patients et leur entourage face à l'épreuve du trouble borderline.

  Elle met en place différentes actions : groupe de parole, diffusion d'informations, interventions dans le numérique, déstigmatisations, etc...

  Cette nouvelle association à Rennes nous a présenté quelques caractéristiques de cette pathologie. Sans entrer dans les détails, Mel Stévant, la présidente, a souligné quelques éléments :

-troubles de la personnalité, de l'humeur et des émotions

-difficultés relationnelles

-dégradation de l'image de soi

-etc...

  Il est à noter que 10 % des personnes affectées par le trouble borderline se suicident.

  Après cette présentation, nous avons débattus sur les discriminations rencontrés par les personnes en troubles psy.

  Les échanges furent riches et très vivants.

 

 

  Ce fut aussi le cas pour le café citoyen du vendredi 9 octobre, au café des champs libres.

  Le débat organisé par le pôle G10 du Centre Hospitalier Guillaume Régnier, fut animé par Philippe Gouet, philosophe, par Philippe Foret, usager de l'Autre Regard et par Isabelle Brimbeuf, psychologue au CHGR.

  Le point de vue philosophique peut nous éclairer sur les mécanisme de discriminations envers les personnes « psychiatrisées ».

  Surtout, elle nous permet de « relativiser » les troubles psy et leurs discriminations.

  En effet, l'analyse historique et philosophique, nous permet de comprendre que la perception, voir l'existence des pathologies psychiques, dépendent des pays et des époques.

  En France, par exemple, l'hystérie n'existe plus en tant que catégorie nosographique et est aujourd'hui considérée comme un archaïsme psychiatrique, vu comme une perception sexiste du passé. Il en est de même pour l'homosexualité (sortie de la nosographie psychiatrique du DSM en 1973).

  Même la schizophrénie, la principale pathologie en psychiatrie, ne semble pas être une essence indépassable. Par exemple, en Inde, le fait d'entendre des voix n'est pas perçu comme quelque chose de négatif ou de pathologique.

  On voit donc que la perception de l'anormalité et de la déviance est fonction d'un espace culturel particulier et d'attentes sociales distinctes.

 

  Lors du café, Philippe Gouet, philosophe, cita un propos de James Baldwin : « ...il vous en faut un... »[un fou].

 

  Aurait-on besoin des fous ?

 

  Remplissent-ils une fonction sociale ?

  La perception de la folie serait-elle une « construction sociale » intéressée ?

  Si on veut aller plus loin dans l'analyse, il semble incontournable de nous appuyer sur les thèses du philosophe Michel Foucault.

  Même si ses analyses, notamment dans les matériaux historiques, furent remise en cause par certains philosophes et historiens (notamment l'historien Claude Quétel), l'originalité et l'audace de son paradigme, ne peut que bouleverser nos idées pré-conçus.

  Ici, il nous faut analyser la société, non pas en termes d'agglomération d'individus autonomes, mais en terme de classes sociales.

  La montée d'une nouvelle classe sociale, la bourgeoisie, va modifier lentement, mais durablement, notre vision de la folie.

  Pour étayer cette thèse, le philosophe prend l'évènement de 1656, quand tous les déviants (marginaux, homosexuels, prostitués, « fous »,etc...) vont être internés à  Paris, à l'hôpital général.

Pourquoi ?

  Pour M.Foucault, la société médiévale, avant l'avènement du capitalisme, était portée par la religiosité(le Christianisme) où Dieux a créé les hommes. Et si c'est Dieu qui a créé les hommes, alors il ne peut pas avoir créé des êtres anormaux.

 

  Dès lors, la folie, au sens d'erreur, ne pouvait exister.

 

  Mais la bourgeoisie, pour asseoir son pouvoir et sa domination, dut remettre en cause ce paradigme.

  En effet, elle fut confrontée à une insubordination à sa plus grande conquête : la propriété privée.

  Trop de personnes, indociles, irrévérencieuses et chahuteuses, gênaient le monde des affaires. Elles ne voulaient pas rentrer dans le moule aseptisé, standartisé et commerciale de ce nouveau monde.

  Dès lors, tous ces déviants furent enfermés.

  Et pour légitimer ce « grand enfermement », les nouveaux dominants inventèrent de nouvelles catégories de population : les fous, les asociaux, les malades, etc...

  Cette explication est peut-être un élément pour entrevoir les causes des discriminations envers les personnes en troubles psychiques.

 

 

  Le vendredi 9 octobre, le GEM l'Antre-2 nous a accueillis dans ses locaux, pour une interprétation par Thierry Beucher, de témoignages des adhérents, des clients et des artistes sur la vie du café de L'Antre-2.

  Ce café, géré par les adhérents de l'association, est une innovation qui a permis de briser l'entre-soi des personnes ayant des troubles ou fragilités psychiques.

  En effet, ce café est ouvert à tout le monde, notamment aux riverains.

  Ceci est très bénéfique puisque l'on sait que l'uniformisation sociale est vectrice de replis et d'aggravation des troubles.

  En outre, pour les adhérents, c'est une fierté de gérer et d'animer un café.

 

 

  Le vendredi 9 octobre, l'association Coop1services organisait une table ronde-débat sur « Les stigmatisations et les usagers », avec l'UNAFAM35, l'association Thérapie et vie sociale et le CHGR.

  Des personnes affectées de troubles psy témoignèrent, par le récit de leur vie, de toutes les discriminations, qu'elles ont dû endurer. Notamment, l'intégration dans le monde du travail, reste encore une épreuve très difficile à surmonter. La singularité dérange.

  Le Docteur Le Marchand, responsable du service des Equipes Mobiles Psychiatrie Précarité (EMPP) du CHGR, a suscité tout notre intérêt.

  Il a pointé « les zones grises », les failles de notre système de prise en charge en Santé Mentale.

  Selon lui, le problème n'est pas (même s'il souffre d'un désengagement de l'état) les soins apportés aux personnes « psychotiques » mais à ceux souffrants de troubles « psycho-sociaux ».

  En effet, les grands précaires (et pas seulement les SDF de la place Saint-Anne à Rennes) sont très peu accueillis par l'hôpital psychiatrique public, qui submergé par la demande, reçoit en priorité les « grosses crises ».

  Cette catégorie de la population, les grands précaires, ne peuvent pas non plus bénéficier des psychiatres libéraux, en ville, car très souvent, on leur demande d'avancer l'argent pour la consultation. Ne parlons même pas des psychologues libéraux. Payer 50 euros alors qu'on a même pas assez d'argent pour se nourrir.

  On voit donc bien que la précarité n'est pas seulement la perte du lien économique et social, c'est aussi un accès insuffisant à des services fondamentaux, comme celui de la prise en charge de sa santé mentale.

  Malheureusement en France, ceux qui souffrent le plus-hormis les psychotiques-ne sont pas forcément ceux qui sont le plus soigné.

 

 

  Pendant la SISM se sont tenues deux expositions dans les locaux de l'association l'APASE.

  La première exposition, organisée par l'établissement et service d'aide par le travail(ESAT) les ateliers de l'espoir, le Centre de la thébaudais et le service d'Inclusion Socio-professionnelle de l'Association Pour l'Action Sociale et éducative en Ille-et-Vilaine(ISP APASE). Elle exprimait, par des sculptures en papiers mâchés, toutes les discriminations liées aux regards des autres. Ces oeuvres artistiques étaient agrémentées de messages qui nous interpellèrent : « Je ne trouvais pas mon endroit à être », « moi la discrimination ça me rappelle l'école », « le regard ça tue », etc...

  Une autre partie de l'exposition exprimait la discrimination par la métaphore de la porte fermée.

  L'autre exposition, intitulée « Décalé » et organisée par l'association Atypick, nous proposait une vingtaine de photographies de femmes, certaines en situation de handicap, en répétition pour un spectacle de danse.

  Grâce à d'excellentes photos prises par ds adhérents de l'association, nous avons pu nous saisir de toute la grâce et l'élégance de femmes, artistes à par entière.

 

 

  Pour clôturer cette belle semaine, les membres du collectif de la SISM, se sont retrouvés pour le forum, place de la mairie.

  Cette année, covid 19 oblige, en plus de la traditionnelle interpellation sur les représentations sur la santé mentale, nous avons aussi voulu discuter du vécu et du ressenti de cette bouleversante crise sanitaire. Nous avons pu le faire, aussi, grâce à des temps de parole, organisé par "Santé Mentale France en Bretagne".

  En effet, au delà de la tragédie médicale, c'est aussi la santé mentale de chacun et chacune qui a été impacté.

  Anxiété liée à l'incertitude de l'évolution de la pandémie, isolement exacerbé par le confinement, précarité économique du quasi-arrêt de l'économie, etc...

  Même si l'on pense beaucoup au risque de saturation du système de santé en générale, il ne faut pas oublier l'aspect santé mentale.

  Tous les professionnels « psys » ont aussi besoin de notre soutien et de financements adéquats.

               L'association RESO 5

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  Comment combattre la souffrance psychique ?

 

  Bien sûr, on peut se faire aider par les médicaments psychotropes. Quoi qu'on en dise, l'intervention chimique dans le cerveau permet un apaisement et facilite un retour à l'action et à l'autre (si ce n'était ces maudits effets indésirables).

  On peut aussi compter sur les différentes psychothérapies individuelles.   Qu'elles soient analytiques, comportementales, etc...(aujourd'hui il en existe une multitude)

  Elles peuvent réussir là où les médicaments s'arrêtent.

  Les différentes thérapies analytiques, avec toute la richesse de leur analyse, peuvent « démasquer » des conflits, pour mieux les résoudre. Les thérapies comportementales et cognitives (T.C.C), elles, de façon très pragmatiques, apportent des solutions concrètes, en dé-conditionnant et reconditionnant des comportements et pensées pathologiques (T.O.C, etc...).

 

  Mais il existe une autre modalité : la psychothérapie de groupe.

  En effet, la personne humaine est aussi le produit d'une situation sociale et de rapports sociaux.

  Nous savons, par exemple, que beaucoup de personnes ayant des troubles psychotiques, ont des difficultés dans le rapport à l'autre.

  Le repli sur soi, l'hyper-isolement proviendrait d'une peur, pathologique, de l'autre.

  Souvent, des expériences traumatisantes (maltraitance, persécutions durant la scolarité, etc...) ont fragilisé la confiance en soi et créer des barrières, des perturbations dans l'attente sociale et par rapport aux normes sociales.

  La personne peut être « perdue » dans le jeu social, dans ses codes, ses us et plus généralement dans la socialité (c'est-à-dire dans tout ce qu'il faut faire même si personne ne dit qu'il faut le faire).

 

  Que peut-on faire pour remédier à toutes ces fragilités, qui engendrent tant de souffrance ?

 

  Et bien, on peut donner un cadre rassurant et des relations sociales apaisées, via une organisation sociale adéquate.

  Dans une association, une unité psychiatrique, une clinique, on institue une vie sociale où chacun peut trouver sa place.

  Et quand la personne humaine retrouve, à force de côtoyer l'organisation, des aptitudes et « compétences » sociales, elle peut s'ouvrir aux autres, rencontrer l'autre et donc se « réinsérer ».

  Du coup, elle pourra maîtriser ses troubles, pourquoi pas les résoudre, ou en tous cas en faire quelque chose de « positif ». En sachant que l'essentiel, au de là de l'étrangeté de la pathologie, c'est que la personne mette un terme à toutes ses souffrances.

 

  C'est ce troisième type de thérapie que l'association RESO 5 s'emploie à déployer.

 

  L'association est née en 1996, de la volonté de soignants de faire de la psychiatrie autrement, notamment, donc, en utilisant la psychothérapie de groupe.

  Son nom, RESO 5, est la contraction de REinsertion, de SOciothérapie et secteur G5.

 

  L'organisation sociale, RESO 5 veut donc réinsérer la personne. En effet, les personnes affectées de troubles psys, sont souvent exclues des différentes sphères sociales.

  Par exemple, elles ne profitent pas de toutes les activités culturelles de Rennes.

  L'association-via aussi le CTJ-propose donc un accompagement, dans une dynamique de groupe, pour se réapproprier la culture.

  C'est quelque chose de thérapeutique puisque la culture, l'art permet aussi de (re)trouver le goût des harmonies et de l'esthétique, propices à la stimulation du désir.

 

  La seconde syllabe, « so » veut dire : socio-thérapie.

  C'est plutôt un synonyme de psychothérapie de groupe.

  Comme nous l'avons déjà expliqué plus haut, ces thérapies visent, à partir du social, à partir des dynamiques de groupes, au retour à un rapport à l'autre plus apaisé.

 

  Pour qualifier RESO 5, on peut même utiliser un terme plus « politisé » : la psychothérapie institutionnelle.

  Ce mouvement, né dans l'enfer de la deuxième guerre mondiale, a voulu « révolutionner » l'institution psychiatrique. Des psychiatres, en voyant l'horreur des camps de concentration, n'ont pas pu s'empêcher de les comparer avec les univers asilaires.

  Ils ont voulu changer les choses.

  En poussant leur réflexion sur l'institution psychiatrique, ils ont compris que celle-ci peut rendre malade.

  Dès lors, ils ont oeuvré pour que l'organisation sociale de la psychiatrie, émancipe l'individu (liberté d'aller et venir, pas de hiérarchie dans les statuts,etc...).

  Et aujourd'hui, ce mouvement est toujours vivace. On peut se permettre de dire qu'il inspire RESO 5.

  Le dernier caractère de RESO 5, 5, veut dire : secteur G5.

  Il indique tout simplement que les soignants et les soignés qui peuvent adhérer à l'association doivent résider ou travailler dans le secteur G5, c'est-à-dire, grosso modo dans le centre-ville et l'est de la ville de Rennes. Mais pas que.

 

  Que fait RESO 5 ?

 

  L'activité la plus importante de RESO 5 est le soutien aux activités, aux sorties et à l'acquisition de biens matériels, etc...

  Chaque mois, dans la salle du club, à l'hôpital Guillaume Régnier, tous les membres de l'association se réunissent.

  Chacun peut librement prendre la parole et donner son avis.

  Les responsables de RESO 5 sont là pour animer la réunion, pas pour décider à la place des adhérents.

  C'est le moment pour faire remonter les demandes des différentes unités (Magnan, Morel, hôpital de jour, etc...) qui composent G5.

  Par exemple, un soignant ou un soigné va demander un petit financement pour une sortie. L'association va décider d'octroyer ou non, un peu d'argent à ce projet.

  Cela peut paraître des « petites choses », mais en fait cela contribue à la valorisation des soignés.

  Par exemple, l'association a financé l'achat de nappes « festives » pour les tables d'une unité d'hospitalisation. C'était pour Noël. Et cela n'est pas du tout futile.

  En effet, on peut être malade, hospitalisé et avoir le droit, comme tout le monde, de participer au rituel de Noël (d'ou la nappe spéciale). Cela montre que vous faites partie de la société, de la collectivité humaine.

 

  Ainsi, toutes « ces petites choses », ces petits financements de RESO 5, contribuent à enrichir la vie des patients, en leur montrant que « l'institution » fonctionne avec eux et pour eux.

 

  Un fonctionnement démocratique et inclusif

 

  A RESO 5, les adhérents, qu'ils soient usagers ou professionnels, sont tous sur un pied d'égalité.

  Toutes les responsabilités peuvent être briguées par des patients (bien sûr, selon la capacité de la personne, il ne faut pas qu'elle soit en décompensation).

  Ce souci de démocratie se conjugue avec un souci thérapeutique.

  En effet, souvent, les personnes qui atterissent à l'hôpital psychiatrique, se sont lentement et profondément dé-socialisées. Elles n'ont plus de statut social et sont désaffiliées. Ni travail, ni engagement associatif, ni cercle d'amis. Enfin, il serait faux et caricatural de prétendre qu'elles soient tous désocialisés. Cela dépend de la pathologie, du parcours de l'individu, etc...

  Mais on peut quand même avancer, que la plupart ont une fragilité relationnelle.

  Et pour certains, s'engager dans RESO 5, peut permettre de réenclencher le relationnel, de retrouver un rôle, une place dans la société. Je suis vraiment responsable, les autres me font confiance pour mon mandat.

  RESO 5 redonne du pouvoir à ceux qui n'en avaient plus du tout !

  Et même si cela peut être minime, comme par exemple, compter l'argent de la caisse du café, cela compte. Au moins, je suis utile à quelque chose.

 

  Une association dans et hors les murs de l'hôpital psychiatrique

 

  Historiquement, cela a été une « grosse bataille » d'imposer au pouvoir médical, la création d'une entité autonome et associative.

  Certains ne voyaient pas l'intérêt. Et d'ailleurs, malheureusement, certains ne voient toujours pas l'intérêt !

 

  Au début (après la 2e guerre mondiale), ces organisations s'appelaient des Clubs.

  Puis ils se sont transformés en associations loi 1901.

  L'originalité de ces structures-comme RESO 5, le Gué, etc...-, c'est qu'elles sont accessibles aux personnes hospitalisées et aux patients suivis en ambulatoire (personnes suivies par le Centre Médical Psychologique et/ou bénéficiant du Centre Thérapeutique de Jour). On peut même profiter de l'association en étant juste dans le secteur G5.

 

  Une association à l'H-P, dans un univers qui reste clos et fermé, ce n'est pas rien.

  Comme nous l'avons dit précédemment, cela permet de faire remonter les demandes des soignés et des soignants.

  Prenons un exemple concret :

  Je suis hospitalisé. Je ne vais pas bien. Je m'ennuie terriblement. Je me suis fait un copain. On veut faire un jeu de société. Malheureusement, le jeu est déchiré et il manque des pièces et des cartes.

  Et bien, grâce à RESO 5, je peux demander, via un représentant ou moi-même, lors de la réunion de la mensuelle, l'achat d'un jeu neuf.

  Les petites rivières font les grands fleuves.

 

  L'autre grand intérêt d'une association qui existe en « intra » et en « extra », c'est la continuité de l'accompagnement.

 

  Même si certains patients, après leur sortie de l'HP, se stabilisent et volent de leurs propres ailes, beaucoup ont besoin d'un accompagnement psycho-social.

  Or, si je sors et que je dois chercher une nouvelle association, de nouveaux soignants, de nouveaux professionnels, il se peut que la transition ne se fasse pas, que je ne retrouve pas une structure qui me convienne.

  Pas de dangers de ce côté la, avec RESO 5.

 Après l'hospitalisation, je retrouve les mêmes personnes et les mêmes animateurs.

  Je garde mes repères et je peux poursuivre mes projets avec les mêmes personnes.

  Du coup, il n'y a pas de rupture associative, et cela, concourt au rétablissement de la personne.

 

  Dans la cité

 

  L'autre grande force de RESO 5, c'est la volonté d'inscrire l'association dans la vie de la cité.

  En effet, un des travers de la psychiatrie, et plus généralement, de toutes les structures en santé mentale, c'est la ghettoisation.

  Et cet « entre-soi » débouche souvent sur de la stigmatisation. Surtout, il peut avoir un effet délétère, car les usagers peuvent se renvoyer leur mal-être, leurs angoisses et leurs psychoses et donc faire perdre la relation.

 

  Conscient de ce problème, RESO 5 œuvre pour créer et entretenir des partenariats  : TNB, tombée de la nuit, ATA, Phakt, l'avenir de Rennes, les jardins familiaux, etc...

  En effet, depuis plusieurs années, l'association développe de multiples partenaires dans le champs culturelle et sportif. Le but est de lutter contre les préjugés et de favoriser l'inclusion dans le droit commun.

  Avec toutes ces structures RESO 5 partagent des activités et des évènements.

 

  Car oui, les usagers ont aussi besoin d'être avec des gens qui vont bien.

 

 

 

  L'association RESO 5 fait partie d'un mouvement dans la psychiatrie.

  Un mouvement de soignants, mais aussi d'usagers.

  Il fait le pari de créer un espace d'initiatives ou chacun et chacune peut se réapproprier des possibles et des communs.

  Mais il n'existerait pas, ou ne serait qu'une idée, s'il n'était pas impulsé par des hommes et des femmes de conviction.

  Leur humanisme et leur volonté inébranlable permettent l'existence d'une psychiatrie dans la cité, qui crée une vie sociale, généreuse et avisée.

  Ce mouvement ne mourra jamais.

  Même s'il est attaqué, brocardé, diffamé, toujours de nouvelles générations le re- découvriront.

  D'ailleurs, ce mouvement n'est pas un protocole ou une notice à suivre.

  Non, il faut constamment le réinventer et le nourrir de toutes les expériences nouvelles.

  Il est le contraire d'un dogme.

  Il faut sans cesse le questionner.

 

Rennes, le 14/07/2020

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Cet article ne peut être reproduit, même partiellement, sans autorisation.

 

Cet article est publié à la foi sur Info Psy Rennes et sur l'Echo Des Esprits (le blog de RESO 5).

 

 

RESO 5 CHGR

Services centraux

G05

 

courrier : 108 Avenue du Gal Leclerc B.P

60321

35703 RENNES CEDEX 7

 

E-mail : reso5@ch-guillaumeregnier.fr

           Café rencontre de l'unafam 35 sur le logement

                                                          le 23/01/2020

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  L'UNAFAM* 35 poursuit sa mission d'information sur les problèmes rencontrés par ses adhérents et plus largement, sur ce qui touche les personnes et leur entourage, ayant une « maladie et/ou un handicap psychique ».

 

  Les troubles psy fragilisent les personnes dans leur psychisme, bien sûr, mais aussi dans leurs conditions de vie.

  Certaines personnes peuvent rencontrer de graves difficultés pour se loger. Pour des raisons financières, mais pas que.

  En effet, il se pose la question de l'autonomie de la personne en troubles psychique et des conditions par lesquelles, elle peut vivre dans son logement.

 

  Pour cette soirée, nous avons pu compter sur la présence de Mr Dreuslin, responsable du service logement à Rennes métropole.

  Il nous a expliqué de façon précise, tous les tenants et les aboutissants du logement sur le territoire de Rennes métropole. Notamment, il nous a explicité le Programme Local de l'Habitat (PLH) de Rennes Métropole.

  Comme dans les autres métropoles françaises, Rennes est sur le plan du logement, en « tensions ». Sa population augmente, sans que globalement, l'offre de logement suive complètement. D'ailleurs, la population augmente plus vite que prévue. 5 800 habitants de plus alors que le PLH 2015-2020 prévoyait une augmentation de 4 000 habitants. Et la demande de logements sociaux ne tarit pas. (au 31 décembre 2018, 19 000 demandes pour 4 485 logements attribués). En outre, de moins en moins de personnes quitte le parc social.

  Heureusement, à Rennes, il existe des dispositifs d'urgence, pour loger des personnes prioritaires, c'est-à-dire avec un risque élevé pour qu'elles se retrouvent à la rue (3 000 demandes en 2019).

 

  Mais la question du logement revêt une dimension spécifique pour les personnes en troubles psychiques.

 

  Mr Houée, directeur des services d'Espoir 35 nous a expliqué toutes les réalisations de l'association dans le domaine du logement inclusif.

  Espoir 35 est une association très importante à Rennes. Elle a été créée en 1996 par des militants de l'UNAFAM, qui désespérés de ne trouver aucune solutions concrètes pour leurs enfants handicapés, ont créé des dispositifs, notamment dans le logement. Outre ce domaine, l'association propose des activités et l'accompagnement personnalisé pour ses bénéficiaires.

  Pour 2020, dans les différentes structures, elle logera 83 personnes.

 

  Et d'ailleurs, qu'est ce qu'il existe comme structures d'accueil, pour les personnes en situation de handicap psychique ?

 

  La maison d'accueil spécialisé(MAS) :

  Elles concernent les personnes lourdement handicapées, qui ont besoin d'un encadrement important (120 encadrants pour 100 bénéficiaires). Elle est financée par l'ARS et le conseil départemental.

 

  Foyer d'accueil médicalisé(FAM) :

  La structure s'adresse à des personnes un peu plus autonomes que la MAS, avec un encadrement un peu moindre (environ 110 encadrants pour 100 bénéficiaires). Elle est également financée par l'ARS et le conseil départemental.

 

  Foyer de vie :

Elle convient à des individus plus autonomes que la MAS et le FAM mais qui sont handicapés dans la réalisation des actes essentiels de la vie quotidienne (hygiène, ménage, courses, etc...) et qui sont dans l'incapacité de travailler.

 

  Résidence accueil :

C'est un habitat dit « inclusif ». En effet, la personne a son propre logement, mais partage avec d'autres, des parties communes. Elle profite aussi d'un accompagnement social, de soutien, pour mieux-vivre son logement. Pour en profiter, il n'est pas nécessaire d'avoir une orientation MDPH* en tant que telle, mais il faut une notification SAVS* ou SAMSA*.

 

  Habitat groupé :

  Cette structure correspond aux personnes ayant une autonomie certaine, mais qui ne sont pas encore prêts à assumer un logement indépendant. En fait, une association (comme Espoir 35) loue des appartements, qu'elle sous-loue à des bénéficiaires. Ils peuvent profiter d'espaces communs, de lieux « ressources », etc...

  Comme pour la résidence accueil, pour être bénéficiaires, il faut une notification SAVS ou SAMSA de la MDPH.

 

 

  Il faut donc réussir à trouver un logement, mais aussi créer les conditions pour que les personnes en troubles psy, puissent s'épanouir dans leur logement.

  Heureusement, la majorité des malades psy ne rencontrent pas de problèmes significatifs pour rester dans un logement indépendant. Hormis les périodes de grosses crises (dépressions, fort repli sur soi-même, décompensations, etc...), ils arrivent à gérer leur habitat.

  Cependant, d'autres personnes, plus fortement handicapées, ont besoin d'accompagnement et d'assistance.

  Cela va de l'aide pour faire le ménage jusqu'à la présence d'accompagnants en permanence.    Bien sûr, l'idéal est d'adapter les logements aux types de troubles.

 

  En outre, il arrive souvent que les malades soient en conflit avec leurs parents. Si en plus, ils doivent rester dans le foyer parental, cela peut exacerber les tensions.

S'émanciper de ses parents, en ayant son propre logement, permet de se construire, de s'affirmer, de trouver son propre chemin, en toute dignité.

  Même si à un moment donné, quand la maladie est trop forte, c'est une chance de pouvoir compter sur ses parents, il faut, quand cela est possible, retrouver des relations « normales », c'est à dire une « bonne distance » et une « juste proximité ». Bien sûr, cela dépend de l'histoire familiale et des valeurs attribuées à la famille.

 

  Comme pour tout le monde, le logement est un droit inaliénable et nul ne devrait en être privé.

 

  Mais il ne suffit pas d'avoir un logement pour aller bien.

 

  Tout d'abord, le passage d'un habitat collectif (hôpital, foyer de vie, etc...) à un habitat individuel, peut être angoissant et déprimant. On est enfin libre, on ne subit plus les contraintes des règles et devoirs, mais on est face à soi-même, seul.

  Il en va de même pour certaines personnes qui ont vécu à la rue, habituées à toujours avoir la compagnie des autres S-D-F, à vivre en bande, à souffrir d'une déchéance matériel mais à ne pas souffrir, forcément, de solitude.

 

  Il faut aussi prendre en compte les caractéristiques des maladies psychotiques.

  En effet, laisser une personne encore très fragile, seul dans un logement, peut engendrer des effets pervers, dû au trouble.

  Par exemple, si elle souffre de schizophrénie paranoïde, elle peut croire que des micros, des caméras se trouvent dans son logement. Alors qu'elle était ravie d'accéder enfin à son propre petit nid, elle va, effrayée, le quitter et retourner dans la rue.

 

  Dès lors, les politiques publiques et territoriales, pour être efficientes, doivent prendre en compte, toute la spécificité, la singularité, l'étrangeté des populations en troubles psychiques.

  Elles doivent octroyer des logements, mais aussi accompagner les malades dans le processus du « vivre son logement ».

  Au plus près du terrain, elles doivent armées-financièrement, médiatiquement, etc...-les associations, pour trouver des solutions sur-mesure, en évolution constante.

  Sans soins et accompagnement social, une politique du logement en santé mentale, serait peu productive.

  « Vivre ensemble », c'est respecter toutes les altérités, même les plus étranges.

  C'est aussi adapter les différents dispositifs, en écoutant usagers, familles et professionnels.

  L'intelligence est toujours collective.

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  *SAVS : service d'accompagnement à la vie sociale

  *SAMSAH : service d'accompagnement médico-social pour adulte handicapé

  *MDPH : maison départementale des personnes handicapées

   *UNAFAM : union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques

        L'I.M.E la maison des enfants au pays à Poligné

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  Un IME (institut médico-éducatif) est un établissement qui accueille des jeunes affectés de handicap psychiques ou mentaux. Cela va de la psychose aux troubles du spectre autistique, en passant très souvent, par des troubles du comportement et des déficiences.

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  Ces enfants et adolescents ne peuvent pas être accueillis dans les milieux dits « ordinaires ». En effet, ils nécessitent une prise en charge spécifique, adaptée à leur handicap.

 

  On peut dire que la structure est dans la continuité de « l'école expérimentale de Bonneuil » fondé par le psychanalyste Maud Mannoni et les éducateurs y aillant travaillés, fondateurs du Centre de Guénouvry, Rose-Marie et Yves Guérin. En effet, l'IME accorde beaucoup d'importance à articuler le cas par cas et la vie du collectif.

 

  L'IME la maison des enfants du pays nous a fait l'honneur de nous accueillir toute une journée, pour que nous puissions réaliser cet article.

 

  L'IME fut fondé en 1981, par Christian Lucas, qui créa l'association « les enfants au pays ». C'est cette dernière qui gère l'établissement.

 

  La structure se trouve dans une petite commune de 2000 habitants, Poligné, à 20 Km de Rennes.

  Même si le village a de moins en moins de commerces et d'activités, l'IME s'efforce toujours de conserver des liens entre les habitants et les résidents. Toutes les semaines, les jeunes vont acheter leur pain à la boulangerie.

 

  Les bâtiments de l'IME sont flambants neufs et d'une architecture très agréable. Les pièces sont spacieuses, colorées et pensées pour toutes les activités d'un IME. Une pièce pour les arts plastiques, une autre pour la musique, etc...

  Une partie du bâtiment est consacré à l'internat. En effet, certains jeunes sont accueillis la journée et retournent le soir dans leur famille, à l'HP ou dans leur famille d'accueil. Sept autres dorment à l'IME. Ils ont leur propre chambre et ils partagent un salon (avec une grande télé), une salle à manger et différents sanitaires.

  Dans l'enceinte de l'établissement, de nombreux espaces verts ponctuent le cadre.   L'IME est entouré de champs de blé et par la forêt.

 

  L'IME accueille une vingtaine de jeunes. Son personnel compte 30 personnes : une vingtaine d'éducateurs, un directeur, deux psychologues, un psychiatre, une « maîtresse de maison », une femme de ménage, un ouvrier, une secrétaire et une comptable...

 

  A la rencontre de jeunes présentant des troubles complexes et singuliers, ils adoptent des méthodes éducatives qui partent du désir de la personne.

  La maison des enfants du pays fait tout pour que le jeune gagne en autonomie, en construisant son propre chemin. Mais il ne s'agit pas d'une autonomie « libérale », ou chacun ne doit compter que sur lui-même, mais plutôt la recherche pour trouver sa propre place, avec l'aide des autres.

  La question est donc : qu'est-ce qui, pour la personne, peut permettre de créer du lien ?

 

  Les bizarreries, les petits délires ne sont pas à éradiquer. Non, ce qu'il faut, c'est susciter, avec beaucoup de patience, le désir de faire des activités, des tâches qui ont un sens pour une personne dont le handicap a pu « dérégler » le rapport à l'autre et au monde.

  Inutile de dire que toute l'équipe de l'IME voit toujours du potentiel même chez les personnes les plus handicapées. Et d'ailleurs, si un jeune va mieux il peut travailler en ESAT (centres où les handicapés travaillent).

 

  Donc, croire au potentiel de chacun et aussi croire qu'il reste une « raison », une partie saine dans les manifestations les plus étranges.

 

  Au niveau thérapeutique, l'équipe pense que les jeunes ont tous un savoir sur eux- mêmes et que dès lors, il faut construire un savoir à deux, le jeune et le professionnel. Avec l'aide de l'adulte, le jeune invente ses propres solutions. Ce travail s’effectue également en s’appuyant sur le savoir des parents.

 

  Au niveau des médicaments, le médecin psychiatre ajuste le traitement pour que la personne garde autant que possible ses capacités cognitives et puisse continuer à élaborer ses projets et conserve ses envies et ses émotions.

 

  Un autre point aussi très important est la non-spécialisation du personnel.

  En effet, un jeune n'adapte pas son comportement selon le statut professionnel d'un adulte.

  Il est en contact avec toutes les personnes et personne ne peut dire vers qui il va créer une relation. Cela peut être l'éducateur, bien sûr, mais aussi la femme de ménage, la secrétaire ou encore le chauffeur, etc...

  Alors que certaines institutions pourraient empêcher la relation (ce n'est pas votre rôle, chacun à sa place, etc...), à l'IME de Poligné on encourage toutes les inter-actions sociales. Plus on multiplie les possibilités d'entrer en relation, plus on multiplie les chances, pour le jeune, de créer une relation.

 

  Mais travailler la relation demande des moyens, notamment en personnel.

  En effet, même si des méthodes éducatives innovantes, des formations adéquates, des personnes expérimentées sont très importantes pour accueillir les jeunes, il est nécessaire que le personnel soit en nombre. Une personne très handicapée nécessite beaucoup d'attention et de disponibilité mentale.

  Or, un éducateur qui serait trop isolé, par un manque de collègues, ne pourrait pas être attentif et vigilant aux fluctuations et autres acrimonies des jeunes.

 

  C'est donc un travail d'équipe. Et plus, l'équipe est soudée, se parle, est cohérente et va dans le même sens, plus le travail éducatif et thérapeutique est efficace.

 

  Car chaque structure a sa « micro culture ». Elle est composée de valeurs partagées, d'expérimentations commune, du sens donné au travail et d'un système de reconnaissance réciproque.

  On observe à l'IME une « micro culture » faite de solidarité et de travail en commun. Les éducateurs se parlent beaucoup entre eux, de l'évolution des jeunes, des évènements et du cours des activités. La ténacité de toute l'équipe et de son directeur permet une prise en charge de qualité, respectueuse de la dignité de chaque personne.

 

  L'IME s'efforce aussi de donner une existence sociale à tous les jeunes.

Par exemple, quand un jeune est intéressé par la réalisation d'une tâche, d'une petite mission, les encadrants peuvent lui faire signer une convention de stage.

  En effet, les jeunes ont besoin, comme tout le monde, d'une reconnaissance sociale.

  Donner un statut valorisant à une personne, c'est lui reconnaître une qualité, et même un peu, lui dire qu'il a une place dans la société.

 

  Cette journée, passée à l'IME de la maison des enfants au Pays, nous a montrés que s'occuper de jeunes handicapés est un réel métier qui mobilise savoir-faire et surtout savoir-être. On pourrait même dire que c'est un art qui s'entretient. En effet, il n'existera jamais une science, un mode d'emploi, un protocole pour rentrer en relation avec des personnes, parfois si singulières.

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  A l'heure du tout libéral et des idéologies comptables, il faut réaffirmer que l'humanisme ne peut pas se limiter aux personnes conformes.

  L'altérité et la vulnérabilité ne doivent pas nous faire peur, même si elle reflète nos propres angoisses.

  Prendre soin des plus affaiblis, c'est penser que finalement, nul n'est si fort que ça.   

                   

Rennes, le 29/09/2019

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    Conférence SISM du 19 septembre 2019       avec Eric Verdier

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  Le collectif de la Semaine d'Information sur la Santé Mentale (SISM) de Rennes avait décidé de renouveler l'expérience de l'année dernière, en organisant une conférence, dans le but de lancer les évènements de la SISM de 2020.

 

  Cette année, elle porte sur le thème : discriminations et santé mentale.

 

  Nous avons donc invité « un spécialiste ».

  En effet, Eric Verdier, psychologue communautaire, nous a fait l'honneur de venir parler des discriminations.

  A vrai dire, Eric Verdier a suscité beaucoup de choses en nous.

  Tout d'abord, parce qu'il est vraiment un « intellectuel engagé ». Il ne se contente pas d'élaborer des notions et des concepts, il allie action et recherche.

  En plus, d'être responsable du pôle «discrimination, violence et santé» à la société d'entraide et d'action psychologique, il a mis en place avec d'autres, le dispositif «sentinelles et référents», qui a pour but de former et de sensibiliser des élèves aux problématiques du harcèlement scolaire, pour qu'ensuite, ils repèrent et signalent des camarades en situation de bouc-émissaires. Ainsi, Eric Verdier met en pratique ses idées, en essayant dans les lieux publics (écoles, bar -tabac etc...) de responsabiliser les personnes pour endiguer les phénomènes de discrimination et de bouc émissaire.

 

  Et pour ce faire, avec d'autres, il a élaboré tout un paradigme sur les discriminations.

  Sa démarche est particulière, puisqu'elle se base sur la psychologie communautaire.

  Quèsaco ?

  En fait, il s'agit d'une posture, d'une pratique qui veut associer toutes les personnes-usagers, professionnels, entourages, militants associatifs- d'un champ, en partant du principe que nul n'a la science infuse, pas même les plus grands professeurs. Non, il faut que chacun apporte sa pierre à l'édifice, en co-construisant des savoirs et en évitant tous les clivages de statuts.

 

  Pour évoquer le travail d'Eric Verdier, on peut partir des 3 postures : Le bouc-émissaire, le pervers et le normo-pathe.

  Le bouc-émissaire est celui qui subit le harcèlement, les violences.

  Le pervers est celui qui « attaque », qui humilie et qui harcèle. Il prend du plaisir, on pourrait même dire de la jouissance, à faire du mal aux autres.

  Mais à cette dualité, le psychologue, en ajoute une 3ième : le normo-pathe.

  Il cite la célèbre phrase d'Einstein : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ».

  Donc, celui qui voit et se tait est aussi responsable que celui qui harcèle. Oui, il est complice de la violence et il doit être inquiété, culpabilisé :

-Tu aimerais bien qu'on fasse ça à ton petit frère ?

-ect...

  Donc, pour Eric Verdier, on pourrait dire que les moutons sont aussi responsables que le loup...

 

  Une autre force de l'analyse du psychologue communautaire, c'est l'étude des processus.

  Notamment, celui qui conduit une victime, un discriminé à retourner la violence contre lui-même.

  Cela peut paraître un comble. Pour le comprendre, Eric Verdier utilise le concept d'intériorisation.

  C'est le fait de recevoir une étiquette et d'en faire son statut social principal. Au lieu de combattre cette étiquette, en la voyant comme arbitraire et non fondé, on va l'intérioriser, en la faisant sienne.    En s'auto-désignant comme un être à part.

  Et imaginez vous, qu'est ce que ca peut avoir comme conséquences pour la santé mentale, si un être humain arrive à la conclusion, qu'il est une erreur.

  Et bien à coup sûr, vous allez vous penser comme anormal, comme non-humain. Dès lors, vous pouvez vous dévaloriser et vous détester et être assaillis, sûrement, de doutes et de culpabilité.

  Cela peut même conduire, à l'apparition de pathologies mentales. (dépressions, troubles obsessionnels compulsifs, etc...)

 

  Les discriminations ne sont pas des phénomènes inévitables et il est faux de dire qu'elles sont inhérentes à tout type de sociétés. Plus une société est inégalitaire et véhicule des dominations, plus elle est susceptible de générer ce type de violences. On ne nait pas harceleur, on le devient. Et c'est bien la socialisation des personnes, ce long processus de conditionnement social, qui conduit à des codes et des références d'exclusion, propices à une légitimation

d'êtres supérieurs ou inférieurs.

 

  Dès lors, il semble essentiel, pour toute politique de promotion de la santé, de comprendre et de lutter contre les phénomènes de discriminations et de bouc-émissaires.

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  Même si ces tragédies ont lieu dans toutes les sphères de la société, il apparait prioritaire d'agir au niveau de l'école, des collèges et des lycées.

  Il faut multiplier les initiatives, tel que « Sentinelles et référents ». Plus largement, il faudrait un plan, pour toute l'éducation nationale, pour sensibiliser les personnels, les adultes, aux ravages, aux fléaux de toutes les formes de discrimination.

 

  Le phénomène n'est pas un problème de chamailleries entre enfants ou d'histoires personnelles, mais bel et bien un problème collectif, un problème d'organisation des relations humaines, du vivre ensemble.

  Fête du Centre Hospitalier Guillaume Régnier(CHGR)

                                du 24 Mai 2019

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  Un hôpital psychiatrique n'est pas qu'un lieu d'enfermement et il s'y passe plein de choses.

  N'en déplaise à un dernier documentaire télévisé-dont je tairai le nom- tout ne va pas mal au CHGR.

  Des patients et des professionnels s'engagent-via un comité interassociatif- pour faire vivre des évènements culturels et festifs au sein même de l'établissement.

  Ensemble, ils ont construit, élaboré et organisé une fête sur le terrain de foot-ball.

 

  Lors de cette fête, chaque structure (associations, CATTP, etc...) avait son stand. Ils ont vendu de petits objets et diverses créations à petits prix. Toutes ces réalisations sont l'oeuvre des patients. Que ce soit une création florale, une chaise réparée, une poterie, une sculpture, un tricot, tout cela prouve la créativité et la perspicacité des usagers en santé mentale.

 

  Et quand des soignants croient au potentiel des soignés, valorisent leur singularité et font preuve de sollicitude, on réalise des évènements, avec eux ...et pour eux !

  En plus, pour vraiment pas cher, on a pu manger des frites et des galettes saucisses !

 

  Mais pas de fête sans concert.

  Cette année, les organisateurs ont mis le paquet. Ils ont invité une « star » de l'interprétation de la variété française et internationale : « Costic »

  Lui et ses danseuses ont mis le feu à l'hôpital.

  Le chanteur, se travestissant pour chaque interprétation, a bluffé toute l'assistance, tant ses imitations étaient justes et spectaculaires.

  Nous n'étions plus à l'HP, mais dans un concert ressemblant à n'importe qu'elle autre concert.

 

  Il est certain que pour tous les patients et notamment pour ceux qui ont du retourner dans leur unité après l'évènement, la fête du CHGR fût une bouffée d'oxygène de vie sociale et de convivialité.

 

  Surtout, nous invitons les médias-notamment les grandes chaînes de télévision-à sortir de leurs approches souvent trop négatives, pour venir voir et parler, du mouvement, des réalisations de tous ceux, soignants et soignés, qui veulent une vie sociale et culturelle, à l'intérieur même de la psychiatrie.

           30e semaine d'information sur la santé mentale

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                                                           à Rennes du 16 Mars au 5 Avril 2019

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                 santé mentale à l'ère du numérique

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  Cette année, la Semaine d'Information sur la Santé Mentale, la SISM, portait donc sur le rapport entre santé mentale et numérique.

  Le numérique envahit nos vies et il a un impact majeur sur notre santé mentale. Il est source d'inquiétudes, d'espoirs et d'interrogations.

  Le numérique peut-il devenir une addiction ?

  Peut-il aider les personnes en souffrance mentale ?

  Dois-je laisser mon jeune enfant tout seul avec une tablette ?

  Etc …

 

 

  Le forum

 

  Cette année, le forum fut de retour sur la place de la mairie. Symboliquement, cela montre, qu'à Rennes, la santé mentale, sujet toujours aussi tabou, a le droit de cité. En outre, cela a permis de « capter » beaucoup plus de monde.

  Tout au long de la journée, les bénévoles et membres du collectif de la SISM, n'ont pas arrêté d'aller vers les gens, pour leur présenter le programme de la SISM.

  En outre, diverses animations eurent lieu.

  Un petit film, « le cosmos mental », fait par Psycom, fût l'occasion de parler de santé mentale et de questionner les gens sur les conditions d'une « bonne santé mentale ».

  Des panneaux étaient installés sous la tente. Ils ont interpellé les passants sur des déclarations pétris de préjugés sur les troubles psychiques. Ils étaient accompagnés de réponses, factuels, déconstruisant les préjugés.

  Le public pouvait aussi s'essayer à des jeux collaboratifs, organisé par l'association « 3 hit combo » .

 

  Mais comment toucher plus de personnes ?

 

  Notre arme fut l'association Psycomédie. Ainsi, deux comédiens de talents ont offert des œufs aux chocolats aux passants. A l'intérieur, un thème sur la santé mentale, que les deux « troubadours » ont transformé en petites scènettes. Puis échanges sur des questions de santé mentale et invitations à s'intéresser à la SISM.

  Ce fut aussi l'occasion, avec tous nos flyers et documents, de présenter toutes les structures de Rennes.

  Et pour tous les acteurs en santé mentale, c'est aussi le moment de se voir et de se revoir, d'avoir des nouvelles, d'échanger sur les évènements à venir.

 

  au cinéma

 

  Après ce moment « militant », nous somme allés, à 20 h, voir le film « her » au TNB.

  Ce film d'anticipation, réalisé par Spike Jonze, nous montre une société où on ne vit quasiment plus avec les êtres humains, mais avec des oreillettes qui font à peu prêt toutes les tâches de communication (envoi de mails par voix vocale, etc...)

  Le protagoniste installe un nouveau logiciel « intelligent » qui apprend tout seul et devient autonome.

  Cet être humain va donc tomber amoureux de ce logiciel, donc de son ordinateur et vivre une histoire d'amour avec lui...

  Ce qui est frappant dans ce film, c'est qu'on a l'impression que tout le monde vit dans sa bulle.

  Rien à voir avec aujourd'hui ?

  Et bien, si l'on observe les gens dans le métro, dans une salle d'attente, ou sur un banc public, on peut dire que c'est déjà presque le cas.

  En effet, les gens qui ne décrochent pas de leur smartphone-on ne voit plus leur visage-sont tout le temps ailleurs, de moins en moins en intrer-actions avec les personnes physiquement présentes.

 

   La téléconsultation

 

  Le lundi 18 Mars, à la maison des associations, eût lieu une conférence-débat intitulée : « Les enjeux de la consultation : apports et limites »

  Nous avons parlé de cette opportunité, qu'est la possibilité d'avoir une consultation médicale via la visioconférence.

  Pour en débattre de façon concrète, le docteur Fanny Jacq, fondatrice de la plateforme Doctoconsult, a animé la soirée.

  Bien sûr, comme souvent quand on parle de nouvelles technologies, beaucoup de fantasmes peuvent s'agiter.

 

  Mais on peut légitimement avoir peur d'une chose : la téléconsultation peut-elle supplanter la consultation physique classique ?

 

  Le docteur Fanny Jacq nous a expliqué que la téléconsultation était un outil complémentaire à la psychiatrie de visu.

 

  En effet, dans certains cas, la visioconférence peut pallier des carences.

  Dans un monde où l'on voyage de plus en plus et où l'on part s'installer à l'étranger de plus en plus, la téléconsultation permet de ne plus rompre la relation avec son psy.

  En effet, si vous avez réussi à construire avec votre thérapeute, une « bonne relation » , il serait dommage de la rompre, en rechignant à la téléconsultation.

 

  Les autres arguments sont liés à l'organisation des soins en psychiatrie en France.    Malheureusement, les psychiatres sont débordés et ils manquent cruellement de temps.

  De façon pragmatique, ils peuvent une fois leur semaine faite dans leur institution, avoir un peu de temps le samedi matin. Pourquoi n'utiliseraient- il pas ce temps, entre deux croissants et sans sortir de chez eux, à s'occuper en libéral, de quelques patients.

 

  L'autre réalité de la psychiatrie, en France, c'est la concentration des psys dans quelques régions (Ile de France, Sud-Est, etc...) et la désertification dans d'autres régions.

  Dès lors, pourquoi un patient, en « zone blanche », se priverait-il d'un très bon psy parisien, qu'il pourrait avoir grâce à la téléconsultation ?

 

  Nous voyons donc qu'il existe de nombreux intérêts à la téléconsultation.

 

  Mais elle soulève aussi des doutes et des inquiétudes.

 

  Tout d'abord, est ce que voir son thérapeute, via l'écran d'un ordinateur, c'est la même chose que le voir dans la vie tangible ?

  Le meilleur moyen de traiter des troubles psy reste le travail sur la relation humaine entre un soignant et un soigné.

  Mais ce n'est pas qu'un échange de mots.

  C'est aussi un échange de regards, de mimiques, de sourires, de grimaces etc...

  Bref, la relation se passe aussi par le corps.

  Or, a-t-on les mêmes sensations lors d'une rencontre via l'écran qu'avec une rencontre classique ?

  Certes Fanny Jacq nous a expliquée que la règle était qu'avant toute téléconsultation, il devait y avoir une rencontre en « présentiel ».

  Elle a bien insisté sur le fait que la téléconsultation n'avait pas pour vocation de remplacer des consultations classiques.

 

  Mais à Info Psy Rennes, nous voyons toujours le mal partout et mauvaises langues, nous ne pouvons nous empêcher de prendre en compte les intérêts économiques.

  Le constat est alarmant. Les services publics de psychiatrie (hôpital, CMP, etc...) manquent cruellement de soignants, notamment de psychiatres.

  Les délais d'attentes explosent. La durée de consultation et la fréquence des consultations se réduisent de façon drastiques.

  Les financeurs expliquent qu'ils sont obligés de réduire les coûts.

  Or les plates-formes de téléconsultations coûtent moins chères.

  Il ne faudrait donc pas, qu'insidieusement, la visio-conférence remplace les consultations classiques (même si pour l'instant cela reste encore de la pure science fiction).

  Nous ne faisons pas de procès d'intention aux promoteurs de plate-formes

et nous ne doutons pas de leur sincérité.

  Mais malheureusement, l'histoire montre, que le libéralisme économique, peut parfois détourner des nouvelles technologies, pour « casser » les services publics. Et il ne faudrait pas arriver à un système à deux vitesses, avec la téléconsultation pour les plus pauvres et la consultation de visu pour les plus riches.

 

  Alors, à nous d'être vigilants et à faire que cet outil, la téléconsultation (et nous avons vu l'utilité qu'elle peut avoir) soit maîtrisée et au service de toutes ces personnes qui n'arrivent même plus à obtenir un RDV avec un psychiatre.

 

   Usages du numérique

 

  Les réseaux sociaux et/ou les jeux vidéo peuvent il devenir une addiction ?

  Quels sont les dangers des réseaux sociaux ?

  C'est avec beaucoup d'humour et de dérision que le duo théâtral « psycomédie » a abordé le sujet, le vendredi 22 Mars, à l'espace social Aimé Césaire.

  Les comédiens ont joué de petites scénettes propices à faire réagir la salle.

  De nombreux usagers étaient présents. Les artistes ont réussi a vraiment créer une bonne humeur. Dès lors, le public n'a pas hésité à questionner et interpeller les comédiens.

  Ce moment fut l'occasion d'aborder des problèmes très concrets.

 

   Les mots de passe

 

  Même les personnes en bonne santé mentale peuvent « pêter un plomb » parce qu'ils ont oublié un mot de passe pour une démarche (administrative, professionnelle, etc...) très importante.

  Encore, si nous avions qu'un seul mot de passe pour toutes nos activités sur internet, cela faciliterait les choses.

  Mais plus internet envahit nos vies, plus nous avons de mots de passe à retenir.

  En outre, on nous conseille fortement de ne pas les noter sur un papier (trop dangereux) mais de les retenir dans nos têtes.

  Voilà un aspect anxiogène du numérique.

 

  Vie privée, Vie publique

 

  Ce thème peut-être illustré de façon édifiante, par le film « the Circle » de James Ponsoldt.

  Avec psycomédie, nous avons évoqué le problème des photos mises sur les réseaux sociaux.

  En gros, il faut être très prudent.

 

  Nous avons pris l'exemple d'une jeune femme qui fête tranquillement Noël avec sa famille. Elle a un peu bu et s'est habillée « un peu classe », légèrement sexy. Un membre de sa famille, sans aucune intention malveillante, fait une photo d'elle, et la « poste » sur les réseaux sociaux.

  Le problème, c'est que cette photo, sortie de son contexte-la fête de noël-peut nuir à l'image de cette femme, en étant détournée.

 

  Mais il y a pire.

  Les comédiens nous ont raconté une histoire effarante.

  C'est une jeune femme qui est dans sa chambre et qui s'ennuie beaucoup.

  Il pleut et elle ne sait pas quoi faire.

  Alors pour s'amuser un peu, pour « délirer », elle se prend en photo elle- même, en selfy, dans des positions et dans des attitudes « sexy ». Elle prend juste des photos. Elle ne les partage pas sur internet.

  Un jour, elle vend son portable. Elle prend bien soin d'effacer tout ce qu'il y a en mémoire sur l'appareil.

  Sauf que, nous apprend Psycomédie, il existe une mémoire persistante, cachée.

  Le nouveau propriétaire du Smart Phone s'amuse à regarder ce qu'il y a dans cette mémoire cachée. Il trouve les photos de la jeune femme.

  Et, sans doute, pour faire le buz, il les publie sur internet.

 

  Le message de psycomédie n'est pas qu'il faille se priver des outils numériques, mais qu'il faut être prudent dans certaines utilisations à risque.

 

   Addictions et dangers

 

  Lors de la conférence du 18 Mars intitulée « écrans et jeux, pas tout le temps » l'addictologue, Morgane Quemeneur, nous a expliqué que l'usage du numérique ne pouvait pas devenir une véritable addiction. En tout cas, pas une addiction physique.

 

  Certe, une surconsommation de jeux vidéo, jeux de hasard et d'argent peut aboutir à une addiction psychique.

  En revanche, une consommation excessive peut engendrer des conflits dans une famille et une multitude d'inquiétudes pour les parents.

 

  D'ailleurs, le psychologue, Jean-Charles Chauveau nous explique que les tensions entre les parents et leurs enfants, liés aux jeux vidéo, peuvent venir de l'ignorance des parents en la matière.

  Par exemple, si vous autorisez votre enfant à commencer une partie de jeux de rôles, il ne faut pas vous étonner qu'il refuse de venir dîner une demie-heure après. Non, il sera tellement pris par le jeu et surtout en lien avec sa « guilde » (sa bande de joueurs), qu'il ne peut pas arrêter le jeu comme ça.   C'est un peu comme si vous autorisiez votre enfant à faire une fête chez vous, mais que vous décidiez de tout arrêter à 22 h, alors que la fête vient à peine de commencer.

 

  Sur ce sujet, les jeux vidéo, la conférence du 27 Mars aux champs Libres, intitulé « Les dangers du numérique : mythes et réalités » a apporté beaucoup d'éléments intéressants.

  Le conférencier, Yann Leroux, se présente lui-même comme un « geek psy ».

Il explique qu'il faut arrêter de culpabiliser les gens avec leur consommation de jeux vidéo. Ce ne sont pas des drogues. Ils ne sont pas plus dangereux qu'une partie de cartes entre amis qui finit très tard la nuit.

 

  Mais la question pourrait être : si une personne développe une pathologie psychique, peut-on l'amputer à une surconsommation de jeux vidéo ?

  Cette question ressemble un peu à celle entre le lien entre cannabis et la schizophrénie ?

  Ceci interroge aussi la question du lien social.

  Des personnes fragilisées, en replis sur-elles mêmes, n'arrivent plus à avoir l'énergie et les compétences sociales pour aller vers les autres. Dès lors, est ce que les jeux vidéo pourraient être un palliatif « positif » pour ces personnes ?

 

  Durant la table ronde-débat du jeudi 21 Mars, intitulé, « Les médias et les usagers », une intervenante, membre de l'UNAFAM, a clairement répondu à cette question.

  Pour elle, le numérique a permis à son fils, avec des troubles schizophréniques, de se reconnecter avec les autres.

  Au début de façon virtuelle, certes, mais pas que.

  Les amis qu'il s'est fait sur la toile sont devenus des amis dans le monde réel.

  Mais est ce que ce passage du monde virtuel au monde réel est très répandu ?

 

  Plus généralement, dans nos vies, n'y a t'il pas une concurrence entre notre temps passé sur internet et note passé en interactions direct.

 

  Et si le numérique est un moyen incroyable de susciter nos désirs, ne nous enferme t-il pas dans des « passions creuses » ?

 

  La multitude des possibilités de communiquer ne nous renvoit-elle pas à des simulacres, un zapping, cache-misère de nos solitudes ?

  Peut-être que le plus important est que le numérique soit une œuvre collective au service du lien social.

 

   Associations « psy »

 

  Le café-citoyen du mardi 19 Mars, intitulé « numérique et associations hospitalière : nouveaux usages, nouveaux partages » montre que le numérique peut être un outil d'inclusion sociale.

 

  Historiquement, avec entre autres, le mouvement de la psychothérapie institutionnelle d'après-guerre, des clubs et autres associations, ont fleuri dans les hôpitaux psychiatriques de France.

  C'était l'idée et c'est toujours l'idée que la thérapie peut aussi venir de la vie sociale et des œuvres collectives.

 

  Les patients d'hier et d'aujourd'hui ont souvent le sentiment qu'ils ne peuvent pas s'exprimer et qu'on ne leur donne pas la parole.

  Dès lors, de nombreuses associations hospitalières ou d'autres structures psy ont créé leur propres journaux.

  Bien sûr, ils parlent de la vie et de l'actualité de leur asso, mais ils évoquent aussi des sujets sans rapport avec la santé mentale.

  Les hobbys et autres passions sont des moyens de lutte contre la déprime et l'isolement.

  Et c'est encore plus chouette quand on peut les partager avec les autres, en écrivant un article sur le sujet.

 

  Mais le problème des journaux papiers, pour des petites structures est le coût de l'imprimerie et la difficulté de la diffusion.

  Grâce à internet, tout un chacun, petites ou grandes structures peut s'exprimer beaucoup plus facilement.

  Surtout, les petites structures ou même des individus, peuvent, pour une somme modique, être présent sur internet en achetant juste un nom de domaine.

  Et grâce à des éditeurs intelligents, ils peuvent créer des sites attractifs sans pour autant être des pro de l'informatique.

  L' « écho des esprits », le blog de l'association « réseau 5 » est même un lieu de discutions puisqu'il permet « à tous ceux se sentant concernés de près ou de loin par l'association réseau 5 » de déposer des réactions et des commentaires sur le site en s'inscrivant via son adresse mail.

 

  Nul ne peut nier que l'outil internet permet d'améliorer considérablement la communication et l'expression.

  Elle favorise le dialogue, le travail des personnes qui auparavant n'auraient pas pu rentrer en contact, ou aurait par la poste, dû attendre longtemps avant d'avoir eu une réponse.

  Le numérique, c'est donc l'instantanéité et la possibilité de parler au monde entier (enfin avec tous ceux qui sont connectés).

  Il paraît donc évident que face à cette « marée » inéluctable, il fasse tout faire pour que les personnes fragilisées et parfois très éloignées de l'informatique (personnes âgées, avec des troubles psy engendrant des déficiences cognitives, etc...) participent à l'avènement du monde numérique.

  Ainsi, il faut développer les blogs des structures psy et créer encore plus d'aidants au numérique.

 

 

  Pour conclure,

 

  Les différentes actions de la SISM de Rennes ont répondu, dans leur diversité, à comprendre l'impact du numérique sur notre santé mentale.

 

  On pourrait dire que les réactions sont de trois ordres.

 

  Ceux qui pensent que le numérique est plutôt contraignant et qu'il s'ajoute aux pressions sociales déjà existantes. En gros ça les « em...de ».

  Ils font aussi remarquer que l'informatique, c'est bien, mais quand ça veut bien marcher. Dans les débats, on ne parle jamais de tous ces bugs qui nous pourrissent la vie !

 

  D'autres au contraire, font l'apologie du numérique et pensent qu'il est une chance pour l'humanité.

 

  Les plus nombreux répondent : « oui, mais »

Ils pensent qu'une utilisation raisonnée, prudente et critique du numérique permet le rapprochement des humains et donc un pouvoir d'expression à ceux qui ne l'auraient jamais eu.

 

  Mais la critique la plus récurrente contre le numérique est le contrôle social et le comportement des GAFA.

  Il est effrayant de voir qu'une oligopole est en train de se constituer un magot de nos données personnelles.

  La mascarade est dantesque. Ces multinationales sont magnanimes : ils nous offrent des supers services, gratuitement.

  Mais comme le dit le nouveau adage : si c'est gratuit, c'est que c'est vous qui êtes le produit !

  Ce qui se passe, c'est que ces entreprises ont accès à nos données les plus intimes, notamment celles qui concernent notre santé mentale.

  Dès lors, on peut craindre qu'un état ou une compagnie d'assurances s'en serve pour juger de notre citoyenneté ou de notre rentabilité de soigné.

  Et c'est déjà le cas. En Chine, tous les citoyens sont « notés », pour évaluer leur « crédit social ».

 

  Mais revenons à la psychiatrie. La question pourrait être : est ce que le fait d'avoir beaucoup de données personnels (grâce au smart phone, à la montre connectée ect...) sur sa santé mentale, permet d'aller mieux ?

 

  Les patients n'ont ils pas plus besoins de vie sociale et d'intégration sociale que de savoir combien de pas ils ont fait dans la journée ?

 

  Les patients n'ont ils pas plus besoin de professionnels (soignants, éducateurs, assistants sociaux, etc...) bien formés et bien payés que de savoir combien de temps, à la seconde près, ils ont dormis ?

 

  L'argent dépensé pour notre santé mentale ne doit-elle pas plutôt aller vers une amélioration des conditions de soin que vers une certaine e-santé mentale, qui osons le dire, n'est souvent qu'un gadget de plus.

 

  Mais ne soyons pas négatifs et pessimistes. Nous avons vu dans cet article que le numérique pouvait aussi activer ou ré-activer le désir et donc permettre un processus de soin et une réhabilitation psycho-sociale.

 

  Ce qui est certain, c'est que sans le numérique, Info Psy Rennes n'existerait pas...

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                          La plénière du Coneil Rennais en Santé Mentale

                                                 le mardi 26 Mars à la maison des associations

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  Cette année, la plénière du CRSM fut très vivante et interactive.

  Après une intervention très fournie de l'anthropologue Pascal Plantard , on donna la parole aux acteurs en santé mentale qui utilisent le numérique comme vecteur d'expression et/ou d'inclusion sociale.

  Des expériences riches, originales qui montrent qu'à Rennes et ailleurs, les initiatives en Santé Mentale sont aussi fructueuses que dans d'autres domaines (culturelle, économie sociale et solidaire, etc...).

  Le numérique permet l'expression (l'écho des esprits, IPR ,etc...) et l'accès au travail et à la création (Atypick, My human Kit, etc... )

  Cela prouve que le numérique, quand les usagers s'en en part, est une chance pour la promotion de tous leurs talents.

  En effet, la créativité, l'innovation sont les forces de beaucoup de personnes en troubles psychiques.

  Et si, comme ce fut le cas pendant cette plénière, on leur donne un peu de reconnaissance sociale et de soutien, cela développe les compétences et "l'empowerment" des usagers.

  Les organisateurs de la Plénière ont aussi mis en place, après les interventions des différentes structures, un forum déjeunatoire où chaque structure avait son stand.

  Ce fut donc l'occasion de prendre des contacts, d'échanger et de s'expliquer pour que toutes ces « belles histoires » liées au numérique puissent se développer.

  Et oui le lien social ça s'organise !

  Merci à tous les organisateurs de cette plénière.

                  Café rencontre de l'UNAFAM* du 27 février 2019

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*L'unafam est l'union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques

 

 

  L'UNAFAM Ile et Vilaine poursuit ses efforts pour informer et mettre en débat sur les questions de troubles psychiques.

  Pour cette réunion de rentrée, elle s'est associée avec « le bistrot mémoire de Rennes ».      Cette dernière est une association qui aide les gens concernés par les maladies neurodégénératives.

  En outre, le CREFAP (Centre Ressource Famille et troubles Psychotiques), un des partenaires de l'UNAFAM Ille et Vilaine, a contribué à l'animation de la soirée.

 

  Cette rencontre fut l'occasion d'échanger sur les ressources et stratégies que l'on peut mobiliser face à la « maladie » d'un proche.

 

  On peut retrouver des similitudes entre des personnes affectées de troubles psychiques et celles atteintes de troubles cognitifs.

  Notamment sur l'engagement des aidants.

 

  La question peut être simple : comment aider un proche qui perd beaucoup d'autonomie ou se met en danger ?

 

  Et même si on aime son proche, on ne devient pas un aidant « efficace » comme ça. Ce n'est pas inné, ça s'apprend.

 

  Ce qui peut être difficile, c'est de gérer ses réactions et émotions, par rapport à un lien forcément très affectif. Les pères et plus souvent les mères-par effet du genre- peuvent avoir tendance à surprotéger leur enfant. Et même à devenir infantilisants.

  Dès lors, il est nécessaire que les parents trouvent la bonne distance avec leur enfant.

  D'ailleurs, « l'aidé », le « malade » doit aussi faire un effort pour que ses parents ne soient pas trop proches. Ils ne sont pas son psy ou son confident. Chacun son rôle !

 

  Le café rencontre de l'unafam révèle aussi le besoin d'informations des aidants. Malgré les efforts des uns et des autres, il persiste, pour les « entrants » dans le trouble, une certaine solitude. Heureusement que des bénévoles sont là pour organiser des réunions d'informations et d'échanges !

  Souvent, la solidarité se fait entre ceux qui sont concernés par le trouble depuis longtemps et ceux qui « entrent » dans le trouble. La transmission, par les plus « anciens », de connaissances, de stratégies et d'astuces permet aux « novices » de trouver les meilleures prises en charges pour leur proche.

  Et transmettre ce n'est pas que charitable, ça fait aussi du bien ! En effet, cela peut engendrer un fort sentiment d'utilité et de reconnaissance.

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  Surtout, on se rend compte que de nombreuses personnes vivent les mêmes difficultés.       Or ça ne sert à rien de rester seul face à des maladies aussi bouleversantes et avec ce sentiment d'impuissance, qui peut vite se transformer en un total découragement. Non, mieux vaut lutter ensemble, avec des associations qui permettent de se rassembler, de mutualiser les moyens et de ne plus subir le cercle vicieux de ces maladies si isolantes.

 

  L'autre difficulté pour les aidants est la peur que peut engendrer les troubles psys ou cognitifs.

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  Pourquoi cette peur ?

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  Parce qu'ils ont un effet miroir sur les failles et renoncements des personnes « saines ».      Regarder les troubles psychiques, c'est regarder, via les personnes les plus fragilisées, tous les dysfonctionnements de notre monde. C'est pour ça, que le combat pour une meilleure santé mentale est le combat de tout le monde. Et pas celui du chacun pour soi.

                                                        AG de l'autre Regard

                                           du 26 Avril 2019

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  L'Autre Regard est la plus importante association « psy » de Rennes.

  Elle compte plus de 200 adhérents. Elle propose : « des espaces de rencontre basés sur la créativité et différents modes d'expression ».

  A l'inverse de certaines structures, à Rennes, elle est composée de nombreux animateurs salariés (presque dix) et d'une direction.

 

  Cette AG fut l'occasion de faire le bilan de l'année 2018.

  Le plus grand événement fut l'acquisition de nouveaux locaux, à la Donnelière. Cela a permis de mieux accueillir toutes les activités proposées par l'association.

  Et il y en a un nombre incroyable : théâtre, vidéo, peinture, informatique, jeux de société, ping-pong, philo,etc... Et bien sûr toutes les sorties. On compte plus de 48 « temps » dans la semaine.

  Le plus souvent, toutes ces activités sont co-animées avec des adhérents bénévoles.

 

  La grosse actualité de l'association, c'est la poursuite, imposée par certains financeurs, de la structuration en deux entités : GEM et accueil de jour.

  Le GEM, Groupe d'Entre-aide Mutuel, est l'organisation qui permet aux « usagers » de créer et de faire vivre des activités, de façon autonome, mais avec l'aide de professionnels salariés.

  Le GEM permet donc à des personnes en fragilité psychique et souvent exclues de la vie sociale, de retrouver du pouvoir, une emprise dans leur existence sociale.

 

  Quant à l'accueil de jour, il est plutôt un dispositif médico-social centré sur l'accompagnement personnalisé.

  La prise en charge doit être efficace et montrer qu'elle fonctionne. On doit savoir ce qu'on fait.

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  Elle s'oppose donc à la philosophie historique de l'Autre Regard qui fut et est encore basée sur la liberté et la spontanéité des adhérents.

  En gros, vous venez dans l'asso, vous n'avez pas à montrer « patte blanche », vous n'êtes pas jugé et vous vous insérez dans le collectif sans avoir à rendre des comptes.

  En effet, si l'on demande trop de papiers, de justifications aux bénéficiaires, ils peuvent le ressentir comme une intrusion, un contrôle, qui au final, les fera se détourner de la structure.

  On ne réglera pas les problèmes de santé mentale à coups de procédures et de protocoles.

  Même si l'accompagnement personnalisé, le contrat peut susciter un engagement et une motivation, il ne faudrait pas qu'il freine l'inventivité, la créativité des adhérents, dans la recherche de solutions pour eux-mêmes.

 

  L'Autre Regard doit garder son âme.

  Elle doit continuer à être soutenu, notamment financièrement, car toutes les dynamiques humaines qu'elle crée et qu'elle a créé, sont une aide précieuse pour les personnes en fragilité psychique de Rennes.

              Les 10 ans du café du GEM l'Antre-2

                                        le 22 novembre de 18 h à 21 h

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  Depuis plus de 10 ans, en plus de ses activités réservés aux membres, l'Antre-2 a mis en place un café ouvert à tous et toutes.

  Généralement, les jeudis sont consacrés à une soirée, avec des artistes qui viennent apporter une dimension culturelle de qualité à l'association.

  Mais le jeudi 22 novembre, ce fut la fête, car nous avons célébré les 10 ans du café.

 

  La salle était pleine et la convivialité au rendez-vous. Outre les adhérents et les animateurs, les divers responsables de structures psy, de nombreuses personnes, non concernées par les troubles psy, étaient présentes : des voisins, des sympathisants, et même une personne qui fait de l'amap à côté du local …

  Dès lors, pour cette soirée, une véritable mixité, une "intergénérationnalité", a permis une fête joyeuse et riche de nos différences.

 

  L'animation de la soirée fut entretenue par deux musiciennes, Raphaëlle et Corinne, membres du collectif « tête à l'est ».

  Elles ont merveilleusement bien mis « l'ambiance » par leur talent de musiciennes et surtout par leur volonté de faire participer toute la salle.

  Nous avons donc chanté, dansé... et surtout nous nous sommes bien amusés.

 

  Les co-présidents de l'association nous ont dit un mot sur l'importance du café pour leur vie sociale. Tout simplement, un membre a dit : « ...c'est la vie qui s'affirme ici ».

  En effet, le GEM l'antre-2, créé en 2005, est un moyen efficace pour rompre l'isolement des usagers et pour retrouver du pouvoir sur ses activités. En s'engageant dans le GEM et dans son café, ils peuvent retrouver un sentiment d'utilité, propice à combattre les difficultés psychiques.

 

  Enfin, l'association nous a offert un pot et de délicieux mets, entièrement cuisinés par les adhérents (et oui, on n' a pas toujours besoin de faire appel à un traiteur pour le buffet).

 

  Cette soirée aura aussi été l'occasion de se revoir. Notamment, les ex-membres ont pus échanger avec les membres actuels sur l'évolution du café et du GEM.

  On a pu constater l'émergence d'une nouvelle génération, qui a été capable de créer une nette dynamique de groupe, propice à l'intégration de toutes et tous.

 

  Pour conclure, on peut dire que le café a réussi, au fil des ans, a « déghettoïser » une association psy, en rendant possible la rencontre de personnes en souffrance psychique et des personnes qui viennent juste la, pour la convivialité du lieu.

  Pour les 10 ans du café de l'Antre-2, souhaitons leur longue vie !

                 Conférence SISM, 27 septembre 2018 au Mabilay

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                                                                       Xavier Briffault

                        (science sociales et épistémologie de la santé mentale, cnrs-cermes3)

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quelques grandes évolutions dans la recherche et leurs conséquences sur la prise en charge des patients

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  Et les nouvelles technologies s'occupèrent de la santé mentale …

 

  Est ce que le numérique peut apporter des choses positives à des personnes en troubles psychiques et même, a toutes personnes ayant des questions sur sa santé mentale ?

 

  Pour Xavier Briffault, chercheur en sciences sociales, la réponse est clairement oui.

  Lors de cette soirée, le conférencier nous a vanté tous les mérites du numérique appliqué à la santé mentale.

 

  Tout d'abord, avec éloquence, il a pointé les limites de la psychiatrie et plus globalement du traitement des troubles psy (petit ou gros).

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  En effet, aujourd'hui, les informations, les données qu'on peut avoir sur un patient sont très limitées. La plupart du temps, il s'agit d'une brève consultation dans un bureau. Elle est trop courte, pas assez fréquente et limitée spatialement.

  Nous ne pouvons qu'abonder dans le sens de Xavier Briffault, quand il dit que la psychiatrie classique manque d'analyse sur les différentes situations, contextes et environnements du patient.

  Nous sommes aussi d'accord quand il critique la vision dominante de la psychiatrie, qui individualise, biologise, cérébralise la personne humaine, ne la voyant finalement que comme un individu « hors-sol ».

 

  Mais que propose -t-il à la place ?

 

  Un tout numérique, qui permettrai d'augmenter considérablement les données observables et les statistiques sur les personnes en souffrance psychiques. Dès lors, de façon pragmatique, la possibilité d'intervenir via une foule d'applis intelligentes.

 

  Mais la critique de la psychiatrie « hors-sol » ne date pas d'hier. Tout un courant de la psychiatrie alternative, dont notamment la psychiatrie institutionnelle avait déjà compris l'importance de mieux

connaître le patient, dans ses situations concrètes et quotidiennes, pour le resituer dans les multiples relations et rapports à autrui. Mais la fécondité de ces approches est l'importance de la relation physique, à l'opposé de la relation « virtuelle », celle avec des relations non-humaines.

  Jamais le numérique ne remplacera la nécessitée d'avoir un regard, une mimique, un sourire, des mots sincères, etc... Eux seuls sont capables de faire que le patient se sente considéré et écouté.

 

  Mais bon, le numérique n'est qu'après tout qu'un outil.

  Mais un outil est-il neutre ? Et surtout a-t-il-un intérêt pour la santé mentale ?

 

  A priori, on ne peut pas être contre un outil qui récolte des données personnelles et crée une incroyable statistique sur soi.

  Xavier Briffault nous a très bien exposé les différents supports utiles à la e-santé mentale.

  Il nous a notamment parlé du Smart Phone, bien sûr, et aussi beaucoup de la montre connectée.

  Avec ces machines on peut avoir tous les observables du passé et du présent, en temps réel. Par exemple, on peut avoir les marqueurs physiologiques (rythmes cardiaques, périodes diurnes, mouvements dans la journée, etc...), d'activités sociales (nombre de sms ou de mails envoyés, ) et donc on peu inférer des données psychologiques.

  Ainsi, si je ne me suis pas servi de mon Smart Phone, que le GPS a enregistré très peu de déplacement et que le frigo connecté n'a pas été ouvert, c'est que peut-être, que je couve une dépression.

 

  Mais quelle psychothérapie sous-tend l'e-santé mentale ?

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  On peut dire que les thérapies comportementales et cognitives (TCC) se marient très bien avec l'approche numérique. C'est l'idée qu'on peut corriger « un mauvais comportement » ou « une mauvaise pensée » par toute une batterie de coercition, de s'interdire graduellement certaines choses. Se forcer à un autre comportement pourrait changer « un esprit malade ». Sauf qu'avec l'e-santé mentale, ce ne serait plus vous qui vous auto-contraindrez, mais la machine qui le fera à votre place.

  Plus globalement, on pourrait dire que toutes ces approches s'accordent pour dire que les troubles psychiques sont un manque de performance. Autrement dit, il faudrait toujours être performant et connecté pour être en bonne santé mentale. On peut aussi voir les troubles, notamment psychotiques, comme un manque d'adaptation. Mais tous ces outils ne vont il pas créer de nouvelles contraintes et convenances sociales, pour des personnes qui n'arrivent déjà pas à gérer la « normalité sociale ».

 

  En outre, le digital peut être anxiogène pour des personnes fragilisées (TOC, personnes âgées, handicapés cognitifs). En effet, l'informatique ça ne fonctionne pas toujours bien (les bugs, les contradictions, etc...).

 

  Mais Xavier Briffault va plus loin. Il nous parle de nouvelles villes entièrement connectées.

Entre les caméras connectées, les forces de l'ordre connectées (police, pompiers), les e-montres, les smart phones, les appareils domestiques connectés, qui toutes cherchent à se connecter entre-elles, on pourrait arriver à une connaissance très fine de notre "sociotope". Ceci faciliterait la vie de tout le monde et donc améliorerait la santé mentale de tous et toutes.

 

  Une autre grande question vient nous hanter : Qui va détenir et contrôler toutes ces données sur notre vie privée ?

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  En effet, tout ce « data » n'est pas stocké sur nos appareils connectés.

  Elles sont quelque part, mais pas nulle part.

  Tous nos clics et opérations sur nos objets connectées laissent une trace indélébile, mémorisés sur des serveurs donc sur un lieu physique. Et la gratuité de tous les services qu'on peut avoir sur internet est un leurre. Comme on dit : si on ne paye pas en donnant de l'argent, c'est qu'on paye en donnant ses données personnelles.

  Toutes ces données de notre vie privée récoltés par les multinationales du numérique servent en fait à cibler notre profil, pour nous envoyer des pubs pour lesquelles on sera le plus sensible.

  Et ce qui fait encore plus peur, c'est qui dit qu'un jour ces multinationales ne vendront pas ces données personnelles à des assureurs ?

 

  Mais revenons à la santé mentale et à la situation de la psychiatrie aujourd'hui.

  Le problème n'est pas le manque d'objets connectés, mais la pénurie de moyens financiers et humains.

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  A l'hôpital, les patients sont entassés dans des petites chambres jusqu'à 3 personnes, les activités thérapeutiques qui restaient sont en train de disparaitre et surtout la parole, faute de moyens, est de moins en moins accueillis. Quant aux soignants, ils souffrent aussi beaucoup et sont dépassés. Les infirmiers et aide-soignants font des burn-out et de nombreux psychiatres se suicident.

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  Dès lors, pourquoi la collectivité devrait elle financer des programmes de développement du numérique alors qu'il y a tant à faire pour l'hôpital et le secteur public ?

 

  Bien sûr, il ne faut pas être anti-technologie. Et si certaines personnes, grâce au numérique vont mieux et bien tant mieux.

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  En fait, la question est aussi : A qui s'adresse l'e-santé mentale ?

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  Nous pensons que pour les personnes ayant des troubles psys graves (schizophrénie, bipolarité, etc...)ce n'est pas quelques objets connectés qui suffiront à les sortir de leur souffrance.

 

  Les êtres humains sont faits pour vivre avec d'autres êtres humains et les machines ne les remplaceront jamais.

                                          Tremplin Rock le 30 mai 2018

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  Quoi de neuf au CHGR(l'hôpital psychiatrique de Rennes) avec l'été qui approche ?

 

  Et bien, le 30 mai 2018, de 11h à 20h, sur le terrain de foot du CHGR, a eu lieu un festival

de musique intitulé : « Tremplin Rock »

 

  Grâce à la motivation et à l'enthousiasme de soignants et de soignés, via les associations Ensemble, Suzy Rousset et l'Autre Regard, il fut organisé un moment de festivité et de « déconnection ».

  Notons la participation de l'hôpital et de la ville de Rennes. Cette dernière a prêté et installé des infrastructures (scène, etc...).

  L'évènement s'est aussi financé grâce à la vente de boissons et de nourriture.

 

  Pour les personnes hospitalisées, qui ont de moins en moins accès à des activités et encore moins à des évènements culturels, ce fut une bouffée d'oxygène de vie sociale.

Ils sont comme tout le monde, ils ont le droit d'accéder à une fête. Ici, l'entrée est libre et gratuite, il n'y a pas de vigile pour dire : « Toi tu rentres, toi tu ne rentres pas ».

 

  Peut-être que pour l'intégration sociale, il faudrait plus de fêtes publiques (fête de la musique, etc...) et moins de fêtes privées.

  Cela nous interroge sur la sociabilité, et même sur la socialité (les dimensions cachées, non dites du lien social).

  Le voir par rapport au « prisme » de la psychose est révélateur.

  Car si la personne s'isole, se replie sur soi, c'est aussi qu'elle ne rentre pas dans « le moule social ». Elle ne dit pas ce qu'il faut dire, a des propos incongrus, gênants, etc...

  En gros, elle ne joue pas le « jeu » de la sociabilité.

 

  Mais notre propos n'est pas ici de dire que les personnes psychotiques sont « des victimes sociales ». En effet, la pathologie psychique peut entraîner un manque de calcul social, une inadaptation qui ne peut être résolue que grâce à l'intégration sociale.

  Cependant, il reste vrai que la « privatisation de la vie », le chacun pour soi, le chacun vit sa vie et la diminution à des appartenances collectives (politique, religieuses, etc...) alimente la psychose des plus fragilisés.

 

  Concrètement, un évènement comme le « tremplin du Rock », ça permet d'oublier ses soucis, qu'on soit psychotique ou pas.

  La question est donc bien celle de l'accès et de l'accueil de personnes différentes, qui peuvent « déranger ».

  L'enjeu est donc social et politique : soit on construit une société de l'entre-soi au frontières sociales et culturels hermétiques, ou soit on construit une société aux rites sociaux qui intègre tout le monde et où les organisateurs et les animateurs font preuve de volontarisme par rapport aux « particularismes ».

  Dès lors, il ne faut pas "ghettoïser" les personnes en troubles psychiques, mais tout faire pour la mixité sociale.

  Et c'est ce qu'a joliment réussit a faire le tremplin du Rock, en mélangeant des groupes pro (Ooz Band, Fred K, A Benn, Marcequs Bastard, The Wall Factory, etc...) et amateurs, de patients (Studio Riff, Aliénation, les chats noirs dans le cosmos électriques, etc...) Tous musiciens quelles que soient ses difficultés.

 

  Le tremplin rock aura été un évènement convivial qui a permis de briser l'isolement de beaucoup d'usagers des services psy.

  Encore une fois, nous ne pouvons qu'exhorter les financeurs à soutenir de telles initiatives et à les multiplier.

  Elle ne sont pas juste des moments récréatifs, mais favorisent la « bonne santé mentale ».

 

  Pas que des médicaments, de la vie sociale aussi !

           29e semaine d'information sur la santé mentale                                                                Rennes 2018

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  Cette année, à Rennes, la semaine d'information sur la santé mentale, SISM, portait sur l'enfance et la parentalité. De nombreuses actions ont été organisées du 12 au 25 Mars 2018.

  C'est grâce à la motivation de tous les bénévoles et coordinateurs, qu'une fois encore, on a cherché à déstigmatiser les troubles psychiques. En outre, certains ont cherché à élargir le sujet, en évoquant de manière générale, la santé mentale.

  Les évènements ont été dans leurs formes, assez hétéroclites : de la conférence, au débat en petits groupes en passant par la bibliothèque vivante.

 

  Cette SISM a aussi été très utile pour les habitants, comme par exemple l'action du Mardi 20 Mars, à l'espace social Commun du gros chêne, intitulé : « Les troubles du comportement de l'enfant ».

  En plus des questions sur l'explication des troubles, de nombreux professionnels (pmi, mdph, asso,etc...) ont répondu sur des problèmes concrets, sur les droits sociaux ou encore les aides existantes.

 

  Notons aussi l'innovation de l'action du Jeudi 15 Mars : « Faisons tourner la parole ».

Elle a réussi, par sa configuration, a donner la parole à des personnes qui habituellement ne l'ont que brièvement ou même pas du tout. Un des animateurs s'est même enthousiasmé : « Cette fois-ci, ils ont pu parler avec leur cœur ! »

 

  Au niveau « intellectuel », au niveau de la recherche, l'évènement le plus intéressant fut sans conteste, la dernière action de la sism, le 24 Mars, intitulé : « la place du jeu vidéo dans la famille :  pratiques, enjeux, propositions ».

  Le spécialiste, Pascale Minotte, psychologue, nous a tous impressionnés par son érudition et sa puissance intellectuelle.

  Pour lui, il ne faut pas sur-évaluer les écrans et les jeux vidéo. Ils ne sont pas forcément toxiques en soi. D'ailleurs par rapport aux jeux vidéo, pour le chercheur, il ne faut pas parler d'addiction, mais de consommation excessive. En effet, si vous forcez quelqu'un, en bonne santé mentale, à prendre de l'héroïne pendant une semaine, il deviendra immanquablement dépendant. En revanche, si vous forcez cette même personne à jouer aux jeux vidéo, toute une semaine, 12 h par jours, elle ne deviendra pas dépendante.

 

  La thèse du chercheur est que la surconsommation de jeux-vidéo correspond toujours à une mauvaise période pour la personne. Il explique aussi que les jeux-vidéo sont une activité sociale riche de sens. Elle permet notamment de répondre à des besoins de l'adolescence : construction identitaire et reconnaissance des pairs.

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  Plus généralement, que peut-on dire sur le sujet de la SISM 2018 : enfance et parentalité ?

 

  Intéressons nous à la parentalité par rapport aux troubles psychiques.

 

  En 2018, en France, qu'est ce qu'être parents d'un enfant en troubles psychiques ?

 

  Déjà, sans parler des pathologies psychiques, on peut dire que la famille évolue. On passe d'un modèle traditionnel, où en gros, on obéit à ses parents, à un modèle « moderne » fait de négociations. L' « idéal-type » actuel serait : l'enfant ne doit pas juste obéir, il faut lui faire comprendre pourquoi il fait ceci ou cela et on peut quand il a un peu de maturité, passer des compromis avec lui.

 

  Si on se donne une perspective historique encore plus grande, on voit que la famille en tant que cellule sociale, perd énormément de sa force.

  Finis le temps des sociétés rurales, où on était obligé de rester toute sa vie dans sa famille.

  Aujourd'hui, on va faire sa vie ailleurs et dès 18 ans beaucoup ne vivent plus chez leur parent.

  On peut constater que même si certaines familles peuvent rester solidaires et proches, de nombreuses autres éclatent, ou en tout cas n'entretiennent plus des relations de proximité.

  Ce phénomène de société est en rapport avec la transformation de toutes les autres instances de socialisation-école, entreprise, etc... -conduisant à toujours plus d'individualisme et de complexité.

 

  Sur ce sujet, d'autres questions sont à poser : aujourd'hui, en France qu'elle est la place de la famille dans la société et quelle est l'importance de la famille ?

  Ces questions ont-elles un rapport direct avec les troubles psychiques ?

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  Au niveau sociologique, on constate que l'intégration sociale-dont celle de la famille-favorise énormément une bonne santé mentale.

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  Mais au niveau psychologique, on constate que la personne en souffrance psychique peut être tiraillée entre deux besoins contradictoires : besoin de sécurité qu'il peut trouver dans sa famille et besoin d'émancipation qu'il peut trouver en s'éloignant de sa famille.

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  Paradoxalement, alors que dans les années soixantes-soixantes dix, on voulait séparer la personne « malade » de sa famille, aujourd'hui, pour certains, la solution serait de recourir à la prise en charge par la famille.

  Que de contradictions. On constate l'étiolement de la famille, une cellule sociale qui devient presque secondaire, mais on voudrait qu'elle devienne un remède aux troubles psychiques.

 

  Mais de façon plus pragmatique, comment les parents peuvent-ils-aider leur enfant, en notamment, trouvant la bonne distance avec lui ?

 

  Une des premières réponses qui vient directement à l'esprit, est la psycho-éducation.

Mieux comprendre une « maladie psychique » ne peut que favoriser une « meilleure gestion ».

Beaucoup de programmes on été développés, notamment ceux en direction des parents.(par exemple ceux de l'UNAFAM)

 

  Mais que faire par exemple, quand son enfant refuse de prendre des médicaments ?

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  Tout d'abord, on peut répondre que l'acceptation du trouble par la personne demande du temps. En outre, souvent, l'échec de l'observance du traitement est lié à la lourdeur des effets indésirables, qui sont loin d'être secondaires. Même les psys, parfois, ne se rendent pas compte du retentissement de ces effets.

  Alors qu'elle serait « la bonne stratégie », pour les parents vis-à-vis de la prise des psychotropes ?

  Surtout ne pas minimiser les effets indésirables. Ne pas dire : « Tu prends du poids mais en faisant des efforts, du sport, un régime, tu retrouveras la ligne ». C'est complètement faux. Les neuroleptiques induisent mécaniquement et inévitablement une prise de poids. Ne pas dire non plus : « tu dis que tu es tout le temps fatigué mais je trouve qu'en fait, tu es paresseux ». Non les neuroleptiques induisent une sédation qu'aucune volonté ne peut complètement supprimer.

  Non, il paraît plus adéquat de jouer franc jeu avec son enfant.

« Oui, les psychotropes ont aussi des effets néfastes sur toi, mais ils t'apportent aussi beaucoup de choses très positifs ». Il semble donc qu'il faut recourir à la stratégie : « coûts /bénéfices ». Certes, tu vas prendre du poids, mais grâce aux médicaments tu vas être débarrassé de tes angoisses qui te hantent. Ou encore, certes, tu vas te sentir souvent fatigué et vaseux (surtout au début du traitement) mais tu ne connaitras plus d'hospitalisations.

 

  Mais les troubles psychiques ne sont pas qu'un problème chimique.

Le rôle des parents est de soutenir toutes les tentatives et désirs de leur enfant dans les activités et réalisations. En effet, dans les psychoses, il faut livrer la bataille contre le repli sur soi. D'ailleurs même si les projets peuvent paraître farfelus ou incongrus, ils doivent être encouragés.

  Mais rappelons que les parents ne sont pas des soignants. Et c'est aux parents d'apporter un soutien affectif, même si leur enfant peut manifester une « froideur », une distance affective.

  Malheureusement, dans beaucoup de familles, des conflits et des tensions persistent. L'enfant peut se sentir étouffé par ses parents. Et ces derniers peuvent se sentir obligés d'intervenir.

  Du coup, c'est le rôle des soignants, en qualité de tierces-personnes, de réguler l'emprise parentale.

 

  Rappelons aussi que c'est aussi très dur pour les parents de connaître le « cataclysme »  de la pathologie psychique .

  Il ne faut donc pas que les parents restent seuls face à ce qui bouleverse toute la famille.

  Pouvoir en parler, échanger, être conseillé entre personnes vivant ou ayant vécu des expériences similaires, permet de relativiser et surtout de se sentir soutenu. Et même peut-être d'en faire un problème pas qu' individuel, mais aussi collectif.

  En France, l'UNAFAM remplit ce rôle.

 

  Mais même si l'on peut donner des conseils et des recommandations, il n'existe pas de remèdes clé en main. Car il n'y a pas de manuel pour être parents et encore moins de manuel pour être parents d'un enfant en souffrance psychique.

  En tout cas, il est certain que les parents ne peuvent pas à eux seuls soigner et même réhabiliter leur enfant.

  Il est nécessaire qu'il existe des structures de qualité où la personne peut développer son propre « moi » et ses compétences (tout le monde en a.) Des endroits où l'on n'est pas soumis au diktat de la performance et où l'on (re)crée des liens sociaux.

 

  Le regard des parents comme celui de toute la société doit toujours, malgré les épreuves, rester humaniste. C'est-à-dire voir une personne capable et dont l'altérité fait partis de notre humanité.

        Journée UNAFAM Bretagne    vendredi 1er décembre 2017

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                  Les liens familiaux à l'épreuve de la maladie psychique

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  Après une allocution d'élus et de l'ARS, la psychologue clinicienne, Hélène Davtian, nous a fait part de ses recherches sur la fratrie.

  Intellectuelle engagée, elle a beaucoup travaillée avec l'UNAFAM au niveau national.

  Docteure en psychologie, elle a obtenue une thèse-avec félicitation du jury !-pour ses travaux sur le rôle des frères et des sœurs dans les troubles psy.

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  Elle nous a d'abord expliquée l'évolution historique du rôle de la famille par rapport à un enfant en troubles.

  Alors qu'il y a encore 30 ans, la psychiatrie percevait la famille comme pathogène pour le malade et prônait donc la séparation, aujourd'hui, d'un extrême à l'autre, la famille est vue comme la ressource principale pour aider le patient.

  Elle est devenue compétente.

Hélène Davtian nous met en garde contre cette évolution. Notamment, elle fustige la notion d'aidant familial. La famille n'est pas une entreprise, qui pourrait produire une aide, un service compétent, professionnel.

  Non, la famille doit rester la famille. C'est-à-dire des relations humaines, où le lien de sang crée des devoirs et des droits, où l'on peut faire des choses sans contre partie. Mais elle ne doit pas se substituer aux soins et à toutes les interventions institutionnelles. La famille ne peut pas tout.

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  Nous ne pouvons nous empêcher d'ajouter une explication économique à cette évolution.

  Le néo-libéralisme est de plus en plus puissant en France. Sa première volonté est de diminuer les déficits, les « coûts » même ceux qui concourent à la cohésion sociale. Elle se sert de l'idéologie individualiste, celle de Malthus « aider les pauvres c'est créer encore plus de pauvres » pour justifier son action de « casse sociale ».

  Du coup, si la famille peut s'occuper principalement du patient, alors on peut supprimer des lits à l'hôpital et des places dans le médico-social et social.

  C'est pour ces mêmes raisons, la baisse des budgets, que les libéraux veulent développer les pairs aidants. Même si l'idée est séduisante, on peux mieux comprendre des personnes si on a vécu la même chose, elle sert de prétexte à supprimer des postes de salariés, notamment dans le social et l'associatif. Or, toutes les expériences montrent que des personnes en situation de handicap psychique, encore instables, ne peuvent pas assurer la pérennité des organisations. On ne peut se passer d'animateurs salariés, sans troubles psy.

 

  Mais revenons à la fratrie.

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  Tout d'abord, qu'est-ce que la fratrie ?

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  Evidemment ce n'est pas du tout les relations avec les parents.

  La psychologue insiste sur le fait que la fratrie est à la fois ressemblance et distinction.

On ressemble à son frère ou à sa sœur parce que on est de la même génération et que donc on a des expériences communes.

  En outre, on vient des mêmes parents, qui nous donne généralement les mêmes normes, valeurs et les mêmes repères.(la même éducation)

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  Mais on est différents. Tout d'abord parce que on est un garçon ou une fille. Et évidemment, la plupart du temps, on n'éduque pas son fils ou sa fille de la même façon. En effet, le genre-le sexe social- détermine toujours la construction identitaire.

  En outre, la différence des âges, si elle est élevée, conduit à être de générations différentes.

  Il est à noter que les frères et sœurs vivent de moins en moins ensemble. La scolarisation les a plus séparés qu'au temps où ils vivaient à la ferme. Ils vont à l'école,mais pas dans la même classe et souvent, après 18 ans, ils ne vivent pas dans le même foyer.

Mais Hélène Davtian remarque que l'on vit plus longtemps avec ses frères et sœurs qu'avec ses parents.

 

  Dans un monde moderne individualiste, les relations entre les frères et les sœurs se transforment et les liens se distendent. Les relations sont plus électives, c'est-à-dire que j'aide mon frère non plus parce que c'est un devoir filial, mais parce que je m'entends bien avec lui, je l'aime.

 

  Mais les parents et aussi dans une certaine mesure la fratrie, restent les derniers remparts à l'exclusion, notamment celle qui conduit à la rue. Tous les sociologues et les psychologues s'accordent à dire que la désaffiliation devient totale quand on va jusqu'à la rupture avec sa famille. Mais cela ne veut pas dire que dans certains cas, la famille peut être néfaste dans la conquête de l'autonomie. D'où l'intérêt d'avoir une tierce personne (psy, infirmier, éducateur) pour régler les conflits.

 

  Mais alors quel rôle pour les frères et sœurs ayant un de leur membre souffrant de troubles psychiques ?

 

  Et bien surtout ne pas se substituer aux parents et avoir des relations avec les frères et sœurs « normales ». Par exemple, on ne dit pas à ses frères ou ses sœurs la même chose qu'ont dit à ses parents. En outre, on n'a pas le même langage, le même humour ou encore les mêmes références culturelles. On ne fait pas la fête avec ses parents comme on le fait avec ses frères et sœurs.

 

  Mais alors comment faire pour aider un frère ou une sœur rencontrant des souffrances psychiques ?

 

  La réponse peut être simple : Il faut une fratrie fraternelle.

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  Ce propos fut parfaitement illustré par les témoignages de l'après-midi du colloque.

  Un surtout a bouleversé la salle.

Séverine vit au Canada depuis 15 ans.

  Elle a un travail qui lui plaît, un conjoint et s'est parfaitement acclimatée à son nouveau pays.

  Mais elle a un frère malade. Il souffre de troubles schizophréniques.

Elle explique que même à 10 000 km de lui, elle reste sa sœur et elle veut l'aider. Elle n'hésite pas, même avec le décalage horaire, à toujours répondre à ses demandes. Elle va même jusqu'à stopper son travail, pour l'avoir au téléphone, quand il est en pleine détresse.

  Mais son frère va toujours très mal.

  Un jour, elle décide de tout plaquer pour être auprès de ce frère qu'elle aime et qui a besoin d'elle. Elle démissionne de son travail (pourtant un bon poste) et convint son conjoint(canadien anglophone) de la suivre. Donc alors qu'elle avait une « belle vie » au Canada et qu'elle s'était quasiment acculturée, elle bouleverse sa vie pour son frère.

Séverine s'exprime très justement et de façon poignante.

  A ses paroles, toute l'assemblée retient ses larmes. Tout le monde repense à ses propres expériences. En effet, les troubles psy engendrent une tragédie pour toute la famille. Une détresse, une impasse ou parfois, seul l'humanisme d'un proche éclaire un bateau ivre de douleur. Mais Séverine conclut : « L'espoir ce n'est pas d'être optimiste, mais c'est de croire que tout ceci a un sens »

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  Ce colloque de l'UNAFAM aura été l'occasion de se confronter à un sujet oublié de la santé mentale : la fratrie.

  Elle aura permis-notamment via Hélène Davtian-de comprendre le rôle important joué par les frères et sœurs pendant la pathologie psychique.

 L'UNAFAM réussit toujours à mobiliser beaucoup de monde, 250 personne et des personnes refusées. Grâce au militantisme de ses membres (tous bénévoles), elle impulse de grands débats, utiles à une meilleur prise en charge des personnes en troubles psychiques.

  Cependant, il est dommage qu'elle n'est pas conviée au débat des patients.

En tout cas, il faut continuer à expliquer les mécanismes de la pathologie psychique et son interaction avec l'environnement et le social.

               Soirée du mardi 10 octobre 2017 organisée                                   par le SAVA itinéraire bis

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 Dans le cadre de la journée mondiale sur la santé mentale, l'association le SAVA itinéraire bis a organisé un événement de sensibilisation et de convivialité.

  Cette association lutte, en autre, contre l'isolement des personnes en troubles psychiques. Ainsi, elle cherche a redonner de l'autonomie aux personnes en intervenant sur le terrain, dans la vie réelle.

 

  L'association a profité de l'évènement pour faire monter sur scène un groupe de musique, les « melting carambar », des usagers de la structure, qu'elle soutient fortement. Avec une fraîcheur incroyable et bravant leur timidité, ils ont interprêté différentes chansons de leur répertoire.

Donner l'occasion à des personnes en troubles psychiques de s'exprimer, de faire voir leur talent artistique, leur créativité, c'est aussi ça la thérapie.

 

  Puis nous avons visionné un film documentaire : « vacarme » réalisé par Emmanuel Guionet et Blandine Roussel.

  Il a été produit par l'association.

  Bien sûr ce n'est pas le premier film parlant des troubles psychiques. Mais celui- ci a le mérite de rentrer dans le quotidien de la vie des personnes en troubles psy.

 

  Comment le SAVA itinéraire bis intervient pour aider les personnes ?

 

  Il utilise le dispositif « savs » (service d'accompagnement à la vie sociale). Le principe est de ne pas cantonner l'aide à des consultations dans un bureau mais d'aller au cœur des difficultés, c'est- à- dire dans la vie concrète des personnes.

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  Mais attention ils ne sont pas là pour faire de « l'assistanat » ou pour faire à la place.

  Par exemple, si le bénéficiaire n'arrive plus à faire son ménage, les accompagnants ne vont pas se substituer au travail de la personne, mais avec toute leur inventivité, ils vont savoir la stimuler, pour qu'elle le fasse ou le cas échéant, qu'elle le fasse avec.

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  Tout au long du film, on voit que les accompagnants, forts de leurs expériences et de leurs compétences, essayent de valoriser et de stimuler les appétences, les désirs qui restent, malgré les troubles psychiques. Leur rôle n'est pas de juger ou d'incriminer. Encore moins de dénoncer des « délires » ou des replis sur soi. Non, ils oeuvrent à rendre la personne plus autonome.

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  Et ça marche !

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  Bien sûr l'asso ne peut régler d'un coup de baguette magique, l'extrême solitude, les addictions, et surtout la violence économique. En effet, le fonctionnement économique ne veut pas faire de place aux plus fragilisés. Vous n'êtes pas performant, vous n'avez pas le « savoir-être » et bien pour le capitalisme, vous n'êtes rien.

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  Mais malgré tout, la structure, montre qu'avec de bonnes techniques d'approches, une bonne distance, un travail d'équipe, on peut sortir les gens d'un marasme et du cercle vicieux du repli sur soi. Il est à noter que les bénéficiaires sentent la sincérité et l'empathie des intervenants. C'est à cette seule condition qu'ils acceptent de s'ouvrir à un inconnu. Et si le bénéficiaire et le professionnel réussissent à « s'apprivoiser » alors ils peuvent créer une relation de confiance. Dès lors, ils comprennent que les accompagnants ne sont pas là pour les contrôler, mais pour trouver des solutions, tous les deux.    Ensemble, ils co-construisent un savoir, singulier, qui même s'il ne résoudra pas tout, au moins il donnera un sens à toutes ces souffrances psychiques.

 

  Tous les patients devraient bénéficier d'une prise en charge de la qualité de celle du sava itinéraire bis.

Il faut donc montrer ce film au plus grand nombre et notamment aux responsables politiques pour qu'ils ne baissent pas les crédits, mais au contraire qu'ils les augmentent !

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  contact du Sava itinéraire Bis :  Tél : 02 23 41 60 99

                                                        Mail : sava@sava-itinerairebis.org

                                                        Site : www.sava-itinerairebis.org

  Assemblée générale du Gem-L'antre 2                                du 23 juin 2017

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  Comme tous les ans, l'AG a été l'occasion de faire le bilan de toutes les activités et d'évoquer les perspectives de développement. Cela a aussi été l'occasion de renouveler les mandats des co-présidents, noyau dur et stable de l'animation du GEM.

 

  Rappel

 

  Créé en 2005, le Gem l'Antre 2 œuvre pour l'intégration sociale des personnes rencontrant des difficultés psychiques et agées de 18 à 30 ans.

  L'originalité de la structure est qu'elle a créée un café en son sein. Cela permet une rencontre, une mixité entre les usagers et des clients, souvent des voisins du quartier.

  Une autre force du GEM, c'est de proposer régulièrement, les jeudis soir, des programmations artistiques (concerts, théâtre,etc...). Encore une fois, cela permet de sortir les bénéficiaires de leur isolement social et de leur donner accès gratuitement à des expériences artistiques de qualité.

 

  Quoi de neuf au Gem L'antre 2 ?

 

  Des activités ont disparu, d'autres sont apparues. En effet, le GEM doit composer entre les envies des nouvelles personnes, l'opportunité des partenariats et les financements possibles.

  Ainsi, récemment, des activités sportives ont été proposées aux usagers. En effet, il n'est pas forcément facile de s'intégrer dans un club de sport (les membres ne sont pas forcément bienveillants). Pouvoir faire du sport sans se prendre la tête (socialement) est un grand bénéfice pour les membres du GEM-L'ANTRE 2.

  Par ailleurs, saluons l'inventivité de la structure qui a réussi à transformer le terrain vague de sa location en un jardin (fleurs, potager,). Cette activité n'est pas que récréative. S'occuper d'un jardin, c'est aussi prendre des responsabilités (comme l'arrosage par exemple), et être fier des plantes qui poussent grâce à son travail. En faisant ensemble, en collaborant, en produisant, on se réapproprie aussi un peu sa vie.

 

  Il est aussi à noter que deux nouvelles animatrices salariées ont rejoint l'équipe. Gageons qu'elles apporteront toute leurs expériences variées et leur énergie pour renforcer le GEM.

 

 

  Le GEM-L'Antre 2 est une structure qu'il faut continuer à soutenir.

En effet, elle offre un réel pouvoir aux adhérents ( ne serait-ce que dans les choix des activités) tout en maintenant sa pérennité, grâce notamment à des animateurs et animatrices salariés souples, rassurants, non-infantilisants et compréhensifs.

                      Santé mentale et travail

                                                   28e semaine d'information

                                      sur la santé mentale

                                                                             du 11 au 26 Mars 2017 à Rennes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                        « c'est quoi ce travail ? »

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                                                  ciné-débat du samedi 11 Mars 18h au cinéma arvor

                                              film de luc joulé et sébastien jousse

 

 

 

 

  Comme tous les ans, le cinéma Arvor a proposé un film, en lien avec le thème de la SISM, cette année le travail.

 

Les réalisateurs Luc Joulé et Sébastien Jousse ont réalisé un film en immersion dans l'usine PSA Peugeot-Citroën de Saint Ouen.

Il s'agit de différents portraits d'ouvriers. On voit la personne en train de travailler et en voix off, elle explique son travail.

 

  Le film très original n' est ni misérabiliste ni revendicateur. Il laisse le spectateur seul juge de ce qui se passe dans l'usine.

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  Bien sûr, travailler à la chaîne n'est pas ce qu'il y a de plus épanouissant. Mais ce qui intéresse les réalisateurs, c'est le sens et l'adaptation psychique, que chaque ouvrier, avec sa singularité, met en place. Tenir en se racontant des histoires dans sa tête.

Tenir en philosophant. Tenir en étant fier de sa productivité.

Violence sur les corps. Impact sur la santé mentale.

Pourquoi certains arrivent à s'adapter ?

Alors que d'autres « craquent » ?

 

  A la fin du film, nous avons eu l'honneur d'échanger avec le réalisateur Sébastien Jousse qui a beaucoup étudié le monde du travail à travers ses autres films.

Lui qui n'est pas un idéologue ou un politique. Lui qui essaye toujours de montrer sans démontrer. Lui qui croise poésie et réalisme.

 Et bien, il pense, comme beaucoup de gens qui s'intéressent ou subissent, qu'en France et ailleurs nous assistons à une « régression » des conditions du monde du travail. Cette évidence ne semble pas partagée par tout le monde.

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                                             Ergorico

                                                              exposition et ateliers d'initiation à la mosaïque

                                                                  lundi 13 mars au centre Alma

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  C'est l'histoire d'un joli projet réalisé par des étudiantes en ergothérapie très dynamiques.

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  L'idée, c'est d'associer un maximum d'acteurs du monde psy et d'usagers.

Une œuvre collective, faite par différents patients, faites dans différents lieux.

Chacun et chacun a été invité à coller quelques pièces de mosaïques dans une petite zone de cette véritable production artistique.

 

  Tout le monde fut convié à l'inauguration le Lundi 23 Mars à 15h00. Les patients qui ont réalisés l'oeuvre n'étaient pas peu fier d'être là. Comme toujours, reconnaître les réalisations des usagers psys, permet une augmentation de leur estime de soi, eux qui

d'habitude sont considérés, via les préjugés de la société, comme des "incapables".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                         CENTRE DE LA THEBAUDAIS-UGECAM

                                portes ouvertes du 15 mars

 

 

 

  De plus en plus en France et ailleurs on ne soigne plus que les personnes affectées par des grosses crises.

 

  De plus en plus souvent, à peine la décompensation passée, on les renvoi chez eux, sans la poursuite d'une prise en charge.

  A charge de la personne de faire les démarches pour trouver une prise en charge, des activités, du travail.

Mais la personne peut-elle toute seule, avec ses propres ressources, forcément amoindries par les troubles psychiques, se relancer dans la vie.

Pour la personne en situation de handicap psychique, c'est non.

 

  En effet, ce qui se joue dans les troubles, ce n'est pas seulement de trouver un bon médicament. Non, la personne est malade psychiquement, mais aussi socialement.

Tous les professionnels doivent aussi l'aider à retrouver une dynamique sociale.

 

  Et, pour beaucoup, les consultations d'un psy ou l'aide d'un SAVS ne suffit pas.

Il est nécessaire de replonger la personne dans des structures sociales qui vont l'aider à retrouver une vie sociale et la pousser vers l'intégration sociale.

 

Alors que fait-on après l'HP ?

 

 

  Pour beaucoup, l'alternative peut être d'être admis au centre post-cure de la Thébaudais.

Le centre, créé en 1971 , à évolué dans la direction et les équipes de professionnelle et dans la prise en charge.

LE 1er intérêt de cette structure est la création d'une communauté d'usagers.

Vous n'êtes plus tout seul chez vous livré à vous-même. Vous partagez des activités, des loisirs, vous dormez sous le même toit, vous mangez ensemble, etc... Et choix très importants pour des personnes avec des déficits de sociabilité liés à des phénomènes d'égocentrisme, vous vous faîtes des copains, des amis, voir même pourquoi pas une petite amie.

  C'est fou comme une personne avec un ou plusieurs amis va beaucoup mieux.

 

  Le 2ème grand intérêt de la Thébaudais, c'est tout le travail des équipes de professionnels. Tout d'abord ce qui fait la force c'est la pluridisciplinarité des intervenants.

 

  Bien sûr, il est nécessaire d'avoir une prise en charge par un ou une psychiatre.

Mais il s'agit aussi que la personne trouve des choses pour s'investir. Cela peut être d'abord des loisirs, puis après du bénévolat, et pourquoi pas du travail.

 

  Pour cela, les infirmiers, les animateurs, les chargés d'insertion, les assistantes sociales travaillent ensemble.

 

  Le but du centre est aussi de restructurer la vie du patient.

Parfois, l'épreuve de la psychose peut mener à l'anomie, au sens du sociologue Emile Durkeim.

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  Ainsi, le patient s'engage à respecter les règles du centre.

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  La journée, il peut librement sortir du centre mais il doit être revenu pour les repas et rentrer avant 22 heures.

Il lui faut obtenir la permission s'il veut dormir à l'extérieur ou profiter d'un week-end.

Autre obligation, tous les matins, après le petit déjeuner, il doit en groupe avec des professionnels, expliquer ce qu'il va faire de sa journée.

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  Mais ce qui aide surtout à structurer son temps, ce sont les nombreuses activités que l'on va lui proposer.

 

Le centre post-cure, c'est aussi prévoir l'après.

Ainsi, dès qu'un patient arrive, on lui propose de faire une demande de logement social.

Car ce n'est pas en restant chez ses parents qu'on accède à l'autonomie. Et Dieu sait comme les conflits et les incompréhensions avec les parents sont source de régression et de non résilience.

  Le centre post-cure la Thébaudais est indispensable pour beaucoup de personnes voulant dépasser leur handicap psychique et social.

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  Malheureusement, pour toute l'Ille-et-Vilaine (1 million d'habitants), il n'existe dans ce centre que 35 places.

 

  On peut considérer qu'augmenter le nombre de places coûterait cher.

En fait, c'est de ne pas offrir une prise en charge complète (psychothérapeutique, sociale, d'insertion, etc) qui coûte cher.

 

  En effet, une personne non prise en charge va chuter et rechuter. C'est cela qui coûte cher. Dès lors, exigeons plus de places pour le centre la Thébaudais et pour les établissements de même type.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                 Santé mentale et travail, parlons-en

                        bibliothèque vivante au champs libres

                                              le vendredi 17 Mars

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  Comme chaque année, les champs libres en association avec le docteur David Levoyer et Laurence Renoux, nous on proposé de nous rapprocher au plus

près des professionnels en santé mentale et des usagers.

Pendant 20 minutes nous avons eu tout loisir d'écouter et de poser toutes les questions à une personne qui aura bien voulu « se confier » à un inconnu.

 

  On peut vivre sa psychose de façon très différente. On pourrait aussi dire qu'on peut vivre « l'expérience travail » de façon très différentes.

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  Certains vont être obsédés par le travail et voudront à tout prix travailler en « milieu ordinaire ». D'autres vont accepter le milieu protégé car ils jugeront que c'est mieux que rien ou que finalement l'ESAT ou l'entreprise adapté ça leur convient. Ils vont se construire sur cette activité. Le travail aura donc une importance dans leur « bonne santé mentale.

 

  D'autres, peut-être trop exigeants, ne vont pas supporter-surtout quand ils on fait des études-un travail qu'ils considèrent au rabais. Dès lors, ils préfèrent s'investir dans le bénévolat, où ils peuvent obtenir des responsabilités et effectuer des tâches « intellectuelles » et relationnelles. Malheureusement en France, pour la plupart des gens, le bénévolat ce n'est pas vraiment du travail. Du coup, il ne procure pas de reconnaissance sociale. Entre toutes ces options, la personne affectée de troubles psychiques essaye de se frayer un chemin, toujours singulier.

 

  Mais le patient ne vit pas dans un autre monde. Il est aussi affecté par la situation économique et sociale de son pays. Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui en France, pour une part toujours plus grande de la population, le travail est synonyme de souffrance et d'angoisses. Le chômage de masse, la précarité, le démantèlement de nos protections sociales mettent sous tension les individus. Dès lors, la personne déjà fragilisée par son trouble, aura encore plus de difficulté pour s'intégrer par le travail. On ne peut pas analyser la situation du travailleur handicapé sans faire le lien avec la situation de tous les travailleurs.

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                        TRAVAIL ET MALADIE PSYCHIQUE :

                                            TEMOIGNAGES

                                    vendredi 17 mars à l'espace social et culturel Aimé Césaire

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  Pour la première foi depuis 20 ans, il y a eu pendant la SISM 2017 à Rennes, un événement organisé et animé par les patients eux-mêmes.

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Même si la préparation fut parfois laborieuse, les patients ont réussi à s'affranchir de la tutelle des professionnels.

Ils ont, par eux-mêmes, réservés la salle, loués une sono, fait leur pub etc...

Ayant des difficultés, ils ont pus compter sur le soutien et la bienveillance du responsable de la ville de Rennes et de la coordinatrice de la SISM. Mais ils ont gardés leur liberté : dans le choix des sujets abordés, dans la configuration des échanges, dans l'animation.

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  L'évènement a surtout porté sur des témoignages. Comme d'habitude les personnes plus âgés, plus expérimentés ont expliquées leur parcours et donnés des conseils a des patients qui découvrent la psychiatrie et toutes ses viviscitudes.

Cet événement aura aussi été l'occasion de parler de l'importance des associations d'usagers, tant pour être représentés dans les institutions que pour créer des contres-pouvoirs.

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  Le collectif de la SISM a donc fait confiance a des patients. Et cela est plutôt une réussite.

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  Même s'il ne faut pas nier les difficultés des usagers, leur propre expression est indispensable. Qui mieux qu'eux, car ils le vivent tous les jours, peut exprimer toute la douleur et la complexité des troubles psy.

Si les politiques veulent améliorer les dispositifs, ils ne le pourront qu'avec la participation des premiers concernés : les individus en troubles psychiques.

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                       Le travail salarié, mais pas que !

                                                       Table ronde du SAVS ESPOIR 35

                                                                    le lundi 20 mars

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  Comment parler du travail pour les personnes en situation de handicap psychique ?

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  Les responsables et les professionnels du SAVS connaissent bien les problèmes des personnes en troubles psy. Ils savent que ce qui caractérise toutes les singularités pathologiques, c'est l'instabilité. Et bien entendu elle se retrouve dans le rapport au travail. Dès lors, les organisateurs de l'évènement ont fait le choix de ne pas expliquer la problématique de l'emploi de façon technique mais par rapport au vécu des personnes concernées.

 

  Nous avons donc écouté différents témoignages, avec à chaque foi un parcours différent, et une vision du travail différente

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  En général, au début de la maladie, les personne en troubles psychiques veulent absolument travailler. Même si heureusement certains réussissent à s'intégrer dans le monde du travail (que ce soit en milieu protégé ou non) beaucoup butent sur un monde social, celui du travail, qui ne fait pas la part belle aux personnes trop fragilisées. Souvent ce n'est pas le travail en lui même qui est difficile mais tous les « a côtés » sociaux. Ils trouvent que l'ambiance est mauvaise, que des personnes leur en veulent, que le chef ne les aime pas etc...

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  Le travail, un monde de plus en plus « inhumain » l'est encore plus quand on a tendance à interpréter les mots et les actes des autres.

 

  Dès lors, certains malades mettent une croix sur le monde du travail.

Heureusement on peut quand même participer a des activités sociales via par exemple le bénévolat. Et même l'engagement militant !

 

  Une personne a expliqué comment son engagement dans la commission des usagers du CHGR ( l'hôpital psychiatrique de Rennes) lui permettait de trouver un rôle social qu'elle ne trouvait pas dans le travail.

Une autre personne a expliqué qu'elle touche de l'argent de la collectivité (via l'allocation adulte handicapé) et qu'en échange elle « rend » en travaillant bénévolement dans des associations d'utilité sociale. Donc un moyen de rendre ce qu'elle a reçut.

 

  Comme tout être humain, les personnes en situation de handicap psychique ont besoin de trouver une place dans la société. Le travail peut y contribué mais bien d'autres activités sociales permettent d'exister socialement.

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                  Regards croisés sur la santé mentale

                                                   échange à la polyclinique st-laurent

                                                           le mardi 21 mars

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  Au sein de la clinique, plusieurs stands étaient tenus par des associations psy : UNAFAM, Coop1service, Crefap, etc...Ce fut l'occasion pour les visiteurs de connaître ces associations en parlant avec les responsables.

 

  Cet événement ne portait pas sur le travail.

Mais comme les responsables nous ont gentiment ouvert les portes de leur établissement nous avons décidé de parler de leur service psychiatrique.

Notre impression est que la structure propose des soins de qualité.

 

  Tout d'abord les personnes qui y sont admises ont tout le loisir de sortir et de rentrer librement pendant la journée. Cela crée un climat de confiance entre les soignants et les soignés.

 

  La force de l'établissement est le nombre et la qualité des activités proposés.

On trouve des activités habituels. Bien sûr l'art-thérapie : le dessin, la peinture, la sculpture etc...Cela permet à la personne en souffrance de se recentrer sur une œuvre et de se prouver, grâce à la bienveillance de l'animateur, qu'elle est capable de faire quelque chose, de créer.

En outre, le service dispose d'un impressionnant matériel de sport : des vélos d'appartements, ds rameurs, un punchibal etc...Il est évident que l'exercice physique permet de se défouler et donc d'évacuer les tensions.

 

  Les personnes hospitalisées ne sont donc pas laissés dans l'oisiveté et profitent d'innombrables occupations. Cela permet aux personnes de se ressourcer, de s'évader de leur quotidien, de leur environnement habituel.

Le fait de partager des activités permet de rencontrer l'autre et de sortir de son isolement. Il existe beaucoup de thérapies pour venir en aide aux patients : les médicaments, la psychothérapie dynamique, les TCC, l'art-thérapie, les méthodes de relaxation, etc... Or une n'est jamais défini et ne peut être proposé en tant que telle : c'est la création de liens affectifs. Il est impressionant de voir comment un lien damitié ou amoureux permet à la personne d'aller beaucoup mieux.

 

  Seul ombre au tableau pour le service psychiatrie de la clinique Saint-Laurent : chaque patient prend son repas dans sa chambre. Dommage pour la convivialité et la sociabilité que représente le fait de partager un repas ensemble.

 

  La clinique Saint-Laurent prouve que des soins de qualité sont possibles. Il en faudrait partout, pour tous et toutes.

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                      Santé mentale, travail, handicap :

                                   Quels possibles ?

                                                         Mardi 21 Mars au Triangle

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  En guise d'introduction, nous avons visionné un petit film, « parole de travailleurs », réalisé à l'ESAT d'Aubervillier.

Les personnes interviewées dans le film, relatent leurs satisfactions et leurs problèmes.

Satisfaction de pouvoir « être comme tout le monde », de travailler, de se sentir utile. Mais aussi les doutes, les difficultés de participer à un collectif humain. Pas forcément le travail en soi, mais plutôt toutes les inter-relations qui peuvent devenir difficiles quand on a un système psychique « égocentrique ».

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  Du coup, le film montre bien l'importance des moniteurs et autres travailleurs sociaux pour déminer les conflits, pour rassurer, pour aider sans assister.

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  Puis on a débattu de l'actualité et des enjeux de l'intégration par le travail. Une multitude de professionnels, dans des secteurs parfois bien différents, ont pris la parole pour expliquer leurs actions.

 

  Les professionnels ne manquent pas d'ingéniosité pour s'adapter aux besoins, toujours changeants, des personnes en situation de handicaps psychiques.

 

  Certains vont même, parfois sur le terrain, au cœur de l'entreprise, en tant que médiateurs. Ils favorisent ainsi l'intégration, surtout sociale, des personnes fragilisées.

 

  Mais tous ces accompagnements, aussi riches soient-ils, ne peuvent lutter contre la frilosité de certains employeurs (qu'ils soient privé ou publique). En France, l'image du « psychotique » est toujours aussi mauvaise, pétrie de préjugés, de fantasmes et de totales ignorances. Alors que dans d'autres pays, certains employeurs voient le côté positif de la psychose, comme par exemple la créativité. En France, la plupart des employeurs ne voient l'embauche d'une personne « psychiquement différente» que comme un coût et des tracasseries supplémentaires.

 

  Alors devons nous attendre une évolution de la mentalité des employeurs ou user de méthodes plus autoritaires ?

 

  En effet la loi qui oblige, en fait qui incite, les employeurs a embaucher au moins 6% de leurs effectifs, est dévoyée.

Soit les patrons préfèrent payer l'amande, soit par un effet pervers du système, ils « obligent certains de leurs travailleurs, déjà dans l'entreprise, à se mettre en RQTH( reconnaissance en qualité de travailleurs handicapés).

 

  Peut-être faudrait il user de « discriminations positive» ?

C'est à dire de réserver des emplois, plutôt sans tensions (gardiens de square etc... )aux personnes en situation de handicap psychique.

 

  Osons dire aussi qu'à Rennes, il y a trop de doublons dans la multitude des dispositifs.

Peut-être que des mutuellisations ou même des fusions entre des dispositifs très similaires permettrait d'augmenter l'efficacité globale. Mais attention dangers, il ne faudrait pas que les économies réalisées soient le prétexte d'une baisse des budgets alloué à la santé mentale. Non il faudrait que l'argent ainsi obtenu soit redéployé pour d'autres besoins de personnes en situation de handicap psychique...comme l'insertion sociale par le travail !

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Insertion professionnelle : l'expérience des Maffrais Services

                                                   portes ouvertes le mercredi 22 Mars

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  Les établissement ESAT (autrefois appellés CAT) sont souvent victimes de lourdes stigmatisations. Ils abriteraient des gens très malades, très déficients et très peu productifs. Comment faire disparaître ces préjugés ? Et bien en ouvrant les portes de l'établissement au public !

 

  Ainsi ce Mercredi 22 Mars nous fument accueilli, à la campagne, sur le site de Thorigné-Fouillard. Les professionnelles et les travailleurs, ont, très dispo, répondus à toutes nos questions. L'ESAT compte 3 activités : espace vert, cuisine et conditionnement. Certains travailleurs n'étaient pas peu fières d'expliquer leur travail, la technicité qu'elle requiert et les différentes facettes du domaine d'activité. Même si le travail est adapté aux difficultés des personnes, en terme d'aménagement de la durée et l'intensité de l'activité, ici on bosse vraiment !

 

  Même si le moniteur peut-être compréhensif, il est aussi la pour obtenir des résultats.

Surtout, comme nous l'avons dit dans les autres articles, le moniteur a aussi pour mission de gérer les « a cotés » du travail. Toutes ces petites inter-actions et relations humaines, insignifiantes pour les personnes dites normales mais qui peuvent prendre des proportions paralysantes pour des personnes dites « psychotiques ».

 

  Alors qu'à l'origine, les CAT puis les ESAT avaient été créés pour être un tremplin vers le travail en milieu ordinaire, force est de constater que beaucoup de travailleurs y passent toute leur vie professionnelle.

Et alors ? Si certains travailleurs se sentent bien dans cet environnement, pourquoi ils iraient voir ailleurs.

Le seul problème est pour les personnes qui souhaitent y rentrer. Elles doivent parfois, en moyenne, attendre 3 ans. Il faut donc augmenter considérablement le nombre de places dans les ESAT.

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Cela coûterait trop cher ?

Ce qui coûte cher c'est de laisser des gens sans travail.

 

Justement pour ne pas abandonner les gens au non-travail, il a été créé aux Mafrais Services, un service d'aide par le travail, dénommé SAT Hors les murs. Il s'adresse aux personnes qui aspirent à travailler en milieu ordinaire. Avec son conseiller la personne fait tout un travail. D'abord elle fait un bilan de ses expériences et de ses compétences, puis elle peut faire une étude sur le métier qui l'intéresse (par exemple interviewer des professionnels) puis elle est aidé pour faire son cv et lettre de motivation etc..Le conseiller peut même aller dans l'entreprise pour aider la personne.

  Cet accompagnement de qualité permet à la personne de retrouver confiance en elle, d'être rassurée et donc d'augmenter considérablement son «employabilité ».

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                      Travail ? Construire son parcours !

                                                  Forum du jeudi 23 Mars filrouge

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  Ce fût le dernier événement de la SISM 2017 de Rennes. Il a été apprécié par les participants car les organisateurs avaient choisi de faire des petits groupes qui ont été propices aux échanges.

 

  Il a été beaucoup question des parcours.

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  Alors que pendant les 30 glorieuses (1946-1974) la plupart des gens exerçaient une et même profession toute leur vie, à partir des des années 80, la dérégulation de l'économie bouleverse les parcours professionnels. Aujourd'hui de plus en plus de gens connaissent des stages qui durent, des CDD, de l'intérim. En outre, on change aisément de métiers, de secteurs. On peut se reconvertir facilement.

 

  Les personnes en situation de handicap psychique sont aussi concernées par ces évolutions.

On pourrait même dire qu'a l'instabilité économique s'ajoute l'instabilité psychique. En effet, beaucoup de personnes fragilisées psychiquement ont du mal à se maintenir dans l'emploi.

 

  Par exemple, les personnes affectées de troubles bipolaires de l'humeur peuvent se casser les dents avec le travail. S'ils accèdent à un emploi, qu'ils ont vraiment désiré, leur enthousiasme peut se transformer en accès maniaque (c'est à dire une grosse exaltation). Généralement, le patron est ravi car la personne a beaucoup d'énergie et devient donc très performante.

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  Mais malheureusement, cet état maniaque peut se transformer en véritable décompensation (délires, comportements extrêmement déplacés etc...)

Surtout, la décompensation peut déboucher sur une dépression. Après un tel bouillonnement, la personne n'a plus d'énergie voit tout en noir se sent très fatigué. Dès lors, l'employeur, perplexe, voit son employé méconnaissable, incapable de fournir le minimum d'efforts pour accomplir ses tâches.

  Il peut arriver qu'il la licencie ou qu'elle démissionne.

 

  Heureusement certaines personnes se stabilisent et réussissent à se maintenir dans l'emploi. Mais elles auront, avant la stabilisation, un parcours souvent chaotique.

 

  Autant une personne malade met généralement beaucoup de temps pour trouver un traitement qui lui convient, autant elle mettra aussi beaucoup de temps a trouver un travail ou une activité qui lui convienne.

 

  Entre les désirs irréalistes, les désillusions, les renoncements, les retraits, les ajustements, mais aussi les réussites, le parcours est souvent très sinueux.

 

  Même si le professionnel doit rappeler les réalités, il ne doit pas faire d'injonctions car cela peut casser un désir qui est parfois très mince. Mieux vaut que la personne se confronte elle même à la réalité et fasse ses propres expériences. Le professionnelle est la pour accompagner pas pour diriger la personne. A elle de trouver la piste, le chemin qui lui procurera un certain équilibre.

                                                      L'association le gué

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  Savez vous qu'il existe des associations au sein même de l'hôpital psychiatrique de Rennes (le GHGR) ?

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  Il en existe dans plusieurs secteurs. Nous avons effectué un reportage de plusieurs mois dans l'une d'entre elles, celle du secteur G 08* : l'association le gué.

 

*le secteur géographique qui correspond au pays de brocéliande. Il faut savoir que l'hôpital psychiatrique est divisé en secteurs. Si vous habitez tel quartier ou telle commune vous allez dans tel secteur.(comme à l'école)

 

  A quoi peut servir une association dans l'hôpital ?

 

  L'hôpital psychiatrique fonctionne pour apporter des soins à des personnes dites « psychiquement malades », en crise, en décompensation. Au sens stricto sensus, les soins sont l'administration de médicaments, leur dosage, l'évaluation, les prises de sang, les entretiens et aussi malheureusement, la mise en chambre d'isolement et même parfois les contentions.

 

  Or le rétablissement de la personne ne passe pas que par ce type de soins. La maladie psychique notamment la psychose est aussi la maladie de la relation, du rapport à l'autre et de tous les rapports sociaux. Dès lors les patients ont besoin de créer ou de re-créer du lien social, pour pouvoir dépasser leurs troubles psychiques. En effet, on observe chez certains patients, notamment pour les personnes dites « schizophrènes », un replis sur soi, une distance affective, une carence dans les capacités de sociabilité.

Mais ce n'est pas une fatalité.

 

  Tout d'abord les médicaments anti-psychotiques peuvent aider à retrouver une appétence social et à rentrer un peu plus dans « le jeu social ». Au sens de Bourdieu, qui voyait dans les relations sociales, la nécessité de se « prendre au jeu ». Mais bien sur les médicaments sont insuffisants. Il est nécessaire qu'il existe des dispositifs, des structures humaines pour relancer l'intégration sociale.

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  Et cela on l'a compris de puis bien longtemps. Dès le début du 20ieme siècle, des soignants (et quelques soignés) ont milité pour donner une dimension sociale dans la prise en charge des patients. C'est le fameux mouvement de la psychothérapie institutionnelle. Ainsi des acteurs de la psychiatrie ont décidé d'ouvrir des brèches, en créant des associations au sein même de l'hôpital.

S'associer pour vivre des choses ensemble, pour partager des activités et des projets.

  Il est difficile pour les gens les plus fragilisés de trouver une place dans la société. On peut déjà commencer par en trouver une dans une petite association.

 

  Mais pour que tout cela marche, pour que les soignés s'impliquent vraiment et y trouvent leur compte, il est indispensable, que les soignants partagent le pouvoir avec les soignés. C'est le cas pour l'association Le Gué.

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  Mais pourquoi une association dans l'hôpital ?

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  Le patient ne pourrait-il pas profiter de la multitude d'associations à Rennes, dans ce qu'on appelle « le milieu ordinaire ». Et bien non car la plupart des patients de l'hôpital ont besoin d'une association adaptée à leurs difficultés. Ils ont besoin de la compétence de soignants qualifiés qui sauront trouver les mots, l'attitude, la bienveillance, la bonne analyse pour favoriser l'intégration social a des personnes qui ont pu perdre des compétences sociales.

 

  Qu'est ce que l'association Le Gué ?

 

  On pourrait résumer l'association par une parole d'une patiente : « remettre de la vie la ou il n'y en a plus »

 

 L'association s'inspire du mouvement de la psychothérapie institutionnelle. Mais attention prévient sa présidente, Laetitia (toujours très dynamique) : « ce mouvement de pratique ne doit jamais être figé et doit toujours être réinventé ».

 

  Le premier principe de l'association est qu'elle ne doit pas être dirigée que par des soignants qui se contentent d'offrir des biens et des services à des patients consommateurs. Non l'association est co-dirigé par des soignants et des soignés.

 

  Pourquoi ?

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  Ce n'est pas qu'une question de démocratie. C'est aussi dans un souci thérapeutique.

Imaginez vous. Vous avez des troubles psychotiques. Vous vous êtes fâché avec tous vos amis, votre copine est partie, vous vous êtes fait virer de votre boulot. Vous vous enfoncez dans la solitude. Et un beau jour vous « pétez les plombs ». Vous vous retrouvez chez « les fous » à l'hôpital psychiatrique. On vous dit que vous êtes très malade et pendant 3 mois vous n'avez que la visite de vos parents.

Si votre état cognitif peut-être altéré, c'est surtout socialement que vous êtes en peine.

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  Que faire pour vous reconstruire ?

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  Et bien à l'association Le gué on vous propose de retrouver un peu de pouvoir sur votre vie.

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  Comment ?

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  En décidant collectivement des activités que propose l'association.

En participant à l'élaboration des projets.

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  Ainsi une fois par mois le conseil d'administration se réunit. Il est composé de soignants et de soignés. Ensemble ils décident ce que l'association va faire. Ils reçoivent les propositions d'activités des adhérents. Ils évaluent la faisabilité des projets, décident du budget qui pourrait y être alloué. Le C.A n'est pas une chambre d'enregistrement. Il est le véritable lieu du pouvoir de l'association. Il est le garant de la démocratie.

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 En fait,on pourrait dire que le fonctionnement de l'association s'inspire de la légende du colibris : « Un jour, il y eut un immense incendie dans la forêt. Les animaux terrifiés assistaient impuissants au désastre. Tous, sauf le petit Colibri qui s'activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. "Je fais ma part" répétait-il aux autres animaux incrédules »

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 C'est à dire qu'on mutualise les talents. On ne base pas les relations sur la concurrence et la maximisation du pouvoir personnel. Non ce qui compte c'est la coopération et la complémentarité. Dans cette optique, les soignants sont la pour stimuler les soignés et encourager les initiatives. N'importe quel patient peut s'il le veut et en est capable, prendre des responsabilités au sein de l'association. En effet, avoir du pouvoir, être reconnu pour son action, permet une réelle réhabilitation sociale du patient.

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  L'association le gué est aussi un moyen de favoriser les échanges. Ainsi les plus anciens peuvent transmettre aux plus jeunes bons nombres d'expériences. Des astuces pour s'en sortir dans les méandres de l'administration. Des conseils avisés sur les médicaments psychotropes. Et aussi les réconforter, en leur expliquant que parfois, la maturité peut faire baisser les troubles psys.

 

     Les sorties

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  L'association propose de nombreuses sorties. Elles sont très appréciés par les adhérents. Par exemple, il est souvent organisé des parties de pêche à pied, durant toute une journée. Ce sont de petites vacances dépaysantes et conviviales.Surtout elles cassent la division des personnes entre soignants et soignés. Il n'y a pas de blouses. Ce sont juste des gens qui partagent un bon moment ensemble.

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  En outre, il est souvent organisé des sorties aux cinéma ou a des évènements culturels.

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 Comme pour tout le monde, sortir permet d'oublier ses soucis et le train-train quotidien. Ces sorties peuvent créer des affinités entre les participants et pourquoi pas déboucher sur de réels amitiés(antidote au replis sur soi). Il est essentiel de l'organiser via l'association car certaines personnes fragilisées n'ont pas les ressources pour le faire elles-mêmes. Mais au fur et à mesure qu'elles expérimentent les sorties, cela peut leur donner la force de les réaliser sans l'aide de l'association. On l'a fait on peut le refaire.

 

    Les partenariats

 

  L'association ne roule pas sur l'or. Les financements qu'elle reçoit de l'hôpital sont maigres. Du coup elle privilégie les partenariats pour réaliser ses activités. Par exemple elle est membre d'un jardin collectif. Cela lui permet de proposer une activité jardin à moindre frais et en plus cela permet aux patients de rencontrer des amoureux du jardin qui ne sont pas lié à l'univers de l'hôpital psychiatrique. Une sorte de mixité. L'association utilise aussi les ressources de ses propres membres. Ainsi un adhérent a proposé aux membres de l'association de se rendre dans sa famille pour participer au battage des foins avec de vielles machines d'antan. Ce fut un grand moment de convivialité et de chants. Un petit film a même été réalisé. De bons souvenirs pour tout le monde.

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  L'association Le Gué a aussi lié un partenariat avec une association qui promeut et explique les jeux, qu'ils soient vidéo ou de plateau (l'association 3 hit combo). Des jeunes en service civique viennent expliquer et animer toutes sortes de jeux. La encore cela permet la mixité.

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  L'association a aussi contracté différents partenariats avec des artistes professionnel. Il viennent animer des ateliers dans les locaux de l'hôpital. Les intervenants, souvent très chaleureux, réussissent à casser les barrières du à l'hospitalisation, en étant aussi naturels qu'ils le seraient dans un autre endroit. Surtout, l'atelier valorise les patients. Ils sont très fiers de réaliser une œuvre. Ils sont encore plus fiers, quand parfois ils expliquent à des soignants comment « faire ».    Eux, que la société a relégué et a enfermé. Eux, que certains trouvent « déficients » ou avec une carence cognitive, ils peuvent transmettre, être « les profs ».

 

L'utilisation des médias et des nouvelles technologies

 

  Créer un journal ou tout le monde peut s'exprimer est une vieille idée de la psychothérapie institutionnelle. Tout le monde veut s'exprimer et être reconnu pour son expression.

 

 Malheureusement tout le monde n'a pas la chance d'avoir une famille ou des amis qui l'écoute...ou avoir un contrat avec un éditeur. Dès lors, créer un journal (ça ne demande pas beaucoup de moyens) permet à chaque personne, dans son domaine de prédilection (la pêche, l'histoire, la poésie,etc...) de créer un texte, le sien, en sachant qu'il sera lu. Il faut savoir que la créativité est souvent très forte chez les personnes psychotiques. Permettre d'en faire quelque chose de positive (ici le journal) est énormément thérapeutique.

 

  L'association Le Gué va plus loin. Grâce au dynamisme et à la perspicacité de sa recrue en service civique, Sarah, elle profite de la révolution numérique, pour améliorer l'outil du journal.                                                                                                                                                              Grâce a une page Facebook et un site internet, l'association se dote d'outils permettant d'augmenter considérablement l'efficience d'un seul journal papier. Alors que le journal d'une petite structure (au réseau social forcément limité) ne permet qu'une diffusion très modeste et limité à l'écrit, le numérique ouvre les possibilités. Concrètement, quand un patient veut parler d' un article qu'il a écrit, souvent il ne peut pas le montrer. Il n'a pas forcément un exemplaire sur lui et il ne peut pas dire d'aller en chercher un dans un kiosque. En revanche, avec internet, il lui suffit d'allumer son ordinateur ou son Smartphone et d'un clic, montrer son œuvre. Sarah insiste sur le fait que « c'est un espace dédié aux patients, c'est leur propre outil de communication ».

 

  Une autre activité de l'association, en lien avec d'autres structures est la réalisation d'une émission de radio : radio décalé sur radio C-lab.

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  L'émission est préparé par un atelier. Ses membres se réunissent deux fois par mois. Une fois au CSTC pour la préparation et une fois au studio pour l'enregistrement. On y discute du choix du thème de l'émission. On décide qui va prendre la parole et qui fait quoi. On choisit des invités. On réalise des micro-trottoirs. On s'assure de la diversité des points de vue. La encore c'est un très bon moyen de faire reconnaître la parole des patients.

 

 

 

  Le reportage que nous avons effectué au sein de l'association-et nous avons été très bien reçus-montre qu'il est possible, au sein même de l'hôpital psychiatrique, de changer les choses. Sans forcément beaucoup de moyens financiers (grâce aux partenariats).

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. Bien sûr l'association ne règle pas par elle-même tous les problèmes de l'H.P. Notamment le fait qu'on a de moins en moins de moyens humains-ne serait ce que l'écoute active du patient-pour prendre en considération toute la singularité du soigné. Mais l'existence et le développement de l'association Le Gué prouve qu'on peut faire autrement. Donner du pouvoir aux patients. Leur faire confiance. Assurer la pérennité des activités. Stimuler les désirs des personnes. Parfois même « recadrer » mais ne jamais prendre les patients pour des personnes passives qui devraient suivre des protocoles.

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  Les patients doivent aussi retrouver un sens à leur existence et les soignants ne devraient être que la pour les y aider.

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Pour plus d'information sur l'association Le Gué vous pouvez vous rendre sur son site internet : https://legueblog.wordpress.com

ou consulter sa page Facebook

                                         Café rencontre UNAFAM

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   L'UNAFAM Ille et Vilaine a organisé début décembre une rencontre pour toutes les personnes confrontées, de part leurs proches, à la maladie psychique.

 

   Même si depuis 30 ans le système psychiatrique prend beaucoup plus en considération les familles des malades, pour l'UNAFAM il reste des progrès à faire. En effet, les familles ne trouvent pas toujours les réponses à toutes leurs questions auprès des professionnels. Certains soignants sont encore réticents à associer les familles dans les soins et dans l'accompagnement.

L'idéal bien sûr c'est l'alliance entre le patient, la famille, et les professionnels. Mais il faut quant même rappeler à l'UNAFAM, donc aux parents que dans certains cas la famille est trop intrusive dans la vie du patient. Cependant face au chaos de la maladie, les parents sont souvent le dernier soutien pour le patient.

 

   Face à la détresse des familles, il a été créé à Rennes, de facon inédite en France, le « centre ressource famille et troubles psychotiques », le CREFAP. Sa mission est de renseigner et de conseiller les familles face à la complexité et parfois l'imbroglio, du système psychiatrique. Mais c'est aussi, bien sûr, aider les familles en les écoutant. Réussir à avoir une réelle attention vis à vis de la souffrance des gens c'est la meilleur arme contre l'abattement. En outre, le personnel du CREFAP sont des experts dans les rouages de la psychiatrie. Ils peuvent de façon tout à fait avisées, donner le bon renseignement, qui correspondra aux besoins des familles.

 

   L'UNAFAM quand à elle aimerait être encore plus connue pour pouvoir étendre son action envers les familles. Accueillir , avec plus de moyens, les parents qui découvrent la maladie de leurs enfants. Tout mettre en oeuvre pour que les familles trouvent des solutions pour le soin et l'accompagnement de leur malades. A l'UNAFAM on se soutient et on s'apporte des conseils. Ajoutons que les patients ont du mal à s'organiser pour défendre leurs droits (à part la FNAPSY et HUMAPSY). Dés lors c'est surtout les familles qui défendent les droits des usagers.

 

   Mais comment faire pour toucher plus de familles ?

   Et bien l'UNAFAM, comme les autres associations doit inventer ré-inventer de nouveaux formats.

   Et c'est en ce sens qu'elle a eu l'idée des café-rencontres. Car face à la gravité des troubles psychiques, il faut s'autoriser des moments de convivialité (c'est l'idée de se retrouver autour d'un café et peut-être la prochaine foi, dans un café), propices aux rencontres et aux partages.

 

Pour contacter le CREFAP : 02 99 87 55 78

Pour contacter l'UNAFAM Ille et Vilaine : 02 99 53 88 93

                 L'association : Lueur d'espoir

 

 

     Lueur d'espoir, qu'est ce que c'est ?

 

   Lueur d'espoir est une association rennaise d'aide aux personnes en difficulté psychologique. Elle s'adresse aux personnes souffrant de troubles dépressifs, que ces troubles isolent socialement. L'association veut s'adresser à tous ceux qui ressentent le besoin de parler de leurs difficultés et nouer ou renouer des relations sociales. Cependant, l'association ne propose pas d'activités de loisirs, culturels ou de sport, elle agit essentiellement par les bienfaits de la parole.

 

   Tous les vendredis après-midis, elle propose un groupe de discussion.L'après midi débute, en général, par la formation spontanée de petits groupes où la parole circule librement. Puis, en deuxième partie d'après midi, le groupe se rassemble pour une discussion collective dont le thème est proposé par l'un des participants.

 

   Chaque mois, le troisième mercredi du mois, les membres de Lueur d'espoir se réunissent dans une commune près de Rennes (Montauban de Bretagne, Saint-Malo etc...) afin de passer une journée ensemble, toujours en proposant des groupes de paroles et intervenants extérieurs.

 

   Les bénévoles, formés à l'écoute, ne sont pas des professionnels et s 'abstiennent de tout jugement.

 

 

     Qu'est ce qui fait l’intérêt de Lueur d'espoir ?

 

   D'abord comme nous l'avons dit, l'association permet à chacun de s'exprimer. Les personnes présentes respectent l'expression de chacun . On ne se coupe pas la parole. L'opinion de chacun est prise en compte. Parler, ça semble banal, en fait non. Parler suppose que quelqu'un écoute. A Lueur d'espoir, écouter c'est le rôle des accueillants. Ce sont des bénévoles qui donnent de leur temps en accueillant la parole des autres. En effet, à Rennes, comme ailleurs, de plus en plus de personnes se trouvent isolées . Pendant une semaine, ils ne parlent presque à personne (hormis un bonjour au revoir au voisin, quelques paroles aux commerçants, etc...). L'être humain est un être social. Une solitude subie peut le rendre malheureux.

 

   L'autre intérêt de Lueur d'espoir est de développer le sentiment d'appartenance à un groupe dans la durée. En effet, Lueur d'Espoir ce ne sont pas pas des relations informelles sans lendemain. Vous êtes assuré, tous les vendredis après-midi, de trouver des personnes prêtes à vous écouter, vous pouvez compter sur le groupe.

 

   Celui qui se rendra aux groupes de paroles de Lueur d'Espoir sera très bien accueilli et profitera de toute la convivialité du groupe. Il y verra des personnes très vivantes, ouvertes aux autres, curieuses de la vie de chacun et chacune. Même si parfois une personne vit des choses terribles, elle pourra toujours compter sur la possibilité d'un entretien individuel avec un accueillant.

 

   Faire groupe, être ensemble, retrouver la possibilité de la parole, restent des choses indispensables à l'équilibre individuel de chacun.

 

 

 Lueur d'Espoir c'est :

  • Une permanence tous les vendredis de 14h à 17h. ( M.A.S 36, bd Albert 1er. Rennes)

  • une écoute téléphonique n°02 99 83 65 28

  • une journée mensuelle

  • un bulletin mensuel pour les adhérents.

 

                               Mail : lueur_d-espoir@orange.fr

                               Site : http://sosdepression35.free.fr

                               Adresse postale : 7, place Torigné. 35200 Rennes

 

27ème semaine d'information sur la santé mental du11 au 25 mars 2016

                                                      santé mentale et santé physique : un lien vital

 

                                                   

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                          forum au parc du thabor

                                                        samedi 12 mars

 

 

  Cette année le stand de la SISM se tenait au parc du thabor, à côté du restaurant de ce lieu.

Comme les autres années ça été l'occasion pour les militants de la SISM d'aborder les passants pour leur parler de santé mentale.

Cette année, comme le théme était « santé mentale, santé physique : un lien vital » la SISM Rennaise avait organisé des évènements d'activité physique : de la gymnastique d'entretien, de la marche nordique, une ballade en ville, de la salsa fievra et de la Gymn Suédoise.

Revenons sur la ballade « bien dans sa tête, bien dans ses pieds, bien dans sa ville ».

Elle a surtout été l'occasion de découvir trois structures qui aident les patients à retrouver des activités sociales et à sortir de leur isolement : le CATTP du Louis d'or, L'Autre Regard, Espoir 35.

 

  Qu'est ce qui fait qu'une organisation réussit à créer du lien social pour des personnes fragilisées psychiquement ?

 

  Il n'y a pas de recettes miracles, de protocoles, de solutions clés en main.

Mais il semble indéniable que cela réussit quand les patients sont associés au fonctionnement de la structure. Il faut aussi adapter la structure au public accueilli. Par exemple, certains usagers ont besoin d'être encadrés alors que d'autres apprécient la souplesse de la prise en charge.

  Pour revenir à la journée de la SISM, on nous a présenté le CATTP du Louis d'or. Il permet à ses bénéficiaires de passer librement dans ses locaux, que ce soit juste pour prendre un café et bavarder, ou que ce soit pour éffectuer une activité beaucoup plus longue.

  On nous a aussi présenté l'association « L'Autre Regard » Ces 2 stuctures ont beaucoup de points similaires mais leur différence fondamentale est que le « Louis d'or » est animé par des soignants (infirmiers, ergothérapeutes etc...) alors que « L'Autre Regard » est animé par des animateurs salarié ou des bénévoles (patients stabilisés).

L'Autre Regard donne aussi plus de pouvoir aux usagers. En outre, historiquement, la création des CATTP vient de l'état, alors que l'Autre Regard est à l'initiative de soignants et de patients.

Quant à la 3ième structure que nous avons visité, elle est de nature différente.

  En effet, Espoir 35 s'occupe surtout de résidences adaptés aux patients et d'accompagnement social. Cela peux être complémentaires avec les deux autres structures. En effet, certaines personnes ne peuvent pas encore être autonomes pour gérer leur logement ou ont trop d'angoisses à rester seules dans leur logement. Par exemple, certains ont besoins qu'on passe les voir régulièrement et qu'on les aide à gérer leur vie domestique (ménage, cuisine, etc...)

  En outre, certains patients ont besoin qu'on les aide dans leur vie sociale. C'est ce qu'on apelle le dispositif SAVS (un des service d'Espoir 35). Cela peut-être l'aide à se débrouiller avec les papiers administratifs, l'aide à faire ds démarches, mais aussi surtout c'est l'aide à renouer avec les activités sociales. Selon la demande du bénéficiaire, l'aidant (souvent un éducateur) pourra, par exemple, aller au cinéma, faire un jogging, faire un jeu de société etc...Ce sera aussi pour l'aidant SAVS de mieux connaître le bénéficiaire et donc de mieux l'aider.

En effet, on aide un patient pas qu'avec des consultations dans un bureau, mais aussi avec une aide dans la vie concrète du patient, sur le terrain, de façon individualisée.

 

  Pour conclure, on dira que ces 3 structures ne font pas que du social mais participent aussi aux soins. La « maladie »psychique ne sera jamais résolue par la seule prise médicamenteuse. Toutes personne a besoin d'une vie sociale pour avoir une « bonne santé mentale ». Nous affirmons que de tels dispositifs ont une efficacité médicale et sociale mais aussi économique. En effet, si une prise en charge sociale peut sembler avoir un coût élevé, il n'en est rien, au contraire. Car une personne sauvée par l'intervention sociale, prendra moins de médicaments et sera beaucoup moins hospitalisée.(donc une diminution des coûts pour la société).

  Espérons que les pouvoirs pubclics ne se contenteront pas de maintenir les dispositifs existants mais investiront dans l'innovation sociale et la psychothérapie institutionnelle, tout en améliorant l'hôpital public.

 

 

 

 

 

 

 

                                                                           

 

 

 

                                                          Entre corps et âme

                                                                clinique du moulin/mardi 15 mars

 

 

 

   En 20ans, la clinique du Moulin, basée sur la commune de Bruz,a fortement développé les activités pour ses patients.

Pour la SISM la clinique a ouvert ses portes. En accord avec le sujet de cette année, elle a présenté ses ateliers et groupes thérapeutiques de médiation corporelle.

  Un professionnel de chaque activité a présenté sa thérapie, toujours très disponibles et ouvert à la discussion. La clinique offre une multitude d'activités. Il y a beaucoup de patients dépressifs à la clinique du Moulin. Souvent ils sont obsédés par des pensées négatives, des ruminations. En plus ou à la place des thérapies chimiques on peut utiliser des thérapies de médiation corporelle. La sophrologie, la méditation, la res piration permettent de ressentir son corps (ce n'est plus j'ai un corps mais je suis un corps) et donc d'effectuer un « lâcher prise ».

 

   Une autre activité développée par la clinique est le théâtre (qui sollicite beaucoup le corps).

Mais attention pas le théâtre des « grands égos » et de la performance. Non un théâtre modeste, adapté, thérapeutique. Un théatre pour se défouler. Dès lors, les animateurs ne jugent jamais l'interprétation scénique. En effet, le but n'est pas d'être performant, de bien jouer, de bien parler mais de relancer l'imaginaire (souvent éteints chez les dépressifs). D'ailleurs l'atelier théatre ne fait jamais de représentations. Tout d'abord parce que la plupart des patients fréquentent l'atelier de façon trop éphémère et surtout parce que la représentation générerait trop de stress (ce qui est le but inverse d'une clinique psy!)

 

   Un atelier très original, en psychiatrie, est proposé par la clinique. Il s'agit du massage. Ce n'est pas une coquetterie thérapeutique. En effet, l'infirmière nous explique qu'en occident « on ne touche plus son corps ». Or le contact des mains sur le corps, quand il est effectué avec habileté et douceur, peut apaiser les plus nerveux.

 

   Le jardin peut aussi déconnecter les patients de leurs souffrances. Le contact avec la nature, la terre, permet d'utiliser ses mains et ne plus se servir de son cerveau pour un temps.

 

   Toutes ces activités mise en place par la clinique du Moulin ne sont pas justes des occupations, des petites choses en plus, mais participent aux soins. En tout cas il est avéré que laisser des patients dans l'oisiveté (juste fumer et regarder la télé) ne concours pas à leur rétablissement. D'ailleurs pour maintenir le rétablissement par les activités, il faut qu'une fois sortis de la clinique, les patients trouvent de nouvelles acivités. Pour les plus chanceux cela peut être le travail (d'ailleurs cela devrait être le cas pour tout le monde). Mais malheureusement pour les autres, il ne faut pas que la sortie de la clinique (ou de l'hôpital public d'ailleurs) corresponde à un vide social. Le relais doit être repris par des sructures offrant des activités (hôpital de jour, cattp, gem, etc...) voir par des SAVS . Mais si il n'y a pas de passerelles entre les deux, la personne peut rechuter.

 

   La clinique du Moulin peut redonner une dynamique humaine. Tout simplement parce que la personne a fait des rencontres et a créé des liens d'amitié (voir des liens amoureux!) Les stuctures où l'on vit ensemble (on mange ensemble, on partage le temps ensemble, on partage les soirées etc...) comme à l'hôpital, à la clinique, dans les centres de réadaptation, créent beaucoup plus de liens d'amitié que les structures de type hopital de jour, cattp, gem.

Or dans le parcours d'un patient, il arrive que les liens créés soient fragiles et s'estompent. Même si la personne ne souffre pas trop de son trouble elle ressent à nouveau un manque affectif. Mais on ne va tout de même pas réhospitaliser une personne pour juste recréer des liens d'amitié !

De nouvelles structures restent à inventer.

 

 

 

 

 

 

                    

 

                                                      

 

 

 

 

                                         mon club de sport je t'aime moi non plus

                                     théâtre-débat le jeudi 17 mars au CSTC et au bar la Quincaillerie Générale

 

 

 

   Faire du sport, c'est bon pour la santé. Cette phrase semble être une évidence. En revanche, ce qui est plus dure, c'est comment faire du sport, et à fortiori, pour les personnes fragilisées psychiquement.

 

   C'est cette question qui a été abordée lors de la journée du 17 mars. D'abord au CSTC du CHGR à partir de 14h30, puis au bar La Quainquaillerie Générale de 19h à 20h.

La compagnie de théâtre « Quidam » a initié les deux rencontres. Avec justesse et drôlerie, elle a montré que s'inscrire dans une activité sportive, dans un club, ça ne va pas de soi. Pour une personne en troubles psychiques cela peut même être un parcours du combattant. Tout d'abord, le rapport à l'autre, la timidité, l'interprétation peuvent freiner ou empêcher l'insertion dans un club.

Certains, vu leur aisance sociale, peuvent s'intégrer facilement au groupe, à la petite « communauté sportive ». En revanche, d'autres quand ils ne connaissent pas les gens, ont beaucoup de mal à rentrer en contact avec les autres.

En outre, la compétition ou l'esprit de compétition de certains clubs peut faire perdre la confiance en soi et annihiler les chances de s'intégrer dans l'activité, qui est aussi un milieu humain, avec ses règles et ses convenances où il faut « savoir-être » Par exemple, si l'entraîneur critique vertement ses joueurs, une personne sensible peut interpréter ces critiques comme une accusation, une offense et du coup décider de ne plus jamais revenir.

 

  Alors que faire pour que les personnes en troubles psychiques puissent quand même pratiquer une activité sportive ?

 

   La première solution peut être le recours à un aidant, par exemple un éducateur de SAVS. Il faut savoir que certaines personnes ont beaucoup de mal à sortir de chez eux. Notamment elles ont beaucoup de mal à prendre les transports en commun ou si elles ont la chance d'avoir une voiture, elles ne peuvent qu'effectuer des trajets très courts. Ce n'est pas par feignantise mais c'est parce que elles ont beaucoup de mal avec le regard des autres (elles peuvent l'interpréter de façon paranoïaque), avec la foule, la nervosité et le côté « speed » des gens, etc...

   Dés lors, elles ont besoin d'aide pour déjà accéder au sport. Par exemple un aidant pourra au départ faire un jogging avec la personne fragilisée, puis peu à peu, la personne reprenant confiance en elle, cette dernière pourra effectuer son jogging toute seule.

   Mais qu'en est il pour les personnes fragilisées voulant intégrer un club de sport ?

A Rennes on peut citer le dispositif « bien dans son sport ».

Il permet qu'un référent accueille et accompagne une personne vers une activité physique et sportive proposée dans son club.

 

   Alors faut il proposer du sport dans des activités adaptées, protégées ou tout faire pour une intégration dans un club de sport ordinaire ?

 

   Peut-être faut-il procéder par étapes.

Si une personne est trop fragile, pas assez autonome, ne pouvant s'ajuster à l'altérité des autres il faut mieux qu'elle commence par des activités protégées (dans les GEM par exemple).

Cela dit l'objectif doit rester l'intégration dans la cité donc dans un club de sport ordinaire. En effet une personne qui a bien progressée, vaincue ses angoisses, peut malgré la récurrence de ses troubles psy, trouver une place dans un club de sport. Et donc aussi dans la société.

 

 

 

 

 

 

 

                                                                        

 

 

 

 

                                                           L'art de se re-poser

                                                   collège Anne de Bretagne/vendredi 18 mars

 

   Qu'est ce que se reposer ?

Est ce faire une petite sieste, vaquer à des activités agréables, être seul, être en groupe ?

   Dominique Chrétien, membre de l'association « au bout du plongeoir » nous a fait nous interroger sur la notion du repos. Finalement, elle semble relative à chaque personne et à chaque catégorie sociale. En cette période de culte de la performance, de la compétition, le repos semble antinomique à la nécessité d'être actif. Il serait une perte de temps et une faiblesse. Mais pour Dominique Chrétien les deux peuvent être complémentaires. Le repos peut permettre d'être plus actif, de redonner de la force à son activité. Encore faut-il savoir, personnellement, comment se reposer ?

Par exemple les personnes en dépression malgrè qu'elles restent longtemps au lit, se sentent fatiguées, vidées. Cela amène à penser que pour vraiment se reposer, il faut un relâchement nerveux, une quiétude.

 

 

 

 

 

 

                                                                  

 

 

 

 

 

                                                   Danse avec la gravité

                                film documentaire/théatre de la parcheminerie/vendredi 18 mars

 

   L'activité corporelle, l'atelier chorégraphique est-elle un loisir comme les autres ?

Qu'est ce qui fait qu'une telle activité peut aider concrètement des personnes fragilisées ?

 

   Ce documentaire de Nicolas LeBorgne montre comment 15 femmes en réinsertion ont suivi en 2014 un atelier chorégraphique à Brest.

 

   Pour ces femmes, participer à un tel atelier, c'est d'abord se prouver à elles mêmes, qu'elle sont capables de réaliser une œuvre artistique. La danse n'est pas réservée à une élite, à des professionnels surdoués du mouvement corporel. D'ailleurs, très courageuses, elles iront jusqu'au bout, c'est à dire jusqu'à la représentation devant le public. Si certains metteurs en scènes peuvent penser que c'est trop de stress pour le chorégraphe brestois cela donne un sens, une reconnaissance à tout le travail accompli.

 

   L'autre intêret d'un atelier chorégraphique c'est le rapport au corps. Souvent la souffrance psychique va de pair avec une maltraitance de son corps. On mange mal, on a moins d'hygiène, on ne le met pas en valeur etc..Par les exercices chorégraphiques, on peut retrouver l'intérêt de valoriser son corps.

 

   En outre, et ce qui est bien montré dans le film, c'est le fait de toucher l'autre, de rentrer en communication avec les autres corps. Ces femmes ont vécu des choses très dures et elles ont souvent perdu la confiance dans les autres. L'exercice de se laisser tomber sur les autres le montre très bien. Petit à petit, on voit que ces femmes s'apprivoisent.

 

   Surtout elles peuvent se laisser aller, « déconner ». Dans une société où il faut toujours se contrôler, se contenir, même au niveau du corps, la danse libère le corps de toutes les injonctions intériorisées corporellement.

 

  Enfin, le dernier grand intérêt que l'on peut trouver dans l'atelier de danse est celui qu'on retrouve dans tous les activités de « resocialisation ». En partageant une activité, on est obligé de se parler, d'échanger, de construire des choses ensembles. Dès lors, on peut retrouver une vie sociale, indispensable à la « bonne santé mentale ».

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                                                                                                                                               

 

 

 

                                            Le corps, la maladie et le médicament, un lien vital

 

                                                                          Fil Rouge/lundi 21 mars

 

 

 

   Lors de cette soirée ce sont les patients qui ont pris la parole.

Ils ont témoignés de leur troubles, de leurs parcours, de leurs échecs, de leurs réussites et donc de la spécificité d'avoir « une maladie psychique »

 

   On a beaucoup parlé des médicaments. La plupart les trouvent utiles. Mais la plupart aussi se plaignent fortement des effets secondaires. Au delà de la prise de poids, de la sédation, un patient nous a très bien expliqué le bouleversement d'une modification chimique du cerveau.

Pour lui, avec les neuroleptiques, le pire c'est l'énorme dimunition du ressenti. Cela ne veut pas dire qu'on a pas d'émotions mais que les sensations s'aténuent fortement. Par exemple on ne ressent plus un feu de cheminée l'hiver, l'ambiance d'un début de week-end, etc...D'ailleurs quand on arrête de prendre des neuroleptiques, on a l'impression de « revivre », de retrouver toutes les sensations de la vie.

   Un autre effet secondaire des neuroleptiques, qui est d'ailleurs peu reconnu par les psychiatres, c'est le changement de personnalité. Par exemple une personne douce, calme, pateinte va devenir agressive et égoïste. Une autre, plutôt empathique va devenir narcissique etc...

   En écoutant les différents témoignages, on comprend qu'il n'y a pas de recettes applicables à tous les patients. On pourait même dire que la psychiatrie n'est pas une science mais un tâtonnement.

Ceci marche pour certains mais pas pour d' autres. On avait trouvé un équilibre pendant longtemps -médicaments, psychothérapie, activités- aujourd'ui ça ne marche plus. Tel médicament devrait faire ça, il fait le contraire. D'ailleurs, souvent on teste beaucoup de médicaments, avant qu'on en trouve un qui marche.

 

   Il a aussi été question de la difficulté d'aller vers les autres quand on est envahi par ses troubles. Nous avons déjà parler de l'intégration dans les autres articles. Nous redirons juste que certaines personnes ont des difficultés dans les structures ordinaires à cause du poids du regard de l'autre, du jugement, du « il faut être comme ceci ».

 

   Beaucoup de personnes se stabilisent avec les médicaments. Pas que grâce aux médicaments. Avec l'âge, l'expérience de la vie, une certaine sagesse, des personnes qui ont été très « malades » peuvent trouver un certain équilibre et une vie sociale. Il ne faut jamais oublier que les troubles psychiques ne sont pas qu'une affaire de cerveau mais aussi de rapport à l'autre, de rapports sociaux et surtout de reconnaissance sociale. Sans nier les diverses pathologies, il est bon de rappeler que personne n'est figé dans une « maladie » et que c'est le monde social qui nous produit.

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                   Soins en addictolgie

                                                         CRIJ Bretagne/Mercredi 23 mars

 

 

   Les personnes fragilisées psychiquement, affectées de pathologie, ont beaucoup plus de risques que les autres, de sombrer dans les addictions.

 

  Même si chaque cas est unique, que peut on dire sur les mécanismes qui rendent addicts ?

 

   Au niveau thérapeutique, on peut dire que le travail en réseau des intervenants (comme à Rennes notamment) permet de travailler efficacement sur tous les différents aspects des addictions (biologique, psychologique, social). En effet, les causes d'une addiction varient selon les personnes, leur parcours, leur environnement, leur catégorie sociale. Prenons deux exemples particuliers qui ont des ressorts très différents. Par exemple une personne très timide peut s'alcooliser à outrance pour obtenir la désinhibition qui lui permettera de participer à la conversation. Autre exemple, une personne affectée de souffrance physique s'alcoolise pour supporter la douleur.

 

   On peut aussi tenter d'expliquer l'alcoolisme par des raisons socio-culturelles.

Par exemple, toujours dans l'alcoolisme, la littérature et le cinéma sont comme des marqueurs sociaux. En effet, on y voit souvent des protagonistes, en plein dessaroi, se réfugier dans l'alcool. Du coup, toutes ces productions culturelles font associer coup dur et alcool.

   En outre, pour certains chercheurs, l'alcoolisme proviendrait aussi d'une certaine « anomie »(le désir devient illimité).On aurait perdu un certain savoir manger et savoir boire qui engendreraient une déconnection entre consommation d'alcool et rites sociaux.

 

   Mais au niveau du parcours de la personne, qu'est ce qui fait qu'on sombre dans l'addiction ?

Le psychologue Yoland Davis nous a beaucoup parlé des limites. Il faut d'abord rappeler qu'au début , l'addiction c'est beaucoup de plaisir. Heureusement, la plupart des gens « gérent » ce plaisir.

Pourquoi ?

Parce que ils se fixent des limites dans leur consomation. D'autres, dans un laisser-aller un peu Punk(no futur) franchissent les limites et le piége se referme sur eux.

 

   Comment réagir (notamment l'entourage) à l'addiction d'une personne ?

   Faut-il rester seulement dans la compassion ?

   Faut-il menacer, faire du chantage ? (si tu n'arrêtes pas de boire je te quitte, pense à tes enfants etc...)

   Faut-il forcer à la consultation ?

Difficile de répondre. En tous cas, on constate malheureusement que souvent l'arrêt ou la dimunition de l'addiction vient d'une prise de conscience d'un danger extrément grâve (peur de mourir, de perdre son emploi, désir de conserver son conjoint etc...) dû à l'addiction. On peut aussi dire que le soin ne peut se faire qu'avec la demande de la personne concernée.

 

   Pour conclure, on ne peut s'empêcher de dire une chose banale : l'addiction vient d'une souffrance psychique. Une fois que l'addiction est mise en place, elle engendre une telle dépendance, que même si on va mieux, qu'on a de la volonté, il est très dur de s'arrêter.

   Peut-être que quand plusieurs facteurs sont réunis, on peut avoir plus de chances pour réussir à s'arrêter. Une stabilité affective, familliale, professionnelle,y concourrent.

En tous cas il faut rappeler qu'une prise en charge pluridisciplinaire est indispensable contre les addictions. Rester seul face à son addiction est la pire des choses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                    Bien dans mon corps, bien dans ma tête aussi

                                                            Les champs Libres /vendredi 25 Mars

 

  Comme chaque année, depuis 4 ans, a été organisée, à l'étage de l'espace de la vie du citoyen des Champs Libres une « bibliothèque vivante ».

  L'idée est très simple, on emprunte des « livres vivants » qui sont en fait, des professionnels, des militants, des spécialistes, avec qui on peut discuter, librement, dans la plus grande intimité.

 

  Les profils des personnes avec qui on peut s'entretenir sont très variés : un infirmier qui propose des activités sportives à ses patients, un usager des services psy, un passionné de vélo, une psychologue qui fait du sport de haut niveau, une infirmière qui fait de la balnéothérapie avec ses patients etc...

 

  Tous bien sûr, sont convaincus du bienfait de l'activité physique sur la santé mentale. Selon leurs expériences et leurs fonctions, ils proposent des arguments différents. L'une explique que l'homme est fait, de part son patrimoine génétique, pour avoir des activités physiques. Ou encore, pour la balnéothérapie, qu' être dans l'eau, revient à être comme le fœtus dans le ventre de sa mère. Plus généralement, on sait bien que l'effort physique, au bout d'un moment, devient un plaisir physique (les endorphines etc...)

 

  D'autres évoquent un intérêt non pas exclusivement physique, mais aussi social et cognitif. Cela peut paraître banal,mais le fait juste de rentrer dans un jeu sportif permet déjà de façon pratique, d'oublier ses soucis, de penser à autres choses etc...C'est déjà ça de gagné.

 

  L'évocation de ce sujet doit aussi être l'occasion de le confronter avec le fonctionnement de l'hôpital psychiatrique de Rennes, le CHGR. Alors que tout le monde loue les vertus du sport, il reste sous-développé à l'HP. Certes certains soignants se démènent pour faire vivre des activités physiques. Mais le problème est pour les patients qui ne restent qu'un ou deux mois à l'hôpital. Pour eux c'est trop souvent l'oisiveté totale (juste cigarettes et télé). Certes on ne peut proposer une activité structurée à une personne trop agitée et délirante. Mais que fait- on quand ça va mieux ? De toute façon on peut toujours adapter le sport aux difficultés du patient. Le pire c'est surement le dimanche, quand beaucoup de patients sont en permission. A ce moment là, pour ceux qui restent, l'ennui devient terrible, asphyxiant.

  Alors ne nous contentons pas d'encenser le sport, mettons le en place, même pour les courtes durées d'hospitalisation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                     Assemblée Annuelle de l'UNAFAM 35

                                du 16 Janvier 2016

 

 

 

  L'UNAFAM 35 ne peut pas organiser d'assemblée générale car l'UNAFAM est une organisation nationale (non fédérale). En revanche, tous les ans elle organise une réunion ou sont conviés tous les adhérents et les sympathisants. C'est l'occasion de faire le bilan et d'énoncer les perspectives pour l'année suivante.

En toute transparence, l'unafam35 nous a présenté son budget et son bilan financier. Les principaux financeurs de l'UNAFAM 35 sont le conseil général et les municipalités.

 

  L'UNAFAM a deux activités principales : l'aide aux familles des patients et la représentation dans les institutions.

 

  Commençons par l'aide aux familles.

  L'UNAFAM 35 propose un accueil téléphonique et des entretiens individualisés. Elle propose aussi une journée de formation sur les troubles psychiques.

  Quelles sont les évolutions de ces services ?

On peut noter une constante : ce sont surtout les parents qui découvrent la maladie psychique de leur enfant qui font appel à l'UNAFAM.

On peut aussi noter un changement : alors qu' historiquement l'UNAFAM reçevait principalement des familles dont l'enfant était affecté de schizophrénie, aujourd'hui elle reçoit de plus en plus de familles d'enfants affectés par la bipolarité et les T.O.C .

 

  L'autre grosse activité de l'UNAFAM est la représentation des usagers dans les institutions liée à la psychiatrie.

  Nous avons eu le témoignage d'une bénévole siégeant dans la CRUQ (commission de relations avec les usagers et la qualité de la prise en charge). C'est une mission importante car la CRUQ s'occupe aussi de réclamations, plaintes de personnes s'estimant victimes d'abus de la part de l'hôpital psychiatrique.

  Nous avons eu également eu le témoignage d'un bénévole siégeant au comité d'éthique et de réflexion. Même si les différents membres de ce comité peuvent converger sur des valeurs humanistes, il peuvent aussi y avoir des divergences, par exemple sur les contentions.

 

  L'UNAFAM intervient aussi de façon indirect, dans les services proposés aux patients psy, via Espoir 35. En effet, l'UNAFAM est une association des droits des usagers psy, mais elle n'a pas vocation à gérer des structures d'aide aux malades et/ou handicapés psychiques.

Cependant, via Espoir 35, organisation gestionnaire lièe et créée par l'UNAFAM 35, elle bâtit des solutions concrètes pour les souffrants psychiques.

  Espoir35 fournit un service de SAVS (service d'aide à la vie sociale). C'est un service très important car il apporte une aide au malade, complètement différente d'une consultation psy dans un bureau. En effet, les éducateurs du SAVS interviennent directement sur l'environnement de la personne socialement fragilisée. Les éducateurs peuvent se rendre sur le domicile du bénéficiaire, réaliser des activités à la demande et avec la personne en mal-être.

  En outre, Espoir 35 gère des logements pour les personnes en troubles psy, avec plus ou moins d'accompagnement.

La grande nouveauté pour 2016, c'est qu'elle va s'occuper d'un SAMSAH (service d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés, avec 50 places sur le département) qui fera du soin et du social. Une équipe pluridisciplinaire (15 salariés) permettra aux malades de gagner en autonomie.

 

  L'UNAFAM35 s'engage aussi, de façon militante, pour le rapport Piveteau, qui voudrait inscrire dans la loi, l'interdiction de laisser une personne, malade et/ou handicapée, sans une prise en charge (logement, accompagnement sanitaire et/ou social, place dans un institut médico-social etc...). Plus de rupture de la prise en charge. En effet, en psychiatrie on ne compte plus le nombre de patients, sortie de l'HP, qu'on lâche dans la nature, livrés à eux-mêmes (avec l'impuissance des familles) et qui souvent rechutent. Si l'on aide tout le monde, on réduirait grandement les rechutes et donc les frais d'hospitalisation et des dispositifs. Avec cet argent on pourait financer des places dans des dispositifs prenant en charge plus globalement la personne.

  Cela dit, attention, il ne faudrait pas « forcer Â» le malade à se soigner. Dans le cas de la santé mentale, la coerxision n'a jamais marché. Le plus souvent l'amélioration psychique est le fruit d'une alliance patient/soignants/famille. Il ne faudrait pas non plus que cette loi soit le prétexte pour supprimer des lits dans les HP(au contraire il faudrait en créer).

  Mais l'idée d'un « zéro sans solution Â» pourrait permettre une moblisation sur les moyens financiers et humains que la psychiatrie, et plus largement tous les dispositifs psys, requièrent.

 

  A la fin de l'assemblée, la présidente-déléguée nous a fait part des perspectives de l'UNAFAM35 pour l'année 2016. Tout d'abord, l'organisation veut péréniser ses activités. Elles ne sont possible que grâce à l'engagement des bénévoles. Ensuite, l'UNAFAM35 voudrait élargir son accueil aux familles d'enfants et ados (pas que les familles d'adultes). En outre, elle voudrait aider à la création du GEM à Vitré, tout comme pour la maison des usagers qui va se créer en 2016 à l'entrée du CHGR. Et bien d'autres choses encore etc …

 

  L'assemblée anuelle aura été l'occasion de faire le point sur l'évolution de l'UNAFAM35 et de ses combats.

Cette réunion de l'Unafam aura permis aussi aux adhérents et sympathisants de se rencontrer, d'échanger sur l'actualité, de donner des nouvelles sur tel ou tel projets, d'échanger des infos...

  Les assenblées sont incontournables pour faire vivre les associations et leurs revendications.

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  Que s'est-il passé le 2 décembre 2015 à Rennes ?

 

  Babacar Guèye était un jeune homme de 27 ans, migrant, d'origine sénégalaise qui vivait à Rennes. Il était sans papiers et vivait chez sa sœur.

Dans la nuit du 2 décembre au 3 décembre, il passe une soirée chez un ami. Ce dernier lui propose de dormir dans son appartement.

 

  Nous donnons ici la version des proches de Babacar. Il se réveille, très angoissé. Son ami a cru qu'il allait se rendormir. Mais malheureusement, 15 minutes plus tard, pris d'une attaque de panique, il en vient à s'auto-mutiler avec un couteau à steak (un couteau à pain).

  Il devient agité. Dès lors, on appelle les pompiers, qui appellent la police sans en informé l'ami de Babacar. Et c'est là que surgit le drame. Tout ce qu'on peut dire c'est que des policiers n'ont pas réussi à maîtriser la personne en souffrance psychique et ont tirés 5 balles sur le jeune homme, le tuant.

 

  Ils ont utilisé le tazer mais il s'est enraillé une première fois, puis a été lancé dans une porte la seconde fois. Ils ont aussi sorti 2 matraques téléscopiques mais ils ne s'en sont pas servi.

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  C'est très difficile d'agir face à une personne en pleine décompensation, de surcroit si elle est agitée.

La seule solution pour éviter ces tragédies, serait de former tous les intervenants (policiers, gendarmes, pompiers, SAMU, S-O-S médecins etc...) pour leur donner des compétences dans la gestion des personnes en crise psychique. Peut-être même, il faudrait créer en France, un corps de médiateurs, spécialisés dans les décompensations psychiques qui serait beaucoup plus à même de gérer ces situations si difficiles.

 

Le samedi 12 décembre, 300 personnes ont manifesté en mémoire de Babacar Guèye.

 

  En France nous pouvons éviter de telles tragédies, mais il faudrait que les différents acteurs (politiques, associatifs, fonctionnaires de santé etc..) s'emparent de la question de l'intervention lors des grosses crises psychiques avec agitation.

 

                                                                   Plus jamais ça.

 

 

                            Fête du centre hospitalier Guillaume Régnier

                                                                du Vendredi 29 Mai 2015

 

 

 

  Comment faire vivre l'hôpital ?

  Est ce que l'hôpital psychiatrique est juste un lieu de soin ou peut-il créer une vie sociale en son sein ?

 

  La fête du CHGR de 2015 montre une fois de plus qu'on peut réussir à créer un événement festif et convivial qui est un sens social et thérapeutique.

D'abord pour les patients hospitalisés.

Cela les change du « cigarette-télé-dodo »

En outre, c'est l'occasion pour certains de vendre des petits objets (cuir, céramique, peinture etc...) qu'ils ont réalisés eux-mêmes dans des ateliers d'ergothérapie. Cela montre à soi-même que l'on est capable de faire quelque chose et donne ainsi une reconnaissance (mon travail a de la valeur puisqu'on réussit à le vendre). Mais l'ergothérapie a aussi pour but d'évaluer les patients. S'ils réussissent tel ou tel travail ils peuvent aller en milieu protégé ou en milieu ordinaire.

 

  Mais revenons à la fête.

On peut dire que les différents groupes de musiques et de théâtre ont fortement contribués à mettre « l'ambiance ».

Moment fort de la journée : la déambulation dans l'enceinte de l'hôpital. Cela a permis à ceux qu'ils le voulaient d'effectuer une petite visite de l'hôpital. Le tout accompagné du groupe de percussion « SAMBADABOOM » qui mit « le feu » dans les rues de l'hôpital d'habitude si calmes.

Sinon à côté du CSTC étaient installés différents stands. Des crêpes, des galettes saucisses, des frites, pour se restaurer. Comme on l'a évoqué plus haut, des stands proposés à la vente des petits objets à des prix fort bas. Et pour ne pas s'ennuyer, différents jeux étaient proposés au public (boules, palets, trous à chat, sabots ciblés etc...) A la fin de l'après-midi eu lieu le tirage au sort de la tombola.

 

  Que peut-on penser d'un tel évènement ?

Tout d'abord que les différentes personnes se reconnaissent dans cette fête puisqu'environ 200 personnes y ont participés.

Est ce juste un rituel festif ?

Pas que.

  Il faut avoir en tête que beaucoup de patients souffrent d'un isolement social et affectif qui les bloquent dans l'amélioration de leur santé mentale. Un tel événement leur permet d'accéder « comme tout le monde » aux différents cycles de la vie sociale, dont les fêtes.

A l'heure de la suppression du repos dominical, des jours fériés, de la généralisation de la précarité au travail et donc de l'atomisation des rytmes sociaux, il nous faut rappeler l'importance des évènements et des temps en commun, auquels tout le monde peux participer et notamment les personnes en troubles psychiques (et c'est peut-être encore plus important pour eux).

Nous ne pouvons qu'exhorter le comité inter-associatif du CHGR (organisateur de la fête) a organiser plus d' évènements. Ce ne sont pas des dépenses futiles mais un moyen socio-thérapeutique d'améliorer la santé mentale. En fait, c'est rappeler que la souffrance psychique n'est pas qu'un problème de « cerveau », mais aussi un problème de relations sociales. 

 

  Les plus faibles ont besoin de sociabilité qui leur soit accessible, comme la fête du CHGR.

 

                                                Semaine d'information sur la santé mentale   

                                                       L'adolescence, parlons-en

                              Rennes du14 au 26 Mars 2015

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               Place de la mairie « L'adolescence, parlons-en ! » samedi 14 mars

 

  Dès 11h30, place de la mairie, se sont retrouvés tous les différents acteurs de la semaine d'information de la santé mentale. Des panneaux, avec des messages, étaient exposés sur toute une partie de la place. Des petits messages interpellaient les passants. Sur d'autres ce sont de véritables témoignages que les gens pouvaient lire. Certaines expressions étaient vraiment poignantes et riches de sens. Comme « Je n'accepte pas ma maladie qui est permanente, elle me tient à tout instant de la journée » ou « parfois, faire un effort m'est impossible. Ma volonté est torpillée » et encore « chaque fait, chaque geste est toujours suspecté d'être l'expression de la maladie ».

  Des militants du SISM(la semaine d'information sur la santé mentale) ont distribué le programme à toutes les personnes qui passaient par la place.

Défois, des discussions s'engageaient sur la santé mentale et les militants pouvaient orienter les personnes sur les différentes structures de santé mentale sur Rennes. Par exemple, une éducatrice spécialisé, nouvellement installée à Rennes est venue se renseigner sur ce qui existe dans la région.

  L'intérêt d'une telle manifestation c'est que quasiment tous les acteurs de la santé mentale de Rennes se trouvent au même endroit et au même moment. Pour un patient, un membre de la famille d'un patient, un professionnel, cela permet de trouver très facilement un interlocuteur qui convient à sa problématique.

L'autre grand intérêt est pour les acteurs de la santé mentale (dans toute sa diversité : associations, institutions etc...). En effet, c'est le seul moment de l'année où tout le monde peut se retrouver.

Les uns et les autres peuvent prendre des nouvelles des autres structures, échanger sur l'évolution de la santé mentale, parler de ce qui marche ou de ce qui ne marche pas, rencontrer de nouveaux acteurs etc...En toute convivialité.

 

  Cette manifestation est importante car elle se tient sur la place publique.

Cela veut dire qu'on ne se cache pas et qu'on affronte, sans tabous, le regard et les réactions des gens.

 

 

En 2ème partie de la journée, nous sommes tous allés, vers 18h, au Cinéma Arvor, voir le film « Deux temps, trois mouvements » du réalisateur Chritophe Cousin avec Zacharie Chasseriaud, Antoine l'Ecuyer, Aura Atika

 

  Le film raconte l'histoire d'un gamin d'environ 14 ans qui vient de perdre son père et qui est forcé de déménager au Québec. Il ne se sent pas à sa place, ni à l'école, ni avec sa mère. Il arrive souvent en retard et sèche les cours. Il va être le témoin impuissant, du suicide de l'un de ses camarades.

Le film montre les expérimentations de l'adolescence : le sexe, le cannabis, les transgressions etc...

Il met en lumière les difficultés de l'autorité parentale, attisé dans une famille monoparentale (par exemple l'enfant est défiant avec les petits amis de sa mère).

En fait c'est une période où l'on se cherche et ou le manque de réponses, le manque de sens par rapport au monde, peut amener, paradoxalement, puisque qu'on ne connait pas encore le monde, à vouloir en sortir.

 

Après le film a eu lieu un débat mais je n'ai pas pu y assister.

 

 

                                Lundi 16 mars institut « Tomkiewicz ».

 

  Tout d'abord, pourquoi le dispositif s'appelle : « Tomkiewicz » ?

Et bien c'est un hommage à Mr Tomkiewicz qui fut un grand défenseur des handicapés et qui lutta toute sa vie contre la maltraitance des plus faibles.

  On peut dire que l'institut est assez alternatif puisqu'il propose des méthodes éducatives et pédagogiques qui s'adaptent à la personne (au sujet diraient les psychanalystes). En fait, l'institut s'occupe d'enfants ayant des troubles du comportement nécessitant une prise en charge pluridisciplinaire.

  Comment fonctionne l'institut ?

Par le biais du conseil de la vie sociale les jeunes et leurs parents, avec les professionnels, décident d'activités qu'ils veulent mettre en place (comme un séjour à la neige, etc...).

Peut-être qu'un des buts de la structure est de venir en aide aux ados avant que leurs difficultés s'enveniment et ne se transforment en pathologie (et ainsi éviter les médicaments).

Il est à noter que l'institut possède un internat pour que certains jeunes puissent y passer plusieurs nuits. Mais ce n'est pas un bâtiment gris et terne mais une véritable petite maison. En visualisant les photos du lieu on sent la convivialité et le côté très familial.

  Au niveau de la prise en charge scolaire, c'est comme pour le reste, à la carte.

Soit les jeunes peuvent soutenir un cursus classique et du coup l'enseignant de l'institut ne fait que du soutien scolaire (aide aux devoirs ect...). Soit l'ado ne peut pas s'investir dans une démarche uniformisée et c'est l'enseignant du centre qui s'occupe de la scolarité.

C'est une pédagogie dite « par projets ». Ainsi cette année, les élèves ont travaillé sur le Moyen-Age. Ils ont eux-mêmes fait des recherches sur cette période historique, ce qui a été propice à étudier d'autres matières (francais,etc...)

En outre, les jeunes peuvent bénéficier d'activités thérapeutiques : art-thérapie, équithérapie, jeux de société, psychomotricité, etc ...En effet, pour certains jeunes la psychothérapie par la parole, dans un bureau, ne suffit pas. Ils ont besoin pour s'exprimer, de médias dans lesquels ils se sentent plus à l'aise, sans besoin de compétences verbales.

Pour conclure, on dira que l'institut met au centre de ses efforts, l'ado , personne humaine, en s'adaptant toujours à sa singularité. Vu la complexité de la personne humaine, dû, dans nos sociétés modernes, à l'extrême division du travail et à la volatilité des statuts sociaux, l'approche par « protocole » ne marche pas.

 

  Toute l'équipe de l'institut Tomkienwicz prouve, par leur pratiques quotidennes, pragmatiques, qu'avec du temps, de l'innovation, une souplesse dans les dispositifs, on peut obtenir de biens meilleurs résultats.

 

 

                         Mardi 17 mars « Bibliothèque de livres vivants :

                          "adolescence et santé mental, si on en parlait ? "

 

  Cette manifestation fut proposée et animée par des professionnels du Centre Ressource Familles et Troubles Psychotiques du CHGR et des bibliothécaires des Champs Libres.

 

Cette rencontre, pour la 3ème fois consécutive, est très originale et fort intéressante. Elle proposait d'emprunter des "livres vivants", en fait des professionnels et usagers du monde psy.

 

 Incroyable, pendant 20 min, on a un spécialiste rien que pour soi. Toutes les questions sont permises et possibles. Et en plus, on peut choisir « ses livres » parmi un large panel de spécialistes, qui ont vraiment des choses à dire. Sur un mode intimiste, les professionnels ont répondu à toutes les questions, sans tabous, dans tous les domaines couvrant la problématique de l'adolescence. On pouvait donc véritablement rencontrer : une infirmière scolaire, un pédo-psychiatre, une cadre de santé, une éducatrice travaillant pour la justice etc...

 

  Saluons donc la disponibilité de ces professionnels et vivement à l'année prochaine pour une nouvelle bibliothèque de livres vivants.

 

Mercredi 18 Mars 16h30-19h « Je crise depuis mon adolescence »

 

  La manifestation a commencé par la diffusion d'un document sonore où des personnes ont narré leur parcours de souffrance psychique. Maltraitances, viols, négligences peuvent malheureusement amener à des pathologies psychiques.

  Dans un 2e temps, une infirmière du lycée Bréquigny, un médecin psychiatre, un psychologue et des soignants du CASSAJA (Centre d'Accueil et de Soins Spécialisés pour Adolescents et Jeunes Adultes) ont expliqué les réponses qu'ils apportent aux ados en souffrance.

  On a notamment évoqué le dispositif « SENTINEL », qui permet de lutter contre le harcèlement des élèves. L'originalité de ce dispositif, c'est qu'il implique bien sûr des adultes, mais aussi des élèves. Ces derniers ont pour mission, sans faire de délation, de sonner la sonnette d'alarme, si un de leur camarade commence à être isolé ou victime de harcèlement.

 

Mercredi 18 mars 20h00-22h00 « être parents d'adolescents, ça s'invente »

 

  Cette soirée a été animée par Myriam Perrin, directrice du Centre Psychanalytique de Consultation et de Traitement de Rennes, en présence du Dr S. Caussiol, psychiatre au Centre d'Accueil de Soins Spécialisés pour Adolescents et Jeunes Adultes à Rennes, A.Le Bouetté, psychologue au Service Soins-études du Centre Pédagogique et Médical de Beaulieu à Rennes, M-C. Ségalen, co-fondatrice du dispositif expérimental pour adolescents "Entrevues" à Saint-Malo, G.Cloutour-Monribot, directrice du CPCT-ados à Bordeaux et des parents. Cette manifestation a été l'occasion de parler de l'approche psychanalytique par rapport aux souffrances des ados.

 

  Il est donc intéressant « d'attaquer le problème » par rapport au point de vue des ados, mais aussi des parents. L'originalité du paradigme psychanalytique est basé sur le dynamisme du psychique. À l'inverse d'une certaine psychiatrie, qui émet des diagnostiques statiques et donne une place définitive à un sujet, l'approche psychanalytique, elle, ouvre les possibles. En effet, elle base son analyse sur la singularité du sujet. Cela implique des réponses thérapeutiques non standardisées, pas les mêmes pour tous, pas les mêmes pour chaque type de pathologie. Du coup, il faut inventer et réinventer des solutions thérapeutiques. Il faut aussi inventer les réponses et les attitudes des parents face aux ados. D'où l'intitulé de la soirée « être parents d'adolescents, ça s'invente ».

 

  Il a été aussi question du rapport entre le soignant et le soigné. Est-ce que le thérapeute est là pour corriger le patient ou pour, lui laissant sa liberté, l'amener à découvrir ses propres probématiques ? Et paradoxalement, des fois pour aller mieux, il faut laisser les symptômes augmenter. Plus politiquement, c'est la question de la tolérance qui est posée ? Est-ce que les normes de plus en plus sécuritaires, de contrôle social, sont bénéfiques en psychiatrie ? Faisons une petite digression par rapport à la soirée. Il fut un moment proposé en psychiatrie, sous l'impulsion de politiques, d'installer des caméras dans les unités des hôpitaux psychiatriques. Cela peut paraître secondaire ou pire utile. Mais c'est vraiment méconnaître les troubles psys. En effet, certains malades souffrent de paranoïa, et dans leur « délire » ils interprètent le moindre signe comme la preuve qu'on les persécute. Inéluctablement, les caméras seront un catalyseur de leurs délires et sûrement pas un moyen de faire diminuer les violences, au contraire.

 

  L'approche qui nous a été présentée lors de cette soirée est basée sur la parole et la conviction que la parole peut infléchir, c'est à dire modifier l'orientation, changer l'évolution de tous. Tous les cas qui nous ont été présentés, « les vignettes », nous montre qu'il nous faut laisser du temps, de la rêverie, de la déambulation psychique, s'autoriser. A l'heure du DSM-5 et des protocoles de soins, l'approche psychanalitique continue d'affirmer la singularité du sujet et la complexité des approches thérapeutiques.

 

 

Jeudi 19 Mars 20h-22h « Les outils numériques, ça nous prend la tête »

 

  En présence de Michel Rouzé, coordinateur éducatif du Conseil général d'Ille-et-Vilaine, d'étudiantes en marketing, d'un bénévole de SOS Amitié et d'un volontaire de l'association Atypick.

 

  Quel impact, quelle reconfiguration des problèmes, engendrent l'ère du numérique sur le monde et notamment sur la possible souffrance des ados ? Est-ce qu'internet est un simple outil n'engendrant que des changements de forme ? Ou bien, au contraire, dans une vision à la Mac Luhan, « medium is message », le contenant modifie le contenue ? En effet, on peut considérer qu'internet implique de nouvelles problématiques dans la communication et donc dans la vie des personnnes. Lors de la soirée, il nous a d'abord été rappelé que l'ère d'internet, c'est d'abord un nouveau modèle économique. Ce sont de grosses multinationales qui génèrent d'énormes profits en ayant des positions monopolistiques.

 

  SOS amitié s'est adapté à cette nouvelle donne. En plus, des traditionnels entretiens téléphoniques, elle a développé un service de "chat". En effet, les ados sont habitués et sont très à l'aise avec ce type de communication. Ils se livrent plus, car ils n'entendent pas la voix.

 

  Des infirmiers nous ont parlé d'une nouvelle technique pour enclencher une relation avec des ados totalement repliés. Comment faire sortir de sa chambre un ado qui n'en est pas sorti depuis des années ? Il faut savoir que ce genre de problèmes, sorte de décompensation silencieuse, est parfois insoluble et cause un désarroi profond des parents. Quelle est donc cette nouvelle technique qui réussit où toutes les autres ont échouées ? Et bien l'idée est de recréer un lien par le biais du média des jeux vidéos. La personne va accepter de jouer avec une autre, et petit à petit, un contact va s'établir, puis va se créer un véritable lien social propice à des soins.

 

  Sinon, la soirée a bien sûr était l'occasion de juger les outils numériques. Les spécialistes nous ont montré qu'il ne fallait pas évaluer internet de façon manichéenne. Certes, de nouveaux dangers ont été créés par internet (notamment le cyber-harcèlement). Mais internet est aussi un super moyen pour participer et contribuer à l'élaboration du monde, beaucoup plus facilement.

 

  Peut-être que la question est : comment profiter de ce merveilleux outil de communication sans être soumis à de nouvelles pressions sociales (obligation de répondre à tous les sms, obligation de chater, obligation d'avoir une page personnel sur les réseaux sociaux,etc...) ?

 

Vendredi 20 mars 19h30-21h30 « regards de Stanislaw Tomkiewicz sur l'adolescence »

 

  Le Dr Begué-Simon nous a parlé avec passion de la vie et de l'œuvre de Stanislaw Tomkiewicz. Peut-être que toute la force de « Tom », il l'a tiré des horreurs qu'il a vécues dans le ghetto de Varsovie et dans la déportation.

  Tom voulait absolument devenir médecin. D'ailleurs, son père lui disait souvent : « Tu seras un bon docteur mon fils » Stanislaw Tomkiewicz, homme de grande qualité, plein d'humour et de générosité, passa toute sa vie à aider les plus faibles.

  On remarquera son approche par rapport aux polyhandicapés. Alors que la plupart des soignants les considéraient comme des choses, lui, leur parlait avec considération et affection. Il était persuadé que même s'ils ne pouvaient répondre, ils ressentaient la chaleur humaine, et que cela est la première thérapeutique, la plus efficace.

  Enfin, la résilience a été le concept phare évoqué dans la soirée. Il est relativement récent. Il a notamment été diffusé - pour parler des personnes connues - par le psychiatre Boris Cyrulnick. Il bouscule les concepts figés, fatalistes, comme celui de vulnérabilité. Il est d'abord une interrogation : face à des épreuves très difficiles de la vie, pourquoi la plupart s'effondrent, alors que certains résistent, s'en sortent, « subliment » toutes les adversités et finissent par réussir ?

  La réponse est d'abord plutôt sur les facteurs constitutionnels de la personne : un optimisme, un sens de l'humour, une perspicacité, etc. Mais c'est aussi les rencontres de personnes clés pour l'existence. Par exemple, dans le cas de Tom, alors qu'il est dans le ghetto de Varsovie, il rencontre un psychiatre. En une seule consultation, le docteur capte le désir profond du jeune homme et Tom prend conscience de ce qui va l'animer toute sa vie : devenir médecin pour soigner et prendre soin des autres.

 

Mardi 24 mars 18h30-20h30 « Ceci n'est pas une leçon de conduite »

 

  En présence de Marylin Degrenne, auteur, de professionnels de la MJC Antipode, du CHGR et des CEMEA ( Centre d'Entraînement aux Méthodes d'Education Active).

  Lors de cette soirée, nous nous sommes attachés, notamment, à nous demander ce qui fait « l'adolescence ».

  Pour certains, ce n'est qu'une donnée sociale, une construction sociale. D'ailleurs, une approche historique nous montre que l'adolescence est propre à notre modernité. Par exemple, pendant le moyen-âge, on passe directement d'enfants pris en charge par la mère et les femmes, à travailleurs apprentis dans le monde des hommes. Donc à cette époque, pas d'adolescence.

  Mais revenons à la soirée. À notre époque, vu la structuration de notre société, l'adolescence existe belle et bien. Sur ce thème, nous avons visionné 2 courts-métrages et une vidéo de micros-trottoirs.

  Qu'est-ce qui a changé dans la « condition adolescente ». Sans doute la pression liée à la réussite scolaire. Mais c'est toujours une confrontation à la normalité, que ce soit la découverte de la sexualité ou de l'orientation sexuelle. Ce qui est très dur aussi, c'est que l'identité est en formation. On se confronte aux autres, face aux identités vestimentaires, musicales, sportives, etc... Finalement, l'adolescence, c'est l'histoire, peut-être, d'une personne qui ne veut plus être un enfant, mais qui ne peut pas encore assumer une vie d'adulte.

 

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Mercredi 25 avril 2015 à 18h30

L'adolescence en questions

avec Jean-Claude Quentel

 

 

Les Champs Libres

                   L'UNDMD* à Rennes

 

*union national des dépressifs et maniaco-dépressifs

 

  L'undmd a été créée en 2003 par Jean marie Roy, aidé par des psychiatres.

 

  Tous les jeudi soirs se réunissent, dans un petit local rue d'Italie, des personnes affectées par des troubles bipolaires de l'humeur. Cette maladie, de plus en plus connus par le grand public, provoque chez la personne des accès de dépression et d 'autres d'exaltation.

  Le plus souvent, la réunion est animée et modérée par une psychologue. Cette dernière veille à ce que chacun ait la parole. En outre, fort de ses compétences en psychologie, elle relance et interpelle les différents convives.

 

  Quel est l'intérêt de venir a de telles réunions ?

 

  D'abord, comme pour tous les groupes de paroles, cela permet de relativiser ses propres souffrances. Je ne suis pas seul au monde, d'autres êtres humains souffrent de troubles similaires. Avec mon histoire je me confronte aux autres et cela peut donner un sens à mes souffrances.

 

  Quels sont les différents publics qui vont à l'UNDMD ?

 

  Presqu'à chaque réunion de nouvelles personnes se joignent au groupe.

Certaines découvrent la maladie. Ils sont en attente d'explications. Dès lors, la psychologue et les membres plus anciens donnent des conseils et confrontent les expériences. D'autres sont malades depuis longtemps, mais viennent à l'UNDMD, car ils ressentent le besoin de parler de l'évolution de leurs troubles.

Un bon nombre aussi, sont des habitués, voir viennent à chaque réunion. Ils apprécient ce qu'on pourrait appeler une « psychothérapie de groupe ».

 

  Qu'est ce qui se passe dans une réunion UNDMD ?

 

  Ce sont d'abord des relations humaines qui se créent. En effet, à l'UNDMD on sympathise, on compatie, on partage, on évalue, on échange etc... Bref on est un groupe, pas juste des individus isolés. Par exemple, on échange sur les médicaments(« moi j'ai essayé ça, moi ça a marché, moi ça a pas marché etc...) On évoque les psys ou les différentes thérapies etc...

On parle des problèmes (et des réussites aussi) que tout le monde peut rencontrer. Mais on constate que la bipolarité engendre une hyper-réactivité émotionnelle. Dès lors, les situations sociales sont vécus avec beaucoup plus d'intensité et cela peut devenir très handicapant et parfois généré beaucoup de souffrance. Il est donc beaucoup plus dur d'avoir l'âme en paix. Même si des périodes sans troubles peuvent exister, généralement, de forts résidus de la maladie perdurent : stress, déprime, TOC, etc... Aussi il faut toujours se battre avec ses vieux démons. La jouissance de l'exaltation et la possible dépression ne sont jamais éteintes.

 

  Qu'est ce que nous dit l'UNDMD de nos rapports sociaux ?

 

  Les toubles bipolaires de l'humeur ne sont pas que des problèmes de pathologie psychique.

Ce sont aussi des problèmes sociaux et économiques.

Au cours des réunions les problèmes au travail sont récurrents. A l'heure de la mondialisation néo-libéral et de la « rationalisation du tavail », il n'est pas très bon d'être trop sensible. La course à la performance (d'ailleurs pas que dans l'économique) veut qu'on se débarasse des plus fragiles (en fait les personnes les moins maléables).

En témoigne un exemple sidéreant, entendu à l'UNDMD.

C'est une femme d'environ 50 ans qui souffre surtout de dépression. Elle travaille dans une boîte depuis environ 20ans. Tout allait assez bien, jusqu'au jour ou l'entreprise décide de changer de système informatique. Et la patatras, elle a beaucoup de mal à assimiler la nouvelle donne informatique. Ces supérieurs s'en aperçoivent. Peu à peu ils décident de pousser à bout la malheureuse pour qu'elle démissione. Par un procédé simple et très sournois : la supérieure, par oral lui donne des informations volontairement fausses. Dès lors, l'employée ne peut effectuer son travail et sa détresse grandit. Quel rapport me direz vous avec les troubles de l'humeur ? Et bien juste que notre société, au lieu d'aider et de protéger les plus fragiles, fait le contraire, elle les enfonce.

Nous pourrions aussi parler de la vie sentimentale et des relations d'amitié. La aussi on remarque une précarité plus forte qu'ailleurs.

 

  Mais revenons à l'UNDMD. L'association montre que la verbalisation de ses troubles (le fameux mettre des mots sur ses maux) est toujours positif. De surcroit, l'association montre que l'on peut trouver des réponses avec ses pairs, dans une élaboration collective. Ce sont des moments de vie ou l' on peut se livrer sans crainte d'être jugé, ou l'on a pas besoin de faire semblant, de jouer un rôle social.

  La vie est précaire... et encore plus pour les bipolaires. Heureusement, tous les jeudis, la réunion de l'UNDMD est toujours là.

 

voir les coordonnées et les horaires de l'UNDMD dans la rubrique agenda

 

 

 

 

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                      Conférences débats de l'unafam bretagne 2014

 

 

  Le vendredi 5 décembre 2014 a eu lieu à Rennes, à la maison de quartier de Villejean, les rencontres thématiques organisés par l'UNAFAM bretagne. Atypick, Espoir 35, la ville de Rennes, le CHGR et l'ARS ont soutenu ou participé à l'évènement. Les « conférences/débats ont eu lieu de 9h à 17h.La journée a commencé par une introduction du délégué régional, jacque et de la délégué 35, nicole.

 

   Le professeur Dominique Drapier, du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l'adulte du CHGR a ouvert les débats, sur le thème « Qu'en est-il de la recherche fondamentale en psychiatrie. Il nous à fait part de l'évolution de la recherche.Notamment, les recherches veulent dépasser la seule étude des relations entre les cellules du cerveau(les neurotransmeteurs), pour rentrer à l'intérieur des cellules et donc avoir une approche plus bio-chimique.Un autre axe très porteur est celui qui s'intéresse aux inflammations,qui en plus de favoriser l'apparition des troubles mentaux pourrait aussi engendrer des troubles somatiques(avec une interaction). En suite le chercheur a évoqué l'épigénétique, en expliquant tout d'abord qu'un trouble mental est bien trop complexe pour être expliquer par un seul gène. En revanche il est très intéressant d'étudier les régions du génome qui pourraient être candidates à des interventions thérapeutiques ultérieurs. Puis le chercheur nous a parlé d'un autre domaine, celui de la recherche en imagerie. En étudiant les bases cérébrales des symptômes, on pourra peut-être dépister les vulnérabilités psy. Mais on ne peut pas encore saisir l'ensemble du fonctionnement mais juste symptôme par symptôme. L'imagerie pourra aussi aider au guide et à la prédiction de réponses au traitement. Toute ces recherches pourront peut-être permettre de créer des médicaments plus précis donc plus efficaces. Le professeur nous a aussi fait part du problème de l'accès à l'IRM pour des troubles psychiques. Les personnes en troubles mentaux passant après les personnes en troubles somatiques. Pour le chercheur la solution serait peut-être de créer des IRM dans les HP. Puis le professeur Drapier nous a parlé des techniques de stimulation. Il a commencé par l'électroconvulsivothérapie(ECT). Il a regretté qu'il y ait de moins en moins d'endroits pour le pratiquer car il manque de plus en plus d'anesthésistes. Pus il a abordé la Stimulation magnétique transcrânienne et la chirurgie fonctionnelle. Après cela, il est sorti des explications biologiques pour nous faire part d'études ayant démontré que le lien social diminu la mortalité des personnes en troubles mentaux. En outre, la vie urbaine a un impact défavorable sur la santé mental.

Enfin, la partie peut-être la plus attendue par le public, le professeur nous a présenté les dernières recherches sur les médicaments.

Il nous a tout d'abord rappeler qu'entre les débuts de recherche sur un médicament et sa commercialisation, il faut attendre longtemps, environ 15 ans. Puis il a fait part de l'échec du

premier médicament au monde, qui a voulu traîter spécifiquement les symptômes négatifs(repli sur soi,etc...) Il ne verra donc pas le jour. Plus généralement, le professeur nous a expliqué que l'avenir de la recherche c'est de dépasser la seule analyse en terme de Dopamine (l'arbre qui cache la forêt)

Pour conclure, le chercheur a démenti que la recherche en psychiatrie est faible. Au contraire, pour lui elle est tès active et concurentiel.

 

  En deuzième partie, le philosophe Bertand Quentin, maître de conférence en philosophie à l'université de Paris-Est Marne-la-Vallée est venu évoquer le thème : « la philosohie face au handicap psychique »Tout d'abord, il a fait un rappel historique. Il a comencé par évoquer l'antiquité. A l'époque c'est plus le handicap physique qui était vilipendé.On pouvait même valoriser la folie, voire la considérer comme divine. Plus tard, Pascal considérera que l'accomplissement humain ne passe pas par l'esprit mais par la charité. Dès lors une personne humaine, même ayant l'esprit altéré, peut «s'élever» en étant charitable. Descartes, lui, considérait l'animal comme une machine, un automate. A sa suite, John lock qui fait une gradation rationnel entre l'homme et la bête, conclut que l'handicapé mental n'est pas tout à fait un homme. Si l'handicapé ne vaut pas plus qu'une bête alors on peut le maltraîter voir l'anéantir(comme firent les nazis). En revanche, Leibniz pense que l'handicapé mental garde une part de raison mais par «eclipse».

Il a évoqué aussi le sociologue Blondel. Celui-ci insiste sur la rencontre avec le poly-handicapé.Même très diminué il peut comprendre des choses et surtout être sensible à l'affection qu'on lui porte(même si il ne le montre pas).

Enfin, le professeur conclut qu'il ne faut pas penser qu'à la différence(droit à la différence etc...)mais aussi penser à la ressemblance. En effet, l'handicapé nous ressemble (en plus fort, en plus exagéré etc...) et c'est ça qui nous fait peur. Ce reflet (de nous même, de nos imperfections, de nos manquements, de notre perte de sens etc...)doit nous amener à considérer l'handicapé comme faisant partie intégralement de l'humanité. Sinon nous perdrions notre propre humanité...

 

  En 3ième partie de la journée, le docteur david Levoyer est intervenue pour évoquer « l'éducation thérapeutique du patient(l'ETP)».

Il nous a fait réfléchir sur la notion de « santé ». Est ce une absence de maladie?Est ce un état de complet bien-être, physique, social et mental? Un retardement de l'apparition de la maladie? Ect..

L'ETP c'est d'abord une autre relation avec les soignants, notamment avec le médecin. Ce dernier ne se contente pas d'asséner un savoir et le patient de le recevoir passivement. Non, il y a une cogestion et un partenariat face à la maladie. Le patient peut donc acquérir un savoir et construire des compétences.Mais en psychiatrie il faut prendre en considération certaines spécificités du patient:comme le possible « bug », l'altération de la machine à penser. Cela nécéssitera donc une adaptation de l'ECT aux troubles mentaux. En outre, divers problèmes peuvent faire échouer l'ETP. Tout d'abord l'anosognosie, c'est à dire la méconnaissance par le sujet de l'affection dont il est atteint. En outre, le manque d'auto-repérage, la difficulté d'initier et d'exprimer une demande, la difficulté pour repérer les intentions d'autrui, une difficulté pour gérer la nouveauté et faire face à l'imprévue, la difficulté pour généraliser, peuvent compliquer l'ETP.

Le Dct Levoyer est très sensible (comme IPR d'ailleur) à l'échange des pratiques et à tout ce qui peut faire profiter des expériences des autres. Il pense que c'est en s'associant(les soignants, les patients, les familles etc...)et en se coordonnant qu'on libérera les talents de tous.

Puis le débat c'est portée sur « le sujet désirant » . Pour le psychiatre il existe toujours mais il peut être enfoui et il s'agit donc de le faire remonter. Enfin, le docteur nous a expliqué que l'ETP n'est pas un produit vendu clé en main. Il est nécessaire de le préparer,

de ne pas « plaquer »les soins sur une personne et donc de faire toujours du sur mesure.

 

 

  Pour terminer les conférences, le Docteur Jacque Derouet est intervenue sur : Qu'en est-il aujourd'hui des thérapies de remédiation cognitive ? Les nouveaux progammes psycho-éducatif du patient » Tout d'abord le psychiatre a tenu a préciser que la psycho-éducation est une formation pas juste de l'information. Elle nécessite que le patient, pour être réceptif, soit relativement stablisé et que si nécessaire, on puisse interrompre le programme pour mieux le reprendre.

Ce qui a été très interessant dans l'intervention du Dct Derouet, c'est qu'il nous a présenté un petit changement de paradigme. En effet, dans les troubles bipolaires on avait tendance à présenter un tableau clinique tel que: des manies(phases d'exitation) et des dépressions. Entre les deux, des intervalles libres avec une absence de symptômes. Le Dct Derouet tord le cou à cette vision, en indiquant que 41% des patients affectés de troubles bipolaires souffrent pendant cette période.Ce sont « des résidus » mais il semblerait qu'ils sont beaucoup plus importants(en souffrance) que ce qui était admis. Les patients seraient affectés d'une « hyper réactivité émotionnel »engendrant anxieté, déprime, petite exitation, TOC ,ect...

  Le Dct Derouet a résumé les différentes étapes d'une psycho-éducation des troubles bipolaires.La première étape est la capacité du patient à lire son humeur. Il peut déterminer de façon adéquat ce qu'est une humeur pathologique. Deuxième étapes le patient doit identifier son propre profil et repérer les signes, personnels, qui annoncent un probable accès. Troisièmement, le patient doit comprendre l'importance des rythmes de vie dans la stabilisation des troubles(ne pas se coucher trop tard, manger à heures régulières etc...)La quatrième étape pourrait être l'implication des familles. Les différents membres de la familles peuvent apprendre à repérer les différents signes d'une possible rechute et ainsi a agir avant qu'il ne soit trop tard.

 

  Enfin, pour courronner la journée, nous avons assisté à une pièce de théatre intitulée « ABILIFAï LEPONEX »interprétée par la compagnie Fouic, écrite et mise en scène par Jean-Christophe Dollé.

La piéce rend très bien compte de l'immense douleur qui affecte les personnes en troubles psychiques tout en montrant la rare poésie de leur déboire.Dans l'assemblée, quelques personnes ont mal reçus la pièce lui reprochant d'être trop sensationnel et surtout d'évoquer la rupture du traitement. Mais le théâtre n'est pas la pour dire ce qu'il faut faire mais juste pour évoquer toute la tragédie et/ou la comédie des vies humaines.

 

  Quelles critiques constructives peut-on faire à ces conférences-débats ?

Tout d'abord même si ces recherches sont très intéressantes il ne faut pas évacuer les doutes. Notamment sur les effets secondaires à long terme de certaines thérapies(ECT,TMS,etc...). Mais surtout aucune techniques(électrique, magnétique, chimique)ne pourra à elle seule venir à bout des troubles mentaux. Il faut aussi « chercher » sur la prise en charge global du patient(le logement, le travail, l'écoute psychothérapeutique, les lieux d'intégration sociale etc...). Nul avancée ne peut se réaliser sans la prise en compte de la dimension sociale des troubles.Et nul avancée dans cette dernière sans une lutte politique. L'unafam réussit à mobiliser beaucoup de familles et c'est très bien. Peut-être obtiendrait-elle plus de résultats si elle posait aussi des questions qui dérangent.Comme par exemple la question du lien entre les troubles mentaux et les poliques économiques libérales. En effet, il semble évident que plus un individu est livré à lui même (avec moins de protection, des contrats précaires, moins de solidarité socialisé,sécu,etc...) plus il risque de souffrir de troubles mentaux.

 

 

 

 

 oiseau coloré

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Pinceau aquarelle 5

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