INFO PSY RENNES
Le site d'info du monde psy à Rennes
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témoignages
Projet coconstruit « En quête de soi » :
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Depuis janvier 2023, un projet appelé « Enquête de soi » a vu le jour à Rennes. Lancé parElise Meyer, infirmière psy, Lucie Cassisa, conceptrice centrée-utilisateurs et JulietteMolinero, chargée de projets dans le domaine sociale, il a pris appui sur la Thébaudais,structure de soin regroupant un hôpital de jour et un centre post-cure.
Après 6 mois à animer des ateliers auprès d’une trentaine de personnes concernées par des troubles psychiques de 16 à 77 ans, l’idée était là :
D’une part, outiller les usagers de psychiatrie à mieux se connaître, identifier ses envies et les cultiver, connaître ses limites, par un cahier de ressources regroupant des activités personnelles, des retours d’expérience de personnes rétablies et des outils pratiques.
D’autre part, outiller les personnes souhaitant animer des ateliers dans les structures sanitaires, médico-sociales ou associatives pour créer des espaces d’échanges, s’intéresser aux personnes concernées, cultiver leurs envies par un cahier d’activités collectives présentant des fiches pédagogiques illustrées, des visuels et des conseils !
Ces supports ont été pensés de A à Z avec de futurs utilisateur.ice.s.
Aujourd’hui, les deux supports sont en test auprès d’une cinquantaine de personnes et le projet prend de l’ampleur. De nombreuses structures se montrent intéressées même si lamarche à franchir n’est pas simple ! L’équipe est bien décidée à accompagner celles et ceuxqui le souhaiteront pour déployer le projet à la hauteur de ses ambitions !
Le journal de bord pour se tenir informé.e des nouveautés :
https://hackmd.io/@LucieKalliste/rJ-mtOeru
Bientôt à Rennes :
un tout nouveau Clubhouse
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Marc Seguin : directeur du Clubhouse de Rennes
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Et si l'isolement des personnes en troubles psychiques, n'était pas une fatalité ?
Et si, en fait, à Rennes, ils manquent des outils et des dispositifs innovants pour que l'intégration sociale et professionnelle ne soit pas de vains mots ?
Venus des états-unis, les clubs houses veulent changer le paradigme du social et du médico-social.
En effet, pour les partisans de cette approche récente (en France, le premier Clubhouse est créé à Paris, en 2011), la personne peut retrouver des capacités cognitives et sociales, seulement si elle est vraiment active au sein d'une organisation.
En fait, les Clubhouses fonctionnent selon le principe de cogestion. Pour changer les choses, il faut que les usagers s'occupent aussi de leurs affaires. Au niveau des loisirs, des sorties et de la vie sociale, mais aussi au niveau de l'insertion professionnelle.
En effet, l'idée, c'est de mutualiser les réseaux professionnels, en cherchant à entretenir des relations avec les différentes entreprises (en quelque sorte, faire fructifier un capital social). Ne pas attendre un emploi, mais collectivement, aller chercher les opportunités professionnelles.
Pour l'animation et l'entretien des lieux, la encore, les membres ne vont pas rester passifs.
Tous les matins, ils peuvent s'inscrire, sur un grand tableau, pour effectuer les différentes tâches, ménagères, administratifs, etc...
En outre, chacun des membres peut profiter d'un accompagnement sur mesure (par un salarié), pour augmenter ses chances de réaliser ses projets de rétablissement et/ou professionnelles.
Donc les salariés du Clubhouse de Rennes vont devoir trouver un équilibre entre aides concrètes et auto-détermination des membres.
Déjà, le directeur du Clubhouse, Marc Seguin, se démène pour que toutes les bonnes volontés se rencontrent, s'agrègent et lancent, ensemble, une véritable dynamique.
Mais le Clubhouse sera aussi l'oeuvre des membres. De ce qu'ils réussissent à construire, à inventer. Leurs participations, en tant que réels acteurs, devra trouver les moyens de créer une « démocratie associative », tout en étant efficace sur le front de l'emploi.
Si vous êtes intéressé par les valeurs et les pratiques des Clubhouses, vous pouvez donc vous lancer dans l'aventure.
Le Clubhouse de Rennes ne se fera pas sans ses membres.
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le 24/10/2023
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Contact :
Marc Seguin
Directeur Clubhouse Rennes
+33 (0)6 52 05 00 64
6 rue du Louis d’Or, 35 000 Rennes
La boutik de Suzy
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Quoi de neuf au CHGR (Centre Hospitalier Guillaume Régnier) ?
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Et bien depuis le printemps dernier, une « boutique solidaire de vêtements et accessoires, pour les femmes et les hommes » s'est installée en plein cœur de l'hôpital.
Ce véritable magasin, ouvert tous les jeudis de 10h à 12h et de 14h à 16h30, est un lieu de rencontre et de convivialité, qui permet aux plus modestes d'accéder à des vêtements de « seconde main », mais toujours de qualité.
En effet, l'hôpital psychiatrique n'est pas obligé de rester cantonné à un espace d'enfermement, dont la seule mission serait de donner des médicaments.
D'ailleurs, autrefois, le CHGR qui s'appelait Saint- Méen, était un lieu de production économique, avec ses élevages et ses cultures.
La question est donc de savoir si l'HP doit être seulement un dispositif médical ou s'il doit construire sa thérapie sur l'activation de la vie sociale, et même de l'activité économique ?
Depuis longtemps, déjà à Rennes, au CHGR, nous avons la chance d'avoir le Centre social thérapeutique et culturel (CSTC).
En plus d'organiser divers événements socio-culturels, la structure met à disposition des patients et du personnel, une véritable cafétéria, ou on peut consommer, dans une grande salle, des boissons et des friandises, entre autres.
En France, le bar, le bistrot, le troquet fait partie de la vie sociale des Français. C'est un lieu de rencontre, de partage, de sociabilité.
Le CSTC permet donc un accès à ce « rite social » aux personnes hospitalisées. En effet, même si le patient est en grande souffrance, subissant un mal invisible et indicible, il a quand même le droit de « sortir », d'être en société.
Et de façon beaucoup plus pratique, la structure rend un grand service aux patients puisqu'elle propose des produits d'hygiène, à des prix très peu onéreux.
Pour faire vivre toutes ces activités, on peut compter sur toute l'équipe du CSTC, qui s'investit sans relâche et se nourrit de valeurs humaniste, en s'inspirant des idées de la psychothérapie institutionnelle. Elle est constituée de 3 aides-soignants, 3 infirmières, 1 éducateur sportif, un cadre sup, une chef de pôle.
C'est cette même équipe qui a créé la boutique de Suzy.
Déjà, ils organisaient, deux fois par an, des brocantes de ventes de vêtements qui remportaient de vifs succès, puisqu'ils n'arrivaient pas à contenter toute la demande.
Dès lors, puisqu'il existe un réel besoin pour se vêtir pour pas cher, pourquoi ne pas rassembler toutes les bonnes volontés pour pérenniser un espace dédié.
Avec le soutien des équipes techniques et de la direction, un local fut trouvé et des stocks de vêtements et d'accessoires furent constitués peu à peu, grâce aux dons de tout à chacun.
Oui, la force de la boutique est de pouvoir compter sur la générosité des personnes qui font des dons (personnel, patients, etc...)
Il ne faut pas non plus oublier le rôle joué par l'association inter-secteurs « Susy Rousset », qui a aussi impulsé toute cette réalisation.
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Mais à quoi sert la boutique ?
Au-delà du côté consommation, le magasin remplit une fonction sociale : celle de rendre possible une bonne image de soi.
En effet, dans nos sociétés ou chaque personne doit se réaliser, devenir quelqu'un, l'apparence compte énormément (même si on peut le déplorer). En tous cas, pour les gens qui accordent de l'importance au « regard social », ne pas accéder aux vêtements, engendrerait pour eux, une dévalorisation, une mésestime. Car qu'on le veuille ou non, quelqu'un de bien habillé, est quelqu'un qui fait une meilleure impression.
Et puis, faire du shopping, c'est aussi se faire plaisir, cela engendre des satisfactions personnelles.
En outre, les personnes en troubles psychiques sont déjà tellement exclus et isolées, qu'il est donc important qu'ils soient dans le « jeu social » du look, d'un certain conformisme social. Choisir ses vêtements, c'est aussi construire sa personnalité, créer son style.
Bien sûr, toutes ces considérations qui viennent d'être énumérées sont à relativiser. On a aussi le droit de ne pas suivre la pression sociale, consumériste et artificielle, qui consiste à devoir « bien s'habiller ».
Surtout, il ne faut pas oublier, que pour un SDF sans le sou, se procurer un pull bien chaud, c'est juste vital. Et en ces temps de baisse du pouvoir d'achat, cela permet aux personnes ne bénéficiant que de l'Allocation pour Adultes Handicapés (AAH), de ne pas se ruiner dans leurs achats de vêtements.
L'autre intérêt de la boutique, c'est la réinsertion sociale.
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En effet, on propose à certains patients, de venir travailler dans ce petit commerce.
Ceux qui acceptent cette mission, doivent trier les vêtements, les mettre en rayon et vendre les produits. Ils peuvent aussi être responsable de la caisse et effectuer une petite comptabilité.
Les soignants, même s'ils se considèrent comme les collègues des soignés, sont aussi là pour évaluer les patients. Observer les personnes dans ce type d'activité, in situ, permet aux professionnels de se rendre compte des qualités et des ressources de chaque individu, tout en cernant mieux leurs difficultés.
Exercer une activité et des responsabilité, se confronter à des clients, respecter des horaires, trouver les mots pour vendre, soigner son attitude, tout cela concourt à une véritable réhabilitation psycho-sociale. Une étape, peut-être, vers une activité professionnelle.
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Et bien sûr, à l'heure ou nous vivons tant de catastrophes naturelles (incendies, inondations, tempêtes, sécheresses, etc...) comment ne pas parler d'écologie.
Il faut savoir que l'industrie textile est une des activités au monde, qui pollue le plus (notamment à cause de sa sur-consommation en eau).
Dès lors, acheter des vêtements d'occasion, c'est aussi un acte politique, puisque cela concourt à faire baisser la production et la consommation, donc à « décroître ». C'est la seule voie qui nous permettra de lutter contre le dérèglement climatique.
En outre, tous les bénéfices servent à financer des activités et des sorties pour les usagers.
La psychiatrie ne soignera jamais les « malades », avec la seule médication et des considérations purement « neuro-scientifiques ».
Même si elle est très souvent indispensable, l'intervention chimique sur le cerveau ne pourra jamais remplacée le sentiment de connexion, l'être social épanoui.
Sans retour à l'autre, sans réorganisation psycho-sociale, la personne restera perdue dans sa maladie.
Il est donc crucial de semer un peu partout, les graines du réenchantement social et de la participation effective.
Quant à elle, la graine de la boutique de Suzy a bien poussé, elle a su s'agripper au CHGR et elle nous montre que l'aventure collective-soignants/soignés- peut casser le béton de l'impuissance, de la résignation et du tout médical.
Hâtons-nous de déceler toutes les autres graines et de notre main généreuse, aidons les a pousser.
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Septembre 2022
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La Boutik de Suzy :
06 11 87 37 48
Guillaume Alemany : écrivain, conférencier, militant... et autiste asperger
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L'autisme est un trouble du développement qui affecte la communication avec autrui et peut engendrer un isolement très handicapant.
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Mais l'autisme est un terme générique, qui renvoit à des types de pathologie très différentes, avec une perte d'autonomie plus ou moins forte.
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Une variante de cette pathologie est le syndrome asperger. Les personnes souffrantes de ce trouble n'ont pas de retard du langage ni de déficiences intellectuelles.
En revanche, ils peuvent se retrouver dans une situation de handicap car ils ont parfois du mal à se prendre au jeu de la vie sociale.
En effet, ils ont du mal à intégrer et à respecter les codes sociaux.
Au niveau relationnel, ils n'ont aucun soucis pour être sociable, quand ils cotoient une seule personne, mais ils sont mal à l'aise et ont du mal à s'intégrer en situation de groupe.
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Une des caractéristique singulière du syndrome d'asperger est « l'intérêt spécifique ». La personne est passionnée par un objet unique et obsédant, qui peut paraître « curieux » pour le sens commun.
Par exemple, elle va collectioner, de façon frénétique, des ampoules électriques. Et cela va l'envahir, au point de négliger tous les autres intérêts.
Que de mal à ça me direz vous.
Le seul problème est que la personne ne comprend vraiment pas pourquoi les autres personnes n'ont pas la même passion pour cet objet. Et cela peut créer un décalage, par manque de réciprocité, dans la vie sociale et le rapport à autrui.
On peut considérer ces troubles comme légers, mais ils ne sont pas sans incidences, parfois graves, sur le cours de la vie.
Dans un monde de plus en plus mimétiques, où nous devons tous rentrer dans des cases, le syndrome d'asperger renvoit à l'adaptation.
Mais à quoi ?
A une situation, aux autres, à la société, à l'ordre établi, aux classes dominantes ?
Même si il est de plus en plus établi que les troubles autistiques auraient une origine organique et innée, il n'en reste pas moins vrai que son altérité et la possibilité de son intégration sociale, dépend de déterminants sociaux.
Par exemple, les personnes affectées du syndrome d'asperger ont souvent du mal à suivre les modes vestimentaires.
Pour eux, un vêtement doit être avant tout confortable et pratique. Ils ne ressentent pas cette pression sociale, qui les pousseraient à rentrer dans un moule vestimentaire, dictée par les dernières modes en vogue.
Mais sont ils fautifs de ne pas suivre ces chemins de l'apparence ?
La mode est un phénomène social déterminé par le consumérisme.
Donc, ce qu'on reproche aux autistes asperger, ce n'est pas une déviance qui serait nocive aux autres. Non, on leur reproche-et parfois on les rejette pour ça-de ne pas s'inscrire dans une réalité socialement construite.
Guillaume Alemany est affecté par ce trouble, le syndrome asperger.
Il a été diagnostiqué tardivement, à l'âge de 27 ans.
Dès le collège, il a rencontré quelques soucis relationels avec ses camarades. Un peu de moqueries et une assignation de personne différente, bizarre.
Il se sentait décalé par rapport aux préoccupations des autres.
Très jeune, il se passionna pour la géo-politique et il ne comprenait pas pourquoi les autres ne s'intéressaient qu'à des sujets si futiles, comme les tenues vestimentaires etc...
Mais jamais on le qualifia d'autiste ou de malade. On le trouvait juste un peu bizarre et « dans la lune ».
Il est important de préciser que Guillaume a un frère autiste non verbale.
Du coup, pour ses proches, les problèmes de Guillaume ont pu paraître secondaires par rapport à ceux de son frère.
Mais il ressentait une souffrance. Comme une inédéquation entres ses sentiments et la possibilité de s'inscrire dans des dynamiques sociales conventionnelles.
Peut-être que, mal dans sa peau, il ne s'investit pas-alors qu'il a de fortes capacités intellectuelles-dans ses études au Lycée. Il préféra s'ennivrer dans les fêtes et l'alcool.
Comme pour beaucoup de gens, l'alcool permet une augmentation de l'estime de soi et une levée des inhibitions sociales, propice aux rapprochements sociaux.
Après l'obtention de son bac STG (arraché de justesse), il s'inscrit en Droit, poussé par ses parents.
Mais cette discipline n'est pas sa tasse de thé et il échoue.
Il enchaine plusieurs boulots-vendeur, ouvrier dans l'agro-alimentaire, etc...-mais il ne trouve pas sa voie.
Dès lors, à 24 ans, il décide d'aller voir ailleurs, si l'herbe ne serait pas plus verte.
Il quitte la France et attérit en Asie. Il périgrine tel un aventurier en mal de rencontres. Il finit par se retrouver en Australie, sans un sou et devient SDF.
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De retour en France, il revoit une amie qui lui parle de la possibilité de se faire diagnostiquer par rapport aux troubles autistiques, au Centre de Ressource Autisme (CRA) de Bretagne.
Dans le doute il effectue la démarche. Il est « officiellement » reconnue autiste asperger.
Pour lui, c'est un soulagement car il met enfin un mot sur ses maux.
Et même si cela est bien sûr un peu stigmatisant, on reconnaît qu'il n'est pas bête ou bizarre, mais qu'il est porteur d'un handicap, d'une différence.
Grâce à ce diagnostic, il obtient l'allocation adulte handicapé (l'AAH). Cela lui permet de réaliser les études dont il a toujours rêvé : l'histoire et la géo-politique.
A 27 ans, il retrouve donc le chemin de la Fac. Mais cette foi-ci, fini les beuveries et les fêtes avec les copains, il se consacre pleinement aux sciences sociales.
Mais Guillaume Alemany ne veut pas faire de ses troubles autistiques, une affaire uniquement individuelle.
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Très vite, il s'engage dans une association qui défend les intérêts des personnes autistes : Asperansa. Entre sorties conviviales et groupes de paroles, le groupe Brestois octroit une aide concrète à ses membres, tout en passant par des actes collectifs, les revendications.
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Très vite aussi, il organise avec d'autres, des conférences, pour exprimer les enjeux de l'autisme et pourfendre les méconnaissances et les préjugés.
Ses conférences rencontrent un certain succès et il commence même à être médiatisé (médias locaux, RTL, etc...)
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En outre, il s'engage dans l'institutionnel, en tant que représentant des usagers autistes (CTRA l'instance de l'ARS et les trois instances du CRA : le comité de représentation des usagers, le comité scientifique et technique, comité de surveillance et de coordination)
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Guillaume est un intellectuel et c'est donc tout naturellement qu'il se tourne vers l'écriture.
Son premier ouvrage, « les aventures de Kawi », est une auto-biographie qui retrace son parcours, si rocambolesque par moment.
Son deuxième ouvrage, « le(s) monde(s) de l'autisme », qui vient de sortir, traîte plus directement de toutes les problèmatiques liées à l'autisme.
Après une expérence professionnelle en tant qu'administratif dans une entreprise du bâtiment, Guillaume Alemany voudrait continuer à oeuvrer pour mieux faire connaître les réalités de l'autisme en France. Etre une sorte de porte parole des personnes directement concernées.
Le débat sur la prise en charge des personnes en troubles autistiques fait rage.
La psychanalyse a été discréditée. A contrario, aujourd'hui beaucoup de personnes ne jurent que par l'approche des thérapies cognitives et comportementales (les T.C.C), dont la fameuse et controversée méthode ABA.
Pour Guillaume Alemany, l'approche comportementaliste est importante, même si, il est indispensable de la compléter avec la psychothérapie de groupe.
Par exemple, les groupes de paroles, comme ceux organisés par les associations, sont un moyen d'être en société sans connaître les stigmates de la société (grâce à la compétence et la bienveillance de l'animateur-ice).
Connaître les troubles psychiques et ceux du spectre autistique, est une épreuve terrible, qui bouleverse son rapport au monde et l'image de soi-même.
Mais il n'y a pas de troubles en soi, ni d'essence pathologique irrémédiable.
Chaque personne fait quelque chose d'unique avec son trouble.
Nous avons présenté, brièvement, ce qu'en a fait Guillaume Alemany.
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Oui, malheureusement, il n'existe pas de modèle à copier, ni de protocoles immuables à suivre.
On tâtonne, on s'accroche par ci par là, on revient, on se rétablit, on rechute, on avance...
Mais comme pour tous les êtres humains, l'expérience de la vie, l'existence, reste une énigme, que seuls les idiots croient avoir compris.
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Pour contacter Guillaume : lesmondesdelautisme.fr
Youtube et Facebook : Guillaume Alemany
Livres de Guillaume :
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Le(s) monde(s) de l'autisme : témoignages, conférences et infos pratiques sur l'autisme , Amazon KDP, 2020.
-
Les aventures de Kawi : parcours d'un jeune Asperger, l'Harmattan, 2017.
L'association Sources
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Nos sociétés modernes et industrialisées ont réussi à faire disparaître, en grande partie, la faim. Nos systèmes économiques ont annihiler les crises frumentaires. Mais un autre fléau s'abat sur nos vies : la souffrance psychique.
Que ce soit le chômage, la précarité, l'isolement ou les problèmes de parentalité, de plus en plus de personnes se retrouvent bouleversées dans leur existence et peuvent basculer dans des situations de détresse morale et/ou affectives.
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Alors que faire ?
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Pour lutter contre ces phénomènes de mal-être et de grandes difficultés psycho-sociales, une femme, Madeleine Pougeoise, a décidé de créer en 1988, à Rennes, une association : Sources.
Contre le fatalisme et la résignation, son humanisme la pousse à créer, dans le quartier ou elle vit, la Poterie, un lieu : « pour parler, être écouté ».
En effet, certaines personnes peuvent être « éjectés » de la vie sociale et se retrouver de plus en plus seules. Juste parler avec quelqu'un, peut s'avérer très compliqué, voir impossible.
La destruction des solidarités (comme la sécu, les services publics, etc...) n' engendrent pas qu'une baisse du pouvoir d'achat et une augmentation de la précarité.
Non, elle prive de plus en plus de personnes d'un minimum de sociabilité, d'échanges et d'occasions de se rencontrer.
La perte du lien social, c'est aussi la perte de la possibilité de s'exprimer, d'avoir quelqu'un avec qui on peut parler, de façon bienveillante et désintéressée.
L'association Sources vient donc en aide à tous les « privés d'écoute ».
Une vraie écoute
En effet, même si paradoxalement, nous communiquons de plus en plus (avec les SMS, les réseaux sociaux, etc...), nos échanges s'appauvrissent et sont de plus en plus superficiels.
Nous nous devons de communiquer, mais plus pour notre image sociale, que par goût pour l'autre.
Or, dans un monde de plus en plus complexe, où chacun doit se réaliser soi-même et construire une vie égotiste et singulière, où est la place de l'autre ?
Et notamment, est ce que vraiment, à un moment donné, je vais porter une réelle attention à l'autre, en prenant le temps de l'écouter ?
La réponse est de plus en plus négative.
Dès lors, une association comme Soures, a une utilité sociale de plus en plus forte, car elle permets de se « ressourcer » par la parole, c'est à dire de parler non pas pour conserver une relation, pour prouver son existence sociale, mais pour, sans aucun jugement, être à « nue ». Dans l'entretien avec le psychologue, je n'ai pas besoin de « jouer » un rôle social.
Dès lors, je me permet d'exprimer mes vraies pensées et sentiments. Et même, je peux cheminer vers des associations « inconscientes ». Et plus j'y vois clair, plus j'avance !
Mais comment ? Quelle est l'approche psychologique de Sources ?
A l'heure de la proliférations des « gourous » et des injonctions « de ceux qui pensent avoir tout compris sur la vie », l'association Sources à une démarche tout à fait opposée.
En effet, ses écoutants (six psychologues qualifiés et bénévoles) ne sont pas là pour dire ce qu'il faut faire ou ne pas faire, mais pour amener les personnes à trouver en elles-mêmes ses propres solutions et ses propres ressources. Comme le disait Madelaine Pougeoise, la fondatrice : « au fond de toutes personnes, il y a une source qui ne demande qu'à jaillir. »
Et même si une personne est très affectée par des souffrances psychiques, elle garde des parties « saines », qui peuvent tout à fait être développées et concourir à un mieux-être.
Encore faut-il les faire émerger.
Et c'est la tout le travail des écoutants, qui maîtrisent « l'art » de valoriser des qualités humaines, qui peuvent être enfouies.
L'autre force de Sources, c'est qu'elle est un lieu non-médicalisé.
Même si bien sûr, il ne faut pas opposer les associations et les structures institutionnelles (CMP, Hôpital, etc...), on peut quand même dire que le mouvement associatif a certains avantages.
Tout d'abord, sa souplesse, l'absence de protocoles et de règles « bureaucratiques » peut permettre une organisation plus originale, qui va sans doute, sur certains aspects,
s'adapter plus rapidement aux besoins des personnes.
En outre, il arrive encore que des patients ressentent les consultations à l'hôpital et dans les CMP comme un contrôle. Dès lors, ils ont du mal à se confier et gardent leurs distances. Parfois certains craignent que leurs paroles puissent les conduire à une nouvelle hospitalisation.
En outre, pour les personnes n'ayant jamais consulté, il peut être plus aisé, vu toutes les connotations péjoratives attaché à la psychiatrie, d'aller voir un écoutant dans une association, qu'un psychiatre.
Mais redisons le, il ne faut pas opposer le secteur associatif et les services publics.
Ils sont complémentaires et doivent travailler ensemble.
Pour finir, il nous faut parler du gros problème de la psychiatrie, aujourd'hui, en France : le manque de moyens humains.
Pour l'illustrer, nous ne donnerons qu'un chiffre : en Ille et Vilaine, pour avoir juste une consultation dans un CMPP (centre qui prenne en charge les enfants et adolescents), il faut parfois attendre deux ans.
L'association Sources, a la chance de pouvoir délivrer un rendez-vous, un entretien dans un délai maximum de 15 jours.
En outre, les consultations durent en moyenne de trois-quarts d'heure à une heure.
Et bien sûr, tous ces services sont entièrement gratuits.
L'association Sources ne fait pas de la psychiatrie et ne veut pas en faire.
Son autonomie lui a permis de développer une approche originale dans la cité.
Sa sollicitude, le dévouement de tous ses bénévoles apportent la plus grande des générosités : une réelle attention.
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Rennes, le 16/01/2020
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association SOURCES
2, Allée de Lucerne-352000-Rennes
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tél : 02 99 32 26 95
@ : association.sources@gmail.com
web : www.assosources.fr
Arzu GULER, conseiller en nutrition à Rennes
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« J'ai arrêté mon traitement parce que je prenais trop de poids. »
Que peut-on faire contre ce phénomène, si fréquent en psychiatrie ?
Nous avons fait appel à une nutritionniste, Arzu GULER, pour qu'elle nous explique les différents liens entre la santé mentale et l'alimentation.
Le rapport à la nourriture n'est jamais neutre, comme il est du rapport à la propreté et au rangement.
Qu'est-ce que l'alimentation pour une personne en troubles psys ?
Les diverses pathologies psychiques induisent une souffrance, mais aussi une « désorganisation » et une sorte d'anomie des rythmes sociaux.
En outre, par manque d'élan, de désir (pas assez de dopamine), on peut « se laisser aller » et ne plus trouver de ressources pour effectuer les « tâches quotidiennes ».
Or « bien manger » nécessite un rythme temporel (manger à heures régulières) et assez d'énergie pour cuisiner.
Dès lors, même si une personne en troubles psys, peut avoir conscience de l'importance de « bien manger », elle peut manquer de « force mentale » pour s'organiser une bonne alimentation.
Et ce n'est pas qu'une question de temps.
Si vous êtes accaparé par des obsessions, des angoisses, des délires intrusifs ou des idées noires, votre alimentation peut devenir un problème très secondaire.
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Mais d'ailleurs pourquoi manger mieux ?
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Qu'est-ce que cela apporte à notre santé et notamment à notre santé mentale ?
Il faut rappeler une évidence : on est ce que l'on mange. Tous les aliments que l'on ingère ont un rôle dans le fonctionnement de notre corps.
Par exemple il a été montré que manger bio réduisait le risque de cancer de 25% et diminuait le risque de surpoids et d'obésité.
En outre, ces mêmes études ont montré que si vous mangez Bio, vous serez moins sujet à tous les virus qui traînent. En effet, les aliments bio sont plus riches en vitamines et minéraux. Ainsi, ils renforcent notre résistance. De plus, les produits Bio ne contiennent pas de pesticides qui fatiguent notre immunité et peuvent s’accumuler dans notre corps.
D’autres expériences suspectent les additifs alimentaires de favoriser les troubles du comportement.
Plus globalement, manger les bons aliments aux bons moments (chronobiologie) permet une bonne santé, donc une bonne santé mentale.
Ceci peut être illustré en évoquant l'importance de nos intestins.
Cet organe est littéralement notre barrière avec l'extérieur. Si l'on mange mal, notre intestin est agressé, c’est une muqueuse fragile. Plus il va s'irriter, plus il va devenir fin, voir poreux.
Dès lors, les toxines et les grosses protéines mal digérées peuvent le traverser, ce qui va engendrer de l'inflammation et des réactions immunitaires, et même parfois autos immunes.
Or nous avons tout intérêt à préserver la bonne santé de l’intestin, notre 2eme cerveau !
En effet, entre 80 et 95 % de la sérotonine, « la molécule du bonheur » est sécrétée par cet organe qui contient environ 200 millions de neurones, autant que la moelle épinière !!!!
La sérotonine peut jouer sur l’humeur, le sommeil, la douleur, la prise alimentaire et la pression artérielle !
On sait aujourd’hui que l’équilibre du microbiote, les bactéries des intestins, influe sur notre humeur et nos émotions.
C’est pourquoi il est important de supprimer les aliments ultra transformés et inflammatoires qui agressent l’intestin. Ces suppressions peuvent nous aider à se protéger de la dépression ou en tout cas la diminuer.
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Prise de poids
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Mais revenons aux personnes en troubles psychiques.
Une de leur plus grande récrimination est la prise de poids.
Elle est liée, indubitablement, à la prise de médicaments psychotropes, mais pas que.
De nombreuses études ont prouvé (sans pouvoir tout expliquer) que les thymorégulateurs et les neuroleptiques, entre autres, faisaient mécaniquement, prendre beaucoup de poids.
Mais dans quelle mesure, la prise de poids doit elle être imputée aux médicaments, ou au contraire, à la pathologie psychique elle-même ?
Sans entrer dans les détails, tout le monde sait que les médicaments psychotropes (notamment les neuroleptiques) jouent sur les neurotransmetteurs, comme par exemple les récepteurs de la sérotonine, de la dopamine, etc...
Et cela ne va pas sans effet indésirable (nullement secondaire), comme donc, la prise de poids.
En effet, ces médicaments jouent sur l'hypothalamus, organe qui régit la faim.
Il est à noter, qu'il peut arriver, que des personnes avec un métabolisme exceptionnel, ne prennent quasiment pas de poids.
Si vous êtes conscient de ce mécanisme inéluctable, il ne faut donc pas culpabiliser les patients. Même les petits conseils bienveillants du type : « Tu pourrais faire un peu de sport, ou tu pourrais manger moins, etc » sont malvenus.
En revanche, une part de la prise de poids peut être liée à la pathologie. Et là, on peut jouer dessus.
En effet, le mal-être engendre une désorganisation, donc, souvent, un trouble de l'alimentation.
Par exemple, un manque de sérotonine peut engendrer une consommation excessive de sucre qui va faire augmenter la glycémie. Cela va provoquer une sécrétion d'insuline, qui, in fine, va favoriser la sécrétion de sérotonine par rapport à d'autres neurotransmetteurs.
Pour le dire de façon plus triviale : plus on stresse plus on compense avec la nourriture. Et ces compulsions sucrées vont aboutir à la prise de poids.
Heureusement, l’activité physique permet également de favoriser la sécrétion de sérotonine et autres endorphines.
De plus certains nutriments (matières premières) sont indispensables pour que le corps puisse fabriquer la sérotonine : le tryptophane (acide aminé présent dans la viande, le poisson, l’œuf …), les vitamines B6 et B9 (légumes verts), le Zinc, le Magnésium, etc...
Une mauvaise alimentation peut amener une carence en ces matières 1res et donc un manque de sérotonine…
D’où l’importance d’une alimentation bien équilibrée !
Conséquences sociales du sur-poids
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Mais plus on grossit (et parfois cela peut aller jusqu'à l'obésité) plus on met sa santé en danger.
Surtout, cela peut engendrer une forte dévalorisation sociale. On peut subir des discriminations (moqueries, insultes,etc...) et on a une mauvaise image de soi. Dans une société du culte de l'apparence, il ne fait pas bon d'être trop gros. Et du coup, cela peut devenir la double peine : stigmatisation des troubles psychiques et « grossophobie ».
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Alors que peut-on faire ?
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Tout d'abord, accepter un sur-poids lié à la prise des médicaments.
Même si chaque personne fait ses choix, nous pensons qu'il est préférable d’être trop gros que souffrir atrocement d'une pathologie psychique. La balance bénéfices/coûts penche nettement en faveur de la prise de médicaments.
En terme de baisse de poids, il ne faut pas se fixer d'objectifs trop ambitieux, inatteignables.
Etre coincé dans une maladie psychique, peut entraver fortement la capacité à agir.
Dès lors, il faut y aller par petits pas et surtout se dire qu'on règle les problèmes un à un, sur le long terme. Il faut se donner du temps. Avoir de petites victoires, régresser, progresser, échouer, revenir, etc...
Mais se soigner, au sens très large, psychiquement, socialement, « existentiellement » peut mener vers le chemin du « cercle vertueux réparateur ».
Et l'alimentation fait partie des soins.
De façon pragmatique, Madame GULER nous donne quelques conseils pour retrouver du pouvoir sur son alimentation :
1- Manger bio : cela ne demande pas d'effort particulier. En revanche, cela implique de consacrer un budget plus important à son alimentation.(avec l'allocation adulte handicapé comme seul revenu cela peut être difficile). Mais les effets bénéfiques en valent la peine. (voir les arguments plus haut dans l'article). Parfois, le budget consacré à l’alimentation n’est pas plus élevé, si on consomme différemment (moins de produits préparés par ex).
2- Ne pas faire ses courses alimentaires juste avant de passer à table.
3- Évitez les farines blanches, raffinées. Préférez les féculents et céréales, pains, pâtes, riz complets ou demi-complets
4- Évitez de consommer des sodas et jus de fruits. Préférez un verre d'eau avec un peu de menthe fraiche ou des rondelles de citron, et une lamelle de gingembre frais.
5- Si vous avez une envie de sucré, préférez un gâteau que vous avez fait vous-même plutôt que des biscuits industriels.
6- Proscrivez tous les plats cuisinés et les produits ultras transformés. En effet, ils contiennent beaucoup d’additifs et ce sont des calories vides !
Privilégier les produits brutes (fruits entiers plutôt que des jus de fruits ou compotes)
7-Manger protéiné le matin, de bonnes graisses (huile d’olive, un peu de beurre crû, du fromage..) et un petit goûter légèrement sucré. Cela favorise la sécrétion de sérotonine et de mélatonine qui aide à l’endormissement, et permet d’être plus rassasié et d’avoir moins de compulsions sucrées.
8-Ne pas oublier que l’activité physique permet de perdre du poids mais aussi de favoriser la sécrétion de sérotonine ( marcher ou monter les escaliers, faire du sport, etc…)
Mais n'oubliez pas, l'alimentation doit rester un plaisir. Et ce plaisir peut être sain et équilibré.
En outre, pour savoir quoi manger, quand et comment, un nutritionniste peut vous aider, en créant avec vous, un « programme d'alimentation personnalisé ».
La malbouffe n'est pas que la conséquence d'un trouble psy. Elle peut aussi, dans une certaine mesure, être une des causes qui l’entretient.
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Arzu GULER
06 95 79 59 98
Pool d'art parenthèse
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Les arts, depuis la préhistoire, font partie de nos vies.
Certains pensent que sans les arts, notre vie serait une erreur.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, des psys et des artistes pensent que l'art peut être thérapeutique.
Dès lors, ils ont développé une discipline : l'art-thérapie.
A rennes, des art-thérapeutes ont mis en place un dispositif innovant : le pool d'art Parenthèse.
Nous avons interviewé Claire Nicolas, une des fondatrices et responsables de la structure.
Le pool d'art est un centre d'expression artistique. Il est composé de deux structures. Tout d'abord, la partie classique, où des personnes viennent s'exercer aux différents arts, avec l'aide d'artistes. Les ateliers ont lieu généralement en fin d'après-midi ou le soir, après l'école ou le boulot.
La deuxième structure est le pool d'art parenthèse (c'est celui qui nous intéresse ici). Il s'adresse aux personnes souffrant de troubles psychiques.
L'originalité c'est qu'il est en libre-service et est ouvert toute la journée. Il permet donc à une personne de faire une séance, quand il en a besoin. En effet, une crise d'angoisse ou un coup de déprime n'arrive pas forcément le même jour de la semaine et à la même heure.
Or une séance d'art thérapie peut permettre de désamorcer une crise.
En outre, pour les personnes qui ne travaillent pas ou qui sont déscolarisées, cela permet d'accéder à une activité pendant la journée.
Mais qu'est-ce que peut bien faire l'art sur la souffrance psychique ?
Tout d'abord, Claire Nicolas nous a expliqué que l'art-thérapie pouvait soulager tous les types de souffrance. En effet, même la personne la plus malade, conserve une partie saine. C'est sur celle-ci, même si elle est minime, que l'art-thérapeute va travailler.
Quant à la souffrance psychique, l'art va avoir un effet bien particulier. Celui de retrouver du désir et du plaisir.
Comment ça marche ?
L'idée est de diriger la personne vers l'esthétique.
L'art-thérapie affirme que l'être humain recherche l'harmonie et l'agréable dans l'expression de ses sens.
Par exemple, pour une personne très dépressive, sans envie, sans plaisir, le travail de l'art-thérapeute est d'abord de susciter une curiosité artistique.
Par exemple, elle va proposer à la personne d'appuyer sur les touches d'un piano, alors même que la personne ne sait pas jouer du piano. Quel intérêt ? Et bien la personne va, à coup sur, jouer une musique dissonante (elle ne sait pas jouer du Piano). Mais l'artiste, à ses côtés, lui sait jouer du piano. Il va lui montrer sur quelles touches il faut appuyer pour produire une musique esthétique. Et si la personne imite le thérapeute, c'est gagné. Le désir revient. La personne recherche quelque chose d'agréable et enfin se fait plaisir. Elle va donc, même si c'est minime au début, enclencher un processus artistique.
Et un processus artistique ça sert à quoi ?
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Et bien ça sert, notamment, à retrouver de l'estime de soi.
Si j'arrive, avec l'aide d'artistes, a réaliser quelque chose d'esthétique (qui peut varier selon ma culture ou ma catégorie sociale), c'est que je ne suis pas si nul. Dès lors, l'estime de soi engendre la confiance en soi. Et la confiance en soi permet la mise en mouvement. (cercle vertueux)
L'autre grand problème de la souffrance psychique, c'est qu'elle engendre souvent de l'isolement social. Les professionnels de la santé mentale exhortent « les malades » à faire des activités. Mais toutes les activités ne sont pas aussi socialisantes les unes que les autres.
L'art-thérapie, pratiqué en groupe, permet de s'ouvrir aux autres. Elle « oblige » à se parler.
En art plastique : « Tien pourquoi tu as choisi cette couleur ou cette technique ? »
Au théâtre : « On fait des exercices ensemble, on répète ensemble donc on se parle et on peut créer du lien".
Peu à peu, on retrouve des ressources relationnelles.
En outre, l'art-thérapie permet de dépasser une thérapie uniquement verbale. Toutes les personnes ne sont pas forcément à l'aise avec l'expression orale. Parler, c'est une compétence. Dès lors, si comme on dit : « Il faut mettre des mots sur les maux » On peut rajouter qu'on peut mettre des sensations artistiques sur les maux.
L'autre grand intérêt de l'art-thérapie, c'est la gestion des émotions.
L'art suscite l'émotion. Un sentiment agréable ou désagréable. Un plaisir ou un dégout.
Or, on peut vite être submergé par ses émotions.
Alors comment les gérer, comment faire pour qu'elles ne soient pas envahissantes ou mortifères ?
Et bien, déjà, on peut les susciter dans un cadre thérapeutique. Une foi qu'elles sont exprimées, on peut les identifier, essayer de les comprendre et repérer leur fonctionnement.
Puis à l'aide de professionnels, on peut apprendre, un temps soi peu, à les gérer. En quelque sorte, on apprend à mieux connaître son système émotionnel.
Certains art-thérapeutes, dite de l'école traditionnelle, vont plus loin. Ils se saisissent de l'expression artistique pour en faire une analyse. Ils essaient de comprendre les conflits, les tensions de la personne via le média artistique.
D'autres, comme Claire Nicolas, dite de l'école moderne, ne s'intéresse pas à une interprétation psychologique. Pour eux, ce qui compte, c'est la réalisation artistique en elle-même . L'artiste n'est là que pour aider au processus.
Quel avenir pour l'art-thérapie et le Pool d'art parenthèse ?
Comme nous l'a expliquée Claire Nicolas, la force de l'art-thérapie ne peux être optimale que dans une dynamique pluri-disciplinaire.
Les troubles psychiques sont des phénomènes complexes. Aucune approche thérapeutique ne peut à elle seule, prétendre les résoudre.
De nombreux patients, terrassés par leur souffrance, cherche la solution miracle, magique. Malheureusement, elle n'existe pas et n'existera jamais. Mais point de pessimisme, en associant différentes thérapies, en trouvant un traitement médicamenteux adapté, on peut vaincre ses troubles et trouver une stabilité existentielle. Personne n'est figé dans un trouble et personne ne doit se résigner à souffrir, immanquablement.
Mais revenons à Pool d'art Parenthèse.
La structure est récente. Elle a été créée en septembre 2017.
Pour se développer elle a bien compris, l'importance des partenariats. Elle en a déjà conclu avec des Collèges et des Lycées et d'autre structures, etc... Elle désire donc se faire connaître, pour s'associer avec d'autres structures en santé mentale.
Sa spécificité, l'art en libre-service, enrichi l'offre de soins à Rennes.
En outre, ses tarifs sont très abordables, permettant l'accès à l'art-thérapie à des patients peu fortunés.
La meilleure façon d'être convaincu de l'art-thérapie, c'est de la pratiquer. Les sensations de bien-être qu'elle procure ne sont pas forcément descriptibles.
Pas besoin d'analyse, il faut juste ressentir les choses !
Rennes, le 21/12/2018
Pool d'Art Parenthèse :
adresse :49 bd de la Liberté
Rennes Centre
mail : pooldart35@gmail.com
tél : 02 90 22 46 19
Soizic Nogues : Sophro-Analyste
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Quoi de neuf du côté des thérapies pour les personnes en souffrance psychique ?
Eh bien depuis 1991, une nouvelle approche est apparue : la sophro-analyse. Claude Imbert fut à l'origine de sa création.
Elle mêle 2 disciplines, habituellement séparées : la sophrologie et la psychothérapie.
A Rennes, Soizic Nogues, praticienne de ce nouveau paradigme, a bien voulu nous expliquer en quoi consiste son travail.
La sophrologie :
La sophrologie est aujourd'hui une méthode de relaxation connue et reconnue. Elle a été inventée par Caycedo. Ce dernier, psychiatre de profession, s'est demandé comment, de façon très pratique, il pourrait soulager la souffrance psychique de ses patients. Il a voulu trouver des réponses concrètes, non psychothérapeutique et non- pharmacologique.
Il a parcouru le monde le monde, à la recherche de méthodes de relaxation.
Il est arrivé à la conclusion, que le problème est la dissociation du corps et de l'esprit.
Dans le monde moderne et à fortiori en occident, nous ne prêtons plus guère d'intérêt à nos sensations corporelles. On a un corps, mais jamais « on est un corps ».
Dès lors, le docteur Caycedo, empruntant les techniques de relaxation du monde entier-notament le yoga- a formalisé tout un ensemble de techniques, pour « ressentir son corps ».
Par des exercices répétés, on peut stopper « les ruminations » du mental et donc dépasser ses troubles psy.
Mais la sophro-analyse n'a pas voulu en rester là. Elle ajoute de façon complémentaire, la psychothérapie.
Une psychothérapie : la force de l'analyse transactionnelle
La sophro-analyse s'est construite grâce à l'analyse transactionnelle, qui fut inventé, dans les années 60, par le psychiatre Eric Berne. Pour cette thérapie, il existe trois façons d'être : l'adulte, l'enfant, le parent. Seul l'état d'adulte est optimal, puisque c'est le rapport à l'autre qui permet de vivre au présent et de ne pas être « pollué » par des histoires anciennes, des névroses etc...
En effet, dans sa vie on peut « contracter » des « traumas » à cause d'expériences néfastes.
Si on ne les dépasse pas, on peut toute sa vie en souffrir.
Et ces perturbations peuvent se cristalliser dans l'état enfant ou l'état parents.
Etre en « état enfant », c'est dans une situation sociale donnée, fuir ses responsabilités ou accepter l 'autoritarisme d'une personne. Se soumettre sans exercer son esprit critique.
Au contraire, être en « état parent », c'est, dans une situation sociale donnée, se montrer tyrannique sur des personnes pourtant aptes à comprendre et agir. C'est croire que certaines personnes ne pourront pas s'en sortir sans notre intervention indispensable.
Cette alternance d'états peut donc expliquer la servitude volontaire ou les actes autoritaires injustes. En outre, cela peut expliquer une attirance irrésistible ou au contraire une animosité injustifiée.
Pour Soizic Nogues : « Le seul moyen de dépasser ces jeux psychologiques, c'est d'être dans l'état adulte ».
L'analyse transactionnelle a aussi pour but de modifier les mauvaises perceptions.
Par exemple, pourquoi une angoisse persiste alors qu'il n'y a pas de situation anxiogène ? Pourquoi se reproduit -il toujours le même schéma ?
Et bien, c'est parce que la perception du problème, de la situation, ne correspond pas à la réalité. Il faut donc changer de perception, adopter celle qui convient à une situation nouvelle et ne pas reproduire la perception qui provient des « traumas », des histoires anciennes.
Il faut donc prendre du recul et analyser toutes les nouvelles situations comme des situations inédites.
Surtout il faut apprendre à décoder, dans les échanges avec les autres, les « mauvaises transactions », c'est à dire ce qui empêche une réelle communication, un réel partage des savoirs et des positions.
Plus classiquement, l'analyse transactionnelle, comme dans d'autres psychothérapies, a déjà pour vocation de mettre des mots sur les maux. Quand on donne un sens à sa souffrance, on souffre moins.
Et en plus, la philosophie non-duelle
La sophro-analyse s'appuie sur la philosophie non-duelle.
Quésaco ?
Comme l'indique son nom, cette philosophie veux dépasser les dichotomies stériles.
Ne voir le monde, les personnes que tout en noir ou tout en blanc n'amène qu'a l'impuissance.
Face à un monde de plus en plus complexe, il est nécessaire de nuancer nos analyses.
Sinon, par exemple, on peut être sujet à des troubles de l'humeur. On va s'enthousiasmer, s'exalter pour une chose nouvelle, sans voir les côtés négatifs. Puis parce qu'on a pas pris de recul, on va être déçu et déprimé.
Mais la philosophie non-duelle, c'est plus que ça. Elle veut faire le lien entre toutes les choses.
Par exemple, elle explique que notre perception d'un phénomène extérieur dépend de notre monde intérieur.
Dès lors, l'analyse non-duelle invite à ne pas se contenter des perceptions apparentes
mais à rechercher tous les liens-comme ceux qui sont inconscients, sous-jacents-d'un problème.
Et l'on voit bien que c'est un immense défi, tant en occident, notre culture est fondé sur des classements duels : fragile/solide, beau /laid, fort/faible, etc...
Une analyse plus complexe permet de s'émanciper de ces contraintes socialement construites.
Moi, je suis le monde, le monde est moi.
Et les trois ensemble, ça donne la sophro-analyse
Beaucoup de personnes ont eu beaucoup d'espoir dans la psychothérapie.
Beaucoup on été déçus. Même si ça marche pour certains, c'est un échec pour d'autres.
Certes, ils ont compris des choses sur leur histoire, sur leurs relations avec leur famille, leurs amis, etc... Ils ont compris la reproduction d'émotions, de comportements liés à leurs traumas. Ils ont creusé, creusé, mais sont restés dans leur souffrance.
Et même s'ils se remémorent des souvenirs enfouis, refoulés cela ne les aide pas à aller mieux.
Alors que faire ?
Et bien, il faut associer la psychothérapie et la sophrologie.
Une fois qu'on a bien identifier les problèmes, compris la reproduction d'une histoire néfaste, on peut essayer de l'évacuer par les méthodes de relaxation sophrologique.
Concrètement, on « sophronise » son corps (grâce à des exercices) et on essaye de vivre au maximum l'instant présent.
Surtout, on donne la plus grande attention à sa respiration.
Puis on observe ce qui se passe en soi.
Petit à petit, on peut réussir à évacuer la mauvaise perception, celle qui fait souffrir.
Cette technique, ce n'est pas de la magie, mais la conviction que le problème n'est pa s que dans l'esprit, mais qu'il est aussi dans le corps.
En conclusion,
La sophro-analyse est donc une thérapie nouvelle et innovante.
Sa force est de travailler à la fois sur l'esprit et le corps, tout en voulant réunir la personne et son rapport au monde.
Bien sûr, comme pour toutes les thérapies, le succès sera au RDV s'il s'installe une relation de confiance et de concordance entre le patient et le praticien.
A l'heure du tout médicament, la sophro-analyse démontre, que le psychisme ne peut être réduit à du chimique ou à des mécanismes comportementaux. Non, il est surtout des conflits et il est toujours une quête de sens.
Vouloir être attentif à sa vie psychique et vouloir agir sur elle, ce n'est pas rétrograde.
Non, c'est juste croire en la force de notre psychisme et de notre ressenti corporel sur notre destin.
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vous pouvez retrouver le site de Soizic Nogues sur : www.sophro-analyste.com
L'équipe mobile psychiatrie précarité du CHGR*
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*Centre Hospitalier Guillaume Régnier, l'hôpital psychiatrique de Rennes
Qui a dit que l'état, via ses services publics, ne s'adapte pas à l'évolution de la société ?
Et bien, l'équipe mobile du CHGR prouve le contraire.
En effet, elle a été créée pour une nouvelle demande, ceux justement qui ne font pas la demande de soins.
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Elle s'occupe des personnes en grande précarité, souvent sans domiciliation (à la rue, dans des foyers etc...)
Tout d'abord, ils nous faut définir la précarité, terme générique revenu en force dans les années 90. Elle retourne de la désafilliation, qu'elle soit familiale, professionnelle, ou encore par rapport au logement.
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Le Dct Le Ferrand, chef du service, précise : « La précarité ce n'est pas forcément la pauvreté, mais la perte des liens »
Cette catégorie de la population peut avoir beaucoup de mal à formuler une demande et à s'adresser au sanitaire, c'est-à-dire aux CMP (centre médico-psychologique)
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Alors que faire ?
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L'idée du service n'est pas de s'adresser directement aux personnes sans domiciliation, mais de répondre aux demandes des partenaires, comme par exemple les associations, les organismes, les restaurants sociaux, etc.
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Quelle est sa mission ?
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Donc, comme nous l'avons déjà dit, le service a pour vocation « de favoriser et de faciliter l'accès aux soins ». Elle doit « accueillir, évaluer, orienter » les personnes en grande précarité.
Concrètement, elle essaie de créer un lien de confiance avec des personnes qui peuvent être très éloignées du soin et de l'intérêt de se soigner. Or une personne en grande détresse, en pleine décompensation a besoin d'une prise en charge et en l'occurrence d'une médication.
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De quoi souffrent les personnes qui sont à la rue ?
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20% des personnes SDF souffrent de pathologie relevant de la psychiatrie (très souvent des troubles schizophréniques).
80% n'ont pas à proprement dit de « maladie psychique », mais souffrent, de ce que le Dct Le Ferrand appelle : « Un marasme psychique ». elles sont affectées de troubles psycho-sociaux, de symptômes anxio-dépressifs, de phobie sociale, de grande vulnérabilité au stress, etc...
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elles ont une triple perte de confiance :
-perte de confiance en soi
-perte de confiance dans les autres
-perte de confiance dans l'avenir
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Comme on dit, elles sont cabossées, c'est-à-dire qu'elles ont eu un parcours chaotique. Environ 2/3 des grands précaires sans domiciliation viennent de l'aide à l'enfance.
Toutes ces souffrances endurées font qu'elles se méfient des autres et qu'elles deviennent un peu parano (mais pas au sens de la grande paranoïa relevant de la psychiatrie).
Du coup, il est très difficile pour les soignants de gagner leur confiance.
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D'ailleurs, il faut rappeler que la psychothérapie (qu'importe l'obédience) nécessite une relation de confiance entre le patient et le thérapeute.
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Et les addictions ?
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Malheureusement, presque 90% des personnes à la rue prennent des drogues.
L'alcoolisme est le plus voyant. Il y a aussi une grosse consommation de cannabis.
Et ne parlons même pas des drogues « dures ».
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Il y aurait toute une analyse à faire sur la « défonce » des « marginaux ».
Par rapport à l'alcoolisme on peut quand même dire que ce n'est pas l'alcoolisme mondain, ou l'alcoolisme du timide, etc.. Ou encore que c'est la cocaïne de celui qui veut être performant.
Clairement, c'est l'alcoolisme qui anesthésie. Contre le froid, le manque de nourriture, l'absence d'abris, etc... Pour ne plus penser, ne plus sentir son existence.
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Pour les 20% des personnes à la rue souffrant de maladie psychique, il est clair que les drogues aggravent leurs troubles.
Le cannabis n'est pas la cause de la pathologie mais, agit comme un catalyseur, qui peut même concourir à déclencher la schizophrénie.
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Comment peut-on les aider ?
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Évidemment, la mission du service est de les aider. Comme nous l'avons dit plus haut, tout le travail est de créer une relation de confiance, pour pouvoir soigner ceux qui en ont besoin.
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Mais attention, il ne suffit pas de juste apporter des moyens et de dire venez.
En effet, certains sont dans une problématique de la difficulté « d'habiter ».
Par exemple, quelqu'un va quitter son logement parce qu'il croit qu'on y a mis des micros et des caméras qui l'espionnent.
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En outre, et plus généralement, il se pose la question de l'extrême solitude et des sociabilités.
Malgré l'extrême précarité d'être dans la rue, celle-ci apporte aussi une forme de sociabilité. Même si on observe que certains SDF sont totalement seuls, d'autres sont avec une « bande de potes ». Cette sociabilité se caractérise par la désinhibition et la continuité. Elle peut remplir une vie sociale.
Or, si une personne, avec ce type de lien, trouve un logement individuel, elle peut ressentir un vide social, qui peut la pousser à retourner à la rue.
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Donc il ne suffit pas de donner un logement aux SDF, il faut aussi une prise en charge sociale et dans certains cas médicale.
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Car même si à Rennes, on peut relativement trouver un logement social dans des délais raisonnables, si on le veut vraiment, encore faut il avoir les dispositions psychiques et sociales pour faire les démarches. Heureusement que les assistantes sociales et autres SAVS sont là pour aider à réaliser les choses.
Malheureusement, certaines personnes passent au travers du filet. Les personnes en errance.
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L'errance
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Le mal-être peut conduire à l'errance.
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Même si le cinéma a « esthétisé » l'errance avec ses célèbres « road-movie », voyager peut aussi devenir une fuite en avant destructrice. Dans certains cas, le voyage peut devenir source de grande précarité et d 'impasse. Le problème est relatif. En effet, souvent en France, les droits sociaux et autres aides sont conditionnés à la domiciliation. Du coup, les travailleurs sociaux ne peuvent trouver des solutions à des personnes qui ne sont pas domiciliées dans le territoire.
Et pour les personnes venant de beaucoup plus loin, ceux qu'on appelle les migrants, c'est encore beaucoup plus difficile.
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Et les migrants ?
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On peut estimer qu'à Rennes, 80% des SDF sont des migrants.
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Demandeurs d'asile, ils ont droit à une petite allocation. Mais, dès qu'ils deviennent « clandestins », ils n'ont plus aucun droit. Ni le droit de travailler, ni le droit d'être logés.
Dans les grands squats de Rennes (la poterie, etc.), ce sont surtout des migrants.
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Outre l'absence de travail et de logement, on les empêche d'accéder aux soins et notamment les soins de santé mentale.
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Les personnes migrantes ont souvent une psychopathologie qui leur est propre.
Tout d'abord, ils fuient souvent leur pays à cause des persécutions. Ils ont été victimes de torture, de viol et de plein d'autres violence. Ces expériences sont de véritables traumatismes qui nécessitent une prise en charge médicale par des professionnels.
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En outre, ils peuvent aussi souffrir d'un réel « Burn-out ».
En effet, leur voyage a été long et périlleux. Ils ont dû traverser le désert, se faire très mal traiter en Lybie, trouver un bateau qui a chaviré et en reprendre un autre, etc.
Certains psychiatres appellent ça le syndrome « d'Ulysse ».
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L'autre préoccupation, c'est le sort des enfants migrants.
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Vivre dans la rue, dans un squat, dans une instabilité permanente génère beaucoup de stress et de sentiment d'insécurité. La psychologie a démontré depuis longtemps que pour un enfant, se construire dans la grande précarité, sans repères, sans reconnaissance, cela peut engendrer plus tard, de l'inadaptation sociale, voir de la délinquance.
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Le Dct Le Ferrand n'hésite pas à parler de « bombe à retardement ».
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Que pourrait-on faire pour améliorer les choses ?
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Dans tous les secteurs de l'H-P, la plupart des soignants exhortent l'état à refinancer le service public. Ils dénoncent un système qui se mord la queue. En effet, on ne soigne que les grosses décompensations et on renvoie des personnes sans les avoir stabilisés. Du coup, de moins en moins de personnes sont convenablement soignées et cela, au final, coûte plus cher que toutes les suppressions de lit.
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Il faut donc redonner des moyens à l'hôpital public tout en développant le médico-social et le social qu'il soit associatif ou non.
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Mais que pourrait-on faire, spécifiquement pour les personnes en grande précarité ?
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L'équipe mobile souhaite l'ouverture d'une maison de santé.
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Ce serait un lieu transitoire, sans hébergement qui permettrait de faire le point avec les patients, en les orientant vers une prise en charge adéquat. Le lieu rendrait possible une prise en charge spécifique pour les migrants.
On pourrait y développer « une clinique » adaptée aux besoins et parcours des migrants.
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En conclusion : L'équipe mobile augmente l'accès aux soins pour la population.
Rappelons que malheureusement la psychiatrie fait toujours peur. Qui voudrait se considérer comme fou ou même malade ?
Heureusement que la psychiatrie change et que pour de plus en plus de soignants, l'enjeu n'est plus d'éradiquer une quelconque folie, des délires, mais d’œuvrer pour que la personne retrouve de l'autonomie.
Vu l'image déplorable de la psychiatrie - dont les médias sont les premiers responsables - tout le travail des soignants et en particulier celui de l'équipe mobile, est, rappelons le, de (re)créer une relation de confiance avec des personnes que la vie a rendu très méfiant.
Dans un monde de plus en plus complexe et où les liens sociaux s'effondrent, il faut créer des outils de plus en plus précis pour répondre aux besoins d'êtres humains de plus en plus singuliers... Et étranges.
La méditation en pleine conscience :
le témoignage de Thomas
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Que faire quand un trouble psychique vous tombe sur la tête ?
Au delà du traitement psychiatrique classique (diagnostique, médicaments, etc...) ou du traitement psychothérapeutique (approche psychodynamique, TCC, etc...) il existe des méthodes qui font de la relaxation, un moyen de dépasser ses troubles.
Les plus connus sont le yoga et la sophrologie.
Mais une autre méthode existe : la méditation en pleine conscience.
Thomas qui est affecté de troubles de l'humeur bipolaire et qui a essayé bon nombre de thérapies nous explique le grand intérêt qu'il trouve dans la méditation en pleine conscience.
La difficulté quand on souffre de troubles bipolaire de l'humeur c'est de gérer ses émotions.
Alors au lieu de prendre systématiquement un anxiolytique ou autre, on peut essayer de gérer ce qui nous envahit par des méthodes de relaxation.
En se centrant sur sa respiration, en écoutant son corps, en se concentrant sur sa vie intérieure, on peut arriver à se détendre et à lâcher prise avec tous ses soucis et donc à se détacher du mental.
Thomas explique que grâce a ces méthodes il peut « contenir ses troubles ». Bien sûr pour bénéficier de ces méthodes il faut travailler, s'entraîner.
Alors que les médicaments psychotropes ne demandent aucun efforts (juste les avaler)
la méditation en pleine conscience exige des séances ou on ré-apprend, par l'exercice, à retrouver sa respiration.
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Où peut on apprendre ces techniques ?
Thomas s'exerce à la relaxation au CHGR, une fois par semaine.
Le dct Bonvalot propose depuis de nombreuses années une séance de méditation à toutes les personnes intéressées.
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Comment se passe une séance ?
Tout d'abord, on prend ensemble une tasse de thé. Puis chacun, à son rythme, s'immerge dans le ressenti de son corps tout en laissant venir ses pensées à sa conscience, qu'elles soient positives ou négatives. On pourrait dire que : « on a plus un corps » mais « on est un corps ».
En effet, dans notre monde moderne stressant, on ne fait plus attention à notre respiration. Du coup, au lieu de respirer par notre diaphragme, par notre ventre, on ne respire que par le nez.
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A qui s'adresse la méditation ?
A toutes personnes désirant se relaxer par des « méthodes naturelles ».
Mais elle est aussi requise pour des personnes ayant des « maladies psychiques »
En effet, tous les troubles psy (que ce soit la schizophrénie, la bipolarité, les addictions, les TOC, l'anorexie, etc...) ont pour point commun la mauvaise gestion du stress.
Quand on est envahit par les difficultés psychiques, qu'on arrive plus à maîtriser son psychisme, la méditation en pleine conscience permet de reprogrammer des sensations de bien-être chassées par la « maladie ».
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Quelle place de la méditation en pleine conscience dans l'arsenal des thérapies ?
Bien sûr, la méditation ne remplacera jamais l'efficience d'un médicament psychotrope pour une personne qui en a vraiment besoin. On ne guérira jamais une personne affectée d'un trouble psychique sévère par la seule méditation.
Cependant, en complément d'autres thérapies, la méditation agit là où les autres remèdes n'agissent jamais : le développement des sensations corporelles. Et n'allez pas croire que c'est secondaire. Non, cela permet d'ouvrir tout un champ de lutte contre l'anxiété. Plus je renforce mon être corporel et respiratoire, plus je m'arme contre les évènements stressants. Que ce soit le yoga, la sophrologie, la méditation, le corps et la respiration ne sont plus ces parties ignorées, mais un moyen de réconciliation avec l'esprit.
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Alors la relaxation (dont la méditation en pleine conscience) est une thérapie sans addictions, sans effets indésirables. Une arme en plus pour terrasser « la maladie psychique ».
AIDER UN PATIENT AUTREMENT :
AVEC UN EDUCATEUR S-A-V-S*
LE TEMOIGNAGE DE NICOLAS BARRE
*service d'accompagnement à la vie sociale
Il n'y a pas que le soin pour aider une personne en troubles psychiques. On peut aussi lui proposer un accompagnement social, via un éducateur spécialisé qui effectue un SAVS.
Quelle est la différence entre l'aide par un psy (très souvent effectué dans un bureau) et l'aide par un éducateur ?
La différence essentielle est que l'éducateur va sur le terrain, sur les lieux de vie de la personne qu'elle veut aider. Cela lui permet de connaître la personne in situ. Il va l'évaluer en ne se contentant pas de son discour, mais aussi en observant son comportement dans les différents évènements de la vie.
Quelle est le but d'un éducateur SAVS ?
Nicolas Barré nous a expliqué que dans son travail, il oeuvrait à (re) donner de l'autonomie aux personnes. Tout d'abord, il faut que la personne fragilisée psychiquement puisse faire face à toutes les contraintes de la vie. Par exemple, l'éducateur va oeuvrer pour que la personne puisse effectuer ses démarches administratives (payer ses factures, faire son dossier mdph). Mais plus généralement, face à une société toujours plus complexe et instable, l'éducateur SAVS va développer toutes les potentialités de l'individu pour qu'il essaie de se trouver « une place dans le monde ».
Quelle est la méthode de Nicolas Barré pour aider un bénéficiaire SAVS ?
Il nous a expliqué que sa méthode était principalement la « maïeutique ».
La solution est et viendra de la personne aidée. L'éducateur n'est pas là pour dire " fait çi, fait ça", pour avoir raison, mais pour développer les potentialités et les vocations. En quelque sorte l'éducateur doit (re)faire émerger les désirs. Nicolas Barré nous explique que la première question qu'il pose à une personne aidée c'est : Qu'est ce que tu aimes dans la vie ?
Il faut aussi créer une véritable relation avec le bénéficiaire. Pour gagner la confiance d'une personne, qui peut être méfiante et faire des interprétations psychotiques, il est nécessaire d'être sincère et authentique. Sinon, la personne, très sensible aux aspirités humaines, va déceler les failles, les artifices de l'éducateur et la relation ne va pas se produire. Dès lors, nous dit Nicolas, l'éducateur ne doit pas hésiter à parler de soi, de ses activités, de ses propres passions. Cela fait aussi partie de son travail.
Un autre point important dans l'approche de l'éducateur est la nécessaire « neutralité axiologique et émotionnelle ». En effet, l'éducateur ne doit pas faire de jugement de valeur et ravaler ses réactions émotionnelles qui risquerait d'interférer dans la construction d'une relation et l'empêcherait d'accéder à l'univers du bénéficiaire.
Quelles types de « techniques » utilise Nicolas Barré dans son travail ?
Il s'intéresse plus au « comment » qu'au « pourquoi ».
Il s'inspire plutôt des « TCC » en favorisant « l'entraînement aux habiletés sociales » .
Par exemple, une personne a beaucoup de mal à remplir son dossier pour toucher l'AAH. Il ne va surtout pas remplir le dossier à sa place. Il ne va surtout pas non plus lui dire qu'il suffit de faire un effort pour le remplir. Il va l'accompagner. Il va l'exposer petit à petit aux difficultés, le soutenir dans les actes qu'il peut faire et dédramatiser sur les actes qu'il ne peut pas encore réaliser. La seule présence bienveillante dans les actes de la vie peut faire reculer les angoisses et/ou l'apragmatisme. Ce que ne pourra jamais réaliser un psy dans son bureau ou un infirmier dans un centre.
Comment Nicolas Barré aide une personne ayant des idées psychotiques ?
Il ne faut pas dire à une personne délirante que ses idées sont fausses, absurdes et qu'il délire. Il ne faut pas non plus la conforter dans son délire.
Alors que faire ?
Nicolas barré essaie de faire entrevoir à la personne d'autres possibilités. Face à une situation où la personne est persuadée qu'elle est persécutée, ou qu'elle entretient un égocentrisme mégalo, etc.. il faut surtout entretenir la communication, car même si le délire est très fort, il reste toujours une part de raison. En s'appuyant sur celle-ci, l'aidant peut proposer à la personne des hypothèses différentes qui ont concouru à la situation. Par exemple, si une personne est persuadée que son paillasson a été déplacé par son voisin parce que ce dernier lui en veut, l'éducateur va petit à petit, émettre des scénarios différents. Peut-être que la femme de ménage l'a déplacé en nettoyant, ou peut-être que lui ou un de ses amis l'a déplacé sans s'en rendre compte etc...
Comment se placer entre le bénéficiaire et la famille ?
Quant une personne est affectée par des troubles psychiques, c'est toute la famille qui est impactée.
Il ne faut pas culpabiliser qui que ce soit mais tout faire pour maintenir le dialogue entre ses membres.
Surtout, il ne faut pas que les parents restent seules face à la souffrance de leur enfant. Eux aussi, ils ont besoin d'être aidés. Ainsi, Nicolas Barré propose aux parents de ses bénéficiaires de faire appel à L'UNAFAM. Ainsi, ils pourront mieux comprendre les troubles et partager leur souffrance et leur sentiment d'impuissance avec d'autres parents, dans le but de s'entraider. Ils peuvent même faire de la psycho-éducation avec les programmes de l'UNAFAM.
Aider quelqu'un qui rencontre de graves difficultés psychiques n'est pas qu'affaire médicale ou psychothérapeutique. L'accompagnement social permet d'agir, concrètement, dans la vie du bénéficiaire. Dans une société de plus en plus individualisée et atomisée, où les grands corps sociaux (l'église, les partis politiques, les syndicats etc...) ne peuvent plus assurer les solidarités concrètes, l'être humain a toujours besoin ...de l'autre.
Ce n'est pas une faiblesse d'être aidé, ce n'est pas de l'assistanat. C'est juste de penser que ma vie a un rapport avec la tienne et avec toutes les autres. Là bas si j'y suis...
Nicolas Barré est l'auteur d'un ouvrage : « accompagner la personne avec schizophrénie » aux éditions chronique social.
L'association Vie Libre a Rennes
Lutter contre l'alcoolisme
L'alcoolisme est une véritable maladie. La dépendance qu'elle engendre est aussi forte qu'une « drogue dure ». Pire, en France on trouve l'alcool partout, tout le temps et pour pas cher. Elle est ancrée dans tous nos rites sociaux (fêtes, mariages, anniversaires, etc...).
Face à ce fléau (l'alcoolisme pas l'alcool) que peut-on faire ?
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Tout d'abord, Qu'est-ce que l'alcoolisme ?
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L'alcoolisme est une sur-consommation d'alcool qui engendre, à la longue, une souffrance si l'on ne boit pas (le manque). On est alcoolique quand on ne peut plus se passer d'alcool pour éxécuter les tâches quotidiennes : aller au travail, faire son ménage, faire ses courses, sortir de chez soi, etc.
On observe même chez certains alcooliques, l'incapacité de parler, de communiquer avec l'autre. Seul l'alcool les anime.
Pour "Vie Libre" on a un sérieux problème avec l'alcool dès qu'on consomme plus de 5/6 verres par jour.
Peut-on gérer son alcoolisme ?
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Pour "Vie Libre" il est clair que non. Leurs expériences leur montrent que seule l'abstinence permet de retrouver la liberté face à l'alcoolisme. En effet, il a été démontré par des scientifiques que quand une personne a atteint le stade de la dépendance à l'alcool, son cerveau en garde une trace permanente, à vie. Et si cette personne ne reprend, ne serait ce qu'un verre d'alcool, le cerveau ré-activera toute la dépendance de l'alcool de jadis.
Dès lors, pour les militants de "Vie Libre", on ne gère pas son alcoolisme. Soit on l'éradique complètement et pour toujours, soit on rechute inéluctablement.
Que peut faire l'association "Vie Libre" pour lutter contre l'alcolisme ?
Pour les militants de "Vie Libre", la première chose à faire est que la personne accepte qu'elle a un véritable problème avec l'alcool, une maladie qu'il faut combattre. Si une personne a contracté une véritable dépendance à l'alcool, la volonté de la personne pour s'en sortir ne suffira pas. Il faut qu'elle accepte des soins (même parfois une hospitalisation).
"Vie Libre", quant à elle, propose une véritable prise en charge basée sur l'écoute, le conseil, l'accompagnement et le soutien.
L'écoute
L'écoute sincère, bienveillante, sans jugement de valeurs est importante. Et surtout, pouvoir en parler. Car on parle facilement d'alcool (par exemple la mondanité liée au vin) mais l'alcoolisme reste un sujet tabou (comme la plupart des troubles psychiques). En effet, l'alcoolisme ne tombe pas du ciel mais vient toujours d'un mal-être. La personne a donc toujours besoin de raconter son histoire et que l'on s'intéresse, avec la plus grande attention, à ce qui l'a poussé à boire. Mais on parle plus facilement de ces choses là, quand la personne qui écoute, est passée par là.
Les conseils
D'ailleurs, c'est pour ça que les gens de "Vie libre", se permettent de donner des conseils.
Mais l'association "Vie Libre" ne dit pas : "il faut faire ça", "il faut faire ci"... Elle n'influence pas sur les choix de thérapie (faut-il prendre des médicaments, etc.) Les militants de "Vie libre" sont juste là pour témoigner de ce qui a marché pour eux et pour expliquer leurs convictions dans certains remèdes contre l'alcoolisme.
Accompagement et soutien
L'autre grande action de "Vie Libre" est l'accompagnement et le soutien des alcooliques. Accompagement pour trouver du soin, des thérapies, faire des démarches. Et surtout le soutien. En effet, on peut se sentir très seul face à son alcoolisme. Aller à "Vie Libre" permet de se faire aider non pas par des médicaments, des techniques, des psychothérapies individuelles mais par la force des paires aidants. Le partage des expériences et le partage du combat contre l'alcoolisme sont thérapeutiques. Le principe est : vous avez été aidé et quand vous avez surmonté l'alcoolisme, à votre tour vous pouvez aider les autres.
L'alcoolisme est un piège, qui n'attend qu'un moment de faiblesse pour se refermer sur vous. Sa force c'est l'injonction sociale de boire. Une consommation modérée et controlée ne pose pas de problèmes. D'ailleurs, elle permet un rapprochement des gens grâce à la déshinibition qu'elle provoque. Mais pour les autres, ceux qui sont devenus alcooliques, l'alcool est devenu une prison, bien triste, qui détruit leurs vies.
Alors ne nous privons pas, quitte à être un peu « lourds » de rappeler à nos proches (et à tout le monde) que l'alcool doit rester festif et ritualisé, mais qu'il ne doit jamais servir d'antidépresseur.
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Retrouver toutes les informations sur le site de l'association "Vie Libre" :
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et responsabilité Bretagne : Robert Lebreton - 0609311639
responsabilité Ille et Vilaine : Guy Chedemail - 0681739927
responsabilité : Louis Lecaer - 0608283868
Quand un patient est un photographe
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Depuis longtemps on sait que la pratique des arts -peinture, sculpture, écriture, photographie etc...-permet de dépasser ses troubles psys. On en a même fait une discipline : l'art thérapie .
Mais Gilles -qui expose quelques photos sur le site-ne doit pas être considéré comme un malade qui fait des photos. Non c'est un photographe, un artiste à part entière.
Gilles a commencé très tôt la photographie, dès l'âge de 15 ans. Il est quasiment autodidacte, car il n'a pas fait de formation ou d'école. Bien sûr, les toubles psys qu'il a vécu l'ont empêché de toujours vivre sa passion.
Comment Gille voit il sa pratique de la photographie ?
Il se voit un peu comme un reporter, qui cherche à travers un clic sur son appareil, à saisir l'humanité des personnes qu'il rencontre ou le pittoresque des lieux. Mais cette vocation de reporter a malheureusement été trop souvent contrecarrée par des problèmes de santé et de finances.
Pour lui la photographie est une recherche de l'instantané, privilège de l'absolue.
Au niveau technique, il est attaché a ce qu'il n'y est ni de noir ni de blanc et recherche toutes les nuances de gris. Il a aussi appris tout seul certaines lois de la photographie comme par exemple la règle du 1\3 2\3.
Pour Gilles l'esthétisme photographique est la capacité à canaliser la lumière et à en faire une peinture sur négatif. Il en fait des interprétations par rapport au monde et à lui même.
Comment la photographie permet à Gille de dépasser ses troubles psys ?
L'art est un exécutoire pour les personnes ayant des troubles ou n'en ayant pas. Dans nos sociétés hyper individualisées, la bonne santé mentale passe par la réalisation de soi. L'exemple de Gille montre que malgré toutes les difficultés qu'il rencontre encore, son art lui permet aussi d'exister socialement, d'être reconnu, là ou les personnes en troubles psys ne sont souvent vues que comme des « incapables ».En fait, grâce à la photo, Gilles reprend du pouvoir sur sa vie. Quand il fait de la photo c'est lui qui décide.
Plus généralement, on dira que Gilles, grâce à la photo, a trouvé une place dans le monde.
Qu'est ce qui a fait que Gilles a pu devenir un photographe ?
Personne n'est un artiste « tout seul ». L'art existe seulement grâce à la reconnaissance des autres.(enfin peut-être à quelques exeptions prêts : Van Goh etc...)
Dans le cas de Gille, c'est clairement parce que des soignants, des travailleurs sociaux lui ont donné l'opportunité d'exposer (à l'IFPEK, au Centre Thérapeutique Janet Frame, dans le self de l'ESAT de Thorigné-Fouillard) que Gilles a pu accéder au statut de photographe.
Encore une fois Info Psy Rennes enjoint toutes les personnes qui aident les personnes en troubles psychiques à donner de l'attention à toutes leurs réalisations.
On gagne confiance en soi, on gagne de l'estime de soi, pas avec des recettes miracles mais par un long travail, un tâtonnement vers un nouveau rapport à l'autre, plus apaisé.
Gilles a pour projet d'exposer à la médiathèque d'Acigné et au centre de cardiologie du CHGR voici les photos de Gilles
Quand un patient
écrit un livre
Philippe nous résume son livre « vingt ans de solitude »
Je raconte ma vie à travers ce livre autobiographique ; de ma naissance en 1961 à Evreux dans l'Eure (27) à l'année 2015 où je sort de ce processus du combattant qu'est la maladie psychique à une résilience où je ressens désormais le plaisir de vivre...
Donc ce livre raconte mon parcours psychiatrique de « malade mentale », déclaré en 1995, année de l'effondrement narcissique lié à une histoire d'amour non réciproque avec Myriam, année de la catastrophe existentielle où mon « moi » a éclaté en morceaux ; dissociation psychique révélatrice de ma fragilité dite psychiatriquement « schyzophrénie » en langage médical.
Ainsi je parle du déclenchement de la « crise psychique » en 1995, qui m'a conduit à être hospitalisé à la clinique psychiatrique de bruz. Je parle aussi de ma reconstruction identitaire à travers l'art et l'écriture et grâce à la psychothérapie. A partir de l'année 2010, je surmonte ma souffrance existentielle pour aller à nouveau vers l'autre et je redeviens créatif. Ainsi je sors de la mélancolie psychotique.
Finalement, ce parcours tragique très long, vingt ans de maladie, se termine positivement. Cette épreuve terrible qu'est la maladie psychique a été l'occasion d'accroître la connaissance de mon âme d'humain. A travers la souffrance, je me suis découvert des talents d'écrivain, de peintre etc...J'ai reconstitué mon narcissisme. Finalement je ressors grandi de cette épreuve qu'est le délire et la psychose.
(« Tout ce qui ne me tue pas me renforce » Frederick Nietzche)
(« Je ne regrette rien » Edith Piaf)
Philippe Forêt
Vous pouvez vous procurer le livre de Philippe en lui écrivant à : " foret.foret72@gmail.com"
Le BAPU* à Rennes
*bureau d'aide psychologique universitaire
Les BAPU ont été créés en 1954 à l'initiative des mutuelles étudiantes. Elles sont financées par la sécurité sociale.
Nous avons interviewés Madame Olive, directrice du BAPU de Rennes.
Le local se trouve au 11 boulevard de la Liberté à Rennes.
Quelles sont les activités du BAPU ?
La stucture propose des consultations psy aux étudiants et étudiantes de Rennes. Le type de psychothérapie est plutôt psychanalytique, en tous cas psychodynamique. Pour parler simplement, on pourait dire qu'elle propose aux étudiants de cerner leurs problèmes et de voir ce qui bloque. Parfois le problème, déchiffré, réévalué, peut devenir un moyen d'avancer, une fenêtre vers une construction positive. On reconnaît ici l'idée d'xploiter la « petite étincelle » qui peut « rallumer le feu ». D'autres fois, les psys du BAPU aident à dépasser les problèmes en faisant avec.
En tous cas, les psys du BAPU ne sont pas dans l'injonction, ne donnent pas une conduite à tenir.
Quels sont les types de troubles que les étudiants soignés par le BAPU rencontrent ?
Les étudiants rencontrent tous type de troubles, de la petite névrose au cas plus sévère de psychose.
Mais la directice nous a expliqué que le type de trouble le plus fréquent était l'angoisse. En outre, les problèmes de prises de risques et de séparations sont fréquents.
Comment expliquer la souffrance psychique de certains étudiants ?
Donnons d'abord une explication en terme d'intégration sociale.
Replaçons nous dans le contexte et la problématique des étudiants. En schématisant on peut caractériser une certaine condition sociale de l'étudiant. Le cadre s'éffiloche. Il passent d'une vie en famille bien réglée à une vie bien différente. En pesant nos mots, on peut appeler ça un bouleversement.
Souvent l'étudiant se retrouve seul, dans un petit studio, libre car sans l'autorité des parents, mais aussi beaucoup plus livré à lui même. Il se retrouve aussi, souvent, dans une autre ville, dans un autre département, privé de son réseau amical natal. En outre, pour ceux qui vont à la Fac, ils et elles se retrouvent livrés à eux mêmes dans des amphis bondés et anonymes (hormis les TD)
Certains peuvent donc se retrouver vites esseulés et cela peut générer de la souffrance psychique. Oui l'intégration sociale (et encore plus avec des pathologies mentales) joue sur la santé mentale.
Heureusement la France a encore un tissu associatif très riche. Que ce soit politique, culturelle, de loisir etc les associations permettent une nouvelle construction sociale et amicale comblant pour certains, le vide de cette nouvelle vie.
Donnons ensuite une explication en terme d'identité.
Les étudiants se cherchent. Au niveau de leur orientation d'étude, mais plus généralement par rapport au sens de leur existence. Dans la quête de leur propre devenir, ils peuvent dépasser certaines limites : Trop faire la fête et trop consommer d'alcool et de drogues, avoir beaucoup de relations sexuelles sans protection etc.. Heureusement pour beaucoup cela n'est qu'une étape et ils passerront à autre chose. Ils réussiront à trouver leur voie, leur singularité dans un monde si complexe et si différencié. Malheureusement certains développpent une véritable addiction.
La directrice nous a aussi parlé de la problématique de l'orientation sexuelle. En effet, assumer son homosexualité serait un amoindrissement de son mal-être.
Donnons enfin une explication économique aux troubles psy des étudiants.
De plus en plus d'étudiants sont obligés de trouver un emploi pour financer leur étude (aujourd'hui un étudiant sur deux est obligé de se salarier). Certes cela leur donne une expérience professionnelle mais ça leur donne surtout beaucoup moins de chance de réussir leur étude. En effet, quand il faut jongler entre les heures de cours, les heures de boulot, les révisions, la vie sociale on peut vite tomber dans les galères et...les angoisses. Ne parlons même pas des frais d'inscriptions qui chaque année, irrémédiablement, augmentent. Une galère de plus, pour les étudiants les plus pauvres (voir une raison de ne pas commencer ses études).
Certe la précarité économique n'explique pas toute la souffrance psychique. Certaines pathologie mentales (schizophrénie, bipolarité,etc...) dépassent les conditions sociales concrètes. Mais pour la plupart c'est vraiment les rapports sociaux, fait d'insécurité, qui expliquent toutes les angoisses (bien sûr selon le sujet ! )
Mais revenons au BAPU. Il reçoit de plus en plus d'étudiants. En effet, de nos jours, il est de plus en plus banal d'aller voir un psy (ça fait moins peur qu'avant). Le bouche à oreille marche bien. Mais si le BAPU était encore plus connu, il pourrait aider encore plus d'étudiants. Espérons que cet article ira dans ce sens.
Pour conclure, on dira que face à cette phase délicate de la vie, fragile, précaire, le BAPU est un lieu qui, toujours, quoi qu'il arrive, accueille et entend la souffrance des étudiants. En fait, c'est un lieu pour les étudiants, qui lui n'est pas précaire.
L'aumônerie du CHGR
Le saviez vous, il existe une aumônerie au CHGR. Elle est composée de 2 prêtres et de 4 femmes laïcs. Ces dernières sont missionées par l'évèque pour aider spirituellement et moralement les patients hospitalisés. L'aumônerie accompagne la personne dans sa globalité, est bien sûr attentif à ses besoins spirituels, assure le service du culte mais aussi fait le lien avec les autres religions.
Leur local est une petite maison coquette en plein cœur de l'hôpital.
Leur mission est surtout d'écouter, avec attention, toutes les personnes qui frappent à leur porte.
Si les personnes sont croyantes, ils peuvent dire une prière avec eux. Il est à noter que l'aumônerie accueille aussi les non-croyants. Les patients viennent librement et spontanément à l'aumônerie. Si les patients ne sont pas encore stables, il faut l'autorisation du psychiatre pour venir au local. Un soignant peut accompagner un malade jusqu'au lieu.
Comment écouter les personnes en souffrance psychique ?
Pour l'équipe il faut d'abord faire preuve de bienveillance, c'est à dire soutenir moralement les patients. En outre, ils se doivent de rester neutre. Ils ne sont pas là pour effectuer des jugements de valeurs, pour dire ce qu'il faut faire ou ne pas faire.
Surtout et à la différence des soignants, ce qu'ils pensent, ce qu'ils évaluent n'a pas de répercussions sur le devenir des malades (il faut que vous restiez à l'hopital plus longtemps, il faut prendre vos médicaments etc...) Et certains patients s'en rendent compte. Dès lors, il peut arriver que des patients se livrent plus facilement aux prêtres et aux missionnées qu'aux soignants.
Comme pour toutes les personnes qui cherchent à aider les malades psychiques, ils cherchent dans le désarroi et la confusion des souffrances : « la petite étincelle », le petit truc positif qui permettra de lancer une dynamique positive.
Lors de l'interview, l'équipe a insistée pour nous dire qu'ils n'étaient pas là pour « évangéliser » le CHGR ou faire de l'endoctrinement. Finalement, nous n'avons pas beaucoup parlé de religion. Juste que Jésus a aidé tous les exclus dont les malades psychiques. Le prêtre a ajouté que face à l'isolement organisé de nombreux individus, et au sentiment d'inutilité que cela génère, Dieu, lui, ne considère aucun être humain comme inutile.
Que peut on dire sur le rapport de la religion et de la folie ?
Cela fait deux siècles que la science s'est préoccupé de la folie. Elle en a imposé une vision médical.
Les techniques les plus scientifiques (neurosciences, T-C-C, etc...)semblent avoir le vent en poupe.
Mais la science, à elle seule, ne pourra résoudre le problème du sens de l'existence. Et Dieu sait qu'elle se pose à l'hôpital psychiatrique.
Au niveau thérapeutique, les personnes de l'aumônerie sont d'accord avec Info Psy Rennes. Peu importe le type de thérapie, il faut surtout accorder du TEMPS au patient, du temps pour l'écouter, avec le maximum d'attention.
témoignage d'une mère
attention : cet article n'est pas là pour être contre les soignants, mais relate juste des dysfonctionnements. Info Psy Rennes oeuvre pour le rapprochement des soignants et des usagers, pas pour des divisions.
Mon fils,
Laissez-moi, tout d’abord, raconter l’accueil qui lui fut réservé aux urgences psychiatriques la deuxième fois qu’il y fut admis.
Après que la police eut débarqué à la maison, il fut embarqué dans un fourgon, comme un criminel. Souffrance ajoutée à de la souffrance, tout cela se déroulant sous les yeux des voisins médusés.
Il réussit à s’enfuir de l’hôpital et c’est nous- son père et moi- qui avons battu le pavé de la ville pour le retrouver par un froid de canard alors qu’il était déjà « sédaté » !!. Dernier réflexe de survie de sa part : nous appeler ! Retour à la case départ pour nous entendre dire, par la voix du psy de garde et de ses acolytes qu’ils ne pouvaient rien faire pour soulager sa maladie psychique ( au fait, quelle est-elle ?)
Cela se passe en France en 2015 !!
Mon fils, la vingtaine d’années bien entamée reste sans véritable suivi psychologique car le refusant. La seule réponse de l’HP a été de le mettre sous médicaments, ce qui l’a rendu malade et transformé en zombie. Lors de sa dernière piqure à effet retard je l’ai constaté moi-même et il a fallu quémander, avec insistance, l’aide d’une infirmière pour qu’il soit pris en charge devant le bocal dans lequel s’enferment les soignants. Nous avons été incapables et peu enclins à lui présenter son traitement comme étant une béquille qui devait ou devrait l’aider à vivre.
Il n’a jamais montré aucun signe de violence lorsqu’il fut hospitalisé pendant 6 semaines et a accepté les règles de l’hôpital, gavé de médicaments, les jambes flageolantes et sans repos.. Nous lui avons régulièrement rendu visite à partir de la troisième semaine. Nous avons constaté qu’il y avait très peu de contacts avec l’équipe de soignants et les patients étaient souvent livrés à eux-mêmes, tuant leur ennui en fumant et en déambulant sans fin dans les locaux, dans le meilleur des cas à l’extérieur.
De quoi souffre notre fils ? Mystère pour l’instant ! Il est question de psychose paranoïde, semblerait-il. Aucune explication du psy qui l’a pris en charge lors de sa deuxième hospitalisation ; la première, qui a duré une semaine fut une catastrophe. Retour à la maison bien trop rapide sans aucune explication de quiconque.
Ses deux hospitalisations furent à la demande d’un tiers (celle de son père et de la mienne). Il souffre de crises clastiques intermittentes et toujours à la maison lorsque l’on s’oppose à lui, peu importe la raison. Crises violentes que nous pouvons, la plupart du temps, anticiper de façon fine, à l’heure actuelle. Nous pesons chaque parole, une inquiétude permanente chevillée au corps. Nous apprenons de plus en plus vite afin d’éviter les clashes qui le déstabilisent et nous aussi.
Un point positif cependant : nous avons accès au psy qui l’a pris en charge et cela nous aide ponctuellement à ne pas sombrer. Mais toujours aucune explication !
Notre fils navigue entre un petit appartement qui lui est propre ( mais quelle solitude !) et la maison (son filet absolu de sécurité) où il se réfugie quand sa dépression se fait trop lourde à porter. A ce moment-là , il squatte le canapé de la maison, refusant de dormir dans sa chambre. Le fait de nous entendre vivre autour de lui le rassure partiellement. Détail qui a son importance : il ne peut dormir que dans la journée, la nuit lui étant insupportable et peuplée de cauchemars existentiels et hyper angoissants. Cauchemars qu’il ne peut exprimer car c’est un taiseux., pour ne pas dire mutique.
Il a un métier qu’il a choisi mais ne peut s’intégrer à aucune entreprise, s’inclure dans une équipe et ne pouvant gérer aucune pression extérieure. Résultat : chômage, dévalorisation, procrastination et hyper activité chroniques mêlées, relations sentimentales et amicales quasiment réduites à néant …
Nous le soutenons contre vents et marées ( les tempêtes peuvent être fortes ), mais qu’adviendra-t-il de lui lorsque nous aurons disparu ? Tant que nous vivrons et serons en capacité physiques et psychologiques, il sera protégé mais après … ? Cette angoisse, lot commun de tout parent ayant un enfant « non conforme » à ce qu’attend la société, va grandissant au fil des jours et des années qui passent.
Remarque : nous n’avons reçu aucune aide de personne et toutes les démarches sociales, nous avons dû et continuons à les faire seuls. Le fardeau de la recherche d’informations s’ajoute à la maladie.
Cela se passe en France en 2015 !
A quand un véritable partenariat entre les familles des malades psychiques et les soignants dépositaires de la vérité médicale -toute relative -? Les camisoles de force chimiques ne peuvent, en aucun cas, être la réponse à tant de souffrance et de mal être.
Une maman qui aimerait être plus positive.
Seul le prénom est modifié, le reste est authentique.
Cet article n'accuse personne (ni des soignants ni le CHGR) mais relate juste un dysfonctionnement.
C'est l'histoire d'un usager des services psy.
Pierre souffre d'accès de violence. Il peut être même très violent(destruction de biens, etc..)
Pendant un moment, il loge chez une famille d'accueil et fréquente les associations d'activités.
Après diverses péripéties, il se retrouve à la rue. Un jour, se sentant très mal, il appelle un ami, qui lui conseille d'aller au CHGR. Pierre reste dans la voiture et son ami va solliciter de l'aide au CHGR pour qu'il l'hospitalise. Il décrit la souffrance de Pierre et les soignants comprennent vite qu'il a besoin de soins. Sauf que dès qu'ils découvrent l'identité de pierre, les soignants refusent son hospitalisation. Il serait trop violent pour le CHGR (il est vrai que la violence de Pierre a donné beaucoup de fils à retordre aux soignants et que l'hôpital n'avait peut-être pas les moyens-vu sa violence- de s'occuper particulièrement de lui).
Du coup, sans soins, Pierre est livré à lui-même et erre dans Rennes.
En désespoir de cause, il se rend au cabinet de sa tutrice et munis d'une bombe lacrymogène, il « gaze » toute la pièce. Ils appellent la police, mais Pierre s'enfuit avant.
Quelques jours après, Pierre décide d'aller récupérer un lecteur DVD à l'hôpital. Il se cache derrière la porte de l'entrée et agresse des soignants. Là encore, il s'enfuit avant l'arrivée de la police.
Toujours en errance, « en bouffée délirante », Pierre aperçoit un camion de pompier. Il s'adresse à eux et ceux-ci décident de l'envoyer à l'hôpital de Ponchailloux. Puis, il est enfin accepté à l'HP mais il est confiné, en permanence, dans une chambre d'isolement. Pierre, jugé dangereux est envoyé en unité pour malade difficile. Finalement, l'UMD, malgré son fonctionnement liberticide, le stabilisera. Aujourd'hui, Pierre va beaucoup mieux.
Voilà un exemple édifiant de la rupture de la prise en charge.
Rémi et l' AFTOC*
(*Association Française de personnes souffrant de Troubles Obsessionnels Compulsifs)
Cela fait maintenant 10ans que Rémi, responsable AFTOC pour la bretagne, co-anime les groupes de paroles sur les TOC à Rennes.
Il y est venu parce que sa propre fille en est atteinte. Dailleurs ça été galère pour diagnostiquer la pathologie et trouver de bons thérapeutes. Mais aujourd'hui sa fillle va mieux. Et c'est parce qu' on la aidé que Remi aide a son tour les autres. C'est avec ardeur qu'il transmet aux autres tout ce qu'il sait sur les TOC.
D'ailleurs les TOC c'est quoi ?
Autrefois appelé névrose obsessionnel, ces troubles psychiques se caractérisent par des obsessions et des compulsions. La personne va être obsédé par certains objets : Est ce que j'ai bien fermé le gaz, l'électricité, la porte etc...ou par des contaminations : mes mains sont sales, la porte de poignée est sale etc...Et pour contrer ces obcessions envahissantes, le cerveau va mettre en place tout un processus d'actes répétés qui se ritualisent à l'exès : Je vais vérifier 10 fois si ma porte est bien fermée, je vais me laver les mains 10, 20, 30 fois en pensant qu'elles ne sont pas propres etc...Ce qui est terrifiant dans ce trouble c'est que tout ça engendre beaucoup d'angoisse et de culpablité. Au point que certains peuvent être complétement paralysés et cesser toute vie sociale.
Du coup que fait AFTOC Rennes pour aider les personnes atteintes de TOC ? Et bien il organisent des rencontres tous les 2/3 mois, ouverts à tous et toutes. Les réunions sont basées sur l'entre-aide, les conseils et l'écoute. En gros, au cour des rencontres, on fait un tour de table et chacun témoigne de son expérience face aux TOC. En outre, l'intérêt de tels groupes de paroles, c'est de ne plus se sentir seul face aux TOC. D'autres personnes, que je vois la, en chair et en os, sont atteints de troubles similaires, certains ont réussi a stabilisés leur troubles, ils m'écoutent et surtout ne me jugent pas, ne se moquent pas de moi.
On peut caractériser 3 types de personnes venant aux groupes de paroles.
Tout d'abord, les nouvelles personnes, qui découvrent les troubles. Parfois elles viennent avec leur proche (parents, conjoints, etc...) et sont souvent en plein désarroi et très demandeuses à ce qu'on leur donnent des réponses à toutes leurs questions. C'est là qu'interviennent les personnes plus expérimentées qui tentent des explications, des conseils, indiquent des thérapies ou des thérapeutes.
Le 2eme type de personne, qui viennent aux réunions, ce sont ce qu'on pourrait appeler « les habitués ». Il connaissent bien le fonctionnement des TOC. Certains sont stablisés et d'autres ont encore des difficultés. Ils aiment venir aux réunions pour la convivialité et pour « relativiser leurs troubles ».
Enfin, le 3ème type de personnes, ce sont les animateurs. Ils connaissent très bien les TOC et ont décidés de s'investir dans l'association. Ils ont pour fonction d'animer les discussions et de modérer les prises de paroles. Il est à noter que les animateurs sont totalement bénévoles et organisent les choses avec très peu de moyens (juste les cotisations des adhérents d'AFTOC).
Mais revenons à Rémi.
Que pense-t-il des dispositifs qu'on met en place pour les personnes affectées de TOC ?
Il regrette d'abord qu'il n'existe quasiment pas de centres spécialisées pour diagostiquer et traîter les TOC (en France un seul existe, à Lille). Or cela permettrait de cerner, de façon fine, par l'observation des malades, les mécanismes singuliers d'une personne.
Mais surtout, on manque cruellement de thérapeutes, bien formés et compétents (c'est à dire, selon Rémi, des personnes spécialisés dans les TOC et pratiquant la TCC). Or déplore Rémi, il existe à Rennes et ailleurs, de nombreux psychologues, bien formés, qui pourraient très bien prendre en charge les personnes souffrants de ces troubles. Malheureusement, beaucoup de patients ne peuvent s'offrir les soins d'un psychologue. En effet, comme on le sait, les psychologues ne sont pas remboursés par la sécurité sociale. Globalement, c'est une errreur. Car toutes ces personnes sans soins, non suivies par un psychologue risquent d'aller de plus en plus mal. Cela engendre des coûts pour toute la société : absentéisme, arrêt maladie, incapacité à travailler, alcoolisme, toxicomanie etc.. Qui sont bien supérieurs aux coûts de quelques psychologues.
En tous cas, les groupes de paroles d'AFTOC Rennes, co-animés par Rémi, permettent sans beaucoup de moyens financiers, d'apporter une aide concrète, a beaucoup de personnes en demande.
Malheureusement, l'Aftoc est absente dans certaines régions et grandes villes (par exemple à Nantes).
Nous ne pouvons qu'exorter les autorités publiques à mettre à disposition de l'association des salles (gratuitement ou pour une somme abordable).
AFTOC
pour contacter Rémi : aftoc.rennes.remi@wanadoo.fr
L'histoire de pierre